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La Maraîchine Normande
31 décembre 2014

COMTESSE MARIE-MAGDELAINE-SUZANNE AUBERT DU PETIT-THOUARS, CHANOINESSE

 

CHATEAU DU PETIT THOUARS

 

LA COMTESSE SUZANNE DU PETIT-THOUARS

Soeur du lieutenant du roi, était chanoinesse du chapitre de Salles. Elle habitait un petit château voisin de celui du Petit-Thouars ; elle y fut arrêtée et conduite dans les prisons de Tours avec son frère.
Elle dut peut-être sa délivrance à la réponse heureuse qu'elle fit à un représentant du peuple.
"Eh bien ! (lui dit avec ironie ce représentant) que dites-vous, Madame la comtesse, de la mort de Louis XVI ?
- Citoyen représentant, l'appel au peuple est défendu."
Elle avait été dans la prison la providence des malheureux enfermés avec elle.


La comtesse du Petit-Thouars est décédée en 1823, à l'âge de quatre-vingts trois ans, dans son château de Saint-Germain-les-Landes, où elle avait passé la dernière moitié de sa vie. Toujours la mère des pauvres et bienfaitrice de son église, elle a emporté, en mourant, les regrets de toute la paroisse ; les habitans lui en donnèrent le témoignage le plus précieux en l'accompagnant tous jusqu'à sa dernière demeure.

 

Ici se place naturellement le récit du martyre d'une jeune personne, petite-nièce de la comtesse du Petit-Thouars.
Madame et Mademoiselle de CUISSARD, vendéennes, furent arrêtées à Ancenis, après les désastres de l'armée royale du Mans, et conduites à Nantes comme destinées au bateau noyeur, inventé par le trop fameux Carrier, représentant du peuple.
Frappé de la beauté de Mademoiselle de Cuissard, âgée de quinze ans, Carrier osa lui indiquer, pour sauver sa vie, un moyen pire que la mort.
"JE NE QUITTE PAS MA MERE", répondit la victime.
Elles furent noyées toutes deux.
Lorsque Carrier fut mis en jugement, il avoua le fait et les circonstances avant de monter à l'échafaud.
Vers la même époque, le chevalier de Cuissard, leur fils et frère, fut tué à l'armée de Condé ; et MM. Deféez de Saint-Macaire frères, proches parens des du Petit-Thouars, périrent également, l'aîné sur l'échafaud, à Lorient, et le chevalier dans les rangs de l'armée de Condé.

Extrait :
Notices biographiques sur plusieurs membres de la famille AUBERT DE SAINT-GEORGES DU PETIT-THOUARS
Paris, Imprimerie de H. Fournier - 1834

 

acte décès Suzanne du Petit-Thouars

Madame Marie Magdelaine Suzanne Aubert du Petit Thouars
Comtesse, chanoinesse d'honneur du chapitre de Salle en Beaujolais
âgée de quatre-vingt-trois ans, décédée à Saint-Germain-sur-Vienne, le 24 novembre 1823. 

NÉCROLOGIE

Madame la comtesse Suzanne Du Petit-Thouars, chanoinesse, vient de mourir dans son château de Saint-Germain-les-Landes, arrondissement de Chinon, à l'âge de 83 ans.


Madame Du Petit-Thouars, douée du caractère le plus aimable, avoit obtenu étant jeune, des succès mérités dans les cercles les plus polis de la capitale. Depuis plus de cinquante ans elle vivoit dans sa terre, où son repos n'a été troublé que par la persécution qu'au temps de la terreur son royalisme bien connu lui a suscité.

Interrogée à l'époque de la guerre de la Vendée par le district de Chinon, sur ce qu'elle pensoit de la mort du Roi : l'appel au peuple a été défendu, répondit-elle. Cette réponse spirituelle autant que profonde ne la sauva pas ; conduite dans la prison de la ville, elle y trouva Madame de Beauvoisier, femme d'un des chefs de la Vendée. Heureusement pour l'une et pour l'autre, à la prise de Saumur, ce chef intrépide pénétra dans Chinon et les délivra toutes deux. De retour chez elle, elle eut la consolation de voir flotter le drapeau blanc sur son clocher, et de recevoir dans sa demeure hospitalière pour tous les royalistes, la visite des deux héros de la Vendée, MM. de Lescure et de La Rochejaquelein.


On imagine bien que cette visite donna matière contre elle à de nouveaux soupçons ; arrachée une seconde fois de son domicile, elle fut emmenée à Tours avec son frère, ancien lieutenant de Roi, commandant au château de Saumur. Là de nouvelles épreuves l'attendoient dans la prison où ils furent conduits ; elle eut le malheur de perdre ce frère, qui succomba à une maladie douloureuse, laquelle, au reste, le garantit de l'échafaud, prix réservé, dans cette époque désastreuse, à tout ce qui étoit fidèle.

Il y avoit dans la prison beaucoup de malheureux paysans vendéens qui manquoient de pain ; c'étoit le temps de la disette qui a désolé la France ; Madame Du Petit-Thouars, surmontant son chagrin, faisoit des quêtes à leur profit, et ramassoit pour les nourrir les restes de ceux qu'une fortune plus aisée mettoit à l'abri du besoin. Ces bonnes gens furent si reconnoissans qu'à la mort de Robespierre ils présentèrent une pétition aux représentans du peuple, pour qu'on rendît la liberté à celle qu'ils appeloient la mère des pauvres. Mad. Du Petit-Thouars l'étoit en effet.

Retournée dans sa terre pour ne plus la quitter, elle partageoit ses revenus avec eux. On la voyoit raccommoder de ses mains leurs vêtemens. Lorsqu'ils étoient malades, elle appeloit auprès de leur lit les médecins et les chirurgiens dont elle payoit les visites ; les mendians voyageurs étoient aussi pour elle des objets de charité ; ils trouvoient et trouveront toujours, par ses dispositions dernières, un lieu où se reposer dans un logement qu'elle leur avoit fait préparer près de sa demeure. Chérie d'ailleurs de ses nombreux parens, de ses amis, de ses domestiques, elle laisse d'elle, dans la mémoire de ceux qui l'ont connue et qui lui survivent, des souvenirs qui ne s'effaceront jamais.


Enfin, Mad. la comtesse Du Petit-Thouars pour couronner une si belle vie, a voulu, quelques jours avant sa mort, assurer à sa paroisse le presbytère qu'elle avoit racheté dans le temps pour le sauver de la destruction, en y logeant le curé.


Aussi jamais regrets n'ont été plus unanimes, ni témoignés d'une manière plus sensible. Au moment où M. le curé a prononcé ces tristes paroles : "la mère des pauvres n'existe plus !" les sanglots de toute une population ont éclaté et n'ont pas cessé d'interrompre les chants lugubres qui l'ont accompagnée au pied de la croix où ses dépouilles mortelles ont été déposées.

Extrait :
Annales de la littérature et des arts
de l'Imprimerie de C. J. TROUVÉ - Paris
IVe année - Tome 14 - 1824

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