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La Maraîchine Normande
1 octobre 2014

PLAIDOYER DE FOUQUIER-TINVILLE AUX MEMBRES DE LA CONVENTION

PLAIDOYER DE FOUQUIER-TINVILLE

AUX MEMBRES DE LA CONVENTION

 

Fouquier-Tinville

 

Nous devons à la complaisance de l'aimable et érudit Docteur Maurice Herbreteau, l'excellent médecin du Poiré-sur-Vie, communication d'un document remarquable - une vraie pièce de Musée - dont la publication dans notre modeste Bulletin le mettra au rang des plus célèbres Revues de Paris qui auraient payé cher l'honneur de révéler au public une pièce dont le prix est inestimable.

Aussi, sommes-nous profondément reconnaissant à M. le Docteur Herbreteau du très grand plaisir qu'il a fait en nous réservant l'honneur de publier un pareil document ; et nous le remercions vivement de ce haut témoignage de confiance et d'amitié qu'il nous a donné et auquel nous sommes très sensible.

C'est le plaidoyer que Fouquier-Tinville - l'odieux pourvoyeur de la guillotine pendant la Terreur - rédigea, la veille de son supplice, pour arracher sa tête au sanglant couperet sous lequel il avait envoyé tant de victimes.

C'est par un juste retour des choses que le triste personnage expia ses crimes du même genre de mort que celui par quoi il avait brisé tant de vies pures et innocentes.

Il est profondément écoeurant de voir à quel point ce misérable s'abaissa pour essayer de sauver sa tête, en se glorifiant d'avoir envoyé au supplice les nobles victimes de sa haine de Dieu et de la Religion.

Fouquier-Tinville est un des monstres les plus odieux dont l'Histoire ait conservé les noms.

 

Voici la reproduction du document tel qu'il a été rédigé de la main même de Fouquier-Tinville. Il en manque malheureusement la première page ; mais, tel qu'il est, il n'en conserve pas moins une valeur considérable et n'en présente pas moins un intérêt de premier ordre.

 

Ce neuf thermidor (27 juillet 1794), ma conduite est aisée à établir. J'ai tenu l'audience jusqu'à deux heures ; j'ai été dîné (sic) avec plusieurs de mes collègues et suis rentré à mon cabinet, au palais vers 5 heures de l'après-midi : les commis, garçons de bureau et autres personnes employés au tribunal sont dans le cas d'attester ce fait ; ils sont encore dans le cas d'attester que malgrés (sic) les émissaires multipliés envoyés de la Commune pour engager les membres du tribunal et moi à nous rendre dans le sein de la Commune et à ne reconnaître qu'elle, ma réponse a été que je ne reconnais que la Convention, que je resterais à mon poste pour y attendre des ordres, comme dans le fait que j'y suis resté jusqu'à une heure du matin, de la nuit du neuf au dix, qu'accompagné de (6 mots illisibles) je suis allé aux Comités du Salut public et de la Sûreté générale réunis, où j'ai été vu par plusieurs membres et les c. Thuriot et Merlin de Thionville, députés, qui sont survenus ; je suis retourné au palais où le (?) Léonard Bourdon m'a trouvé à cinq heures et demie du matin. Tous ces faits sont publics et facile à prouver ; il est difficile d'avoir une conduite plus pure.

Cependant, je suis traduit comme accusé d'avoir (5 mots illisibles) des patriotes, et dans ce moment je suis traité de gueux, de scélérat, par tous les contre-révolutionnaires qui se trouvent détenus à la Conciergerie, au point que je suis forcé de me tenir tout le jour dans une chambre noire pour me soustraire à leur rage, malgré les soins du concierge et des gardiens à ce qu'il ne me soit rien fait : il n'est pas de position plus triste et plus fâcheuse.

Cependant, consultant ma conscience, je n'ai rien fait qui dût me faire éprouver un pareil sort, depuis seize mois que j'exerce les fonctions pénibles d'accusateur public ; j'ai dressé l'acte d'accusation de Marie-Antoinette et j'ai fait frapper ensemble tous les grands conspirateurs du glaive de la loi, moi qui ne trouverais pas dans aucun pays un pouce de terre pour y poser la tête, moi qui suis l'ennemi pire de tous les contre-révolutionnaires qui me hacheraient s'il le pouvaient ; moi qui ai employé jour et nuit pour asseoir la révolution autant que cela dépendait de mes fonctions, moi qui n'ai jamais agi qu'en vertu des lois émanées de la Convention, moi qui ne redoute pas l'examen le plus sévère de tous mes papiers, devrais-je rester plus longtemps dans les fers ?

La pluspart (sic) des membres des Comités de Salut public et de Sûreté générale réunis ont connaissance de mes principes, de mes actions et de mes demandes journellement aux Comités et de leur but ; il ne me reste donc, sûr de mon innocence, qu'à me reposer entièrement sur leur justice.

Ce dix thermidor.

A. FOUQUIER

 

Il ne servit à rien au sinistre pourvoyeur de la guillotine de s'être glorifié de ses crimes, et le jour même où il écrivait ce plaidoyer, la "Justice immanente" le faisait monter sur l'échafaud qui avait été si souvent inondé du sang de ses victimes. Ainsi finit ce misérable, honte de l'humanité.

 

Et de nouveau, nous remercions cordialement M. le Docteur Herbreteau, possesseur de ce document inédit, écrit et signé de la main de Fouquier - ce qui en fait une pièce d'une rare valeur - de nous avoir réservé l'honneur et le plaisir de l'imprimer pour la première fois.

Grâce à l'amabilité de l'excellent docteur, notre modeste Revue aura eu un privilège que lui envieront les grandes Revues de Paris et dont nous ne sommes pas peu fiers.

 

Bulletin Paroissial

Belleville-sur-Vie

1931

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