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La Maraîchine Normande
28 août 2014

JEAN-LOUIS SOLIER, PRIEUR DE COLOGNAC (30), DIT SANS PEUR

LE BRIGAND SANS-PEUR

ÉPISODES DE CHOUANNERIE DANS LE MIDI DE LA FRANCE

 

curé

 

... Le héros de cette aventure tragique est un prêtre, Jean-Louis Solier, prieur de Colognac, connu sous le nom de Brigand Sans-Peur (1792-1801).


Ce Jean-Louis Solier, destiné à un singulier apostolat celui de prêtre et bandit, naquit à Montpellier, en 1732 [ou 1734], d'une famille de protestants, devenus catholiques, peut-être sous le double aiguillon de la persécution et de la nécessité, car on n'était pas moins de vingt-neuf enfants chez le seigneur de la Fabrègue, père de cette nombreuse lignée. La mère, Jeanne de Roussy, du Vigan, où son fils, le héros de la famille, devait tomber fusillé, regrettait, paraît-il, de n'avoir pas eu le trentième ! Elle ne savait pas que Numero Deus impare gaudet. M. Solier père, conseiller auditeur à la Cour des Aides et Comptes de Montpellier, dut souvent avoir recours à ce qu'on appelait la "caisse des Economats", qui fonctionna jusqu'en 1789. - Elle ne s'ouvrait probablement que pour les convertis ... ou les non réprouvés qui ne donnaient pas au ciel la joie de la repentance.


Les Solier possédaient du bien à Lasalle, pays protestant, ce qui explique leur origine réformée, et le choix qu'on fit de Colognac, localité attenante, perdue dans les serres (sierras cévenoles), couvertes de prairies et de châtaigniers, pour y nommer, en 1760, prieur-curé celui qui devait tourner à l'out-law. Il allait s'y retrouver en pays de connaissance et de tolérance. Il s'y fit si bien aimer des protestants et des catholiques que tous, d'un commun accord, le désignèrent, en 1786, pour servir de procureur-syndic à Colognac ; puis, deux ans après, pour les représenter devant les tribunaux dans une mauvaise chicane que le seigneur de Lasalle cherchait aux habitants de Colognac. Ils obtinrent gain de cause.


A Lasalle, la famille Solier permettait qu'on fouillât dans une prairie, sa propriété, pour y trouver l'eau et alimenter la fontaine de la place de l'église érigée en ce temps-là. Tout allait donc pour le mieux et, le 6 janvier 1789,  les citoyens des trois ordres de la communauté de Lasalle - y compris le citoyen Troubat, du Campet - ayant à nommer leurs représentants à l'Assemblée diocésaine, qui devait se tenir à Alais deux jours après, donnèrent au prieur de Colognac cette nouvelle preuve de confiance de l'adjoindre à son collègue l'archiprêtre de Lasalle comme les deux représentants de l'ordre du clergé qu'ils avaient à déléguer.


Il fallait que les deux ecclésiastiques fussent bien les hommes de la situation dans ces campagnes non catholiques. Ce qui n'est pas moins à noter, c'est l'étroite connexité qui existe entre le tiers et son curé. Les deux ne font qu'un ; ils se fondent dans l'intérêt de la communauté. Celui-ci embrasse la cause de celui-là qu'il sent la sienne. Le petit clergé reste démocrate, et dans les rangs. La mitre, comme les grades dans l'armée, est pour la noblesse.


Ce clergé, qui épouse à ce point la laïcité, tant que la nation ne lui impose aucun sacrifice, se laisse aller à toutes les nouveautés du jour. Il se fait plus volontiers franc-maçon que calviniste. On conserve à l'Orient de C... une liste imprimée des membres fondateurs de la loge d'avant 1789 : la plupart appartiennent au clergé régulier et séculier. L'excommunication commence à la reprise des biens dits de l'Eglise. Elle n'a pas cessé depuis.


Le prieur-curé de Colognac, mécontenté par cette mesure, prit prétexte d'une discussion blessante dans l'exercice de ses fonctions de procureur-syndic pour donner sa démission. Il fut sollicité de la reprendre par une démarche collective de la municipalité, tout à son honneur. Mais la Constitution civile du clergé acheva de l'aliéner. Quand il s'agit de prêter serment, il le fit "sous la réserve des objets qui dépendent essentiellement de l'autorité spirituelle" (30 janvier 1791). Il devenait prêtre réfractaire, et acceptait, dès ce moment, une vie non seulement d'insubordination, mais de résistance à main armée, qui le transformait en chef de bande, en partisan. "Le ci-devant prieur de Colognac, dit M. Saurel pour caractériser sa double et nouvelle existence, n'a pas jeté le froc aux orties ; il l'a soigneusement plié en un paquet, pour s'en servir à l'autel et dans l'administration des sacrements. Il célèbre la messe toutes les fois qu'il en a possibilité ; mais, prêtre à sa manière, et crainte de surprise, deux solides pistolets à sa ceinture ..." On le voit, seul de tous les conjurés, se rendre à la troisième fédération qui suivit celles du camp de Jalès, à Saint-Jean-de-Buèges, armé de son fusil à deux coups, et porteur d'une gibecière. - Un célèbre pasteur protestant, Jeanbon Saint-André, quand il bénissait et remerciait le roi d'avoir ramené le troupeau du désert et de lui avoir rouvert ses temples,  n'avait pas prévu le rôle que la Révolution lui destinait. - Par quelle fatalité d'atavisme la bête, longtemps réfrénée dans ce sanglier des Cévennes, retournait-elle à sa bauge ? "Le doux agneau, dit M. Saurel, s'est changé en un lion terrible, le prieur de Colognac est devenu le "brigand Sans-Peur." C'est le nom de guerre qu'on lui donne et qu'il fait tout pour justifier :
"Les lieux de refuge de Sans-Peur étaient multiples ; mais un de ceux qu'il préférait était une grotte dans le bois de Ballènes, dans l'Hérault, entre Saint-Gély-du-Fesc, près de Montpellier, et Viols-le-Fort. Dans cette forêt se trouvèrent réunis à la fois jusqu'à dix-neuf prêtres insermentés fuyant la réclusion, la déportation ou la guillotine. Il aimait beaucoup aussi à se retirer au sommet d'une montagne, près de Saint-Martial, dans un mazet qui lui servait d'observatoire pour suivre les mouvements des gens envoyés à sa poursuite ..." Car il était, comme on le pense bien, traqué de toute part. - Et il avait 59 ans ! On ne saurait nier au curé Solier (pour rappeler une fois son vrai nom) d'avoir été de forte trempe. J'ai tant vu de prêtres espagnols, dans mon enfance, réfugiés à Montpellier et condamnés à mort, de l'autre côté des Pyrénées, pour fait de guerre civile, que je ne peux m'empêcher de les comparer à ce Cévenol et de faire de tous ces guerilleros des types d'une même espèce, des individus prédestinés.


Celui-ci préméditait et tentait, dans la région propice des Cévennes, une levée de camisards blancs. C'est une petite Vendée qu'il entreprenait là dans une "oasis catholique au milieu de populations protestantes et fourmillant d'habitations isolées, - Les mazets de Sans-Peur - sur un territoire très accidenté, se prêtant naturellement aux expéditions aventureuses". Ces lieux sauvages et abruptes s'appelaient Saint-Martial, Notre-Dame-de-la-Rouvière, Saint-André-de-Majencoules et Sumène. "Solier y séjournait fréquemment."


Lui et son collègue, Claude Allier, prieur de Chambonas, dans l'Ardèche, furent l'âme des fédérations dites du Camp de Jalès, dont M. Saurel nous trace ce saisissant tableau :
"Allier avait convoqué tous ses amis, tous les chefs de légion, tous les partisans notables de la cause royale en une réunion plénière qui eut lieu pendant la nuit du 23 juin 1792, à Malons, paroisse du canton de Génolhac, aux limites du département de l'Ardèche. C'était dans les gorges de la serre de Bâri, au fond d'un cirque naturel, ombragé de châtaigniers énormes. Ce lieu solitaire entouré de collines escarpées avait été indiqué au prieur de Chambonas comme absolument sûr. Claude Allier présidait la réunion, à titre de "directeur général et de grand aumônier du troisième camp de Jalès". Il avait à ses côtés le comte de Saillans et le prieur de Colognac. Tous les fédérés portaient la cocarde blanche au chapeau."


Les compagnies dites de Jéhu ou de Vendéens naquirent de ces réunions. Elles avaient pour but de "s'emparer de Nîmes, de Montpellier, du Puy, de Privas et autres villes du Languedoc ..." pour les rendre au roi légitime ; "mais plus particulièrement d'exercer des représailles contre les terroristes, de débarrasser de leur argent, les patriotes et surtout les caisses publiques," ce à quoi elles ne faillirent pas.


Nous ne serons pas moins impartial que l'auteur de cette très véridique histoire de brigands royaux, appuyée sur des documents indéniables. Nous ne nous sentons pas plus que lui porté à atténuer les crimes des "brigands républicains," comme il dit et dont il cite des témoignages que nous ne contesterons pas, - sauf peut-être la mention de cet enfant né aveugle, dont le père avait arraché les yeux de Belle-Rose, lieutenant de Sans-Peur, assassiné, dans un guet-apens, au Vigan, sur la fin de la Terreur. S'il lui avait arraché toute autre partie du corps, l'enfant s'en serait-il ressenti ? Nous avons entendu raconter à Montpellier, dans notre jeune âge, qu'un sectateur de la déesse Raison, ayant cassé le bras à une statue de plâtre de la Vierge, dans la cathédrale de Saint-Pierre, avait eu une fille née manchote. C'est avec ces histoires d'hypnotisme, science occulte qui a existé de tout temps, qu'on écrit les livres hiératiques. La raison pure, celle dont chacun a le culte en soi, ne s'en accommode pas aisément. Nous les récusons.


Il est un terrain plus pratique sur lequel nous nous entendrons peut-être avec l'auteur. On comprend très bien qu'un condottière, quel qu'il soit, mû par une foi politique, n'ait pas le choix et prenne de toutes mains les volontaires qui viennent à lui. Chacun sait qu'il y va de sa tête. Sans-Peur avait beau être sans reproches pour son propre compte, "à sa compagnie s'adjoignaient parfois à son insu de véritables brigands, ne craignant ni Dieu ni diable, déserteurs, réquisitionnés insoumis et autres. Elle est composée de soixante-dix ou quatre-vingts individus originaires du Vigan, de Ganges, de Saint-André-de-Majencoules et des environs ; d'autres appartiennent aux communes d'Aniane, de Saint-Gély-du-Fesc, de Saint-Martin-de-Londres et Viols". Il ne faut pas leur demander des certificats d'origine, ni de bonnes vie et moeurs. Il s'enrôlent pour la bonne cause, cela fait nombre et cela suffit. Les partis s'en contentent. Les fédérés de Jalès opposés aux patriotes comportent tous les alliages.


Au signalement donné de Sans-Peur, "l'homme d'environ soixante ans ; les cheveux gris, figure ronde, taille d'à peu près 5 pieds, 2 pouces ; vêtu ordinairement d'une veste à poches d'un gris foncé ; un gilet dessous, d'assés gros souliers ; toujours armé d'un fusil à deux coups et deux pistolets à la ceinture", Molines, commissaire du Directoire exécutif près l'Administration communale du canton de Ganges, répond (18 juin 1796) : "... Ce ne sera pas chose si facile d'arrêter Sans-Peur et Belle-Rose (sobriquet héréditaire des lieutenants de Sans-Peur : celui-ci, le second, était l'ex-curé d'Argelliers, de son vrai nom, Reynal). Ils sont soutenus, écrit Molines, par les déserteurs, les réquisitionnaires et les prêtres réfractaires. Ces deux fameux brigands (depuis le 5 juin 1791 qu'il avait refusé le serment civique, le prieur-curé de Colognac avait fait du chemin !) ont au moins 50 coups à tirer chacun et sont déterminés à périr plutôt que de se laisser prendre. Un faible détachement serait victime de leur fureur. Ils ne voyagent que de nuit et personne n'oserait les dénoncer et faire connaître le lieu de leur retraite. Il faudrait au moins 200 hommes pour les arrêter". - Le commandant Rutteau, qui les serre de près et dans les mains de qui ils glissent, évalue leur bande à 400 hommes.


Reynal est surpris, de bon matin, couché dans son ancienne paroisse d'Argelliers. "Réveillé en sursaut par le bruit qui se fait à l'extérieur et par les coups redoublés qui ébranlent la porte de la maison, il s'évade en chemise pendant que la porte résiste. On parvient à pénétrer jusque dans sa chambre, son lit est encore chaud. On s'empare de sa culotte et de son bréviaire, ainsi que du cheval trouvé à l'écurie". Le cheval est mis en fourrière, les vêtements et le bréviaire en séquestre ... et les deux brigands courent toujours. Ils ont le pied montagnard et les populations qui les favorisent. Belle-Rose y joint la souplesse et l'agilité d'un fauve : il passe sous le ventre d'un cheval de gendarme, saute dans un précipice et se jette à la nage dans l'Hérault. On doutait encore que ce fût lui : le commandant Rutteau le reconnaît à ce tour leste de fagotin. "Effectivement, il fallait être Belle-Rose, écrit-il ..." Comme deux vrais bandits, désormais ils n'ont plus de nom ; ils sont, dans les lettres qui s'échangent entre les autorités qui les concernent, les curés Sans-Peur et Belle-Rose.


Nous ne connaissons pas la fin de Belle-Rose. Quant à Sans-Peur, à qui nous ne refusons pas le titre de chef de parti, son nom se trouve naturellement accolé par l'opinion à des crimes politiques, mais de droit commun, commis par la chouannerie aux abois dans les environs de Montpellier. On rançonnait les voyageurs qui se rendaient à la foire de Beaucaire, on arrêtait et pillait le Trésor public à la Taillade de Gignac : un fois on lui enlève 59.000 francs ; de véritables combats s'engagent dans ce lieu redoutable et, de tout temps, le théâtre d'exploits de malfaiteurs. Selon un principe connu, il fallait que la guerre nourrit la guerre ; et, pour entretenir une insurrection qui n'avait plus d'avenir en 1799, on s'en prenait, comme dans la fable de La Fontaine, à l'argent de la gabelle. A toutes les époques, ç'a été de bonne capture pour les out-law de l'insurrection.


Sans-Peur se défend de son mieux d'être complice de ces déprédations dans deux factums, dont l'un, pour donner plus de force à l'alibi, porte le timbre du bureau de poste de Beaucaire (16 juillet 1798). C'était bien le moment de la foire. Dans sa langue amère et véhémente de prêtre qui ne veut pas être défroqué, il s'y déclare l'ennemi juré de la Révolution : c'est son serment d'Annibal et le seul qu'il ait prêté depuis la Constitution civile du clergé. Il ne se lassera pas de la combattre et lui fait son procès en un style qui sert toujours de modèle à la réaction intransigeante. C'est le même langage, bien que les deux lettres de l'énergique chouan fussent restées jusqu'à ce jour inédites et enfouies dans la poudre des Archives d'où M. le chanoine Ferdinant Saurel les a fait sortir. Le malicieux monographe les livre consciencieusement à l'appréciation du lecteur. On ne saurait mieux résumer que lui-même l'exposé de la situation au 22 avril 1800 :
"Réduit à ses propres ressources, le département de l'Hérault était impuissant à se débarrasser des brigands royaux, et lorsque le préfet Nogaret demandait à Carnot, ministre de la guerre, de lui envoyer un bataillon de troupes régulières pour activer le départ des réquisitionnaires et des conscrits et pour faire rejoindre les déserteurs qui tous faisaient bande commune avec les ennemis du gouvernement, Carnot répondait que les troupes de ligne devaient se rendre aux armées et qu'elles devaient être remplacées, pour le service de l'intérieur, par la garde nationale".


Périssent les colonies plutôt qu'un principe !


"Et cependant la situation devenait de jour en jour plus alarmante. Les brigands étendaient leur action sur les départements limitrophes, détruisaient les arbres de la liberté (par représailles et au mépris des arrêtés municipaux qu'on y affichait, interdisant de donner à manger aux chouans et de les héberger), renversaient les barrières, brûlaient les papiers et les registres des administrations municipales, emportaient les armes, pillaient et volaient les caisses publiques et mettaient à contribution un grand nombre de citoyens". En réponse à Carnot, on pressait la réorganisation des gardes nationales, mais sans aucun résultat."
Des noms de gentilshommes se trouvaient mêlés à ces exactions :
"... On assure, écrivait le 9 mai suivant l'agent municipal de Ganges au préfet de l'Hérault, que le nommé Sans-Peur défia publiquement la gendarmerie de l'arrêter (sur le pont de Sumène, où avait eu lieu une escarmouche). On y reconnut le ci-devant marquis de Soubès (dont le fils aîné, Peyrottes, s'était particulièrement distingué, l'année précédente, lors de l'enlèvement d'une caisse de 59.000 francs (à la Taillade de Gignac). Ils tirèrent à un citoyen, nommé Mège, un coup de fusil qui lui coupa le bras. Sur les cris qu'il fit, on en tira trois autres, et sa fille, qui était venue à son secours, fut atteinte de plusieurs plombs au visage. L'on pense que la chasse qu'on donne à ces scélérats, du côté de Jalès, les oblige à venir se réfugier dans nos montagnes. Ce qu'il y a de certain, c'est que leur nombre augmente et que, tous les jours, on en aperçoit tantôt d'un côté, tantôt d'un autre."


Les fédérés de Jalès, groupés en un dernier effort et croyant le moment venu, se firent battre, au nombre de 7.000, près de Toulouse, et jeter dans la Garonne, sous la conduite du général Rougé qui, "après s'être montré avec distinction à l'armée des Pyrénées et à celle d'Italie, avait cru devoir se rallier de bonne foi aux partisans de la royauté" ... et donner dans une impasse. Depuis celle du Champ-de-Mars où Talleyrand  officia et qui avait déterminé un grand mouvement national, la Fédération représentait d'autres couleurs et un tout autre sens que ceux qu'on lui attribuait au Camp de Jalès. Et puis, la France, en ce temps-là, renaissait du chaos et se tournait, d'elle-même, du côté du manche. La faute en est à ses Directeurs, qui ne surent pas la diriger.


Sans-Peur préférait toujours la guerre de montagne. Sentant probablement sa cause perdue, il ne descendait plus que "de nuit, armé jusqu'aux dents, accompagné de partisans dévoués, décidés au combat", mais non à la bataille en plaine. Cependant tout a une fin : ce n'était plus qu'une question de hasard, marqué par le destin. Le pillage du mas du Valat, dans la commune de Saint-Roman-de-Codières, aux confins de Sumène, où demeurait le préposé à la perception de l'impôt, auquel on enleva toute sa recette de 3 ou 4.000 francs, mit le comble à l'exaspération. On redoubla les poursuites et la surveillance. Solier fut arrêté dans une maison de Saint-Martial le 24 février 1801.


Traduit à Nîmes devant une Commission militaire, il y fut condamné à mort avec deux de ses compagnons, qu'on mena fusiller à Sumène. Quant à lui, on lui fit les honneurs du Vigan. Un gendarme refusa d'aller lui faire prendre l'attitude recommandée pour l'exécution : "Je ne puis en aucune façon, répondit ce soldat au chef du peloton, me charger de cette triste besogne ; c'est le prêtre qui m'a fait faire ma première communion !" Rien de plus respectable ! Les funérailles furent célébrées en grande pompe, sous les yeux des autorités qui eurent le bon esprit de ne pas s'y opposer.


A partir de ce jour, dit M. Ferdinand Saurel, il ne reste plus trace, dans les Archives départementales, des Brigands royaux, et c'est le service qu'il a rendu à l'histoire d'en reconstituer le type le plus saillant.

JULES TROUBAT
La Révolution française : revue historique
1894/01 (T26) - 1894/06

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