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La Maraîchine Normande
7 août 2014

QUELQUES NOTES SUR LE BOUPERE (85)

QUELQUES NOTES SUR LE BOUPERE

 

Le Boupère carte postale

 

Voulez-vous savoir d'où vient le nom de cette paroisse, et quelles bizarres transformations ce nom a subies pour arriver à ce qu'il est aujourd'hui ? Écoutez : Le Boupère vient de Alba Petra, c'est-à-dire Blanche Pierre. Et de fait, plusieurs fiefs de vigne de cette paroisse, portent encore ce nom de Pierre Blanche ! Quand ce mot Alba Petra fut transcrit en français, au moyen-âge, il devint  "l'Aube Père" ; plus tard, le Bepère ; et enfin, dans les siècles modernes : le Boupère. - Vers la Révolution, on crut, d'après une fausse éthymologie, qu'il fallait écrire "Le Bon Père" ; mais "Le Boupère" a prévalu et nous est resté !

Le Pouillé de Luçon nous apprend qu'au XIVe siècle, l'église du Boupère dépendait de l'abbaye de Saint-Joint (diocèse de Poitiers), de l'ordre de St Benoît. L'Abbé de St-Jouin était de droit Curé du Boupère, mais en fait il y nommait un de ses religieux. La cure du Boupère payait, de plus, à l'Evêque de Poitiers une redevance de 11 livres (plus tard, de 12, puis de 16), à l'époque du synode annuel de Saint Luc.
Le prieuré de la Pierre-Blanche qui existait au Boupère dans ces mêmes temps, était également sous le patronage et la dépendance de l'Abbé de St Jouin. (Pouillé d'Alliot, 1648).

D'après des documents certains, le Boupère aurait reçu en 1305, la visite du fameux Bertrand du Got, alors archevêque de Bordeaux, et devenu plus tard Pape sous le nom de Clément V. Nous lisons en effet dans le journal de la visite pastorale de Bertrand du Got, du 17 mai 1304 au 22 juin 1305 :
"Blanche-Pierre (Boupère) - le 180e (acte) porte que le dit Seigneur serait allé au prieuré de Blanche-Pierre, couché en  icelluy avecq son train et le lendemain avait annoncé la parole de Dieu, confirmé et faut aultres actes de visite."

QUELQUES VIEILLES TRACES DU BOUPERE AU XIIIe SIECLE, à l'occasion d'une enquête ordonnée par le Roi Saint Louis, en 1247, en Poitou et en Saintonge.

Nous venons de découvrir,  dans les "Archives historiques du Poitou" (tome XXV) un curieux document du XIIIe siècle, dans lequel il est fait plusieurs fois mention du Boupère (Alba Petra, comme on l'appelait alors). Voici ce dont il s'agit :

 

Saint-LouisLe Roi Saint Louis, animé d'un esprit de justice vraiment admirable, résolut, au moment de partir pour la Terre-Sainte, d'ouvrir une vaste enquête dans le but de rechercher et de réparer les préjudices, abus de pouvoir, extorsions, injustices quelconques dont ses sujets pouraient avoir été victimes de la part des officiers royaux, non-seulement depuis le commencement de son règne, mais aussi du temps de ses prédécesseurs. Il institua donc, à la fin de 1247, des enquêteurs chargés de recevoir dans chaque province ou diocèse les plaintes ou réclamations de tous ceux qui se présenteraient sans exception, et investis de tout pouvoir dans l'examen des griefs articulés et des réparations ou restitutions à accorder.


Saint Louis jugea que des religieux, rompus à l'obéissance et n'agissant qu'en vertu du devoir de leur état, seraient seuls capables de conduire avec indépendence et impartialité cette opération redoutable. Ce furent des jacobins et des cordeliers qu'il choisit généralement ; cependant, il nomma quelquefois des chevaliers et des membres du clergé séculier. Les enquêteurs, hommes d'une probité presque toujours éprouvée, formaient, pour un ou plusieurs diocèses, des commissions composées de deux ou trois membres. Les baillis et sénéchaux devaient payer leurs dépenses.


Le nombre des plaignants que les enquêteurs entendirent est considérable. On y voit figurer les personnes de toutes conditions, depuis les plus élevées jusqu'aux plus humbles. Il y a des plaintes et des réclamations de toutes natures, depuis les plus graves jusqu'aux plus minimes.


Le Boupère y figure pour sa bonne part quand les enquêteurs furent venus siéger à Pouzauges, comme on va le voir par quelques exemples :


1° Durable, croisée, paroissienne du Boupère, porte plainte contre Guillaume le Baciners (seigneur de Talmont pour le Roi) et contre Girardeau, qui ont extorqué à son défunt mari, 10 mesures (modium) de vin et des bêtes pour une valeur de 20 livres, parce qu'elle refusait en sa qualité de Croisée, de comparaître devant les tribunaux laïques.
2° Aimeri, du Boupère, porte plainte contre Guillaume le Baciners qui lui doit pour des viandes la valeur de 5 solides (5 sols ou sous).
3° Jean Constantin, du Boupère, porte plainte contre le fils du seigneur de Châteaubriant (alors châtelain de Pouzauges), qui lui doit pour des poissons, la valeur de 14 solides (sous ou sols).
4° Guillaume, marchand, paroissien du Boupère, porte plainte pour lui et pour son frère, parce que Girardeau, autrefois Bailli du Seigneur Roi au Boupère, leur a pris la valeur de 15 solides (sous) qu'il n'a jamais payés.
5° Guillaume Bécot, paroissien du Boupère, porte plainte contre Girardeau qui a pris de son vin dans sa taverne (ou cabaret) pour une valeur de 22 deniers.
6° Guillaume Mercier, du Boupère, porte plainte contre le Seigneur de Châteaubriant, châtelain de Pouzauges pour le Roi, qui a pris de ses deniers pour une valeur de 12 solides (sols) et 6 deniers.
7° Guillaume Goibe, du Boupère, porte plainte contre G. le Baciners s'est engagé lui-même, moyennant 5 setiers de pur froment, pour l'administration du bailliage du Boupère, setiers qu'il n'a jamais payés. (Le setier valait 1 hectolitre 59 litres).
8° André Bigot, paroissien du Boupère, dit qu'il a été condamné par les magistrats royaux à se racheter lui-même pour une somme de 20 livres, à cause d'une personne mariée qu'il avait reçue dans sa maison, condamnation dont il fait appel. (La livre valait à peu près notre franc, exactement 0F98. La livre valait 20 sols  ; le sol, 4 liards ou 12 deniers).
9° La Sorelle, veuve, de Pouzauges, dit que Girardeau lui a extorqué 2 sols, parce qu'après avoir vendangé dans le fief du Bugnon (dépendant du Boupère) ; elle n'a pas conduit sa vendange au Boupère (un pressoir seigneurial, pour permettre audit Girardeau, régisseur du Seigneur dudit lieu de prélever la part qui était due, habituellement la 6e ou la 7e, selon les complants, mais qu'elle l'a conduite à Pouzauges (où elle ne devait rien).
10 Pierre Grifain, du Boupère, dit que Girardeau a pris dans sa maison un manteau, pour un boisseau d'avoine qu'il lui devait ; en outre ils lui ont rendu l'avoine, sans qu'il leur ait payé le manteau ; d'ou une perte de 7 sols (ou sous).
Je trouve, dans ce même document, 12 autres plaintes d'habitants du Boupère contre les baillis, ou autres intendants royaux. Comme toutes ces plaintes se ressemblent un peu, je me contente de ces quelques exemples qui jettent un jour assez curieux sur les moeurs de ce temps et nous font revivre quelques instants avec le vieux Boupère.

Le Boupère a été riche autrefois en châtellenies et gentilhommières. Quelques-uns de ces châteaux ou de ces fiefs seigneuriaux demeurent encore ; d'autres sont en ruine et ne nous sont parvenus qu'à l'état de souvenir.

 

Fief-Milon Le Boupère


Citons tout d'abord le château de la Pellissonnière, construit sur la lisière de la forêt de ce même nom. C'est une vaste habitation flanquée de deux pavillons carrés, du temps de Louis XIII avec une tour à pans coupés du XVIe siècle, servant autrefois d'escalier, à l'angle des servitudes.  Entre autres souvenirs, la Pellissonnière revendique l'honneur d'avoir reçu, le 9 juillet 1828, la visite de la duchesse de Berry qui y passa la nuit.
Le Fief-Milon rappelle les Tiraqueau qui l'ont possédé ; ses deux grosses tours, si l'on en croit la tradition, servirent longtemps de point d'observation aux Français contre les Anglais qui tenaient Pouzauges.
Le Beignon (autrefois Beugnon) montre encore son imposante façade, flanquée de pavillons, oeuvre du XVIIIe siècle dans le goût de Mansard.
La Ramée, ancienne châtellenie restée aux Grignon jusqu'en 1789, connue par ses mines d'antimoine plusieurs fois exploitées et abandonnées ; ses constructions confuses datent du XVIe siècle.
La Morvient, peut-être ainsi nommée parce que Vivien de Ligournay paraît s'y être noyé en traversant la rivière à gué. Il ne reste à peu près rien de cette châtellenie qui fut certainement un des lieux les plus anciennement fortifiés du pays. Une farinerie occupe la place de la chapelle.
La Baussonnière ou Boissonnière, superbe échantillon du dernier ciseau de l'art gothique au milieu de la renaissance. Même au milieu de ses ruines, il reste à admirer sa grande salle avec sa haute cheminée, et le beau vestibule avec sa double voûte. La Baussonnière a longtemps appartenu aux Texier de St-Germain.
Citons simplement enfin la Bourillière (1592), le Grand Chaillou, Grenoble, la Cholletière et la Baltière, etc.

 

LE BOUPERE EGLISE



L'ÉGLISE DU BOUPERE

L'église du Boupère est assurément un des plus beaux modèles qu'on puisse voir d'une église fortifiée. Elle présente une nef avec un demi bas-côté, un double transept et le choeur. La partie du transept où sont actuellement les 2 petits autels est de construction récente, ainsi que le choeur actuel. Primitivement, le transept s'arrêtait aux piliers où sont placés les confessionnaux du Curé et du 1er Vicaire : c'étaient les deux chapelles de Ste-Anne et de Ste-Madeleine. Aux piliers de N.D. de Lourdes et de St-Antoine de Padoue, il y avait deux petits autels, l'un dédié à la Ste Vierge, l'autre à St Jean-Baptiste. Toute cette partie de l'église datait du XIIIe siècle.


La nef est du XIVe siècle. Elle se compose de trois travées, y compris celle de l'intersection du transept. Elle est curieuse par l'existence de la demi-nef qui se terminait jadis par un autel dédié à St-Sébastien et à St-Roch. Dans cette demi-nef, nous voyons encore deux excavations situées au niveau du sol et correspondant à des meurtrières qui s'ouvrent à l'extérieur de l'église. Deux autres réduits semblables existent de chaque côté de la grand'porte. Les deux éperons ou tours carrées de la façade, contiennent deux guérites placées au niveau du sol et munies chacune de trois meurtrières très bien taillées qu'on admire du dehors. Ces fortifications, complétées par des murs d'une très grande solidité, étaient couronnées : à l'extérieur, par une belle galerie de machicoulis et par un parapet crénelé qui s'étendent sur toute la façade ouest et sur les deux éperons ; à l'intérieur, par des ouvertures pratiquées dans la voûte et destinées à surveiller et à défendre toutes les portes de l'édifice. Les murs latéraux, moins attaquables, et protégés d'ailleurs au nord par des fossés, sont moins fortifiés que la façade ouest.

CURÉS ET VICAIRES DU BOUPERE AVANT LA RÉVOLUTION

Par une heureuse fortune, nous avons trouvé, à la Mairie, les registres de l'état-civil depuis 1631 jusqu'à la Révolution, lesquels registres sont signés par les prêtres qui desservaient alors la paroisse du Boupère. Nous avons pu constituer cette partie de notre histoire religieuse ...
En 1681, au 3 janvier, nous trouvons la signature de Claude Martin, prêtre, chapelain de la Magdeleine ; - de Lambert, prêtre, curé.
Au 3 mars de cette même année, la signature de F. Marmet, prêtre, curé du Boupère. - Nous trouvons ce même nom dans des actes de 1686, de 1888, 91, 92, 93 et 1694. - La signature du chapelain de la Magdeleine, Claude Martin se retrouve jusqu'en 1696. - Nous voyons comme vicaires : en 1682, M. Pierre Coursin, jusqu'en 1686 ; puis, en 1688, P. Giraud, jusqu'en 1693, et comme prêtre théologien, Guy Fradin ; enfin Albert, prêtre vicaire, en 1693 et 1694.
En 1696, la signature de F. Marmet, curé, est remplacée par celle de J. Mallidain, curé du Boupère, et ce jusqu'en 1717. - Les vicaires qui paraissent alors sont : Bénéteau, de 1696 à 1699 ; - Viaud, de 1699 à 1708 ; - Bonanfant, vicaire, de 1707 à 1717.
Il y a une lacune de 1717 à 1738, mais en 1738, nous voyons le nom de Foret, curé du Boupère, et de Martin, vicaire.
De 1741 à 1744, nous trouvons le nom de Cousseau comme vicaire.
En 1744, M. Cousseau est remplacé comme vicaire par M. Fruchard, ancien vicaire des Châtelliers. - En 1745, par M. Boudars ; - au 1er novembre, par M. Peraudeau. - En 1746, par M. Maynard. - En 1748, nous trouvons 2 vicaires : M. Guimaud et Merlet. - En 1752, M. Menauteau, vicaire. - En 1754, le 14 may, le remplace comme vicaire au Boupère, avec M. Servant Duvivier comme 2e vicaire, M. Duvivier qui est remplacé par M. J. Auger ; et cette même année, le nom de M. Berthon disparaît pour faire place à celui de M. Baritaud. - En 1769, le nom de M. Baritaud paraît encore du 6 février ; mais, à partir du 7 mars, nous ne trouvons plus son nom ; il est remplacé par celui de M. Chabot qui signe vicaire du Boupère, jusqu'en 1772 où, le 15 janvier, il signe : Curé du Boupère. Ainsi, pendant que se succédaient ces nombreux vicaires que nous venons de nommer, M. Foret était toujours curé ; il avait été curé du Boupère de 1738 à 1772, c'est-à-dire 34 ans ; et c'est son vicaire, M. Chabot, qui lui succedait en 1772.
M. Chabot est curé de 1772 à 1788 (fin janvier). Pendant son pastorat, nous trouvons les noms suivants de vicaire : en 1774, M. Payneau ; - de 1775 à 1781, M. Rousset ; - en 1781, M. Houdet-Dugravier (Jacques-Thimothée-Daniel) ; - en 1788, M. Gautier.
En 1789, M. Houdet-Dugravier n'est plus vicaire ; il est devenu curé du Boupère et un peu plus tard, curé constitutionnel et maire à la fois ! - Pendant ce temps, nous voyons comme vicaires : M. Gautier, jusqu'en 1789 ; J.  Boidé, en 1789.

Archives Départementales de Vendée

Registre Paroissial Le Boupère

1909 - 1910 - 1912

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