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La Maraîchine Normande
2 mars 2014

CORSE 1797-1798 - A CRUCETTA

CORSE  -  A CRUCETTA

CORSE 3


Les maladresses du Directoire, sa politique anti-religieuse, l'incapacité et les exactions de ses fonctionnaires, la situation financière catastrophique avaient provoqué chez les insulaires un très vif mécontentement. Les Archives publiques nous enseignent qu'en fait, il n'y a presque plus de garanties légales. Un juge opère une perquisition dans la maison d'un émigré ou d'un prêtre, ce qui est peut-être son droit, mais tout ce qui a tant soit peu de valeur disparaît comme par enchantement. On confisque cloches et vases sacrés pour les envoyer à la Monnaie. Si des arrestations abusives peuvent être évitées dans les campagnes, dans les villes elles sont plus fréquentes ; les municipalités y disposent de pouvoirs étendus et du recours à la troupe. Les curés assermentés et ceux qui ont servi sous le gouvernement anglo-corse sont molestés. Par endroits, la liberté du culte est gravement menacée par quelques tyranneaux locaux. Enfin, le comportement déplorable de l'Administration, durant l'épidémie de peste dans le Fiumorbo, aggrave le mécontentement. Les vieux ressentiments anti-français se réaniment et favorisent un certain retour au paolisme.


Le mouvement de révolte qui va couver en cette fin de 1797 éclatera en affrontements armés au début de 1798. Le but était de renverser les autorités établies, au nom de la religion bafouée, du sentiment religieux meurtri. On y discerne également un arrière-fond de réaction contre les brimades inutiles et vexatoires des nouveaux maîtres de la politique locale, qui agissaient sans frein ni retenue. Ne sont pas étrangères non plus les manoeuvres des émigrés corses infiltrés de Toscane.


Dans le département du Liamone, on n'eut à enregistrer que quelques émeutes vite réprimées alors que, dans le Golo, on aboutit à une véritable insurrection. Les insurgés, réunis au couvent Saint-Antoine de la Casabianca, adoptent comme signe d'identification une petite croix blanche, a crucetta, cousue sur la beretta misgia

général GiafferiPresque sans coup férir, la quasi-totalité du département du Golo rallie la cause de la rébellion. Deux batailles capitales opposent Corses et Républicains, à Borgo et à Murato ; elles devaient être fatales aux insurgés. Ses troupes dispersées, le général Giafferi ne tarde pas à être arrêté. Après avoir refusé les services d'un prêtre assermenté, il sera fusillé place Saint-Nicolas à Bastia, le 21 février 1798, la Crucetta épinglée sur la poitrine, "en regrettant de n'avoir pu faire davantage pour le bien de ma Nation". En manière d'oraison funèbre, le général de Vaubois aura ce mot : "Il n'était plus qu'une vieille carcasse, mais il eut le courage de braver la République et la mort".


Jusqu'à la fin de 1799, le général de Vaubois poursuivra les derniers révoltés. Une effroyable répression, sans précédent dans l'histoire de la Corse, restera longtemps inscrite dans les mémoires sous le nom de francisata.
Malgré certains prolongements sporadiques qui, dans le sud de la Corse, dureront jusqu'en 1800 [Saliceti fera incendier les couvents de la Casabianca et de Tavagna pour avoir servi d'asile aux insurgés] et seront illustrés par le siège de Sartène, la partie était perdue. Bonaparte, par ses victoires à la tête de l'Armée d'Italie, amorçait déjà la réintégration des Corses à la patrie française.

Extrait article de François J. Casta
Corse historique, archéologique, littéraire, scientifique
1969/01 (A9,N33) - 1969/03

 

PROCLAMATION
AUX HABITANTS REBELLES DU GOLO

Habitans rebelles du Golo, c’est la dernière fois que je vous parle. La République Française indignée de votre rebellion déploye les forces nécessaires pour vous faire rentrer dans le devoir. Déjà les vainqueurs de l’Armée d’Italie sont arrivés, d’autres sont en mer :
TREMBLEZ MALHEUREUX, VOUS ALLEZ SUCCOMBER SOUS LES COUPS D’UNE RÉPUBLIQUE VICTORIEUSE.
Les habitans des campagnes qui déposeront les armes, qui livreront leurs chefs, qui reconnoîtront qu’ils sont indignement trompés par ces criminels, obtiendront leur pardon, mais (pour) ceux qui persisteront il n’y a plus de grace.
Toute maison dont il sera tiré un seul coup de feu, sera brûlée.
Tout village qui résistera, sera incendié.
Tout Corse pris les armes à la main, subira la peine portée par la loi du 1er Vendemiaire an 3.
Général VAUBOIS


Cette proclamation aux habitants rebelles du Golo, datée du 7 Pluviôse An 6ème (26 janvier 1798) de la République française Une et Indivisible, est l’œuvre du général Vaubois. L’en-tête comporte le précepte LIBERTÉ… Mais pas encore ceux d’ÉGALITÉ et de FRATERNITÉ.
Moins d’un mois plus tard, le 21 février 1798, Agostino Giafferi sera exécuté par les troupes françaises. Il aura le courage de crier au dernier instant de sa longue vie : « Vive la Patrie, vive Paoli » !
Quelques mois plus tôt, à l’automne 1797, le Fiumorbu venait de connaître une épidémie de peste et avait été mis en quarantaine. Les pievi du Sud s’étaient révoltées (Stiletto). Le 11 octobre 1797, l’état de siège avait été décrété. Très rapidement, le nord de l’île s’était embrasé. Les pievi de Castagniccia et de Casinca en firent autant.
Le Moniteur Universel, qui deviendra en 1800 le journal officiel du gouvernement, dans son n°83 du 27 octobre 1797, fait état de 200 insurgés du Giussani dirigés par les Leoni de Palasca. La Balagne participe, elle aussi, au mouvement. Le 27 décembre 1797, le couvent de Casabianca devient le siège du mouvement connu sous le nom d’A Crocetta.
Le Moniteur poursuit : « Les chouans du Liamone n’ont pas été plus heureux que ceux du Golo ». Les chouans avaient pour devise : « Dieu et mon pays ! ».
Une devise que n’auraient pas reniée les participants d’A Crocetta !


M. Jacques DENIS (document pdf)

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