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La Maraîchine Normande
8 juillet 2013

AVIS D'UN ROYALISTE ÉMIGRÉ AUX ROYALISTES DE L'INTÉRIEUR (Ventôse an II)

COPIE DE PIECES REMISES A M. DE LA ROBERIE
VENTOSE AN 2

AVIS D'UN ROYALISTE ÉMIGRÉ AUX ROYALISTES DE L'INTÉRIEUR.

Les loyaux et généreux François qui depuis un an ont déclaré hautement et soutenu les armes à la main, leur sentimens sur la religion et la royauté, après avoir forcé l'Europe à l'admiration vont jouir de la douce satisfaction de voir les différentes puissances, que des rebelles et des brigands ont excités contre la France, s'en déclarer amies, en se combinant avec les vrais François, tant du dehors que du dedans, pour délivrer leur malheureuse patrie du joug odieux, sous lequel la providence divine a permis qu'elle gémit, depuis que la Nation Françoise a eu la témérité de se livrer à la manie désastreuse de l'innovation dans tous les objets qui composent l'ordre social.

La conduite du parti royaliste, connu sous celui de la Vendée, qui embrasse en ce moment le Poitou, l'Anjou et la Bretagne, va devenir de plus en plus importante. La tache de ses chefs sera en même temps plus difficile et plus glorieuse. Les plus grandes difficultés ne proviendront pas du côté de leurs ennemis déclarés, ils sont d'une espèce à n'admettre aucune composition. Il ne peut point y en avoir entre le crime et la vertu. Celle-ci doit nécessairement triompher, lorsqu'elle est soutenue par un courage pareil à celui qui caractérise les Royalistes François.

Ils auront plus de peine à démêler les dangers qui proviendront des erreurs, de l'irrésolution, de l'inconsidération de leurs amis dont le nombre dépendra du progrès de leurs succès. Il ne faut pas se dissimuler que l'amitié ne doit que trop communément son existence uniquement à l'intérêt particulier. Ce ressort qui meut presque tous les hommes, les pousse souvent à des démarches qui y sont très opposées, mais qui le sont encore plus à l'intérêt général et à celui des personnes dont on s'est déclaré l'ami. On se propose alors beaucoup moins de les servir que de se servir d'eux.

Les Royalistes de l'intérieur ne doivent pas se dissimuler cette vérité. Mais la prudence exige qu'ils évitent soigneusement tout ce qui pourroit faire douter qu'ils aient quelque méfiance, soit de ceux qui professent la même croyance, avec des vues moins pures, soit des étrangers dont les secours leur sont nécessaires. La méfiance doit exister en eux, mais elle ne doit pas paroître.

Ils auront à lutter contre les difficultés de l'intérieur jusqu'au moment où la communication sera libre avec M. le Régent et où il aura pu établir les officiers royaux civils et militaires jugés nécessaires à l'administration.

Jusqu'à cette époque, ils seront obligés de pourvoir à l'expédition des affaires, dont ils ne pourront pas éviter de prendre connoissance par le moyen d'un Conseil supérieur, qui exercera au nom du Roi une autorité pareille à celle qui auroit pû l'être par des gouverneurs de Province dans ces tems de crise, où ils auroient été privés du concours de l'autorité directe du Roi. Le Conseil supérieur joindra à l'autorité des gouverneurs de Province, celle qui appartient, selon les ordonnances, aux commandans en chef de grandes armées. En se bornant autant qu'ils pourront, à exercer une autorité militaire, ils trouveront dans le projet de règlement qui leur est communiqué, quelques idées propres à simplifier toutes leurs opérations. S'ils parviennent à acquérir une assez grande consistance pour être maîtres d'un grand territoire, il leur suffira de rétablir partout provisoirement, les anciens corps municipaux en abolissant toutes les institutions civiles quelconques faites depuis l'époque du mois de Mai 1789. En abolissant également tous les tribunaux érigés depuis la même époque, ils établiront partout où ils pourront des tribunaux prévotaux. Ils en auront surtout à la suite des armées.

Ils pourront établir provisoirement un corps analogue à celui de la maréchaussée, en règlant son service sur celui de l'ancienne (?) maréchaussée, conformément aux ordonnances et en y employant des brigades à pied, ainsi que des brigades à cheval ; on pourra appeller ce corps, Gardes de la Maréchaussée en Gardes Prévotaux ; mais il faut rejetter absolument la dénomination de Gendarmerie Nationale.

Les anciennes loix sur le port d'armes, les vagabons, les gens sans aveu, ... perturbateurs publics, sont suffisantes pour autoriser à purger rigoureusement les pays qu'on soumettra, surtout en recherchant exactement les fauteurs de rebellion actuelle et de correspondance ou intelligences avec les régicides et ceux qui prétendent exercer le Gouvernement de la France, pour les livrer aux tribunaux prévotaux. Il est de la plus grande conséquence de ne pas mollir sur le règlement relatif aux grades, et aux rangs militaires, tant que le Régent où le Lieutenant général du Royaume, n'auront pas pû prendre la Direction générale de tout ce qui est militaire.

Si par la suite il se présente une occasion d'effectuer une jonction avec les troupes Angloises, les chefs des armées royales doivent surtout éviter de s'engager dans aucune discussion politique, en s'en excusant positivement sur leur déclaration formelle qu'ils ne sont armés que pour le rétablissement de l'ancien et légal gouvernement de la France, et nullement pour y introduire aucune innovation. Ils promettront concert et déférence à l'égard des Commandans Britanniques, en évitant tout engagement de se mettre sans réserve sous leurs ordres, s'ils l'exigeoient.

C'est surtout sur le commandement dans des places qu'il faut repousser toutes prétentions de la part des Etrangers. Les garnisons doivent également être tellement réglées, que les trouppes royales de France, y soient toujours de beaucoup les plus nombreuses. Du reste, il faut en égards et en respects ne mettre aucune réserve envers des Alliés aussi importants et aussi respectables que ceux avec lesquels on se concertra. Les éloges et les honneurs qu'on leur accordera pourront même être employés à repousser leurs prétentions.

Il convient pour plusieurs motifs de faire une nouvelle déclaration aux François, en prenant pour texte la certitude qu'ont les déclarans qu'ils sont avoués par les Princes oncles du Roi, et les Puissances combinées pour la cause de l'ordre, de la justice, et de l'humanité pour laquelle combattent également les déclarans armés pour celle de Dieu et du Roi. Cette déclaration peut s'appuyer sur celle des Princes de 1792 et celle du Roi d'Angleterre du 29 octobre 1793. Leurs rédacteurs prendront dans ces deux pièces tout ce qui pourra convenir à leur objet. La nouvelle déclaration ainsi faite et publiée, servira de réponse à tous les argumens captieux qui pourroient être mis en avant, pour amener les Chefs des Royalistes de l'intérieur à des arrangemens contraires aux vrais intérêts de la France. Le but constant des Royalistes doit être de beaucoup obtenir et de peu accorder.

Ils employeront pour y réussir toutes les formes que les circonstances leur suggèreront. Mais ils se prévaudront essentiellement de leur insuffisance politique, de leur autorité éphémère, et de leur responsabilité envers le Roi, la Nation Françoise, les Alliés de la France, l'Europe entière et la postérité.
Ils prendront toutes les demandes embarrassantes ad referendum, pour les soumettre à ceux qu'ils regardent comme ayant seuls le droit d'exercer une autorité stable. Il est plus important qu'on ne cesse de rejetter du langage et des écrits des royalistes absolument tout terme quelconque, quelque expressif et commode qu'il puisse paroître, enfanté depuis et par la révolution. Des restaurateurs doivent effacer jusqu'à la dernière trace de ce qui a contribué à détruire l'objet qu'ils se propose de rétablir. Tout ce qui a une teinte de républicanisme, ou même d'innovation religieuse et politique, doit être anéanti avec le même soin et la même ardeur que les factieux et les brigands ont mis à détruire tout ce qui se rapportait à la religion et à la royauté.

Ce seroit un bien grand avantage d'être maîtres de Port Louis et de L'orient. Pour cet objet il ne faut pas se refuser à entrer en composition avec ceux qui pourroient le procurer, on recevroit là immédiatement toute espèce de secours. L'espoir d'obtenir ceux qui seroient en vivres, doit beaucoup influer sur le succès des démarches qu'on fera pour gagner des partisans. Cet espoir est très fondé car dès qu'il y aura un point de communication assuré, on y fera parvenir aussitôt des farines qui sont toutes prêtes pour celà même. Au défaut de Port Louis, peut-être pourroit-on reprendre une troisième fois Noirmoutier. Si Belle Isle pouvoit se déclarer pour la bonne cause, on iroit certainement sur le champ s'y établir en force, et y placer des magasins de toute espèce. Enfin l'affaire essentielle aujourd'hui est d'avoir des points de communication assurés. Tout dépend de là.

L'Espagne par sa situation peut envoyer des secours par les mêmes vents qui seroient contraires pour venir d'Angleterre. C'est une raison particulière pour envoyer réclamer ces secours en Espagne si l'on a des moyens pour celà.

Lors que les circonstances permettront la jonction des trouppes Britanniques avec les Royalistes, il arrivera à la suite de ces trouppes, une foule d'officiers François, dont partie seront commandés par les généraux Britanniques. Pour placer tout ce monde convenablement, on pourra proposer aux généraux Britanniques, de laisser les Chefs des Royalistes maîtres de choisir parmi les principaux officiers survenans, un certain nombre qui, joints à des officiers de l'armée de l'intérieur, formeroient un bureau pour examiner les titres de tous les survenans, pour être employés dans un grade ou dans un autre, pour juger s'il n'y a pas de motifs pour en repousser quelques uns, enfin pour régler tout ce qui est nécessaire à la formation des corps qu'on pourra composer par le moyen du nombre d'officiers qui seront venus à la suite des forces Britanniques, ainsi que pour incorporer à l'armée ancienne de l'intérieur les nouveaux corps qui auroient été destinés d'avance à en faire partie.

SUPLEMENT A L'AVIS,
D'UN ROYALISTE ÉMIGRÉ, AUX ROYALISTES DE L'INTÉRIEUR

Dans le cas où les Royalistes se rendroient maîtres de quelque port de marque, ils y établiront aussitôt les cours d'Amirautté et les loix de police et commerciales qui étoient en vigueur avant le mois de Mai 1789. Le Conseil supérieur rendra une déclaration formelle à ce sujet. De même que sur les objets relatifs à la terre, il exercera l'autorité des Gouverneurs de Province et des Commandans d'armée ; il exercera sur les objets relatifs à la mer, l'autorité du grand Amiral et des Commandans d'armées navales, et dans les ports.

La déclaration susdite annoncera comme une suite du rétablissement de l'ancien ordre dans les ports que l'admission des navires étrangers y aura lieu, conformément aux termes et aux dispositions des traités ou conventions existans précédemment à la même époque en exprimant formellement qu'aucun traité, convention ou arrangement subséquent ne seront reconnus valables qu'autant que les mêmes objets auront été compris dans de nouveaux actes revêtus du nom du Roi, rédigés selon les formes légales du Royaume.

La reconnoissance formelle du Roi sera annoncée, comme une condition absolue à l'admission des navires étrangers dans les ports occupés par les Royalistes. Il n'y sera en conséquence admis aucun navire sous le pavillon des puissances neutres. La neutralité ne sauroit reconnue par des François qui ne connoissent que des amis ou des ennemis dans la cause pour laquelle ils combattent.

Cette déclaration devra être suivie d'une autre, pour annoncer qu'on regarde positivement comme ennemis les puissances qui sous le masque de la neutralité, ont constamment favorisé les usurpateurs de la France, rebelles et régicides et ennemis de tout ordre social. Mais cette déclaration ne doit paroître qu'au moment où l'on pourra mettre à la mer des bâtiments armés, soit Royaux ou Corsaires, pour saisir les bâtimens navigans sous la bannière de ces Puissances. Un des avantages particuliers de cette mesure sera s'occuper et d'alimenter les matelots dont l'oisiveté seroit nuisible, d'en attirer à soi un grand nombre et de faire naître dans d'autres ports le désir de rentrer sous l'obéissance du Roi. Par ce moyen on auroit dans peu et presque sans frais ravitaillé les ports dont on se seroit emparé. Une conséquence de cette mesure est que dans le cas où il se trouveroit des navires soit disant neutres dans les ports dont on seroit rendu maître, on y mit un embargo,
...
Archives militaires de la guerre de Vendée conservée au Service historique de la Défense (Vincennes)

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