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La Maraîchine Normande
3 juin 2013

LUCON - UNE MANIFESTATION D'INTRUS EN HERBE

UNE MANIFESTATION D'INTRUS EN HERBE

ADHÉSION DE "MESSIEURS LES ÉCOLIERS DU SÉMINAIRE-COLLEGE DE LUCON"
A LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ.

Luçon

Au moment où éclata la Révolution, le "séminaire-collège" de Luçon était dirigé par deux Lazaristes : Gondouin, supérieur, et Logerot, directeur, professeur de théologie. Ces deux religieux étaient assistés de plusieurs membres du clergé séculier du diocèse, spécialement chargés, sous le nom de "régents", de l'enseignement des humanités et des cours préparatoires aux études théologiques. Tous les membres du personnel, depuis le supérieur jusqu'au "régent" de septième, étaient des prêtres zélés et remplis de foi ; tous refusèrent courageusement de prêter serment à la Constitution civile du Clergé.

Quant aux élèves, la plupart de ceux qui étaient déjà  dans les ordres, ou qui avaient commencé l'étude de la théologie, demeurèrent fidèles aux principes qu'ils avaient reçus de leurs maîtres. Mais il n'en fut pas de même des plus jeunes, qui n'avaient point encore achevé leurs cours d'humanités. Un grand nombre d'entre eux appartenaient à la bourgeoisie des environs, qui avait généralement donné dans le travers révolutionnaire. Les exemples qu'ils recevaient au sein de leurs familles n'avaient pas tardé à avoir raison des enseignements du séminaire. Les exemples qu'ils recevaient au sein de leurs familles n'avaient pas tardé à avoir raison des enseignements du séminaire, et l'esprit d'indépendance et de révolte s'était peu à peu emparé de ces jeunes cervelles.

Les révoltés avaient constitué une sorte de syndicat, sous la direction de deux rhétoriciens : J. Renaud, président ; et Joly, secrétaire. Avides de réclame, et à l'affût d'une occasion qui leur permit de se mettre en évidence, ces intrus en herbe crurent l'avoir trouvée, lorsqu'ils apprirent que l'assemblée des électeurs était convoquée à Fontenay, le 1er mai 1791, pour procéder à l'élection de l'évêque constitutionnel du département. Ils se concertèrent aussitôt et, sous le titre de Lettre à messieurs les électeurs par messieurs les écoliers du séminaire-collège de Luçon, ils rédigèrent et expédièrent à Fontenay la déclaration suivante :

"Luçon, le 30 avril 1791.
Messieurs,
Aveuglés d'un côté par les discours artificieux de nos indignes supérieurs, nous ouvrons enfin les yeux à la vérité et à la raison ; d'un autre côté, leur tyrannie insupportable, occasionnée par le mécontentement que leur cause la nouvelle Constitution, nous fait désirer ardemment l'arrivée des nouveaux supérieurs nommés par vous. Satisfaites à notre impatience, messieurs, le plus tôt qu'il vous sera possible, car sans cela nous serions contraints d'abandonner, pour ce reste d'année, le cours de nos études. Ne croyez point que c'est par passion ou par préjugé que nous vous faisons un si triste portrait de nos supérieurs ; nous pouvons vous assurer que nous n'avançons à rien que nous ne soyons en cas de prouver en temps et lieu ; car, sans parler des fausses bulles du Pape et des libelles diffamatoires dont ils cherchent sans cesse à falsifier notre esprit, ils ont encore osé nous rendre les complices de leur exécrable perfidie en nous faisant transcrire des lettres faites pour soulever tous les esprits du diocèse. Joint à tout cela, Messieurs, il nous menacent de chasser, sans autre forme de procès, ceux qui jouissent du fruit de vos bienfaits, c'est-à-dire ceux qui jouissent de pensions franches ; nous espérons que vous ne tarderez pas à nous donner une réponse consolante.
Nous sommes, Messieurs, avec le plus profond respect, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
J. RENAUD, président, rhétoricien ; JOLY, rhétoricien, secrétaire.
Rhétoriciens : MOREAU, SAVARIAU, LIEUTAUD ;
Seconde : LOYAUD, BOURSIER, RUCHAUD, MAQUIGNAUD ;
Troisième : GIBOTEAU, major, PAYRAUDEAU, LOGERIE, PERIGNON, GRELIER minor, GRELIER major ;
Quatrième : GIBOTEAU, minor, SIROL, FABRE, RODIER, BERTHOU, GRELIER, THOMAZEAU, FAVREAU."

Cette lettre arriva à Fontenay, le 2 mai, au moment où les opérations électorales battaient son plein. Le président de l'assemblée, Goupilleau de Montaigu, s'empressa d'en donner publiquement lecture, et les "écoliers" de Luçon eurent les honneurs de la séance. Pour ne pas être en reste avec ces petits intrus en herbe qui étaient si bien dans la note du jour et se faisaient les dénonciateurs de leurs maîtres, l'assemblée ordonna qu'il serait fait droit à leurs réclamations, et - sans rire - elle chargea son président d'aviser officiellement "messieurs les écoliers" de la nomination de l'évêque constitutionnel, qui devait avoir lieu à la même séance.

LE CHERCHEUR
LA VENDÉE HISTORIQUE
1899

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