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La Maraîchine Normande
2 juin 2013

LA DISCIPLINE A L'ARMÉE VENDÉENNE - UN ACTE D'AUTORITÉ DE STOFFLET

LA DISCIPLINE A L'ARMÉE VENDÉENNE

UN ACTE D'AUTORITÉ DE STOFFLET - L'EXÉCUTION DU COMMANDANT PIQUET

Tandis que les armées républicaines, bien que "régulières", étaient en proie à la plus effroyable indiscipline, - indiscipline dont les généraux, il faut bien le dire, donnaient eux-mêmes l'exemple, et qui se manifestait par les attentats les plus odieux contre les vieillards, les femmes et les enfants, - les insurgés de la Vendée militaire, au contraire, tout "Brigands" qu'on les appelait, se faisaient remarquer non seulement par leur bravoure, mais encore par un respect absolu des faibles, et en particulier des femmes, qui trouvèrent toujours grâce devant eux, même au cours de leurs trop justes représailles.

Dans les premiers temps de l'insurrection, et si l'on excepte les massacres de l'odieux Souchu - que la vraie Vendée militaire ne voulut jamais reconnaître pour l'un des siens, - il serait impossible de citer un seul fait établissant qu'un officier ou soldat vendéen ait manqué à une femme. Plus tard, sans doute, et à partir de l'époque des Colonnes infernales, les insurgés, excités par la vengeance, ne montrèrent pas toujours la même réserve ; mais encore est-il juste de faire observer que les actes regrettables, et d'ailleurs fort rares, auxquels ils se laissèrent alors entraîner, furent presque tous commis non par des Vendéens proprement dits, mais par des déserteurs républicains passés dans leurs rangs, et que la répression, en pareil cas, fut toujours impitoyable de la part des chefs. Nous en avons un exemple dans le tragique épisode de l'exécution du commandant Piquet.

StoffletCe Piquet était un ancien soldat de la République, passé à l'armée de Stofflet. Celui-ci lors de sa rentrée en campagne, au commencement de l'année 1794, en avait fait un commandant de cavalerie, "Soldat d'une grande bravoure", dit une note du comte de la Bouëre, le déserteur républicain n'en avait pas moins conservé certaines habitudes d'indiscipline contractées parmi ses anciens compagnons d'armes. Une première fois, rapporte Louis Monnier dans ses Mémoires, il s'était permis, à Chemillé, d'insulter une femme, et avait failli, pour ce fait, passer en conseil de guerre. On lui avait pardonné en faveur de sa bravoure, grâce à l'intervention de Bérard, son protecteur, l'un des lieutenants de Stofflet.

Quelque temps après, le 27 février 1794, non point à Bressuire, ainsi que le prétend Gibert, mais à Argenton-le-Château, Piquet ne craignit pas de se rendre coupable d'un acte du même genre. Cette fois, et en dépit de l'intervention de Bérard, Stofflet résolut de faire un exemple, et Piquet fut fusillé, bien que le général, dit Monnier, "en fit beaucoup de cas à cause de son courage."

Le fait est diversement rapporté dans les Mémoires de Gibert et dans ceux de Renée Bordereau, dite Langevin. D'après le premier, Piquet aurait bel et bien violé, puis massacré la femme objet de ses poursuites. D'après la seconde, tout se serait borné à une simple tentative. Je crois devoir mettre sous les yeux de mes lecteurs les deux versions.

Voici d'abord celle de Gibert :
"La mort (de La Rochejaquelein) consterna sa petite armée et laissa le commandement en chef à Stofflet, à qui il fut déféré. Peu après cet évènement, informé qu'un corps de six cents hommes, posté à Bressuire, se proposait de faire une incursion dans le pays, il le prévint, le chassa de l'endroit en lui tuant beaucoup de monde. Dans cette rencontre, l'officier qui commandait sa cavalerie trouva une jeune mariée à son gré, il la viola et la tua après. M. Stofflet le fit aussitôt passer au conseil de guerre et fusiller, quoiqu'il en fit beaucoup de cas à cause de son courage ; il le laissa exposer sur la place, en quittant la petite ville." (Gibert : Précis historique sur la Guerre de la Vendée, p. 135).

Voici maintenant la version de Renée Bordereau :
"C'est là (à Argenton) que le général Stofflet fit punir de mort le nommé Piqué, déserteur de la République que l'on avait fait commandant de cavalerie, et qui avait voulu insulter une femme pendant la nuit : quelques-uns demandaient grâce ; mais les honnêtes gens demandèrent sa mort à grands cris, disant que si on laissait ainsi des crimes impunis, cela ferait périr toute l'armée. La malheureuse femme fut sauvée par moi et deux de mes camarades, qui entendîmes du bruit et qui fûmes lui porter secours ; nous dénonçâmes le coupable, qui fut fusillé à la tête de l'armée rassemblée." (Mémoires de Renée Bordereau dite Langevin, p. 33).

Contrairement à l'affirmation de Gibert, qui, d'ailleurs, ne se trouvait point sur les lieux, et qui est le seul à nous donner le fait comme s'étant passé à Bressuire, Louis Monnier, dans ses Mémoires, est bien d'accord avec Renée Bordereau et avec tous les auteurs pour placer l'épisode à Argenton, mais son récit manque quelque peu de précision sur le point de savoir si l'attentat aurait été réellement consommé par Piquet, ou s'il n'y aurait eu qu'une simple tentative de sa part :
"Je ne donnerai point de détails sur la mort du nommé Piquet, un des plus braves de nos cavaliers. Il fut condamné à être fusillé à la tête de l'armée, avant le départ d'Argenton, pour un crime des plus abominables, qu'il avait commis à Chemillé, et dont le sauva alors son protecteur Bérard. Il fut fusillé sur la place d'Argenton-Château, à la tête de l'armée qui cria : "Grâce ! grâce !" Le général cria : "Feu !" Et il tomba mort." (Louis Monnier : Mémoires sur la Guerre de la Vendée, p. 77).

Crime consommé ou simple attentat, le fait dont s'était rendu coupable le commandant Piquet n'en fut pas moins impitoyablement puni. Cet acte de justice, qui privait l'armée vendéenne de l'un de ses plus braves officiers, fait incontestablement honneur à Stofflet, et l'on éprouve un sentiment de légitime fierté à pouvoir opposer la conduite de ce général à celle des Turreau, des Huché, des Grignon et autres bandits revêtus de l'uniforme de soldat, qui, précisément à cette époque, commençaient leur ignoble campagne de massacres, de viols et d'incendies !

HENRI DU BOCAGE
LA VENDÉE HISTORIQUE
1898

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