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La Maraîchine Normande
2 mai 2013

LE PAYS DU LOROUX-BOTTEREAU, VICTIME DES COLONNES INFERNALES DE CORDELLIER ET DE TURREAU

Le Pays du Loroux-Bottereau, victime des Colonnes Infernales de Cordellier et de Turreau

 

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 «Et qu’on ne s’y trompe pas : les intrépides habitants du Bocage et du Loroux qui, seuls, abandonnés à leurs propres forces, on eu, dès le commencement de la guerre, tant d’avantages décisifs, ne devaient pas agir isolément, si le plan de leurs chefs avait eu son entière exécution… Le Bocage et le Loroux forment le pays qu’on doit appeler Vendée puisque c’est celui où la guerre a été constamment la plus vive et la plus sanglante…Leur adresse dans l’usage des armes à feu est telle qu’aucun peuple connu, si guerrier, si manœuvrier qu’il soit ne tire un aussi grand parti du fusil que le chasseur du Loroux et le braconnier du Bocage…» (Mémoires pour servir à l’histoire de la Guerre de la Vendée par le Général Turreau. Paris. Baudoin Frères, Libraires. 1824)

L’insurrection

Le 11 mars 1793, comme dans plus de six cent paroisses, Le Loroux-Bottereau entrait dans l’insurrection foudroyante qui allait déferler en Vendée Militaire. Avec les mêmes motivations – la fidélité aux prêtres catholiques légitimes, le refus de la conscription, la méfiance envers les acheteurs de Biens nationaux, la désespérance… - et une bravoure que même les Républicains reconnaissaient aux Lorousains (v¤ir ci-dessus).

Pendant les Guerres de Vendée, il faut entendre par «Pays du Loroux» une zone beaucoup plus vaste que la paroisse du Loroux ou son canton : la division du Loroux, sous les ordres du général Lyrot de la Patouillère, recrutait ses combattants dans tout le Vignoble nantais, d’une zone s’étendant de l’Evre à la Sèvre, limitée au nord par la Loire et au sud par une ligne rejoignant Clisson à Beaupréau. Le commandement siégeait soit au Loroux, soit au Fief-Sauvin après le retour de la Virée de Galerne.

Les «gâs du Loroux» sous les ordres du maitre d’école Julien Prodhomme, qui ont participé à toutes les batailles, notamment Nantes, Torfou, Beaupréau, Chemillé, Mortagne,…, combattaient tantôt dans l’armée d’Anjou, tantôt dans celle du Marais, avec Charette. Après la «Virée de Galerne» à laquelle ils participèrent jusqu’au désastre de Savenay pour certains, les Lorousains furent intégrés à l’armée de Stofflet. Lors de la signature du Traité de la Jaunaye, la majeure partie déposa les armes pour les reprendre ensuite derrière Charette qui les appelait ses «grenadiers».

Pendant la guerre de Vendée proprement dite – du 11 mars au 23 décembre 1793 – le Pays du Loroux-Bottereau ne fut pas le théâtre de batailles importantes. Le pays était entièrement dans les mains des insurgés, reconnaissant la légitimité et l’administration du Conseil supérieur des Armées Catholiques et Royales de Châtillon-sur-Sèvre. Les «patauds» étaient réfugiés à Nantes. Au Loroux même, plus d’une centaine de combattants moururent sur les champs de bataille de la Vendée militaire et de la campagne d’Outre-Loire, «pour Dieu et pour le Roi».

Le « Colisée » de la Vendée militaire

La paroisse du Loroux connaîtra son martyre lors du passage des Colonnes infernales, en mars 1794, colonnes conduites par Cordellier qui venaient, via Montaigu, de commettre l’ignoble massacre des Lucs-sur-Boulogne où il avait «déniché toute une nichée de calotins» le 28 février. Lors de ses deux passages, marqués par l’incendie du bourg, la colonne de Cordellier massacra dans un raffinement de cruauté plus de cinq cents Lorousains, de l’enfant naissant au nonagénaire impotent.

André RipocheLe 6 mars 1794, l’un des représentants du Peuple près de l’Armée de l’ouest engageait Cordellier à se rendre dans le canton du Loroux «où l’opiniâtreté des habitants de ce pays est inconcevable». Le 8 mars, Cordellier fera son ignoble travail en tuant 4 à 500 hommes «de l’infâme pays du Loroux». «Nous espérons que la journée ne se passera pas sans qu’il les ait entièrement détruits ou dispersés dans cette partie de la Vendée qui limite la rive gauche de la Loire» (Dossier Armée de l’Ouest – Vincennes). Au soir de ce massacre, le général Robert se vante auprès du ministre de la guerre Bouchotte : «le nombre de brigands tués est considérable et cette journée victorieuse n’a pas coûté un soldat à la République». Le soir de cette journée, la colonne de Cordelier campera sur les hauteurs du Tour Gasselin, massacrant dans les villages alentour. Le 9 mars, 250 Lorousains commandés par Bureau de la Boissière tenteront d’arrêter les Républicains aux Champs Morets. Sans succès. Une partie de la troupe campa ensuite au Maillon où, après un simulacre de jugement, les prisonniers condamnés étaient envoyés «derrière la haie». Là, ils étaient massacrés dans des conditions répugnantes. C’est dans un village situé entre Le Loroux et La Chapelle-Heulin qu’eu lieu l’épisode dramatique de la mort d’André Ripoche, « le Saint de Bas-Briacé », en défendant la croix de son village contre les Bleus.

La colonne poursuivra son chemin vers Saint-Florent-le-Vieil, par La Chapelle-Basse-Mer, Saint-Laurent-des-Autels, Le Puiset-Doré et la forêt de Leppo où les massacres continuent. Le 17 mars, Cordelier revient au Loroux, y brûle ce qui était encore debout, notamment l’église et poursuit ses massacres en violant et éventrant les femmes, en portant les enfants au bout des baïonnettes, en utilisant les pressoirs à long fût de ce pays de vignoble pour écraser ses victimes. Quelques deux cents Lorousains perdirent la vie lors de ce second passage. Ceux qui en réchappèrent se réfugièrent sur l’ile du Recoin, au cœur des Marais de Goulaine. Ils y vécurent dans le froid et la faim pendant quelques mois, attendant la paix. Mais ce n’est qu’en novembre 1799 que des offices religieux purent être célébrés publiquement : «la Victoire des Vaincus». Le pays était encore dévasté par ce terrible mois de mars 1794 dont le souvenir a longtemps hanté les mémoires. Pendant ces années noires de 1793 et 1794, plus de 1000 Lorousains ont perdu la vie pour défendre la liberté religieuse, d’où le titre de «Colisée de la Vendée militaire» attribué par les descendants de combattants au Loroux-Bottereau.

croix du recoin - Loroux BCroix du Recoin

Lieux de mémoire

Quatre croix d’ardoise posées par le Docteur Renoul dans les années 40 avec le concours du Souvenir vendéen : à la Blanchetière, au Douet-Rouaud, au Maillon et sur l’Ile du Recoin.

 

Le LorouxBottereauLouis XVI(2)

Une statue du roi Louis XVI sur la place de l’église et un tableau offert par le roi Charles X : « A la paroisse du Loroux pour sa vaillance et son martyre », dans le fond de l’église.

 

Croix, vitrail et plaques à la mémoire d’André Ripoche à Bas-Briacé, au Landreau, à La Chapelle-Heulin.

 

Texte écrit par Henry Renoul, grâce aux travaux de Louis Bossard, Reynald Sécher et des descendants d’Honoré-Aymé Renoul qui participa comme médecin militaire à toute la Guerre.

 

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