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La Maraîchine Normande
14 avril 2013

EXÉCUTION DE LOUIS XVI

louis XVI

EXECUTION DE LOUIS XVI

21 janvier 1793

"Vers les sept heures, le ministre de la justice retourna au Temple, accompagné du prêtre irlandais, et fit part à Louis du refus de la Convention nationale, du refus du sursis ; il en parut très-affecté ; alors le prêtre s'approcha de lui, et fut reçu très-froidement.


Le ministre se retira, et quelques moments après Louis poussa des sanglots très-amers et versa quelques larmes ; après quoi il reprit son calme ordinaire et soupa avec beaucoup d'appétit, puis se coucha vers onze heures et demie, et dormait fort tranquillement jusque au lendemain six heures du matin.


Comme il avoit invité le confesseur à célébrer une messe en son intention, celui-ci demanda un crucifix, un calice, une pierre bénite, et tous les ustensiles nécessaires pour cet office, lesquels lui furent apportés à minuit précis.
Vers les six heures, Louis s'éveilla, et à six heures et demie le prêtre célébra la messe et lui donna la communion.
Pendant ce temps, et même dès quatre heures du matin, un rappel général se faisoit entendre dans toutes les rues de Paris. Avant huit heures tous les citoyens étoient déjà sous les armes, chacun au poste qui lui étoit désigné, et notamment sur les boulevards par où le cortège devoit passer. A huit heures et demie le général Santerre, accompagné des officiers municipaux, des membres du département et d'un n¤mbreux détachement de gendarmerie à cheval, et d'autre cavalerie, arriva au Temple pour prendre le criminel et le conduire au lieu du supplice.


Comme les chevaux de la cavalerie faisoient beaucoup de bruit en entrant dans le jardin où est située la Tour, Marie-Antoinette s'imagina bien qu'il y avoit quelque chose d'extraordinaire, et pour éclaircir ses doutes, elle demanda aux officiers municipaux qui étoient auprès d'elle de lui permettre de descendre dans la chambre de son mari, à l'effet de le voir, comme il le lui avoit promis la veille ; mais ceux-ci éludèrent sa demande en lui disant que Louis étoit très-occupé, et qu'il lui seroit impossible d'avoir aucun entretien dans ce moment avec elle, mais qu'au surplus l'un d'eux alloit lui demander s'il vouloit la v¤ir à l'instant. Il descendit en effet, mais ne remonta qu'après que Louis fut hors du Temple, attendu qu'il ne demanda nullement à voir sa femme ni aucun de ses enfants.


A neuf heures précises il descendit de la Tour avec un visage calme, vêtu d'un habit de drap de couleur violette, coiffé à son ordinaire, et couvert d'un petit chapeau à trois cornes, auquel étoit attachée une cocarde nationale toute neuve. Il monta ainsi dans la voiture du maire de Paris, ayant son confesseur à son côté gauche, et deux gendarmes sur le devant. Le cortège se mit alors en marche, passant par la rue du Temple, et suivant les boulevards jusqu'à la place de la Révolution ; la voiture dans laquelle il étoit se trouva escortée de plus de douze à quinze mille hommes bien armés, et plus de cent mille autres formoient deux chaînes impénétrables depuis le boulevard du Temple jusqu'au pont de la Liberté ; des canons étoient braqués de distance en distance, et il fut ordonné à tous les locataires de fermer toutes les croisées qui donnoient sur le passage ; enfin, le tout avoit été si profondément concerté pour maintenir le calme, que tous les efforts des malveillants restèrent sans le moindre succès.


Jamais, non, jamais l'univers ne vit un spectacle si imposant et majestueux. L'ordre et la tranquillité qui régnoient partout furent des sujets de surprise et d'admiration pour tous ceux qui en furent témoins ; pas une seule personne n'élevoit la voix ; tous, au contraire, conservoient le plus morne et religieux silence, lequel, avec le temps calme, mais sombre et nébuleux qu'il faisoit alors, produisoit un effet le plus surprenant que jamais mortel puisse voir ; aucun autre bruit que celui des tambours et des trompettes ne s'étoit fait entendre pendant tout l'espace de temps qu'employa le cortège pour se rendre à sa destination.


C'est au milieu de ce calme imposant que la voiture arriva à dix heures et un quart au pied de l'échaufaud qui étoit dressé sur la place de la Révolution, ci-devant Louis XV, en face du piédestal sur lequel avoit été élevée et renversée la statue colossale du tyran de ce nom, et où toutes les avenues et passages étoient défendus par plusieurs pièces de canon. Étant arrivé à ce lieu terrible, Louis Capet fut livré aux exécuteurs des jugements criminels, lesquels s'emparèrent de lui, lui coupèrent les cheveux, le déshabillèrent et lui lièrent les mains par derrière ; ensuite de quoi ils lui demandèrent par trois fois différentes s'il croyoit avoir quelque chose de plus à dire ou à déclarer à son confesseur. Ayant persisté à répondre que non, celui-ci l'embrassa, et lui dit en le quittant : Allez, fils de Saint-Louis, le ciel vous attend ! Alors on le fit monter sur l'échafaud, où étant arrivé, au lieu de s'en aller droit à la planche, il donna un coup de coude à celui des exécuteurs qui étoit à son côté gauche, et le dérangea suffisamment pour pouvoir s'avancer jusqu'au bord dudit échafaud, où il manifesta le désir de prononcer un discours aux citoyens qui étoient présents, dans l'espoir sans doute que sa voix seroit parvenue à les apitoyer sur son sort, et à lui faire obtenir sa grâce, ou plutôt dans l'idée qu'on lui avoit suggérée et de laquelle il étoit fermement persuadé que ses amis se trouveroient là en grand nombre pour le secourir ...

Il voulut commencer sa harangue, et fit signe aux tambours, qui faisoient un roulement continuel, de cesser, afin qu'il puisse se faire entendre ; comme ils étoient pour le moins soixante, il s'en trouva plusieurs dans le nombre qui avoient déjà discontinué, lorsque tout à coup un mouvement d'agitation se manifesta parmi tous les citoyens armés, les uns demandant qu'on le laissât parler, les autres, déjà trop ennuyés des longueurs que l'appareil avoit occasionnées, s'opposant à ce qu'il fût entendu. Cette diversité d'opinion fit augmenter l'agitation, et déjà on craignoit un soulèvement, qui n'auroit pu être que des plus funestes par les malheurs inévitables qui en auroient été la suite, lorsque le commandant Santerre ordonna avec sagesse et prudence aux tambours de continuer le roulement, et aux exécuteurs de remplir leur devoir, puisque le criminel avoit déclaré en bas de l'échafaud qu'il n'avoit plus rien à dire. Cet ordre fut aussitôt exécuté qu'ordonné ; les exécuteurs se saisirent de lui, l'emmenèrent à la planche fatale sur laquelle il prononça ces mots, d'un ton de voix haute et distincte pendant qu'on l'attachoit : Je suis perdu, je meurs innocent ; je pardonne ma mort à mes ennemis, mais ils seront punis. A peine avoit-il achevé ces mots que le glaive vengeur tomba sur sa tête coupable et la sépara de son corps ; l'un des exécuteurs la prit aussitôt par les cheveux et la montra au peuple à diverses reprises par les quatre côtés de l'échafaud. Au même instant se firent entendre de toutes parts les cris mille fois répétés de Vive la République ! vive la Liberté ! vive l'Égalité ! Périssent ainsi tous les tyrans ! Les citoyens ne sachant comment exprimer leur joie de se voir pour jamais délivrés du fléau de la royauté, s'embrassèrent tous avec l'épanchement de la plus douce union et de la plus heureuse fraternité ; après quoi ils chantèrent des hymnes à la Liberté, en formant des ronds de danses à l'entour du  l'échafaud et sur toute la place de la Révolution.


Pendant que cette réjouissance des hommes libres s'exécutoit, les restes du tyran étoient emportés au cimetière de la paroisse de Sainte-Magdeleine, où ils furent enterrés dans une fosse de douze pieds de profondeur, et garnie de chaux vive pour les consumer de suite. Dès l'instant que son corps et sa tête furent enlevés de l'échafaud, une foule innombrable d'hommes, de femmes et d'enfants coururent avec empressement tremper dans son sang impur, les uns, leurs sabres, les autres, leurs mouchoirs, etc. Son habit fut déchiré par petits morceaux et distribué à tous ceux qui purent en avoir ; ses cheveux même furent ramassés, et devinrent une espèce de marchandise qui fut vendue fort cher par ceux qui les avoient."

(Récit authentique de tout ce qui s'est passé à l'égard de l'exécution de Louis XVI, par le citoyen Rouy l'aîné, témoin oculaire, 1794. Extrait du Magicien républicain pour 1794)

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La démagogie en 1793 à Paris
ou Histoire, jour par jour, de l'année 1793.
H. Plon (Paris) 1868

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