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La Maraîchine Normande
30 mars 2013

UNE FAMILLE SAUMUROISE PENDANT LA RÉVOLUTION ♣ LES SAILLAND D'ÉPINATZ ♣ 1ère partie

UNE FAMILLE SAUMUROISE
PENDANT LA RÉVOLUTION

LES SAILLAND D'ÉPINATZ

1ère partie

M. Etienne-Mathurin Sailland d'Epinatz, juge conseiller de la sénéchaussée de Saumur, avait épousé, en 1766, Mlle Perrine-Charlotte Philippeaux. Trois enfants étaient nées de ce mariage : Perrine, Jeanne et Madeleine.
La famille habitait Saint-Nicolas. M. Sailland était marguillier d'honneur de cette paroisse au m¤ment de la Révolution.
Outre leur hôtel de saumur, M. et Mme Sailland possédaient des propriétés à Chacé, Varrains, Bagneux, Saint-Hilaire-l'Abbaye, Saint-Barthélémy près Saumur, et Montfort commune de Cizay. Dans cette dernière localité, ils avaient de fréquentes et cordiales relations avec le curé Leroyer de Chantepie et son vicaire Deschamps.

Au mois de juin 1793, Saumur ayant été pris par l'armée Vendéenne, la famille Saillant d'Epinatz ne cacha pas la joie que lui causait cette victoire. Les chefs vendéens furent reçus et fêtés à la maison, et M. Sailland fit partie du Conseil royaliste constitué par eux dans la ville de Saumur. C'est le 16 juin qu'il fut n¤mmé à cette fonction, comme l'établit la pièce suivante :

DE PAR LE ROI
ET MONSIEUR, RÉGENT DU ROYAUME
Nous, commandants des armées catholiques et royales,
Considérant qu'au milieu des tumultes des armées  et dans un enchaînement de combats et de conquêtes rapides, tout établissement qui tend à protéger le maintien du régime civil et politique, ne peut être trop promptement organisé ;
Pour le plus grand intérêt de la Religion et du Roi, et pour le plus grand avantage de la ville de Saumur,
Avons ordonné et ordonnons, au nom de Sa Majesté Très Chrétienne Louis XVII, Roi de France et de Navarre, et de Monsieur, Régent du Royaume,

A MM. Desmé-Dubuisson - Guillon de la Fresnaye - de Bagneux - D'Epinatz - Chasles - Boilève - Raymond de Varennes - Cherel - Lerou de Nesde - Cochon, de la Messagerie - Son-Dumarais - Hervé - Coutard, avocat - Declenne, chev. de St-Louis - Maultrot - Defay - Monard - Gueniveau, l'aîné - Bouffard - De la Plante - Gibert - Sanzay, procureur - Allain, ancien avocat - Baudry, huissier - Clément Maillard, chev. de St-Louis - Coutelet, huissier - Fremon - Sebile du Chardonnet - Ducamp - Lorrier, ancien procureur du roy - Cahouet-Bourgneuf - Lenoir - Dufour-Chanteloup - Laumonier - Tardif - Chol,

habitants de Saumur, de se réunir sans délai, en vertu de notre proclamation du 14 juin 1793, et de se former dans l'espace de vingt-quatre heures en Conseil provisoire d'administration, lequel se conformera aux principes énoncés dans notre susdite proclamation.
A ces causes, leur avons délégué et déléguons pareillement, au nom de Sa Majesté Très Chrétienne Louis XVII et de Monsieur, Régent du Royaume, toute l'autorité convenable à cet effet.
En foi de quoi leur avons délivré le présent, et avons apposé au bas le sceau royal.
Fait au quartier général, à Saumur, le 16 juin 1793, l'an premier du règne de Louis XVII.

D'Elbée - De Laugrenière - Chevalier Desessarts - Fleuriot de la Freulière - Duhoux d'Hauterive - Chevalier de Fleuriot - Stofflet - De Boisy - De Beauvolliers, l'aîné - Chevalier d'Autichamp
Pour MM. du Conseil de Guerre,
DURY DE BEAUVAIS, Secrétaire.

Le nouveau Conseil ayant tardé à se réunir, cela donna lieu à une autre proclamation, en date du 18 juin :

DE PAR LE ROY
ET DE Monsieur, RÉGENT DU ROYAUME.

Nous, commandant les armées catholiques et royales, ordonnons aux 36 membres désignés en notre Proclamation du 16 de se rendre de suite à l'Hôtel de Ville, de s'y former en Conseil provisoire et d'entrer en activité, sous peine de responsabilité.
Fait à Saumur, au quartier général, le 18 juin 1793, l'an premier du règne de Louis XVII.

Chevalier Desessarts - De Laugrenière - Duhoux d'Hauterive - Fleuriot de la Freulière - De Donnissan - Chevalier de Fleuriot - D'Elbée - De la Ville de Beaugé - Stofflet - De Boisy - De Beauvolliers, l'aîné - Chevalier d'Autichamp.

L'armée Vendéenne ayant évacué Saumur à la fin juin, la famille Sailland, désormais compromise aux yeux de tous les patriotes, quitta également cette ville, qu'aucun de ses membres ne devait plus revoir (C'est le 24 juin que la famille Sailland quitta Saumur).

Depuis quelques semaines les corps administratifs étaient rentrés à Saumur. Le 14 août, nous voyons le district et la municipalité, dans une déclaration collective, implorer la clémence du Comité révolutionnaire établi en cette ville, au sujet des 36 membres du Comité provisoire : "... Les citoyens Denesde, Gibert, Guillon de la Fresnaye et Sailland, généralement estimés en cette ville, tant par leur vertus que par leur exactitude à  rendre la justice pendant le temps qu'ils ont été juges, continuellement occupés à remplir les devoirs des fonctions qui leur étaient confiées, et s'animant toujours du plaisir de faire le bien ; amis de la Révolution, ils en ont suivi les principes, etc".

La pétition fut inutile, car dès le lendemain le Comité inexorable prenait l'arrêté suivant :

Le Comité révolutionnaire de Saumur,
Considérant que depuis le départ des rebelles de la ville de Saumur, plusieurs habitants de cette ville et environs se sont absentés et n'ont donné aucune nouvelle depuis leur départ,
Que cette absence fait présumer qu'ils sont émigrés ou qu'ils ont suivi les rebelles,
Arrête :
Que les scellés seront apposés sur les meubles et effets des personnes qui seront absentes sans avoir prévenu les corps administratifs de cette ville des causes de leur absence et du lieu où ils se retiraient, et leurs immeubles mis en séquestre. - A cet effet, le Comité nomme d'office le citoyen Dézé, greffier du juge du paix du premier territoire de Saumur, pour apposer les scellés sur les meubles et effets des personnes absentes, ainsi qu'il est ci-dessus dit, et mettre leurs biens en séquestre qu'après nous avoir prévenu des personnes absentes et avoir reçu de nous un réquisitoire nominatif de chacune d'elles.
Et ledit citoyen Dézé, présent, a accepté ladite commission, dans laquelle il a promis se conduire avec tout le zèle et l'intelligence dont il est capable.

DEZÉ, greffier
A. MINIER, président,
OLLIVIER fils
ACHARD,
RIFFAULT,
GUILLEMET.

A cette pièce était jointe la "liste des personnes chez lesquelles il faut apposer les scellés et établir le séquestre :

Lenoir-Pasdeloup, à Chaintre, paroisse de Dampierre et Varrains,
Dechevue, à Chacé, Varrains et St-Martin-de-la-Place,
SAILLAND D'ESPINATZ, Chacé, Varrains, Bagneux, Saint-Hilaire, Saint-Barthélémy et Montfort,
Gueniveau l'aîné, Saint-Hilaire et Terrefort,
BOYESLEVE, Herbault, Saint-Hilaire,
Lasayette dit Clairval, Varrains, Chacé, Bagneux, Pocé et Distré,
De Bussy, à Bizay,
Perrault la Berthaudière, à Meigné.

Dezé n'était pas assez révolutionnaire. Le 17 septembre, le Comité de surveillance écrit à Morry, juge de paix du canton du Coudray-Macouard :

Nous vous connaissons trop bien pour ne pas désirer que non seulement vous continuiez l'apposition des scellés chez le sieur Sailland, mais encore que vous voulussiez bien vous charger de vérifier la besogne faite chez le sieur Sailland, relativement au séquestre, par le citoyen Dezé, dont la conduite ne répond pas à l'idée que nous avions conçue de lui ...

Le 23 septembre, le citoyen Morry répond au Comité par la lettre suivante, datée de Montfort :

Je vous adresse, conformément à votre réquisition verbale, l'argenterie et les papiers trouvés chez le sieur Sailland en sa maison sise à Montfort, commune de Cizay. J'ai, en présence des officiers municipaux, fait l'énumération et pesé l'argenterie ; ci-dessous en est l'état :
118 jetons d'argent,
60 pièces de différente argenterie,
pesant le tout 16 livres et demie, plus 3 jetons.
Vous trouverez dans le vase un meuble de faïence peinte.
Je vous adresse également deux coffres contenant différents papiers, sur la serrure desquels j'ai apposé les scellés.

Voici maintenant le procès-verbal de remise au Comité des objets énumérés par le citoyen Morry. Il est également du 23 septembre :

Devant le comité de surveillance ou révolutionnaire de Saumur, a comparu le citoyen René Masson, greffier de la municipalité de Cizay, accompagné des citoyens Louis Parage, René Pouge dit La Vigne, et Pierre-Yves Decosse, homme de garde du poste du petit cabaret sur le chemin de Doué, lequel, en vertu de la réquisition à lui faite par le citoyen Morry, juge de paix du canton du Coudray-Macouard, en date de ce jour, nous a remis un pot de grès, enveloppé d'un linge et ficelé, sur lequel est une bande de scellé en papier, apposé par ledit juge de paix, et deux coffres longs, sur les ouvertures de serrures desquels sont également deux bandes de scellés apposés par ledit juge de paix lesquels scellés se sont trouvés sains et entier ..., et a ledit Masson remis l'état à lui donné par le citoyen juge de paix, en date de ce jour, scellé de son sceau, et les deux clefs desdits coffres, dont décharge et ont lesdits citoyens signé.

Que faire de ces dépouilles de la maison Sailland ? Le comité révolutionnaire éprouve le besoin d'en écrire, le jour même, aux représentants du peuple :

Le juge de paix du Coudray-Macouard, qui a posé les scellés chez le nommé Sailland dit d'Epinatz, dans sa maison de Montfort près Doué, nous ayant prévenu qu'il y avait dans cette maison de l'argenterie et des papiers importants, nous lui avons marqué de nous envoyer le tout, ce qu'il a fait.
Veuillez bien nous marquer ce qu'il faut faire de cette argenterie et si nous ne pourrions pas déposer ces papiers dans la maison de ville de Sailland avec les autres effets scellés, pour le tout être sous la même garde.

Il faut croire que les représentants ordonnèrent de déposer les objets ci-dessus au district, puisque celui-ci reçut, le 29 septembre, le billet suivant du Comité révolutionnaire :

Nous vous faisons passer l'argenterie, trouvée chez Sailland à Montfort, qui est sous les scellés du juge de paix du Coudray-Macouard. Nous y joignons le bordereau fait et envoyé par ce juge de paix le 23 de ce mois au Comité ...

L'acharnement du Comité révolutionnaire de Saumur durait toujours. C'est ainsi que le 20 octobre, il requiert le citoyen Poché, commandant temporaire de la place, "d'envoyer de suite des personnes dont le patriotisme lui soit connu, faire visite et recherche en même temps dans les maisons de Sailland d'Epinatz, situées l'une place de la Bilange et l'autre au Pont-Fouchard, pour y voir si ledit Sailland, sa femme ou ses filles n'y sont point revenus, et dans ce cas les arrêter".

Trois jours après, c'est Lévesque-Hureault, prisonnier à Cholet du 18 septembre au 18 oct¤bre, qui comparaît devant le Comité Saumurois :

Interrogé s'il a vu, pendant son séjour à Cholet, selon l'avantage qui lui avait été accordé de rester en maison particulière, d'où il lui était possible de porter ses regards sur ce qui se passait dans l'intérieurt plusieurs des Saumurois qui, depuis l'évacuation de Saumur, se son réunis aux brigands et pris parti avec eux.
A répondu y avoir reconnu les sieurs Maultrot, Declenne Boismozé, Gueniveau, ci-devant auditeur, Denesde, Raymon dit Varrennes, Gibert, Defesques, Defaye, Esnault, ci-devant avocat, Joubert, ci-devant agent de la femme Jarret ; que par rapport à Clairval et Sailland d'Epinatz, il ne les a aperçus dans aucun groupe, et qu'il a appris par tradition qu'ils étaient cachés dans quelque métairie des environs de Cholet, où ils se permettaient à peine de voir le jour, encore moins de communiquer avec personne.

Le 2 novembre, nouvel envoi du Comité révolutionnaire au district de Saumur :

Nous vous faisons passer les procès-verbaux de séquestres de la maison du sieur Sailland d'Epinatz au Pont-Fouchard, du sieur Moltérot à Distré, de la vente de la seconde herbe des prés des sieurs Clairval et Sailland à Bagneux ...
Nous y joignons le procès-verbal de séquestre dans la maison du sieur Sailland d'Epinatz à Cizay, et nous observons qu'il nous paraît urgent de l'adresser au receveur de l'enregistrement ...

Qu'étaient donc devenus pendant tout ce temps M. Sailland et sa noble famille ? Etaient-ils cachés dans quelque métairie des environs de Cholet, comme l'avait appris "par tradition" le prisonnier des Vendéens ?
Un mémoire composé par M. Sailland lui-même, six mois environ après sa sortie de Saumur, va nous l'apprendre. Il habitait alors le presbytère de l'Hôtellerie de Flée, où il recevait, lui et sa famille, l'hospitalité de l'ancien vicaire de Cizay, devenu curé constitutionnel de cette commune. Ayant appris que son nom était porté sur la liste des émigrés, il avait rédigé sa propre défense en ces termes :

Dès le commencement de la Révolution, il fut établi à Saumur un Comité auquel l'exposant fut nommé. Il s'y comporta avec le zèle et l'intégrité qui ont caractérisé toutes ses actions. Il a monté la garde et fait les patrouilles à son tour et rang jusqu'au 17 mars 1793, qu'il partit avec ses concitoyens pour aller contre les brigands (Les brigands c'est-à-dire les Vendéens rebelles, terme exclusivement employé dans le style du temps. On sait que l'écrit de M. Sailland était destiné aux administrations révolutionnaires). Il se rendit en qualité de volontaire à Doué, de là au Puy, où il fut fait adjudant. L'armée dont partie était restée à Doué, s'était réunie à Vihiers. Le général Duhoux, qui y prit momentanément le commandement à la place du général Ligonnier, y forma des bataillons d'environ 900 hommes et ne laissa qu'un adjudant par bataillon, ce qui occasionna la réforme de l'exposant, qui ne montait dès lors que très difficilement à cheval, à raison d'une chute qu'il avait faite sur la route du Puy à Vihiers.
L'exposant, désirant néanmoins se rendre utile, obtint des commissaires qui suivaient l'armée, la direction d'un magasin d'effets de campement. Il remplit cette commission à la satisfaction de ses supérieurs jusqu'au vendredi 7 juin, que les brigands s'était emparés de Doué obligèrent l'armée de se replier à Saumur. L'exposant s'y rendit avec le commissaire des guerres La Serre et ses convois. Excédé de fatigues et crachant du sang, il se mit au lit, après avoir fait prévenir de sa maladie le commissaire La Serre, qui lui fit dire par le citoyen Peltier, son chirurgien, qu'il pouvait être tranquille.
Les brigands entrés à Saumur le dimanche suivant, pendant qu'il était au lit, 60 d'entre eux fondirent dans sa maison, pillèrent ses caves, volèrent ses chevaux, et, pour comble de malheur, il fut nommé quelques jours après au soi-disant conseil provisoire qu'ils y établirent. Malgré sa répugnance et son refus d'accepter, il fallut obéir aux lettres de pression qui lui furent notifiées. Sa femme, ses enfants et lui étaient sous le couteau.
Le bruit ne tarda point à se répandre que l'armée qui s'était retirée à Tours, devait incessamment revenir à Saumur et y mettre tout à feu et à sang, que les membres du prétendu conseil provisoire et leurs familles seraient les premières victimes de son animosité. Dès lors, la terreur s'empara de leur esprit, la tête se perdit et ils s'enfuirent errant de métairie en métairie, où ils se tinrent cachés. L'exposant, dénué de tout, dans un pays inconnu, où il craignait de se montrer, réduit au désespoir et ne sachant que devenir, et rendit cet ami, dont il avait fait connaissance à Saumur, confident de ses peines et dépositaire de ses sentiments, par sa lettre du 1er juillet, ainsi conçue :

CITOYEN
Le malheureux eut toujours des droits sur une âme sensible. J'ose à ce titre implorer la bienfaisance à la vôtre.
Lors de l'invasion des brigands à Saumur, ils fondirent sur ma maison et j'en logeai plus de 60. Je fus, pour comble de malheur, nommé au soi-disant conseil d'administration provisoire qu'ils y établirent, et malgré ma répugnance et mon opposition, il fallut obéir aux lettres de pression qui furent notifiées. Ma femme, mes enfants et moi étions sous le couteau.
Le bruit ne tarda point à se répandre que l'armée patriote repliée à Tours devait incessamment revenir à Saumur et y mettre tout à feu et à sang, que les membres du prétendu conseil provisoire et leurs familles seraient les premières victimes. Dès lors, la terreur s'empara de nos esprits, la tête se perdit, et, sans prévoir l'abîme que nous creusions sous nos pas, nous prîmes la fuite et nous nous retirâmes dans un lieu désert où nous sommes ignorés. Dieu m'est témoin de la pureté de notre intention, mais la frayeur ne calcule point.
Dans cet état j'ai recours à votre amitié et vous prei de me rendre le service de faire instamment parvenir aux autorités constituées ma rétractation de mon acceptation forcée de la place au prétendu conseil d'administration dont il s'agit, et ma déclaration formelle que la crainte seule de la mort m'a fait abandonner momentanément mes foyers sans jamais avoir entendu pour cela faire cause à part ni me séparer du parti de la république, que j'ai juré de maintenir au péril de ma vie. Ce n'est pas d'aujourd'hui que vous connaissez mon patriotisme. Mes sentiments à cet égard n'ont jamais varié. J'ai, d'ailleurs, fait acquisition de biens nationaux, et l'avantage que je retire personnellement de la Révolution n'est pas équivoque. Mes concitoyens me rendront, je pense, la justice qui m'est due. Ils savent comment je me suis montré, et le zèle avec lequel j'ai, dès les commencements de l'insurrection du Poitou, rempli à l'armée des côtes de La Rochelle les différents empois qui m'ont été confiés. Les commissaires Ollivier, Gauthier, Joullain, suivant l'armée, et les commissaires des guerres Tapier et La Serre, en rendront au besoin témoignage. Mais cela ne suffit point, si vous ne daignez, citoyen, être l'interprête de mes sentiments auprès des autorités constituées et des représentants du peuple, notamment du citoyen Choudieu, que je crois à Angers et dont je suis assez heureux d'être connu. Ils ne confondront point l'innocent avec le coupable, ils ne veulent pas l'effusion de sang, mais ils exigent avec raison que les Français s'élèvent tous à la hauteur des circonstances, qu'ils ne fassent qu'une seule et même famille, qu'ils forment tous ensemble le même voeu et que ce voeu soit pour la république. Tel est le mien. Ce sentiment est dès le principe gravé dans mon coeur et je le conserverai jusqu'au dernier soupir. Venez donc au secours d'un père au désespoir, d'une famille éplorée, dont le seul crime est d'avoir eu peur et qui n'en est pas moins digne de votre complaisance et de votre amitié.
Rendez-lui l'existence, et soyez persuadé que sa reconnaissance égalera vos bienfaits et l'attachement que vous a voué pour la vie votre concitoyen et ami malheureux.

Réponse du citoyen Chevallier, en date du 13 juillet
Citoyen,
Je viens de recevoir votre lettre, en date du 1er du courant, concernant votre rétractation de la place que vous avez forcément acceptée au conseil d'administration établi par les brigands lors de leur entrée à Saumur, et votre déclaration de n'avoir abandonné vos foyers que par la crainte seule de la mort, sans avoir entendu vous séparer du parti de la République. Je suis d'autant plus touché de votre position que je connais votre patriotisme, dont vous m'avez donné des preuves dès notre première entrevue à Saumur. Il n'est pas dans les principes de la Convention de confondre l'innocent avec le coupable, et je ferai bien volontiers tout ce qui dépendra de moi pour vous être utile et venir à votre secours dans la circonstance critique et malheureuse où vous vous trouvez avec votre famille.
Je suis avec fraternité votre concitoyen,
CHEVALLIER
Aide de camp du général Salomon

... à suivre ...

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