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La Maraîchine Normande
19 mars 2013

LE PERE LA MÉSANGERE

LE PERE LA MÉSANGERE

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Pierre La Mesangère naquit à Baugé, en Anjou, le 23 juin 1761. Après avoir commencé ses études, dans sa ville natale, il fut confié aux Oratoriens et devint le lauréat le plus distingué du bel établissement qu'ils dirigeaient avec tant de succès à Angers.

Ses humanités terminées, La Mésangère fut nommé professeur de philosophie et de belles lettres au collège de la Flèche. L'excellence de son enseignement, son aménité attirèrent à ses cours de nombreux élèves. Il était directeur de ce collège lorsque la révolution vint l'en chasser.

"Un jour, c'était vers le 1er mai 1793, dit M. Jules Clère, dans sa consciencieuse histoire de l'Ecole de la Flèche, pages 234 et 235. Tandis que les arbres du parc se couvraient d'une verdure tranquille et que les oiseaux y chantaient comme à l'ordinaire dans leurs rameaux, près de leurs nids, le père La Mésangère, qui avait succédé depuis six mois, au père Laban, dans la charge de principal du collège national, rassemble les cent et quelques élèves qui restaient encore, et, avec des larmes dans la voix, tandis que tous ses jeunes auditeurs en avaient dans les yeux :

- Mes enfants, leur dit-il, nous allons nous quitter ; le gouvernement de la république l'exige, soumettons-nous ; je vous rends à vos familles. Vos parents que j'ai prévenus de votre départ, sont, pour la plupart d'entre vous, arrivés à la Flèche vous chercher, je vais vous remettre entre leurs mains ...

"Comme sept ou huit élèves étaient orphelins, ou, ce qui était presque même chose alors, avaient leurs parents dans les prisons ou émigrés à l'étranger, à ceux-là, La Mésangère dit :

- Mes enfants, je ne peux pas vous abandonner ainsi ; mais je suis moi-même sans ressources, obligé d'aller m'en créer à Paris ; ne pouvant ni vous emmener, ni rester près de vous, je vous confie à un honorable habitant de la Flèche, votre voisin, mon ami Brossier (M. Brossier tenait alors une petite école dans la rue du collège).

Rassuré sur le compte de ses élèves, La Mésangère se rendit à Paris. A peine y était-il arrivé qu'il apprit qu'on venait de le dénoncer comme aristocrate et que le comité révolutionnaire faisait d'actives recherches pour s'emparer de sa personne.

La Mésangère, afin de dérouter ses persécuteurs, se fit homme de peine. Dès le matin, on voyait le grave philosophe attendant, dans la cour des messageries, l'arrivée d'une diligence, conduisant les voyageurs à l'hôtel ; chargeant, sur ses faibles épaules, un pesant fardeau.
Peu habitué à un tel genre de vie, le pauvre La Mésangère était quelquefois obligé de garder la chambre ; alors son unique nourriture consistait dans un morceau de pain trempé dans l'eau.

Lorsque la tourmente révolutionnaire fut anéantie, La Mésangère se mit à donner des leçons de latin à quelques jeunes gens de son quartier, mais cette ressource ne lui procura que le strict nécessaire.

Un jour, il vit dans une feuille publique qu'un gentilhomme français, nommé d'Albignac, avait amassé, pendant l'émigration, une fortune considérable à Londres en faisant des salades pour les repas de gens de qualité. Cette anecdote suggéra l'idée à La Mésangère de chercher, dans des occupations moins sérieuses que celles auxquelles ses études le prédisposaient, des moyens d'existence honorables.
De suite son parti fut pris, et il devint le continuateur du Journal des Dames et des Modes commencé par Sellegue en 1797.
"Il était assez piquant de voir un ecclésiastique fort grave et de moeurs très-austères, dit Michaud jeune, dans sa biographie de La Mésangère, se livrer à un pareil travail. C'est lui-même qui tenait les registres, faisait la rédaction et allait dans les spectacles, dans les lieux publics, observer la toilette des dames. Il surveillait aussi avec beaucoup de soin et d'intelligence la fabrication des gravures toujours très-exactes et représentant parfaitement les costumes du jour.
Ce succès avait procuré à La Mésangère une fortune qui suffisait à ses goûts, fort simples, et y trouvait encore de quoi faire du bien et rendre des services.

Les travaux estimés du père La Mésangère sont : Le voyageur à Paris, tableau pittoresque et moral de cette capitale, Paris 1789, 3 volumes in-18. Cet ouvrage le plus important de ceux publiés par La Mésangère a eu cinq éditions, et a été traduit en allemand. Géographie historique et littéraire de la France, d'après la nouvelle division des quatre-vingt-trois départements, 4 volumes in-12, édition de 1796. Histoire naturelle des quadrupèdes et des reptiles, 1 volume in-12. Nouvelle bibliothèque des enfants. Vie de François Molé, comédien français, 1 volume in-12.

Les connaissances de La Mésangère étaient extrêmement variées. Poète, naturaliste, philosophe, historien, il avait réponse à tout, et sa conversation était des plus agréables. Il possédait une très-grande mémoire, personne ne savait autant de vers, de dictons, proverbes et sentences, que La Mésangère.

Cet excellent homme était très-charitable ; il passait tous ses loisirs en bonnes oeuvres, et jamais un pauvre ne l'implora en vain, sauf cependant le jour de l'an où il était d'une maussaderie sans pareille ; il avait cette époque en horreur et s'inquiétait longtemps de son arrivée ; aussi disait-il à ceux qui riaient de sa manie :

Ne peut-on du calendrier
Effacer le premier janvier ;
Ce jour fatal aux pauvres bourses,
Ce jour fertile en sottes courses ;
Ce jour, où cent froids visiteurs,
A titre de complimenteurs,
Pleins du zèle qui les transporte,
Sèment l'ennuie de porte en porte.
Où fuir les assauts pétulants,
De ces baiseurs congratulants,
Qui viennent donner pour étrenne
Le fier poison de leur haleine !
O jour ! qui n'a pour amateurs
Que l'ordre des frères questeurs,
Quand du joug des tristes corvées
Verrons-nous nos cités sauvées ?

La Mésangère mourut à Paris, le 25 février 1831.

M. H. Guillon, dont il était le bienfaiteur, prononça sur sa tombe un discours qui fut imprimé dans le journal des Dames du 28 du même mois.

La Mésangère faisait partie de l'Académie d'Angers.

Bulletin historique et monumental de l'Anjou
1859

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