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La Maraîchine Normande
3 mars 2013

PROCLAMATION DU GÉNÉRAL CHARETTE A SON ARMÉE


Lorsque, travaillée, à la fin de 1795, par les agens corrupteurs du Directoire, elle se disposait à mettre bas les armes et à accepter les indemnités qu'on lui offrait.

Capture plein écran 04062012 115437Quoi ! vous parlez d'intérêts et de profits ? Qu'entendez-vous par des conditions ? Est-ce pour nous enrichir que nous faisons la guerre ? Sera-ce pour rétablir nos fortunes que nous ferons la paix ? Ne vous souvient-il plus du serment par lequel vous avez enchaîné vos destinées à celles de votre Roi ? Ne sentez-vous plus vos coeurs palpiter au cri de l'honneur ? N'êtes-vous plus royalistes et français ? Quoi ! des usurpateurs règnent sur un trône inondé du sang de votre monarque et le vôtre ne se soulève pas ! Les bourreaux de Louis XVI, armés de poignards au lieu de sceptre, foulent d'un pied superbe la royauté prosternée et vous renoncez à la remettre de bout et à les punir ! Qu'est-il besoin d'attendre les secours tardifs et honteux de la Russie et de l'Angleterre ? Qu'ont de commun avec notre querelle, nos désirs, nos espérances, notre courage, notre dévouement avec le flegme des automates du nord et la fausse protection de perfides insulaires ? Ne rougissez-vous pas de honte et de dépit ? Ne frémissez-vous pas de courroux en remettant entre des mains étrangères le soin de notre vengeance ? Est-ce Georges ou Catherine qui sont morts sur un échaufaud ? Est-ce le despotisme moscovite ou la grande charte anglaise qu'on a renversés ? ... Non. C'est notre antique Monarchie que la hache révolutionnaire a fait crouler ; c'est le trône de Saint-Louis qui s'est enfoncé dans la fange sanglante de la démagogie. C'est le fils de Henri IV qui a porté sa tête découronnée sous la hache des bourreaux de la France. C'est le sang de ses serviteurs dévoués, de ses amis fidèles, des meilleurs citoyens. C'est le sang de vos pères, de vos enfans, de vos épouses, de vos serviteurs, de vos amis, de vos amantes qui a ruisselé par torrens des échaffauds sur le sol français.

Et vous voulez poser les armes ! Que dis-je ?
Vous prétendez les mettre aux genoux des meurtriers régnans ? De leurs mains qui vous ont dépouillés et égorgés, vous recevriez ces dons insultans ? Ceux qui ont incendié vos maison vous offrent des indemnités ! Oui, ils rebâtiront vos maisons, mais ce sera des ossemens de vos frères massacrés ; c'est avec votre sang qu'ils en cimenteront les matériaux. Allez-donc, lâches et perfides soldats ! Allez déserteurs d'une si belle cause que vous déshonorez ; abandonnez aux caprices du sort et à l'instabilité des évènements le royal orphelin que vous jurâtes de défendre ! Où plutôt emmenez-le captif au milieu de vous ; conduisez-le aux assassins de son père, soyez sans pitié pour son âge, pour ses grâces, pour sa faiblesse et pour ses revers, et lorsque vous serez en présence de vos nouveaux maîtres, pour vous rendre dignes d'eux, vous ferez rouler à leurs pieds la tête innocente de votre Roi.

Puis se tournant vers un de ses officiers, il lui dit :
Vous voyez, mon ami, dans quelle infamie peut tomber une âme que domine l'intérêt personnel : la vertu et l'honneur deviennent pour elle de vains mots, et ses sermens un jeu : succombant aux circonstances, elle va, vient comme les évènemens et prend la couleur du jour. Nos traîtres ont franchi les premières bornes ; rien ne peut désormais les arrêter ; ils vont marcher à grands pas dans la carrière de la perfidie, ils ne seront satisfaits que quand ils l'auront fournie toute entière. Je ne serais point étonné que sous peu de jours le fils de l'infortuné Louis XVI fût arraché, malgré moi, de son asile et livré à ses persécuteurs ! ... Pauvre enfant, quelle destinée que la tienne ! ... Le ciel t'a-t-il formé dans un instant de colère, et n'est-ce que de lugubres fils qu'est ourdie la trame de tes jours ? Tu nacquis au milieu des tempêtes, tu fus abreuvé des larmes de ta mère autant que du lait de ta nourrice ! Ton berceau, comme celui de Moïse, fut exposé sur le fleuve ensanglanté de la révolution : on te précipita dans un cachot que les vertus de ton père, l'amour de ta mère, la tendresse de ta soeur, la sagesse de ta tante, tes grâces charmantes et naïves embellirent en peu de mois ! Un martyr douloureux, mais sacré, dévora ta famille. Unique et débile rejeton de ce grand arbre tronqué par le glaive, tu n'as recueilli des tiens qu'un héritage de malheurs ; et tu deviendrais victime de la trahison de tes défenseurs ! Quoi tu retournerais sous la puissance de tes tyrans ! Quoi ! tu serais replongé dans cette fosse aux Lions où la vengeance te laisserait jusqu'à ce qu'elle osât se nourrir de ton sang ! Non, mon enfant, tant qu'un souffle de vie animera mon existence, la tienne est assurée. Tant que je jouirai de ma liberté tu garderas la tienne. Ma vie est à toi comme elle fut à ton père. Mon sang a coulé et coulera encore pour te défendre. Mon bras enfin sèchera pour te sauver.

Souffrir pour son Dieu et mourir pour son Roi, c'est la devise d'un bon français ...

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