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La Maraîchine Normande
21 octobre 2014

SAINT-AMAND-SUR-SEVRE (79) - LA PETITE BOISSIERE (79) - LÉGENDE - LE SONNEUR DE SAINT-AMAND

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LÉGENDE : par M. DE BEJARRY

C'était au temps que le vénérable Montfort évangélisait les rives de la Sèvre. Son zèle ardent, sa parole entraînante, s'efforçaient de ranimer une foi attiédie et de combattre les désordres qu'amène le relâchement, et qui, cette fois, trouvaient peut-être leur source dans ces longues guerres de la Réforme, qui ont laissé dans notre bas-Poitou tant de traces et de souvenirs.

Déjà Mallièvre et Châtillon avaient écouté et s'étaient amendés. A son tour, Saint-Amand entendait la divine parole ; mais la voix du bon Père luttait avec peine ; chaque jour le bon grain qu'il semait était arraché ou dévoré par l'Ennemi. C'est que le diable, lui aussi, avait son apôtre à Saint-Amand ; et cet apôtre était un sonneur de vèze, c'était un ménétrier. Ami de la bouteille et surtout de la joie, il savait donner à son instrument des accents si vifs, si entraînants, que chaque fois jeunes et vieux, filles et garçons accouraient à sa suite ; et souvent, de haut de sa chaire, le pauvre Père entendit résonner le branle tentateur.

Pourtant, à force de patience et de prière, le missionnaire triomphait ; le diable se voyait enlever bon nombre de ses victimes, et le ménétrier, ne comptant plus à sa suite qu'une douzaine de jeunes étourdis, fut réduit à chercher dans les lieux voisins un refuge pour ses folles veillées.

Un soir, une ferme de la Petite-Boissière accueillit la troupe joyeuse. On s'installe dans la chambre principale ; on jette à  la porte les meubles qui gênaient ; et, pendant de longues heures, la gavotte, aux allures vives, et la courante, plus passionnée encore, se succédèrent sans interruption.

Cependant, dans un lit près des danseurs, l'aïeul de la maison cherchait auprès d'un jeune enfant un repos qu'il ne trouvait guère. Tout à coup l'enfant s'écrie : "Grand-père, voyez donc ; du feu qui sort de la vèze." Le vieillard regarde et ne voit rien ; et le musicien souffle toujours plus fort, et son instrument, de plus en plus mordant, entraîne plus vite encore la ronde folâtre. "Grand-père, s'écrie encore l'enfant, le feu sort des yeux du sonneur !" Et la danse allait toujours. "Grand-père ! oh ! grand-père ! ... la flamme sort de sa bouche ; le diable est derrière lui." Et le pauvre enfant effrayé se blottit au fond du lit.

Pourtant la nuit avance vers son terme, et les danseurs haletants, épuisés, songent à rentrer avant l'aube dans le bourg de Saint-Amand, où ils n'osent plus étaler leurs folies au grand jour. On se met en route : le sonneur marche devant, et sa vèze continue de faire entendre ses diaboliques accents. On marche, on rit, on danse encore, et bientôt on atteint un vaste carrefour. Là le sonneur s'arrête ; les jeunes gens le devançaient de quelques pas, lorsqu'une voix se fait entendre : Guitte tes bots, qu'I t'avale. A ces mots, au bruit terrible qui les accompagne, la peur saisit les jeunes gens : ils courent, et tous sans s'arrêter vont se cacher au fond de leurs demeures.

Le jour venu, on chercha le malheureux sonneur, on ne trouva plus que ses sabots : le diable l'avait avalé.

A quelque temps de là, une chapelle s'éleva sur le théâtre de ce tragique évènement ; le vénérable Montfort la bénit : c'est la chapelle de la Barangerie, sanctuaire encore très-vénéré.

Bulletin de la Société archéologique
de Nantes et du département de la Loire-Inférieure.

 

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