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La Maraîchine Normande
17 octobre 2012

LES BRIGANDS DE FONTAINE-DANIEL (53)

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De tout temps, l'abbaye de Fontaine-Daniel avait attiré les mendiants, les "bissachiers" comme on disait alors, qui venaient prendre leur part des aumônes des moines. On sait quelle nuée de malandrins sortit pour ainsi dire de terre vers le milieu de 1789, et les habitants des environs virent défiler sur les routes beaucoup plus de chemineaux qu'autrefois.

Si les figures de ces gens-là n'étaient pas très rassurantes, leurs allures l'étaient moins encore ; ils avaient le verbe haut, exigeaient la charité plus qu'ils ne la demandaient, et proféraient, contre les donateurs récalcitrants d'horribles menaces. Ils disparaissaient vers Paris, d'autres arrivaient, et parfois plantaient là leur tente pour quelque temps. C'étaient de nouvelles recrues pour la population sordide des bois de Fontaine-Daniel : des gens gîtaient, dans la forêt, terrés dans des tanières, des "loges", et ces agglomérations de troglodytes étaient de véritables coupe-gorge ; boisseliers, bûcherons, sabotiers et braconniers de père en fils, ils vivaient de rapine, de mendicité, de quelques sous gagnés à vendre leurs ustensiles aux foires de Mayenne, d'ailleurs dans une misère noire. Et comme en 1789 l'anarchie était dans l'air, ils se faisaient plus menaçants. Par deux fois, entre autres, ils formèrent le gros d'une bande qui vint attaquer Mayenne.

Le 2 août 1789, à dix heures du soir, on informa la municipalité de cette ville que trois cents paysans, faux-sauniers, bûcherons et sabotiers des forêts de Mayenne et de Fontaine-Daniel étaient postés aux environs, attendant le milieu de la nuit pour dévaliser le grenier à sel. On envoya chercher en hâte le sieur Carré, receveur du grenier à sel, qui, pour prévenir tout désordre, consentit à livrer le sel à des prix très modérés ; il réitéra cette promesse à deux parlementaires envoyés par les brigands, qui d'abord ne voulurent rien entendre ; finalement, après de longs pourparlers, on tomba d'accord à 4 sous la livre, et les deux délégués promirent d'éloigner la bande à cette condition.

Mais, à trois heures du matin, les envahisseurs pénètrent en ville, forcent les portes du grenier, et le pillage commence. La populace des Buttes vient profiter de l'aubaine ; dans la lumière grise du petit jour c'est un grouillement confus, une rumeur, le bruit des fenêtres fracassées, des sacs jetés dehors, éventrés, qu'on se dispute ! Les fenêtres des maisons de la place du Jubilé s'entr'ouvrent, timidement, et les bourgeois effrayés voient des gens à mine patibulaire, attroupés, emportant le sel à plein paniers, dans des poches, dans leurs tricornes crasseux, d'autres armés de haches, de bâtons, de vieux fusils de chasse, et vociférant. Et volets de se refermer, et boutiques de rester closes.

A sept heures, le Conseil de ville se rassemble et délibère : faut-il battre la générale ? Mais la milice bourgeoise n'est pas encore bien organisée ; et puis cet odieux impôt de la gabelle, qui va être aboli certainement, mérite-t-il vraiment une effusion de sang ? Les autorités se rendent sur les lieux, parlementent, calment la foule en promettant le sel à 4 sous la livre, parviennent à faire évacuer le grenier par les pillards qui se répandent dans les cabarets du voisinage. Mais Carré proteste, la violation de la neutralité jurée le dispense de tenir sa promesse ; les conseillers terrorisés insistent, et sont aussi pressants que Carré, qui fait son devoir et use de son droit, qu'ils étaient faibles vis-à-vis des émeutiers ; le receveur cherche à gagner du temps, objecte les formalités pour reculer l'heure de la distribution : enfin à trois heures et demie elle recommence. Mais les envahisseurs exaspérés par l'attente, excités par l'ivresse, enhardis par la timidité des autorités, poussent des cris sauvages, brandissent des fourches, bâtons et fusils et se ruent à l'assaut ; Carré s'enfuit (jusqu'à Paris), les gardes de la porte sont bousculés, entraînés, deux membres du comité menacés, le pillage recommence : à minuit, il ne reste plus un grain de sel dans le grenier.

Ainsi la sécurité de la ville était à la merci de quelques centaines d'émeutiers ; les brigands, qui n'étaient plus les brigands-fantômes de la panique du 24 juillet, avaient pu piller tout à leur aise en plein jour sans que les autorités aient cherché ou trouvé le moyen de faire respecter l'ordre et la loi. Je me trompe, elles avaient compté sur ... leur éloquence : le Comité militaire (!) avait fait lire au prône des messes paroissiales dans les églises de la ville et des environs un billet destiné à "inspirer au public l'amour de l'ordre" et à lui persuader la nécessité de payer ses impôts. Cet avis était dû à la collaboration de MM. Dupont-Grandjardin, colonel de la garde nationale, Lejeune, Lefebvre de Champorin, Morice de la Rue, Bissy, Baguelin, Benoiste-Desvalettes, Sauquet, Hochet de la Terrie, Lefebvre des Provostières.

Le 2 août, les citoyens de Mayenne purent aussi lire sur tous les murs un arrêté proclamant les belles vérités que voici :

"Il est du devoir de tous les bons citoyens de chaque communauté de se rallier pour maintenir le bon ordre et l'observation des Loix, comme aussi de payer avec exactitude tous les impôts sanctionnés par les États généraux.

En conséquence, le Comité militaire de Mayenne déclare qu'il punira tous les mauvais citoyens qui, en s'écartant de ces principes, troubleroient l'ordre et la tranquillité publics ...

Deffend à tous les aubergistes ou cabaretiers de cette ville et faubourgs de donner à boire à aucun habitant après neuf heures du soir.

Il leur enjoint de se pourvoir chacun d'un registre qui sera cotté et paraphé par un des membres du Comité où ils inscriront de suite et sans lacunne les noms, surnoms, âges, qualités et demeure de tous les étrangers qui coucheront chez eux ainsi que le genre d'affaire qui les a amenés dans cette ville.

Tout habitant qui, après dix heures du soir, sera trouvé dans les rues sans lumière ou avec un bâton, sera mis au corps de garde.

Ceux qu'on trouvera attroupés sans armes ny bâtons seront mis au corps de garde.

Ceux qu'on trouvera attroupés avec armes et bâtons seront mys en prison.

Tout habitant que l'on trouvera yvre dans les rues sera mis au corps de garde si c'est en jour, en prison si c'est la nuit.

Fait en comité le 2 août 1789,

P.c.c. Baguelin, Bissy."

Le soir même, l'émeute éclatait.

Moins d'un an après, les sabotiers de Fontaine-Daniel faisaient encore parler d'eux. Le 29 mai 1790, à neuf heures du matin, la municipalité de Mayenne tient une réunion extraordinaire pour délibérer sur les mesures à prendre : les boisseliers de Fontaine-Daniel et d'autres brigands armés parcourent les environs, pillent les greniers à blé et les métairies, tout près de la ville ; ils ont envahi la Leverie, en Saint-Georges-Buttavent, et forcé le sieur Gandais à leur livrer son sarrasin à un prix bien inférieur à celui du marché.

A Saint-Baudelle, ils volent chez le sieur Baugars cinquante quintaux de seigle et de blé noir appartenant à M. Trouillards, de Jublains, beau-frère du propriétaire. Les greniers des châteaux de Marigny en la Bigottière, de la Feuillée en Alexain, sont saccagés, et le bruit court que le mardi de la Pentecôte les séditieux viendront tarifer les grains au marché de Mayenne. D'ailleurs, l'état d'esprit du bas-peuple n'est pas rassurant : tout fait croire que si les brigands entrent en ville, une partie de la population se joindra à eux pour piller le blé, et peut-être les maisons des particuliers.

Quant à compter sur la légion de milice bourgeoise pour rétablir l'ordre, c'est imprudent : une bonne partie du contingent est capable de passer à l'ennemi. On décida donc de chercher des alliés ; des exprès furent envoyés aux dix paroisses voisines pour prier le gros de leurs habitants de se rendre à Mayenne le lundi de la Pentecôte, afin de donner la chasse aux brigands, de concert avec les forces mayennaises. Le dimanche de la Pentecôte, à dix heures du soir, les officiers municipaux de la ville de Mayenne rentrèrent chez eux avec l'agréable perspective de se lever le lendemain à cinq heures du matin pour le périlleux métier de gendarmes.

Dès l'aube, ils se rendirent à l'Hôtel de Ville, mais la place était remplie par une foule effervescente, d'où partaient des injures à leur adresse ; l'un d'eux même fut souffleté. Beaucoup de communes n'avaient pas voulu se déranger ; ils ne pouvaient guère compter pour maintenir l'ordre que sur quelques légionnaires fidèles, et regrettaient fort d'avoir refusé, au mois de février, le détachement de cavaliers du Royal-Roussillon que leur offrait l'intendant de Touraine. Tous se regardaient, inquiets et consternés, quand arriva M. de Lozé. Le matin même, sortant de Fontaine-Daniel pour se rendre à Mayenne, il avait été arrêté par les émeutiers, et enfermé quelque temps à l'abbaye ; puis ils l'avaient laissé sortir : "Demandez aux autorités mayennaises, lui dirent-ils, de ne point nous attaquer, et nous paierons le blé volé à la Rousselière". De Lozé accepta de transmettre la requête et s'en alla sans se faire prier. Mais il avait reconnu parmi ses agresseurs des figures de Mayennais, ce qui prouvait que la populace était de connivence avec les brigands. Les autorités, devant cette confirmation de leurs soupçons, saisirent cet honnête prétexte d'inaction pour leur faiblesse, et finirent par décider de transiger avec les voleurs aux conditions proposées.

Pendant ce temps une soixantaine de légionnaires s'étaient assemblés ; leur indignation fut grande quand ils surent qu'on acceptait de traiter avec des brigands, surtout quand ils virent arriver, enfin ! cent hommes de Martigné, rangés en bon ordre : ils les acclamèrent comme des sauveurs. Les gens de Martigné font halte sur la place ; mais la populace les entoure, les meneurs les haranguent, leur reprochent de pactiser avec les bourgeois accapareurs de grains, avec les affameurs du peuple, et font si bien que les sauveurs se déclarent prêts à marcher avec les sabotiers ; il fallut se débarrasser au plus tôt de ces alliés dangereux, et leurs officiers leur firent reprendre, non sans peine, la route de Martigné.

Cependant, les défenseurs de Mayenne, qui, grossis d'un détachement de la maréchaussée de Jarry-Desloges, étaient maintenant au nombre de 120, voulaient absolument faire une démonstration pour intimider les sabotiers ; le maire, Dupont-Grandjardin, se mit à leur tête, et ils prirent le chemin de Saint-Georges décidés à ne point ménager les brigands s'ils n'exécutaient sur le champ les promesses faites à M. de Lozé.

A Saint-Georges-Buttavent, ils voulurent raccoler quelque renfort, mais les habitants refusèrent de les suivre craignant la vengeance des brigands. Neuf citoyens d'Oisseau, officiers municipaux et notables, étaient bien venus à Saint-Georges pour se joindre à la légion, mais, fatigués d'attendre, ils étaient repartis.

A midi et demi, l'avant-garde de la colonne s'engageait dans le chemin neuf de Fontaine-Daniel ; on aperçut alors au loin quelques silhouettes suspectes, et, pour éviter toute surprise, la troupe alla se retrancher dans un hameau voisin. On vit bientôt arriver les émissaires des sabotiers : d'abord un enfant, puis un moine de l'abbaye, le P. Cocu-Fouchardière, escorté d'un sabotier. Ces parlementaires venaient prier la légion de ne point verser le sang. Le maire répondit qu'il exigeait avant tout l'exécution des conditions fixées, paiement du grain dérobé, et expulsion des voleurs des rangs des boisseliers ; les malandrins demandaient aussi que les soldats revinssent à Mayenne par le même chemin, sans passer par le bois. - Trop de timidité encouragerait ces brigands, répondit le maire, et nous reviendrons par la forêt. Moine, gamin et sabotier s'éclipsèrent, et s'en furent annoncer à leurs mandataires le résultat de l'entrevue.

Les légionnaires se remirent en marche sous le grand soleil de midi. Une femme qui les vit passer leur cria : "N'allez pas plus loin ou vous êtes perdus !" La troupe continua d'avancer, on était à une portée de fusil des loges, rien ne bougeait ; tout-à-coup une salve de coups de feu éclate, crépite à travers les branches, une balle traverse le chapeau d'un légionnaire, le porte-drapeau en reçoit deux ; une deuxième salve est inoffensive. La légion se range en bataille, une compagnie se porte en avant pour balayer le terrain ; les sabotiers s'enfuient en désordre, on les poursuit ; ils disparaissent, sous une grêle de balles, dans l'épaisseur du taillis. On en arrêta deux, qu'on eut la faiblesse de relâcher. Le bataillon reprit sa marche, emportant, comme trophées, les armes des fuyards.

Satisfait de leur audace, contents d'en avoir imposé à ce tas de brigands, les légionnaires firent halte dans le petit bois du prieuré de Berne, et se reposèrent quelque temps ; mais tous se rendaient compte de la nécessité de refondre la légion et d'exclure ceux dont la défection avait réduit à 120 hommes le nombre des défenseurs de l'ordre ; les officiers convinrent de démissionner en masse, afin qu'il fût pourvu à une réorganisation. A quatre heures et demie, les vainqueurs firent leur entrée dans la ville ; elle était calme, les criards du matin avaient pris le parti de se tenir tranquilles.

Le 30 mai, les officiers envoyèrent leur démission à la municipalité qui, tout en admettant la nécessité de la réforme, les pria de reprendre leur épée. Le 1er juin 1790 après midi, la légion se rassembla dans la grand'salle du Palais, et les élections commencèrent. L'état-major fut composé de la façon suivante : Le Forestier, colonel ; de la Pilardière, lieutenant-colonel ; Dauverné-Mizerie, major ; Pottier des Vaux, major en second ; Lefebvre de Champorin, aide-major ; Clicquot de Beyne, quartier-maître secrétaire ; Lemaire, chirurgien-major ; Duboulay, aumônier ; Dupont et Gougis, porte-drapeaux. Les cadres des bataillons comprenaient : les capitaines Juguin, des Riveries, Tanquerel des Haies, Latour, les lieutenants Lottin, Benoiste-Duperray, Gendronneau, Cheminant, les sous-lieutenants Benoiste-Desforges, Esnault aîné, Tripier des Vallées, Bourdin.

Le 4 juin, la garde, toutes enseignes déployées, se range sur la place d'armes. Le colonel et le lieutenant-colonel vont chercher les officiers municipaux rassemblés en corps, et les amènent sur la place ; les tambours battent. Les officiers supérieurs jurent fidélité à la Nation, à la Loi, au Roi, et maintien de la Constitution jusqu'à la mort. Alors le maire, Dupont-Grandjardin, ordonne aux troupes de les reconnaître pour leurs chefs. Puis l'état-major reçoit le serment des capitaines, lieutenants et sous-lieutenants.

Cette réorganisation n'était pas du goût de tout le monde ; les officiers et sous-officiers que la peur, le souci de la popularité, avaient amenés à faire défection au moment de l'émeute, criaient à l'injustice et prétendaient retrouver leur ancien rang dans les nouveaux cadres : "Voyant qu'on refuse de mettre la légion comme elle était, écrivent les officiers municipaux aux députés de Mayenne, ils fomentent, ils cabalent, ils s'attroupent et prétendent, nous dit-on, en former une. Vous voyez qu'il est urgent, qu'il est de conséquence pour nous et pour la tranquillité publique que notre nouvelle légion soit décrétée, afin de les contenir". Et, dès le 29 mai, le député Maupetit mandait au maire Dupont-Grandjardin : "Avez-vous dressé un procès-verbal des faits ? Si vous ne l'avez pas fait ne négligez pas cette forme parce que dans un temps de fermentation comme celui-ci, il est important de consigner la preuve de tout de tout ce qui se fait et d'être toujours à portée de fournir ses moyens de justification. Il faut commencer par le pillage des greniers de la Rousselière, de la Feuillée, de Marigné, les obstacles mis à la circulation des grains, les indications que vous aviez que le foyer de ces désordres était dans le bois de Fontaine-Daniel, la nécessité de le faire cesser, votre transport, la première décharge faite des loges et ensuite tout ce qui s'est passé. Je suis fâché que vous ayez relâché les deux que vous aviez pris, tout en sentant que le premier mouvement de la victoire est la générosité ; mais vous eussiez pu en les interrogeant, connaître ceux qui étaient à leur tête, qui les avaient excités, et les poursuivre par les voies légales. Il faut espérer que cet exemple de fermeté intimidera les mauvais sujets et vous procurera la tranquillité et plus d'abondance dans vos marchés".

En somme, "cette sortie en armes, dit M. Grosse-Duperon, aussi hardie qu'heureuse rétablit un peu de calme aux alentours. Cependant les voituriers n'osèrent de longtemps s'aventurer isolément à conduire des grains à la halle, des gardes devaient les escorter". D'ailleurs, il faut bien le dire, la cherté du pain et la misère continuaient à exalter les esprits de la basse classe, toujours prête à la violence contre les affameurs supposés ; la garde nationale ne fut guère mieux disciplinée qu'autrefois, et, dès le mois de juin, il fallut demander des dragons à Rennes. Avec des forces policières aussi insuffisantes, aussi peu sûres, on voit les magistrats municipaux, toujours faibles envers les factieux, impuissants à protéger non seulement la sûreté des citoyens de la ville et des environs, mais encore à assurer la levée des impôts, et déjà débordés par l'anarchie grandissante, par les démagogues et les ambitieux. Quand il faut des mesures énergiques, ils rassemblent tout leur courage et ... rédigent une belle circulaire. Trop souvent les administrateurs de la ville n'eurent contre les perturbateurs d'autre arsenal que celui des métaphores.

Paul DELAUNAY - Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne - 1904 

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