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La Maraîchine Normande
20 septembre 2012

LE ROLE DE SERGENT ET DE PANIS DANS LES MASSACRES DE SEPTEMBRE 1792

D'après un document inédit conservé aux Archives des Alpes-Maritimes

La plupart des historiens disent que Sergent et Panis furent les instigateurs, sinon les organisateurs, des massacres des prisons. Mortimer-Ternaux appuie cette opinion sur deux documents dont il ne paraît mettre en doute ni l'authenticité ni la réalité. Deux ordres écrits.

Le premier aurait été adressé aux massacreurs, qui "travaillaient" à l'Abbaye, dans la soirée du 2. Il est ainsi conçu :

"Au nom du Peuple. Mes camarades, il vous est ordonné de juger tous les prisonniers de l'Abbaye sans distinction, à l'exception de l'abbé Lenfant que vous mettrez en lieu sûr. A l'Hôtel-de-Ville, le 2 septembre. Signé : Panis, Sergent, administrateurs ; Méhée, secrétaire greffier."

Mortimer-Ternaux prend acte de cette pièce pour démontrer que Sergent, contrairement à une affirmation qu'il répéta plusieurs fois, n'avait pas quitté Paris durant toute cette journée et qu'il tenait la haute main sur les exécuteurs auxquels il adressait des ordres. Cette double conséquence n'apparaît pas nécessairement. Sergent ne nie pas être rentré à Paris dans la soirée. Il a donc pu lancer l'ordre aussitôt après son retour. En outre, loin de voir dans ce texte une incitation au meurtre, on peut l'expliquer par le désir de sauver l'abbé Lenfant, qui était frère de l'un des collègues de Panis et Sergent au Comité de Surveillance.

La seconde pièce est encore moins concluante : "Au nom du Peuple. Mes camarades, il est enjoint de faire enlever les corps morts, laver et nettoyer toutes les taches de sang, particulièrement dans les cours, chambres, escaliers de l'Abbaye. A cet effet vous êtes autorisés à prendre des fossoyeurs, charretiers, etc. A l'Hôtel-de-Ville, le 4 septembre 1792. Signé : Panis, Sergent, administrateurs ; Méhée, secrétaire."

Sergent n'a pas caché qu'il avait pris l'initiative du nettoiement des prisons. Il ajoute même que le salaire donné aux ouvriers chargés de ces soins fut interprété par certains auteurs comme représentant la rémunération des massacreurs. Ce document ne nous apprend pas grand' chose. Mais il est intéressant de noter qu'il reproduit les mentions relatives au lieu et aux signatures qui figurent sur le premier. Or ces mentions sont manifestement inexactes.

Les bureaux de Comité de Surveillance, dont faisaient partie Panis et Sergent, étaient installés à la Mairie et non à l'Hôtel-de-Ville. Méhée, secrétaire à l'Hôtel-de-Ville, n'avait rien à faire à la Mairie. Pourquoi, dans ces conditions, aurait-il contresigné les deux pièces ? Ce qui accroît encore nos doutes, c'est que jamais personne n'a vu les originaux. Le texte a été cité de mémoire par un personnage fort obscur : Simon, qui dit en avoir pris connaissance chez Maillard. Ce Maillard, surnommé Tape Dur, héros des journées de Septembre, au cours desquelles il s'était improvisé Grand Juge, aurait sauvé Simon. Celui-ci vint le voir plus tard et lui exprimer sa reconnaissance. C'est alors que Maillard lui expliqua que Panis et Sergent voulaient le perdre, mais qu'il conservait par devers lui, pour sa défense et sa sauvegarde, deux documents accusateurs. Il les lui montra. C'est du moins ce que Simon explique dans une lettre adressée à la Gazette de France, où elle parut le 20 germinal an IV (9 avril 1795).

Après la mort de Maillard, la famille aurait gardé précieusement les deux originaux. Que sont-ils devenus ?

M. Baertsch, dans son étude si remarquable à tant d'égards sur la Commune du 10 août, affirme qu'ils ont été brûlés en 1870 dans l'incendie de l'Hôtel-de-Ville. C'est une erreur. Ils n'ont jamais pris place dans un dépôt d'archives. Ils n'ont jamais figuré sur un catalogue d'autographes. Ils n'ont jamais paru dans une collection particulière. Il faut donc supposer que la famille de Maillard, après avoir précieusement conservé ces deux pièces qui devaient lui servir à défendre la mémoire du mort, les aurait égarées ou détruites ; ce qui est peu vraisemblable.

M. Pierre Caron, dans une étude fouillée sur les massacres de Septembre, parue dans le numéro d'avril 1932 de la revue La Révolution Française, après avoir montré combien il est difficile pour un historien de retenir deux documents dont l'origine est aussi incertaine, ajoute :

"Nous désirerions savoir quelle avait pu être, devant la publication de la lettre de Simon, la réaction de Panis et Sergent qui ont vécu, le premier jusqu'en 1832, le second, jusqu'en 1847. A l'époque tous les deux se taisaient ; de même qu'ils s'étaient tus en 1792 et en l'an III, lorsque leurs adversaires avaient fait constater la présence de leurs noms au bas de la circulaire du 3 septembre (celle qui, en faisant connaître les massacres aux patriotes des départements, les invitait à suivre l'exemple de Paris)."

Les Archives des Alpes-Maritimes possèdent, dans le dossier de Sergent, une affiche imprimée (citée par M. Doublet dans sa très complète étude sur Sergent). Elle prouve que la réaction de Panis fut immédiate et véhémente. D'autre part, le soin avec lequel Sergent avait conservé cette pièce, au cours d'une existence passablement mouvementée, permet de penser qu'il faisait siens les arguments de Panis. Si Sergent ne répondit pas à l'article de la Gazette de France, c'est qu'il avait déjà quitté la vie publique. Il revenait d'exil, de Bâle où il avait laissé ses planches et ses presses. Il se remettait à la gravure. Il faisait face à des difficultés financières d'un intérêt plus immédiat et plus personnel.

Voici le document dont aucun historien de la Révolution n'avait encore fait état et qui ne peut qu'accroître notre méfiance à l'égard des deux ordres invoqués par Mortimer-Ternaux et les écrivains qui l'ont suivi dans son réquisitoire contre les membres du Comité de Surveillance.

 

BERNARD BARBERY

NICE HISTORIQUE

REPONSE A D'EXECRABLES SUPPOSITIONS

Chaque jour, de nouvelles scélératesses contre moi !

Je répondais hier à d'infâmes calomnies reforgées sans cesse ! Aujourd'hui j'ai à répondre à des pièces imaginaires qu'on fait exister par une invention atroce que Simon dit avoir vues chez Maillard.

Non seulement je n'ai pas signé ces deux pièces ; mais elles sont évidemment supposées.

En effet, bien que l'une ne soit qu'un ordre tout naturel d'administration de police, elle aurait eu, si je l'avais signée, d'autres formes, malgré le moment terrible où nous étions. Elle ne serait ni datée de l'Hôtel-de-Ville, où je n'étais point, ni signée du citoyen Méhée, lequel était, à la Commune, et non pas avec nous à la Mairie, où sont datés les écrits administratifs signés par moi.

Outre cela je n'ai connu le citoyen Méhée que plus de deux ans après l'époque de septembre. J'en offre la preuve.

Aussi on ne signe pas où l'on est pas, avec qui l'on est pas et qui l'on ne connaît pas>.

Les raisons, étant les mêmes, s'appliquent à l'autre pièce, où l'impudence est horrible de dire qu'on a vu ma signature.

Avec un j'ai vu de la sorte on peut imputer à un homme tous les crimes. On dira j'ai vu l'écrit où il les conseillait.

Au reste je défie les coquins réunis et tous leurs efforts de me transformer en massacreur de septembre par le seul moyen dont je prouve aisément l'infamie et la fausseté.

Je ne fus pour rien dans ces horreurs. Je n'eus part qu'aux actes vraiment civiques ; c'est pour cette partie qu'on me tourmente tant.

Je n'ai su d'ailleurs que par le public et comme tout le monde l'existence de Maillard. On me le montra, passé l'époque des massacres, et en m'apprenant tout bas qu'il en avait été le Grand Juge.

Longtemps après, il vint au Comité de Sûreté Générale où je restai peu de temps. Lorsque j'y étais encore, il se présenta comme chargé d'affaires publiques. Là je requis en sa présence qu'il fût incarcéré jusqu'à ce qu'il eût rendu compte des sommes par lui prises à divers citoyens au nom de la République et pour tous les autres excès qu'il commettait dans Paris.

En vain demanda-t-il grâce. Je restai seul à peu près à l'envoyer en prison dont il sortit bientôt malgré moi. Voilà mes relations avec lui. Certes elles dispensèrent sa veuve et ceux qui vivaient en son ménage de supprimer en ma faveur les pièces et documents chez eux vus et garantis par Simon.

Je ne saurai quel est ce dernier qui se donne des airs respectables et sa vie tant présente que passée.

J'ai vu, dit-il, moi je vois qu'il sert une intrigue d'assassins. Sa lettre fourmille de contradictions mensongères. Je le démontrerai par des rapprochements que la prudence veut que je diffère un peu. En attendant, je demande aux deux conseils du Gouvernement à l'ordre judiciaire en corps à son Ministre la mise en jugement de ma personne et de quiconque se présente pour m'attaquer."

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