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La Maraîchine Normande
20 septembre 2012

Essai d'une Biographie de Marie-Jeanne Desgraviers

MARIE-JEANNE DESGRAVIERS

 

 

Marie-Jeanne est l'aînée des filles du premier mariage de François-Séverin Marceau-Desgraviers , Procureur criminel au Bailliage de Chartres, avec Marie-Louise Françoise Salmon (jeune veuve de vingt-quatre ans).

Elle fut mise en nourrice à la campagne dès sa naissance, puis placée chez les religieuses jusque l'âge de treize ans. Hormis le catéchisme et les tâches ménagères, il n'y avait rien appris. Elle ne savait écrire que son nom quand elle les quitta.

Elle se mit à la lecture et dévora tout ce qu'elle trouva, sur la botanique, la physique, l'histoire naturelle, les philosophes … tout en s'initiant aussi bien à la danse, à l'équitation et à la chasse.

On n'avait à peine attendu qu'elle eût accompli sa quinzième année pour disposer de sa main ; son père qui venait de contracter un second mariage, s'empressa de pourvoir sa fille et lui choisit pour époux M. Champion de Cernel, Procureur à Chartres.

Elle n'eut pas d'enfant, aussi, trouvait-elle tous les prétextes pour venir s'occuper de son demi-frère, François-Séverin (futur Général Marceau), à qui elle inculqua ses principes de droiture, de compassion, de tolérance, bref l'amour de l'humanité. Elle fut, pour lui, comme une seconde mère.

Mme Champion, est-il besoin de le dire ? n'aimait pas son mari, imposé à sa faiblesse par l'autorité paternelle, beaucoup plus vieux qu'elle d'ailleurs, et dont le genre de caractère s'accordait mal avec la fierté du sien. Résolue néanmoins à respecter le nom qu'elle portait contre son libre choix, elle chercha, dans l'étude des sciences et dans la culture des arts, des distractions à ses ennuis domestiques.

Elle apprit tout, toute seule, par la force de sa volonté et de sa constance ; puis elle s’intéressa à la calligraphie et au dessin, auprès d’un jeune homme plus âgé qu’elle de trois ans, Antoine-François Sergent.

Par la suite, Mme Champion avait subitement quitté Chartres. Une querelle conjugale dont Sergent était tout à fait étranger, l'avait déterminée à se séparer de son mari. D'après le conseil même de M. Desgraviers, qui se rangeait trop tard du côté de sa fille, elle était allée s'enfermer au couvent de Louie, à douze lieues de Paris. Mme Champion - coeur ardent, mais volonté ferme, invariable - malgré sa rupture formelle avec son mari, n'oublierait jamais ce que lui commandait son propre honneur. En effet, lors même que, plus tard, elle usa du bénéfice de la loi du divorce, ce fut uniquement afin de répudier son passé, mais non point dans le but de s'unir à Sergent.

En juin 1794, elle demande au conseil général de Chartres, et reçoit, le 13 l'autorisation de changer son prénom chrétien Marie et d'en faire, par un anagramme, Émira. En 1796, le 12 avril, divorcée de Champion de Cernel, elle se remarie avec Sergent, à Paris, devant l'officier de l'état-civil du 2e arrondissement. Tous deux habitaient "rue Honoré", comme l'on disait durant la période où les saints furent abolis. Ils avaient, lui 45 ans (l'acte de leur mariage ne lui en donne que 44), elle 42.

Dans les premiers jours de 1803, Sergent reçut l'ordre de quitter de nouveau Paris et la France. Il se mit en route accompagné d'Émira, qui emmenait un de ses neveux, âgé de quatre ans et demi, qu'elle avait adopté pour l'arracher à la misère. Suivant l'itinéraire qui lui était tracé, l'ex-conventionnel se dirigea vers l'Italie ; De 1804 à 1809, ils habitèrent successivement Vérone, Padoue, Venise, et Brescia ; puis quand la révolution de juillet 1830 fit crouler le trône des Bourbons, tous deux vinrent s'installer à Nice-Maritime, ville qu'ils ne devaient plus quitter.

L'existence des époux s'écoula à Nice dans une médiocrité touchant parfois à l'indigence. Émira mourut le 6 mai 1834, âgée de quatre-vingt-un ans . Elle s'éteignit dans les bras de Sergent « comme un enfant qui s'endort ».

Sergent lui survécut treize ans ; chaque mois, le 6, « un respectable vieillard octogénaire » déposait une couronne de fleurs suspendue à un ruban tricolore aux murs au dessus d'un marbre couché sur la terre entouré de marbres noirs.

 

ICI REPOSE

LA SOEUR CHERIE

DE L'ILLUSTRE GENERAL MARCEAU

SON ELEVE

ÉMIRA MARCEAU-SERGENT

MORTE LE VI MAI 1834 EN SA 81 ANNEE

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