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La Maraîchine Normande
30 août 2012

LA CHOUANNERIE A MONTSECRET

 

MICHEL MOULIN ET HYACINTHE LOUVET

 

L'adversaire le plus redoutable de la Chouannerie fut sans contredit Hyacinthe Louvet, ancien militaire et patriote ardent. Il était craint de l'armée royaliste et lui-même éprouvait les mêmes sentiments à l'égard de ses adversaires ; aussi avait-il organisé une puissante garde nationale qu'il faisait agir à son gré et que des espions, veillant jour et nuit, mettaient, en cas d'alerte, en relation avec la garnison de Tinchebray.

Louvet avait publié un ordre du jour par lequel il défendait, sous peine de mort, aux soldats placés sous ses ordres, de se laisser désarmer sans une résistance énergique.

Cette menace produisit son effet, et tout Chouan qui approchait de la bourgade s'exposait à être passé par les armes.

Michel Moulin résolut de se défaire de cet ennemi dangereux ou, du moins, de le mettre dans l'impossibilité de nuire désormais.

Le jour de la mi-carême qui était, en 1795, le 12 mars, il se dirigea sur Montsecret, vers deux heures de relevée, accompagné de 200 royalistes. Il détacha 150 hommes de sa troupe pour le protéger contre une attaque possible venant de Tinchebray et monter la garde à l'entrée de tous les chemins qui aboutissaient à la bourgade.

Il conserva seulement avec lui 50 partisans qui pénétrèrent pour la plupart dans les maisons voisines de celle qu'occupait Louvet avec une patrouille de 7 soldats de ligne ; les autres se retranchèrent derrière les arbres, les fossés et les murs qui pouvaient leur servir d'abri.

La nuit venue, Moulin fit savoir à son adversaire qu'il eût à livrer les armes et à se rendre, lui promettant la vie sauve. Louvet lui répondit par une décharge qui tua un royaliste et sa propre nièce qui essayait de rejoindre son oncle. On le somma une seconde fois, de se rendre, sous peine de voir sa maison incendiée. Cette seconde menace fut repoussée avec le même dédain et Louvet continua à se défendre en désespéré. Déjà plusieurs Chouans étaient blessés, et, comme l'assaut ne pouvait être tenté sans danger pour ses hommes, Moulin commanda de mettre le feu à la maison. Quand l'incendie commença à devenir menaçant, on fit de nouvelles propositions qui ne furent accueillies que par une fusillade nourrie.

Laissez au moins, lui criait-on, sortir votre femme et les membres de votre famille, nous promettons qu'ils auront la vie sauve. La situation étant devenue intenable, Mme Louvet se rendit aux Chouans, toute tremblante et suivie de ses enfants. Aux questions qui lui furent adressées, elle répondit que seul son mari était vivant, tous ses compagnons d'armes ayant été tués lorsqu'ils se présentaient aux fenêtres.

Pendant ce temps-là les planchers des chambres s'écroulaient avec fracas et la maison entière n'allait plus être qu'une ruine. Cette fois, Louvet fut contraint de céder. Il sortit donc. Ne respirant que vengeance, il tenait un pistolet chargé en chacune de ses mains ; mais il n'eut pas le temps d'en faire usage : à peine avait-il franchi le seuil de sa demeure qu'il tomba criblé de balles.

Ce drame terrible avait duré neuf heures. Alors les Chouans, mêlés aux habitants de Montsecret, arrêtèrent les progrès de l'incendie et ne se retirèrent que lorsque les maisons du voisinage furent mises à l'abri du feu.

 

Bulletin mensuel d'histoire locale

Au Pays Virois

A. DUPONT

Curé de Montsecret

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