La paroisse de la Grolle, réunie pour le culte de Rocheservière en Août 1827, avait pour curé M. Mitrecey, au moment de la Révolution. Né en 1752, M. Mitrecey avait été vicaire à Saint Fulgent, en 1783, puis au Brouzils du 20 Octobre 1784 au 28 Novembre 1789, lorsqu'il fut appelé à la cure de N.-D. de la Grolle, vacante par le décès de M. Yvon survenu le 2 Novembre 1789. C'était un homme de caractère, qu'on essaya de rallier aux idées nouvelles en lui offrant la cure de Rocheservière :

"M. Mitrecey, curé de la Grolle, a refusé tout net la cure de Rocheservière" écrivait, le 3  Octobre 1791, le constituant Goupilleau à son cousin de Montaigu. Il avait en effet refusé aussi le serment schismatique et, en Août 1792, il se déroba à la loi de déportation et se cacha dans le pays, où il continua à exercer, avec un zèle inlassable, le ministère sacerdotal. En août 1795, il assista au synode du Poiré, sur la liste duquel il figure sous le numéro 27. La persécution s'acharna contre lui, et son nom est le plus souvent cité dans les rapports du commissaire Girard, qui représentait le directoire dans le canton de Rocheservière.

Rapport du 27 Fructidor an IV : "Le curé de la Grolle faisait sonner ; il ne le fait plus depuis un mois. Seulement il sort dans le cimetière avec une petite cloche et avertit les fidèles que le service va commencer."

Du 22 Brumaire an V : "Des trois prêtres restés dans le canton, deux Sauvager à Bouaine, et Amiaud à Mormaison, paraissent fort tranquilles. Le curé de la Grolle, homme immoral, d'un caractère remuant, est mésestimé de tout le monde, même des bonnes gens de la campagne". Nous donnons sous toutes réserves l'opinion de M. le commissaire.

Du 22 nivose an V : "Le juge de paix du canton refuse de poursuivre le curé de la Grolle. Néanmoins il a ôté le Sacré-Coeur de dessus son bras, et il assure qu'il fera ôter les fleurs de lys de sa croix, ce qu'il a effectué".

Du 6 Fructidor an VI : "Julien Mitrecey, curé de la Grolle, habitait la ci-devant cure et y faisait les fonctions de curé. Cet homme d'un caractère violent, impétueux, m'a toujours été désigné comme un homme dangereux. Quoique ses moeurs soient très mauvaises, qu'il a sa réputation très mal établie, il n'en est pas moins influent dans les communes de la Grolle, Rocheservière et autres. Il vit extrêmement caché. On a fait courir les bruits qu'il était mort, qu'il était parti pour la Normandie, etc. Des rapports certains m'assurent qu'il existe dans son pays, aux environs de Rocheservière. C'est l'un des plus dangereux du département".

Après le 18 Fructidor : "Mitrecey résidait à la Grolle, réfractaire à toutes les lois, dangereux, se tient caché depuis la promulgation de la loi du 19 Fructidor. Il y aura certainement des arrestations à faire. Le curé de la Grolle a obtenu un passeport pour voyager dans l'intérieur de la République ; il est inscrit sur la liste des émigrés du département de la Manche. Si j'avais de la force armée à mes ordres, il serait arrêté sous deux jours. "Le curé de la Grolle fait répandre le bruit qu'il va partir pour son pays, c'est- à-dire qu'il veut se dérober, se cacher dans les villages et y organiser un nouveau 18 Mars 93. Si j'ai de la force armée à temps, je le préviendrai en le faisant arrêter. Il paraît qu'aucun prêtre du pays ne fera le serment exigé par la loi".

 

La force armée ne vint probablement pas à l'appel du commissaire Girard, puisque M. Mitrecey continua à lui fournir ample matière pour ses rapports.

Du 27 Vendémiaire an VI : "Quant au prêtre de la Grolle, il est un des plus dangereux de ce département. Je vous l'ai récemment fait connaître. Il a obtenu de l'ancienne administration de ce canton un faux passe-port ; il a fait répandre le bruit qu'il partait pour son pays, la Manche. Il rôde dans les environs de Rocheservière, va nuitamment par les villages confesser les malades. Il paraît faire sa retraite dans un village distant de Rocheservière d'un quart de lieue, situé dans le canton de la Limouzinière (Loire-Inférieure). Les dimanches matins, les âmes pieuses prennent la direction de ce côté-là. On présume que c'est quelque bonne messe qui les attire. Enfin ce prêtre est inscrit sur la liste des émigrés de son département. Je ne négligerai rien pour faire arrêter cet homme si dangereux. Une visite domiciliaire de nuit est le seul moyen qu'on puisse employer avec succès. L'arrestation et la juste punition de ce scélérat feraient le plus grand bien au pays." La bonne volonté et la perspicacité du commissaire continuèrent à être prises en défaut, bien que le Directoire exécutif eût condamné à la déportation, le 8 Frimaire an VI, "Mitrecey, prêtre réfractaire de la commune de la Grolle, fanatique très dangereux, qui s'est ligué avec d'autres réfractaires pour ne point se soumettre aux lois de la République. Le nommé Mitrecey sera sur-le-champ arrêté et déporté."

Cette condamnation demeura platonique. Pendant qu'on le cherchait aux environs de Rocheservière, M. Mitrecey s'était retiré à Doulon, dans la Loire-Inférieure. "Il était habillé ordinairement en paysan, avec un panier au bras. Il faisait les fonctions sacerdotales, dit un témoin du temps, chez Gendron au haut de Doulon. Il disait aussi la messe au petit Blottereau, maison d'émigré. Il a officié à la Blottière, à la Bergemont ; il venait parfois à Nantes, muni d'un passe-port pris à Rocheservière ; il s'énonce avec beaucoup de vivacité, et est désigné sous le nom de M. Julien."

En Vendémiaire an VIII, il était signalé comme exerçant le culte à Saint Donatien, à Nantes.

De Nantes, il se retira à Fougères, d'où, le 8 Pluviose an XI, il écrivit au préfet de la Vendée pour lui réclamer un certificat attestant qu'étant curé de la Grolle, il recevait un traitement de 1200 livres ; il dit qu'il s'est retiré à Fougères depuis bientôt trois ans. De la Préfecture on lui répondit que toutes les archives du département ayant été incendiées le 25 Mars 1793 par les Vendéens, il était impossible de lui délivrer cette pièce.

On n'entendit plus parler de lui.

L'église N.-D. de la Grolle, incendiée par les colonnes infernales de Cordelier en Février 1794, fut assez pauvrement réparée pour ne plus pouvoir servir au culte en 1808. On acheva peu après de la démolir. Le presbytère fut vendu nationalement le 24 Frimaire an VII.

 

Revue du Bas-Poitou 1911 (2e livraison) page 140 à 143

 

Le village de La Grolle, situé sur la limite de Vieillevigne a été jadis le siège d'une paroisse.

Une première fois, l'église de La Grolle est détruite par les Protestants en 1568, puis incendiée par le général Cordelier en 1794. Elle est ensuite restaurée et on y dit à nouveau la messe en 1808.

Cette paroisse est ensuite réunie à celle de Rocheservière. L'église est alors démolie en 1832 et les pierres vendues pour paver la route de Vieillevigne.

(http://www.infobretagne.com/vieillevigne.htm)