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La Maraîchine Normande
4 août 2012

PROPHETIE DE FR. CHARLES CADOMPNAT, RELIGIEUX DE GRANDMONT

 

PROPHETIE DE FR. CHARLES CADOMPNAT, RELIGIEUX DE GRANDMONT

 

Le séminaire de Limoges, le plus riche de France en vieux documents historiques, conserve dans ses archives un manuscrit très précieux : c'est l'original du Speculum Grandimontense, ou Histoire de l'abbaye de Grandmont, par le Fr. Pardoux de La Garde, religieux grandmontain, qui écrivait vers la fin du XVIe siècle. En la parcourant au hasard, nous y avons trouvé la prophétie suivante, que personne jusqu'ici n'a remarquée, et dont la publication nous semble avoir quelque intérêt. Nous allons traduire d'abord ; nous donnerons ensuite le texte original :

 

"L'an du Seigneur 1536, au mois d'août, maître (domnus) Charles Cadompnat, chantre de ce monastère, étant assis dans le cloître avec frère Jean Massias, maître des novices, et plusieurs autres, composa cette prose (prosulam), en disant : "Je vous assure, mes frères, que, si je me tais, les pierres parleront". (Il y a ensuite six mots chargés d'abréviations, que nous ne sommes pas sûrs d'avoir déchiffrés, et dont nous hasarderons la traduction suivante) : "Nos ruines ne parlent-elles pas à la postérité ?"

 

"Puis, voyant enlever quelque chose du trésor de l'église, il dit en soupirant et en sanglotant :

"Regardez, Seigneur, combien cette cité pleine de richesses est devenue désolée : la reine des nations est assise dans la tristesse, et il n'est personne qui la console, si ce n'est vous, notre Dieu !"

 

(En caractères rouges) : PROSE OU PROPHETIE VERITABLE FAITE PAR LEDIT CHANTRE CADOMPNAT

"O illustre confesseur du roi des rois Jésus-Christ, grand saint Etienne, gloire du pays d'Auvergne, que votre prière nous recommande à la Trinité souveraine ! Regardez d'un oeil pieux vos serviteurs qui soupirent vers nous ! Si vous n'étendez vers nous vos mains secourables, votre ordre de Grandmont va rester dans la désolation : car vos brebis sont dévorées par des loups ravisseurs, et elles souffrent chaque jours les plus graves dommages. Des maîtres étrangers ne cessent de dévorer tous nos biens sous nos propres yeux. Donc, je vous en conjure, ô notre bon pasteur, venez au secours de nous tous, car nous allons périr si nous ne sommes pas soutenus par vos prières et par vos grands mérites. MALHEUR ET ENCORE MALHEUR ! QUAND LE GRAND ARBRE SERA RENVERSE, SA CHUTE SERA SUIVIE DE BEAUCOUP DE RUINES, DE TRIBULATION ET DE DESOLATION !"

 

Les premières strophes de cette prose ne renferment point de prophéties : c'est une prière suppliante, où l'on trouve une piété tendre et une sainte tristesse qui s'unissent dans un sentiments profond ; mais, à la dernière strophe, le sentiment change et s'élève : à ce cri soudain et inattendu, à ce cri menaçant et enthousiaste : Vae ! et iterum vae ! on voit briller l'éclair de l'inspiration ; on sent passer le souffle prophétique.

Or, comme il n'est question dans cette prose que de l'abbaye de Grandmont, on ne peut entendre cette figure symbolique "le grand arbre" que de cet ordre célèbre, qui couvrait plusieurs provinces de ses vastes rameaux.

Cette prophétie annonce deux faits : 1° que le grand arbre (l'ordre de Grandmont) serait un jour renversé ; 2° que sa chute serait suivie de beaucoup de ruines, de tribulation et de désolation.

Or ce grand arbre monastique fut renversé, en 1772, lorsque M. d'Argentré obtint de Clément XIV la suppression de l'ordre ; quelques années après, la révolution faisait beaucoup de ruines, et répandait dans l'église de France la tribulation et la désolation. La chute de l'abbaye de Grandmont était, pour le moine-prophète, le signe avant-coureur de la révolution française. Quoi qu'il en soit de l'inspiration de cette prophétie, il est certain que, ainsi interprétée, elle a eu un réel accomplissement.

Le Fr. Charles Cadompnat était chantre du monastère de Grandmont depuis 1526. C'était, dit le chroniqueur, un homme religieux et très-utile à l'église, tant par sa parole et ses exemples que par sa doctrine spirituelle. Il mourut le 4 juin 1567, et fut inhumé, dans le cloître, devant l'autel de la Sainte-Vierge.

Les ruines de Grandmont, comme l'annonçait ce moine, parlent à la postérité. On sait que les matériaux de l'antique et célèbre abbaye ont servi, en 1821, à construire la maison centrale de Limoges ; et ainsi s'est accomplie littéralement cette autre prophétie du comte de Maistre :

"Il leur faudra bâtir des bagnes avec les ruines des couvents qu'ils auront détruits".

 

L'ABBE ARBELLOT

Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin

 

Voici le texte, dégagé de ses abréviations et de l'orthographe de l'époque :

 

Anno Domini 1536, in mense Augusto, Dompnus Carolus Cadumpnat, cantor hujus

monasterii, eum frater Johannes Massias, magister noviciorum, et plures alii,

sedentes in claustro, dictus cantor composuit hanc prosulam, dicens : Fratres, dico

vobis, quod si tacuero, lapides loquerentur. Ruinaene nostrae voces aevis sunt ?

Et, videns quaedam de thesauro ecclesiae abstrahere, suspirans et ejulans, dixit :

Aspice, Domine, quia facta est desolata civitas, plena divitiis. Sedt in tristitia

Domina gentium : non est qui consoletur eam, nisi tu Deus noster.

 

PROSULA VEL PROPHETIA

VERA A. D. C. C. FACTA.

 

Regis Regum Jesu Xpi (Christi) - confessor egregie,

Avernici decus soli - sanctissime Stephane,

Trinitati summae tua - commendet oratio.

Suspirantes ad te servos - respice vultu pio.

Adjutrices nisi manus - porrigas velocius,

Grandimontis ordo tuus - remanet desolatus ;

Rapacibus namque lupis - vorantur oves tuae :

Graviora certe dampna - sustinent quotidie.

Luminibus coram nostris - totalem substantiam

Alieni devorare - non cessant heri nostram.

(Oro) Ergo noster pastor bone - nobis adsis omnibus,

Nam perimus, si non tuis - sublevemur precibus,

Celcis necnon meritis.

VAE ! ET ITERUM VAE ! QUANDO - ARBOR GRANDIS SUBVERTETUR,

MULTAE RUINAE, TRIBULATIO - ET DESOLATIO SEQUETUR.

 

(SPECULUM GRANDIMONTENSE, p. 225, par Fr. PARDOUX DE LA GARDE,

1591. - Mss. du séminaire de Limoges)

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