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La Maraîchine Normande
5 juin 2012

LES CHINONAIS ET LA FUSILLADE DU 4 DECEMBRE 1793

LES CHINONAIS ET LA FUSILLADE DU 4 DECEMBRE 1793

 

 

FUSILLADE

 

Le 8 novembre 1794, le citoyen Champigny, agent national du district de Chinon mandait aux membres du Comité de surveillance ou révolutionnaire de Chinon :

La justice nationale attend pour les punir les ennemis de l'humanité, ces despotes en second complices du scélérat Robespierre.

Une action à laquelle je ne puis penser sans frémir d'horreur, a eu pour théâtre sanglant les murs de cette cité. Nous aussi nous avons été témoins d'une fusillade. Ses auteurs doivent être connus, ainsi que ceux qui y ont coopéré et qui l'ont exécutée. En vertu de quels ordres, en effet, et par qui ont été fusillés en cette commune 280 et quelques hommes, l'an dernier ? Qui est-ce qui a prononcé leur arrêt de mort ? Ont-ils été condamnés par un tribunal légalement établi, ou le sang a-t-il coulé arbitrairement ? Qu'est devenu un de ces hommes qui s'était échappé de l'endroit où ils étaient renfermés avant leur supplice et qui a été renvoyé au Comité de surveillance par l'administration sous la conduite de Lenopir, de Beaumont ? A-t-il été aussi fusillé ? Qui est-ce qui en a donné l'ordre ?

Tels sont les faits sur lesquels j'appelle votre civisme et votre surveillance. Je vous les dénonce et je vous invite à ne rien négliger pour avoir des renseignements sûrs et à me les faire passer, afin d'en instruire le réprésentant du peuple Brivat et le Comité de Sûreté Générale.

Le Comité révolutionnaire (Turquand, président ; Dubois, secrétaire) répondit, le 13 novembre :

Nous applaudissons avec raison à ton zèle à nous dénoncer la fusillade qui a eu lieu en cette commune en frimaire dernier. Nous n'avons pas attendu tes avertissements pour nous en occuper, et déjà nous en avions informé le Comité de Sûreté Générale de la Convention, ainsi que des particularités de cette malheureuse affaire. Si nous recevons des ordres ultérieurs et qui nous prescrivent de nous en occuper plus particulièrement, nous ne négligerons rien pour acquérir et produire tous les éclaircissements qu'il sera en notre pouvoir d'obtenir.

A la date du 13 mars 1795, le citoyen Doublet, accusateur public près le tribunal criminel du département de Loir-et-Cher, demanda aux administrateurs du district de Chinon des renseignements sur les massacres qui avaient eu lieu à Chinon le 4 décembre 1793. Voici la réponse, datée du 13 avril :

Au désir de ta lettre, nous avons fait toutes les informations que nous inspire l'intérêt que nous prenons à venger l'humanité outragée, et à réprimer le régime de l'atrocité. Aussi, malgré que rien ne constate sur nos registres les forfaits dont tu nous parles, parce que lorsqu'ils eurent lieu les opérations y relatives étaient seulement confiées aux Comités révolutionnaires et aux tribunaux et municipalités, nous t'adressons les détails que nous avons obtenus à la municipalité de Chinon (le 25 mars), par lesquels il paraît que cette municipalité a rempli ses devoirs tant à l'égard des prisonniers qu'envers le convoi qui les accompagnait, et a, de concert avec le Comité de surveillance de cette commune, pris toutes les mesures pour empêcher que les massacres n'aient lieu, en rappelant Lepetit aux principes sacrés de la justice et de l'humanité. Malgré ces mesures, la fusillade n'en a pas moins eu lieu au sortir des murs de Chinon, sur la route qui conduit à Azay, et la consternation dans laquelle se trouvaient les hommes justes, a donné sans doute aux assassins ou à leurs complices les moyens de dépouiller secrètement les malheureuses victimes, qui ont toutes été trouvées nues. Joint à l'opération de la municipalité de Chinon, la copie de l'ordre de Lepetit à la municipalité de Chinon de délivrer des cartouches pour le détachement confié à la garde de ces malheureux prisonniers, le procès-verbal de la déclaration du garde-magasin des poudres qui prouve qu'on ne s'est adressé qu'à lui, pour demander la poudre et qu'il l'a délivrée sur la confiance de la signature du commandant de la place, et copie de la lettre de Lepetit au Comité de Chinon, par laquelle il annonce à ce Comité ce malheureux évènement comme une action avantageuse à la république, et il paraît s'en réjouir comme d'une bonne action.

Nous t'adressons aussi extrait du registre des arrêtés du Comité de surveillance de Chinon, que nous avons fait copier au secrétariat de l'administration où sont déposés les registres de ce Comité, qui prouve que le brave et généreux Bardon, que la république vient de perdre, loin de s'être prêté à cette atrocité, a employé tous les moyens à l'empêcher, et qui annonce que Lepetit et Simon étaient nantis de pouvoirs signés Levasseur (de la Sarthe), que le Comité a cru devoir respecter comme émanant de la représentation nationale. Nous ajoutons à cette pièce copie d'une lettre de ce digne et respectable militaire Bardon au citoyen Bastard, son ami, membre du directoire de ce district, qui prouve son improbation à la conduite de Lepetit, ainsi qu'à celle de tous les fusilleurs et noyeurs, et qui annonce que Lepetit fut mécontent de lui lorsqu'il travailla à s'opposer à ses affreux projets.

Nous avons fait auprès de la Société Populaire les démarches que nous avons cru devoir et avons compulsé ses registres sur lesquels il ne s'est rien trouvé qui ait rapport à ce triste évènement. Nous avons aussi pris des renseignements sur un de ces malheureux qui trouva le moyen de se soustraire à la mort dans le moment du massacre, et qui le lendemain, reconnu pour déserteur de la Légion Germanique passé chez les rebelles, a été arrêté par la garde nationale de Beaumont, située en notre district, et amené à l'administration, qui invita la garde à le conduire au Comité de surveillance, qui seul alors avait la police sur ces individus. Nous n'avons pu savoir que par des ouï-dire que cet individu avait éprouvé le même sort que ses infortunés camarades, sans pouvoir découvrir où et de quelle manière il a péri (on le fusilla à la "prairie Saint-Jacques), et nous n'avons rien trouvé sur les registres du Comité qui fasse mention de lui.

Les différentes mesures par nous prises et les démarches que nous avons faites pour découvrir ce dernier fait et obtenir toutes les pièces que nous t'adressons, ont donné lieu à un retard de notre part à te faire parvenir ces renseignements, qui aurait pu te faire présumer de l'insouciance de notre part. Nous t'invitons à croire que loin de nous sont de semblables sentiments, surtout quand il s'agit de venger les victimes de la terreur et faire triompher le règne de la justice comme de la vraie liberté.

P.S. - Nous avons trouvé, de plus, dans une seconde recherche à la municipalité des réquisitions des administrateurs et de l'agent national alors à Chinon, qui te prouveront que l'administration (du district), loin de chercher à faire un sort dur à ces prisonniers, a pris toutes les mesures pour leur procurer tous leurs besoins.

Toutes les pièces citées dans cet article sont extraites du dossier composé par l'accusateur public près le tribunal criminel de Loir-et-Cher et conservé depuis peu aux Archives départementales de Loir-et-Cher, série L supplément.

Chanoine UZUREAU

Directeur de l'Anjou historique

Bulletin - Amis du vieux Chinon - 1928

 


Le 24 mars 1795, Gaultier, garde-magasin des poudres, fait la déclaration suivante :


Le 17 octobre 1794, Bordon, adjudant général chef de brigade, avait écrit, de Thouars, à Bastard, administrateur du district de Chinon : "Voilà donc nos grands fusilleurs et brûleurs foutus. Tu te rappelles sans doute de ce jeune homme nommé Lepetit qui fit fusiller 300 brigands (soi-disant). Il n'était pas content de moi, parce que je ne lui prêtai pas la main. Eh bien ! aujourd'hui on le travaille pour cette fusillade."

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