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La Maraîchine Normande
19 avril 2012

HAUDAUDINE LE REGULUS NANTAIS

HAUDAUDINE LE RÉGULUS NANTAIS

Capture plein écran 08032013 101649

 

Là eut lieu une de ces scènes sublimes, qui au milieu de tant d'horreurs réconcilient avec l'humanité, et font pâlir ces hauts faits de l'antiquité qu'un enseignement traditionnel a légués à notre admiration.

On avait fait de part et d'autre de nombreux prisonniers, et, désireux d'en obtenir l'échange, les Vendéens envoyèrent sur parole à Nantes, pour y traiter de cette affaire, un jeune négociant, nommé Haudaudine, qui jura de venir rapporter, favorable ou non, la réponse des autorités de Nantes. Cinq mille soldats républicains, restés aux mains des insurgés, seront impitoyablement massacrés s'il manque à ses engagements. Jusque-là, le commandant de la place de Cholet, Cesbrons d'Argognes, les prend sous sa sauvegarde ; c'est là qu'Haudaudine, s'il échoue dans sa mission, viendra les rejoindre pour partager le sort commun.

L'humanité seule commandait que l'on prit en sérieuse considération une proposition semblable. Mais il semble qu'à cette époque extraordinaire les hommes fussent de bronze, et que rien d'humain ne battit dans leur poitrine. Amené devant les commissaires du gouvernement, Haudaudine imposa silence à ce sentiment pour ne laisser parler que la voix de la politique. « Les prisonniers royalistes, dit-il, à cause des noms que portent plusieurs d'entre eux, ont pour les Bleus une importance beaucoup plus grande que celle que les prisonniers patriotes peuvent avoir pour les royalistes. D'ailleurs, toute transaction avec les Vendéens serait un acte de faiblesse et doit être écartée. Tant pis pour ceux qui se sont rendus ou laissé prendre ; c'est l'inévitable destinée des batailles de livrer au jeu du hasard la vie des combattants. Si les brigands osent mettre leur menace à exécution, leur cause est déshonorée à jamais, et la République grandie encore par l'abaissement de ses adversaires...

On voulut combattre ces arguments ; mais Haudaudine, à force d'énergie, fit décider le refus de l'échange proposé.

« Maintenant que j'ai réussi, dit-il, je n'ai plus qu'à aller faire connaître votre décision aux chefs des insurgés. »

En vain les prières de sa famille, les instances de ses amis veulent ébranler son inflexible résolution ; en vain les administrateurs du district prétendent le relever de son serment et raillent une pareille loyauté avec les Brigands.

« La morale que vous me prêchez-là, dit-il, n'est point celle que m'enseigne ma conscience. Quel que soit le sort qui m'attende, je retournerai d'où je viens, et je n'autoriserai pas par un manque de foi le massacre de mes compagnons d'armes. »

Et ce disant, il s'arrache à ses parents, à ses amis, à la multitude entière... Comme Régulus, ce généreux romain dont il renouvelle l'exemple, il gagne les portes de la ville, les franchit et galope aussitôt sur la route de Vendée... Il rentre à Montaigu où son héroïsme désarme ses ennemis.

A la suite du refus stoïque des républicains nantais, les Vendéens avaient gardé leurs prisonniers jusqu'au moment du passage de la Loire. Le lendemain de la défaite de Cholet, le général Cesbrons d'Argognes entre à Saint-Florent, conduisant avec la garnison de cette ville les cinq mille captifs républicains qu'Haudaudine a rejoints, et les entasse dans l'église. A leur vue, un long cri de vengeance : « Tuons les Bleus ! » s'échappe du milieu de la multitude exaspérée. Déjà deux pièces de canon sont braquées devant le portail et n'attendent que le signal du massacre pour vomir la mort, que les captifs semblent provoquer en entonnant le glorieux chant des Marseillais. Quelques-uns même, dans la crainte de voir leurs cadavres confondus avec ceux des royalistes, gravent dans leur chair avec un canif le mot magique de liberté.

 

GÉNÉROSITÉ DE BONCHAMPS

DÉLIVRANCE DE CINQ MILLE PRISONNIERS RÉPUBLICAINS

Mais il y a au camp des royalistes un homme qui va mourir, un héros, lui aussi, Bonchamps, qui comprend tout ce qu'il y a de grandiose dans le respect de Haudaudine pour la parole jurée, tout ce qu'il y a de hideux dans cette immense tuerie qui s'apprête. Il se relève sur le brancard où on le transporte évanoui, et ranimant  une dernière fois ses forces défaillantes : « Mon ami, dit-il à d'Autichamps, qui tout en pleurs se tient à ses côtés, les Vendéens m'ont toujours obéi... Portez leur mon commandement suprême : grâce aux prisonniers !... Que je ne meure pas sans être assuré de leur vie ! ».

D'Autichamps s'élance.... Un roulement de tambour annonce une proclamation.... Au nom de Bonchamps, à ce nom si révéré, le calme renaît ; le recueillement succède à la fureur ; des larmes s'échappent de tous les yeux. Les canons déjà braqués sur l'église sont détournés, en même temps qu'un cri universel de : Grâce ! Grâce ! Sauvons les prisonniers ; Bonchamps le veut, Bonchamps l'ordonne ! retentit. par toute la ville.

Les prisonniers sont rendus à la liberté, et Bonchamps expire bientôt sur l'autre rive du fleuve, dans une chaumière de la Meilleraye, en prononçant ces dernières paroles : « J'ai su pardonner ! » Mot bien digne du héros chrétien, du guerrier philosophe, du premier général de l'armée vendéenne, qui avait dit en commençant cette lutte fatale : « La guerre civile ne donne point la gloire, » et dont le dernier soupir devait être la plus belle action de sa vie. Le général vendéen fut enterré pendant la nuit, à la hâte, dans le cimetière de Varades, au milieu des sanglots de ses amis, et au bruit lugubre, immense et lamentable des 100.000 fugitifs qui traversaient la Loire (18 octobre 1793).

Les descendants de Bonchamps dont la statue scupltée en 1822 par David d'Angers, se voit encore dans le chœur de l'église de Saint-Florent-le-Viel, se sont montrés dignes de leur glorieux ancêtre. Le soir de la bataile de Patay (2 décembre 1870), son petit fils le marquis de Bouillé, le fils, de ce dernier Jacques, son gendre, Cazenoves de Pradines, nouvellement marié, se conduisirent eux aussi en véritables héros. Le soir, le père et le fils tombaient mortellement atteints sur, le plateau de Villepion par des balles prussiennes : le gendre, mort sénateur de la Loire-Inférieure, il y a peu de temps, avait l'épaule droite fracassée d'un éclat d'obus. Honneur aux braves !

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Commentaires
N
« … Les prisonniers sont rendus à la liberté, et Bonchamps expire bientôt sur l'autre rive du fleuve, dans une chaumière de la Meilleraye, en prononçant ces dernières paroles : J'ai su pardonner ! » <br /> <br /> <br /> <br /> Certains historiens qui nient aujourd'hui le Pardon de Bonchamps feraient bien de mettre le nez dans les archives...
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  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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