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La Maraîchine Normande
14 avril 2012

BOURGTHEROULDE

BOURGTHEROULDE

BOURGTHEROULDE

 La période révolutionnaire

Les registres des délibérations du conseil municipal sont conservés en mairie de Bourgtheroulde. Il a semblé plus honnête de transcrire les faits et leurs conséquences en suivant la chronologie des séances des conseils municipaux à partir du 21 février 1790, date à laquelle est enregistrée la première réunion connue. Ce qui peut paraître fastidieux à la lecture mais est conforme à la réalité.

En 1789, une assemblée a lieu au bailliage de Pont Audemer. Deux délégués du Tiers-Etat sont désignés : Pourpoint, notaire, et Jacques Mullot. Le clergé est représenté par Lamboise, Thubeuf, De Penneville, le curé doyen de la collégiale et les chanoines pour leur communauté.  Pour la noblesse : Louis Paul Le Cordier de Bigards représentant sa baronnie et ses fiefs, membre d'une majorité appelée « les cent quarante » qui ne veut céder aucuns de ses droits, aucunes de ses prérogatives. Par la suite Le Cordier de Bigards, devenu libéral, est membre des « cent six » et fait le noble sacrifice de ses prérogatives, droits et privilèges seigneuriaux. Ce qui n'empêche pas une rumeur de se propager : le marquis fait du trafic de grains ! Ce qu'il récuse en proposant de faire visiter ses bâtiments, offre 100 louis de récompense à celui qui dénoncerait les marchands et blatiers (marchands de blé) qui auraient travaillé pour son compte. Il est désigné comme ennemi du peuple. Il émigre.

Le 27 juillet des troubles éclatent à Rouen. Des bruits courent qu'une troupe d'étrangers malfaisants sortis de la capitale ont porté le pillage dans les campagnes et les marchés du Roumois.

Le calendrier révolutionnaire prend effet le 22 septembre 1793 à minuit, date de la proclamation de la République et de l'équinoxe d'automne. Il remplace le calendrier grégorien instauré par le pape Grégoire XIII. L'année comprend douze mois de trente jours complétés par cinq jours complémentaires baptisés Sans-Culottides et un sixième pour les années bissextiles. Chaque mois est divisé en trois décades. Le dimanche est supprimé et remplacé par le jour de décadi (dixième jour) où on se repose. Le calendrier révolutionnaire est rédigé par Fabre d'Eglantine, auteur de la chanson Il pleut, il pleut bergère. Les saints sont remplacés par des noms de fleurs, fruits, arbres.

Les Thérouldebourgeois sont peu enclins à les utiliser. Cependant, des parents « révolutionnaires » donnent à leurs rejetons des prénoms à la mode : Cincinnatus naît le 5 floréal an II (1794), Paul Nivos est déclaré le 1er nivôse an III (1794), Fébrurie Adélaïde voit le jour le 2 prairial an VII (1799)... Un père réactionnaire, ou inconscient, déclare une petite Marie Antoinette le 10 brumaire an VII (1798). La reine portant ce prénom a été guillotinée en 1793… A Infreville, Marianne Désirée est déclarée par son père le 7mars 1793. Plusieurs Espérance voient le jour…

1790 - Le 21 février, M. Pourpoint, notaire, est maire, Tubeuf prêtre curé secrétaire et Cauvin procureur. Un détail estimatif de la cure de Bourgtheroulde ainsi que l'état des terres et rentes de la collégiale est établi et présenté au marquis de La Londe. Le 1er mars, des meuniers et boulangers se permettent d'entrer les premiers dans la halle aux grains et font leurs provisions sans rien laisser au peuple. A la suite de plaintes, les boulangers, meuniers, et bladiers (*marchands de grains) ne seront autorisés à entrer dans la halle qu'à dix heures et demie après les six coups de sonnette. Le 15 avril, Cauvin, procureur de la commune, mentionne que des fossés faits par des particuliers, sur les ordres du marquis de La Londe, barrent la totalité du champ de foire, les chemins accédant à l'église par derrière les halles poissonnières et autres venant d'Infreville et autres lieux à la chaussée royale. La foire de la saint Marc a lieu le 25 avril. Le président de La Londe et ses ayeux ont donné à la communauté des preuves de sa grande protection. M. de La Londe prétend qu'étant propriétaire du champ de foire, il peut l'enclore de fossés en laissant l'accès par la rue le l'église. Ce qui ne peut qu'amener un soulèvement dont les suites pourraient devenir funestes à la suite de clameurs publiques et réclamations particulières. Une conciliation est demandée à M. de La Londe. Il doit faire des sacrifices plutôt que de causer le plus léger préjudice à ses vassaux. Les fossés devront être comblés depuis l'école jusqu'à la cour de M. de La Londe, appelée cour du vieux presbytère. Le marquis autorise la tenue de la foire pour un an par une lettre datée du 16 avril. Un décret de l'Assemblée Nationale interdit de percevoir les droits en sa possession. Les marchands et acheteurs refusent de payer l'ancien droit de coutume, mais doivent s'y résoudre, la déclaration royale du 12 mars 1752 n'étant pas abrogée. En mai, le prix du blé augmente. Le boulanger Lebourg affirme ne pouvoir continuer son état. Il n'y a plus de pain. Lebourg est accusé d'avoir malicieusement dépavé son four. La plainte est fondée après vérification. Lebourg doit remettre son four en état et cuire sous peine de poursuites. Fin mai, Leblond de Thuit-Hébert se jette sur les sacs de blé de Boutigny d'Infreville avant l'ouverture de la halle et menace des personnes. Il y a toujours pénurie de blé et des demandes d'aide sont faites à Rouen. Le 10 juin, défense est faite aux cabaretiers, cafetiers et aubergistes de donner des boissons pendant l'office et après dix heures du soir. Pas de jeux pendant l'office, et de nuit. Les chevaux et bourriques seront attachés face au pavé du roi. Les habitants doivent nettoyer devant leur porte, ce qu'ils ne font pas. Les marchands s'installent anarchiquement. Les propriétaires négligent l'entretien des chemins, construisent des fossés, plantent des arbres et des haies. Les animaux sont trouvés divaguant. Les laboureurs empêchent le glanage par les pauvres, coutume autorisée avant le lever du soleil et après son coucher. Pour faire respecter ces décisions, Pierre Louis Carité est nommé garde messier.

Bourgtheroulde est toujours une ville d'étape pour les troupes. Un détachement de la milice nationale de Sées stationne à Bourgtheroulde avant de se rendre à la fête de la Fédération à Rouen : un veau est massacré chez le boucher Coullebœuf. Ce qui donne lieu à de nombreuses protestations et disputes entre la troupe et les habitants. Le 3 juillet, Peuffier est nommé commandant de la Garde Nationale de Bourgtheroulde. Laurier, Rousel et Hébert sont officiers et prêts à reprendre leur service dans la nouvelle formation d'une Garde Nationale.

Le 16 Brumaire an 2 (6 novembre 1793), Ygouf, procureur de la commune, indique que lors de la livraison de dix chevaux on n'avait pas accepté de les harnacher. Le 28 (18 novembre), il est fait mention de « l'emprunt forcé » édicté par la loi du 3 septembre. (*Chaque citoyen est tenu de souscrire à l'emprunt forcé. Ces emprunts ont été peu nombreux en France. Ils ont eu lieu à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème pendant la Révolution, sous le Directoire et la Restauration. Cet emprunt a dû faire suite à la levée en février 1793 de 300.000 hommes, célibataires et veufs sans enfants. En août 1793, levée en masse par la Convention des célibataires âgés de dix-huit à vingt ans). Après recherches, aucune personne à Bourgtheroulde n'est assez fortunée pour participer à cet emprunt. Ce qui est vérifié par six commissaires le 21. L'attestation est adressée à Pont Audemer. Le 8 Frimaire (28 novembre), les salaires, gages, main d'œuvre et journées de travail sont au même taux qu'en 1790, décrétés par la loi du 29 septembre dernier : 10 sols par journée de travail avec nourriture, 20 sols sans nourriture.

1794 - Le 19 Nivôse an 2 (8 janvier), Pierre Louis Carité, garde messier, arrête une voiture attelée conduite par Antoine Duhamel, charretier de Jacques Nicolas Vallée cultivateur au Theillement. Au centre du chaume que contient la charrette il découvre deux poches de blé d'environ trois quintaux destinés à Grand Couronne. Le conducteur ne peut présenter d'acquit pour le transport de ce blé. Il prétend que son maître le suit avec le certificat. Le blé est déchargé à la maison commune. Le cachet de la municipalité est apposé. Interdiction est faite de vendre ce blé hors du marché. Le 20, Vallée présente un acquit à caution de sa municipalité daté du 18. Le 22, Philbert Thorin se présente pour surveiller la municipalité à propos des cultivateurs qui auraient procédé à un prompt battage du blé.Le 23, le corps municipal est assemblé en tribunal de police : la classe malheureuse du peuple est victime. Le pain réservé à la commune est vendu à des étrangers qui le paient au double de sa valeur. La femme Dupont est traduite au greffe avec Dulong et la femme Le Fel de La Londe. Ils sortaient du bourg avec deux tourtes de pain de douze livres coupées par la moitié dont une est reconnue venant de chez le boulanger Le Bourg. La femme Dupont est condamnée à une amende de 38 sols, ayant procédé à une partie de la vente. Le jugement à intervenir sera publié et affiché aux frais de la coupable.

Le 7 Pluviôse (26 janvier), une douzaine des principaux habitants dépités de la commune exposent qu'à propos des biens de l'émigré Le Cordier, dont un parc composé de quatre-vingt-quatorze arpents, la situation est la suivante : la grande route qui borde le parc est tortueuse et changée par suite de l'ancienne féodalité. Pour faire jouir la Nation d'un plus grand avantage et procurer aux habitants tout le bien qu'ils peuvent en tirer, il est urgent de diviser ce parc en petites portions et tracer un chemin pour que chaque adjudicataire puisse accéder à sa parcelle. Pourpoint et Ecorcheville sont nommés commissaires pour exposer cette demande au district.

Le 14 Pluviôse( 2 février), le maire Peuffier donne lecture des articles suivants : la loi du 23 juillet ordonne qu'il n'y ait qu'une seule cloche dans chaque paroisse. Le 3 août dernier, le ministère de l'intérieur a été chargé de faire parvenir dans les fonderies la quantité de métal suffisant pour fabriquer des canons par fonte des cloches récupérées. Une lettre du 5 Pluviôse de l'agent national de Pont-Audemer menace la municipalité de Bourgtheroulde de la visite prochaine d'un commissaire du pouvoir exécutif car les cloches demandées n'ont pas été retirées. La commune est accusée de négligence et de crime. Des commissaires sont nommés pour faire le choix d'un charpentier qui exécutera les travaux conformes à la loi.

Le 18, les maires du canton se réunissent. Il leur est fait lecture de la loi du 22 juillet : chaque commune fournira l'habillement des citoyens désignés pour compléter les 30.000 hommes de cavalerie. Le ministère de la guerre demande que soient complétés les encadrements. Tailleurs et cordonniers sont réquisitionnés. Le canton expose qu'il est dans l'impossibilité physique de fournir ce qui est demandé. Le 25, le canton de Bourgtheroulde, sous la responsabilité du maire, a qualité de déterminer de pourvoir sans délai à l'équipement en nature de 13 cavaliers requis pour le dit canton : toile, coutil, étoffes, bas au prix fixé par la loi, souliers délivrés par le magasin d'équipement de Pont-Audemer, 13 sarraus, 13 pantalons de toile ou coutil, 13 bonnets de police, 13 calots noirs, 33 chemises, 22 paires de bas, 13 sacs de toile, 22 paires de souliers remboursés par les communes du canton. Lequesne de Bourgtheroulde et Le Cornu de Saint Ouen de Thuit-Heudebert sont nommés pour s'acquitter de ces achats. La délibération  est signée par Bourgallé et Peuffier qui ajoutent sous leur signature le mot « maire ».

Pour plus de détails :

http://www.blog-city.info/fr/theroulde.php

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Commentaires
H
Je découvre des extraits de mon blog... qui est obsolète. Il a été remplacé : Le lien du nouveau est installé sur le site officiel de la mairie de Bourgtheroulde-Infreville.<br /> <br /> Hombeline51
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La Maraîchine Normande
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