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La Maraîchine Normande
10 avril 2012

CHAVAGNES EN PAILLERS 1793 La paroisse de

CHAVAGNES EN PAILLERS 1793

chavagnes en paillers

 

La paroisse de Chavagnes prit part, comme toute notre contrée, à l'insurrection de la Vendée qui éclata au mois de mars 1793. Un de ses habitants, Charles-César de Royrand, lieutenant de vaisseau, demeurant à la Brunière, dans les servitudes nouvellement bâties d'un château qu'il se préparait à construire, devint un des premiers chefs royalistes, mais il ne tarda pas à être tué dans un combat vers Saint-Vincent-Sterlange ou le pont Charron. Au reste, il n'y eut dans Chavagnes aucun combat important ; mais la paroisse partagea le sort de celles environnantes et fut dévastée par les républicains que les habitants désignaient sous le nom de bleus ou de citoyens. L'église fut brûlée vers le commencement d'octobre 1793 ; une grande partie des maisons de la paroisse subit le même sort. Les femmes de la Morinière, qui se trouvaient aux moulins de la Croix, où elles venaient d'éteindre un commencement d'incendie allumé par les républicains au moulin de Cauneau, pleuraient et se désolaient en voyant brûler l'église. Le feu fut ce même jour mis à l'Ulière et au bourg : la troupe incendiaire venait de Saint-Fulgent et se dirigeait vers Montaigu. Comme elle restait généralement peu de temps en chaque endroit, on put assez souvent éteindre les incendies qu'elle avait allumés.

 

Après les incendies vinrent les massacres ; alors ceux qui n'étaient pas à l'armée se cachaient comme ils pouvaient dans les bois ou les bâtiments échappés à l'incendie. La forêt de Grala rendit de grands services aux populations des environs, qui profitèrent de bois sciés ou équarris dans une récente coupe de futaie, pour se construire des cabanes au milieu d'une portion où se trouvait un épais taillis. C'est dans le quartier de la forêt nommé les Pralières que l'on avait établi ce refuge, où ma famille resta assez longtemps cachée. Les républicains n'osaient guère y pénétrer, dans la crainte d'y être surpris ; et en effet ils n'entrèrent que deux ou trois fois dans la forêt. Heureusement l'idée ne leur vint pas d'y mettre le feu ; et comme pendant la nuit ils restaient dans leurs camps, on avait quelques facilités pour se procurer ce dont on avait besoin.

 

C'était, au témoignage de tous ceux qui en furent témoins, un temps bien malheureux et dont les plus cruelles guerres civiles n'avaient jamais donné d'exemple ; car on n'avait jamais vu massacrer par des soldats tous les enfants, femmes et vieillards qu'ils rencontraient, comme cela eut lieu dans la Vendée. Le plus grand mal fut fait par les colonnes nommées à si juste titre, colonnes infernales, qui mettaient tout à feu et à sang. On a surtout, à Chavagnes, gardé le souvenir du dimanche 23 février 1794, le jour de la Quinquagésime, désigné encore aujourd'hui sous le nom de Jour du grand massacre. Des fragments dépareillés d'un registre se trouvant à la mairie portent les noms de cinquante-sept personnes de la paroisse qui furent tuées ce jour-là ; mais il y en eut un bien plus grand nombre. Ainsi, d'après la tradition unanime des habitants, du seul village de la Morinière, 32 victimes des républicains furent la nuit suivante amenées au cimetière en deux charrettes ; et cependant le registre ne mentionne que 17 noms de morts en ce village, les noms des 15 autres étant sans doute sur les feuillets perdus.

 

En cette affreuse journée, on entendait de tous côtés des coups de fusil et les cris des malheureux qu'on égorgeait ; des femmes enceintes furent éventrées et des enfants embrochés dans les bayonnettes. Au village de l'Anjouinière, les républicains surprirent 12 ou 15 femmes qui revenaient d'entendre, en la grange de la métairie de la Trottinière, une messe à laquelle presque toutes avaient communié. Ils les firent mettre en ligne en une aire au sud-est du village, et de deux coups de fusil tirés à chaque bout de la ligne les tuèrent toutes. Parmi ces malheureuses étaient la femme et deux belles-soeurs de M. Bouron, notaire, avec une de ses filles, enfant de 5 ans, et Mme Boisson, mère de M. Boisson, propriétaire à la Noue de Vendrenne ; ce dernier put être sauvé par sa nourrice, qui l'emporta.

 

Au village du Chiron, des républicains enfermèrent en une maison 4 enfants au-dessous de 10 ans et 3 femmes, qu'ils firent périr en mettant le feu à la maison (Voici les noms et âges de ces personnes : Marie Herbreteau, veuve de Mathurin Charrier, 73 ans ; Marie Charrier, femme de Jean Rabreaud, 52 ans ; Jean Rabreaud, 9 ans ; Louise Bolleteau, femme de Louis Charrier, 42 ans ; Marie Charrier, 8 ans ; Louise Charrier, 6 ans, et Rose Charrier, 3 ans) : leurs cris étaient entendus par des personnes cachées dans le bois de la Mainardière.

 

Le sieur Remaud, aïeul de Mlles Remaud de la Dédrie, fut massacré d'une manière horrible, dans le champ d'Avant, près la Bonelière. Les républicains, le prenant pour un prêtre, lui arrachèrent la langue : on entendait ses cris de la Prilliaire. On n'en finirait pas, si l'on voulait raconter les atrocités, viols et assassinats qui furent commis, tant en ce jour que dans le reste de la guerre de la Vendée. Il suffira de dire que, sur ce qui reste du registre mentionné plus haut, on nomme parmi les victimes des républicains 4 enfants au-dessous de 1 an, 12 de 1 an à 8 ans, 4 de 9 ans et 1 de 10 ans ; et en outre 5 hommes et 6 femmes de 70 à 80 ans.

Texte tiré de : "Société d'Emulation de la Vendée" - 1876 - p 65 - Article de M.C. Gourraud

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Commentaires
D
Bonjour, que reste t il de la Brunière à Chavagnes en Pailliers et si oui, peut on la voir
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