Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
25 novembre 2023

MONTCUIT - REFFUVEILLE (50) - UNE CHOUANNE NORMANDE, MADAME DANJOU (1762 - 1806) OU L'AGENT ROGER-DUCOS

MONTCUIT EGLISE

 

 Fille de Charles-François, seigneur de Montcuit, de Cartot, écuyer, et de Bonne-Marguerite-Françoise-Bernardine du Poirier, Henriette-Jacqueline-Élisabeth Hellouin est née à Montcuit (50), le 30 janvier 1762.

 

HELLOUIN baptême 1762

 

En 1782, le 27 août, elle épousait, à Coutances, Léandre-Louis-Urbain d'Anjou, seigneur de Beaussault, écuyer, officier au régiment du Lyonnais, émigré, membre de l'armée de Condé. De cette union naîtront trois fils : - Léonor, décédé en 1798 ; -  Alexandre, à Reffuveille, le 3 janvier 1786 (décédé à Reffuveille en 1840) ; et Médérique.

Avant 1789, Mme d'Anjou avait fréquenté la maison de "Messire Jacques Duprey de Pierreville, seigneur de la paroisse de ce nom, résidant à Cherbourg". C'est ainsi qu'elle avait connu Dumouriez. Elle s'était rapidement placée en bon rang parmi les mondaines qu'on appelait "Les Muses de M. le Gouverneur"Elle s'était également liée avec Mme et Mlle du Hommet, dans la Société du Becquet, dont le général Dumouriez était l'âme. Quelques-uns des habitués de cette réunion appartenaient au monde de la Chouannerie, à des titres divers : le vicomte et la vicomtesse de Bricqueville, l'abbé de Percy et ses deux soeurs ; l'ingénieur de Cahouet, allié du chevalier Louvel de Monceaux et enfin, la marquise de Feu-Ardent.

dumouriez z

Charles François du Perrier du Mouriez

Dans ce milieu, où l'on s'ennuyait peu, Mme d'Anjou avait tenté de faire vivre en bonne intelligence trois personnes difficiles à accorder, Dumouriez, sa femme, que le général oubliait trop ; Mme de Bauvert, soeur de Rivarol, que le général n'oubliait pas assez. Après un échec, elle avait attiré à Coutances Mme Dumouriez, dont la santé était chancelante. Le prétexte, c'était de procurer à la malade les soins d'un médecin célèbre, le docteur Bonté. La cause, c'était de dissimuler une querelle de ménage et de fournir à Dumouriez, l'homme à la mode, des occasions de venir à Coutances, c'est-à-dire chez Mme d'Anjou elle-même. On avait donc sollicité pour Mme Dumouriez une chambre de pensionnaire à l'abbaye des Bénédictines ; mais l'abbesse, Mme de la Roche-Bernard, soupçonnait quelque chose et elle refusa d'ouvrir sa porte.

Elle obtint le divorce à Avranches, le 24 ventôse an II (14 mars 1794). Léandre fut tué le 13 août 1796 à Oberkammlach (Allemagne) à l'âge de 48 ans.

Active chouanne, elle est arrêtée en juillet 1794 puis libérée en septembre de la même année. Elle est à nouveau arrêtée en juillet 1795, libérée, elle devient agent de renseignements de la cour du futur Louis XVIII.

Madame Danjou, ainsi était-elle appelée en Chouannerie, portait dans sa correspondance avec de Frotté les sobriquets de Blondel, Duchesne, Duval et Mercier. Mais aussi et surtout Roger Ducos qui "est un commissionnaire femelle qui a rendu les plus grands services à la cause" (Frotté père à Puisaye ; lettre s.d. [1797], au British Museum).

Âgée d'une trentaine d'années en 1796, belle, intelligente, active, vaillante et, il faut bien le dire, intrigante, elle cachait sous les dehors d'une mondaine les qualités d'un politique. Liée avec Dumouriez, dont le rêve était d'occuper militairement les îles Saint-Marcouf, à la tête d'un corps d'armée de la Coalition ; belle-soeur du chevalier Louvel de Monceaux, chef de la Légion de Saint-Jean-des-Bois ; cousine du vicomte de Bricqueville, à qui elle avait fait donner le commandement de la division du Cotentin ; amie et conseillère du baron d'Hugon, commandant de la division de Coutances, qui trouva toujours chez elle une retraite assurée, elle eut aussi la confiance du général en chef de Frotté et elle fut l'agent principal de sa correspondance avec l'Angleterre.

Sous prétexte de visite de courtoisie ou de dîner de famille, "le jeune et beau des Touches", le tragique héros du roman de Barbey d'Aurevilly, venait à Vanloue prendre des lettres signées du nom d'un troubadour légendaire, Blondel, ces lettres qui, de Granville, Portbail ou Carteret, traversaient mystérieusement la Déroute pour arriver à Jersey, au château de Montorgueil. La comtesse d'Anjou était secondée dans cette mission délicate, assure-t-on, par une femme connue naguère à la cour de Versailles, Mme de Bougainville, l'épouse du navigateur célèbre qui avait décrit les moeurs des sauvages de l'Océanie avec la plume d'un contemporain de Berquin. Mme de Bougainville se chargeait des avis urgents à transmettre par procédés rapides. Elle habitait Anneville-sur-Mer, La Becquetière, une gentilhommière isolée comme on en voit dans les contes d'Anne Radcliffe ... C'est à Vanloue, sous les auspices de la comtesse d'Anjou, selon une tradition constante, que fut décidée et préparée l'embuscade de la route de Monthuchon.

Lorsqu'elle apprit l'arrestation de son cousin, de Bricqueville, elle entreprit de le sauver. Elle convoqua d'urgence Mondérois qui réunit immédiatement une vingtaine de chouans, parmi lesquels La Grenade et Moustache, et il fut convenu que cette troupe s'embusquerait sur la route que devait suivre le convoi. Malheureusement l'expédition échoua ... (voir ICI)

henriette z

Mme Danjou

La comtesse d'Anjou, qui avait connu les prisons de la Terreur, fit la connaissance aussi avec celles du Consulat. Compromise, en 1799, pendant l'expédition de Coutances, dans l'affaire nocturne du château de Biouze, au Lorey, à deux pas de son manoir de Vanloue, elle se cacha et échappa d'abord aux recherches. Mais elle fut arrêtée au moment où sonnait la dernière heure de la Chouannerie normande.

On sait que Bonaparte, qui aimait les procédés sommaires, y mit fin en faisant fusiller ensemble, à Verneuil, de Frotté, d'Hugon et cinq de leurs camarades de l'état-major royaliste, malgré leurs saufs-conduits (mars 1800).

Madame d'Anjou passait pour le ministre des affaires étrangères du parti. Le premier Consul donna l'ordre de l'amener à Paris, dans la prison du Temple. Elle savait beaucoup. On voulut, par des traitements rigoureux, la contraindre à parler. C'était mal la connaître : elle supporta tout et ne révèla rien.

Rendue à la liberté, elle retrouva le calme de son domaine de Vanloue.

Supportant très mal les vexations que lui apportèrent la révolution, Henriette-Jacqueline-Élisabeth Hellouin, d'Anjou meurt à Reffuveille (50), en son domicile au village de Bois-Ambroise, le 22 octobre 1806, à l'âge de 44 ans. Celle qui avait ruiné sa santé, passé tant de jours en prison pour la cause royaliste, n'aura pas la joie de voir le retour de Louis XVIII.

hellouin deces zz

 

Mme Danjou aurait eu une liaison avec le baron d'Hugon pendant quatre ans.  Nul n'a jamais vraiment su qui était cet officier de l'armée catholique et royale normande, chef de division, fusillé à Verneuil-sur-Âvre, le 18 février 1800 avec le général de Frotté et d'autres compagnons ...

Au moment de l'arrestation du baron d'Hugon, un inventaire de ses effets a été fait sur la demande du général Chambarlhac, à savoir :

9 pièces de 48 francs, une montre en argent, à savonnette, un canif, un stylet, une tabatière de cuir garnie, en argent, un petit portefeuille contenant quelques papiers, lequel a été scellé du cachet de l'administration et de celui du général, dont à ce moyen il n'a été fait autre description, un cachet armorié, un couteau (Louis de Frotté, le lion de Normandie par Jean Silve de Ventavon - 1993).

 

Journal de la Manche et de la Basse-Normandie - 28 décembre 1918

Le chercheur des Provinces de l'Ouest du 1er janvier 1900

AD50 - Registres paroissiaux de Montcuit et d'état-civil de Reffuveille

Portrait : Généanet

 

 

 

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité