BEAUFORT-EN-VALLÉE (49) - URBAIN-PHILIPPE SALMON, MÉDECIN MILITAIRE, GÉOLOGUE ET AMI DE STENDHAL (1768 - 1805)

Fils de Julien, maître en chirurgie, et de Marie Bigot, petit-fils d'Étienne, aussi chirurgien, Urbain-Philippe Salmon est né à Beaufort-en-Vallée, le 4 août 1768.

Reçu docteur en la Faculté de Médecine d'Angers le 20 juillet 1790 à l'issue des trois années d'études alors de règle.

Grenadier dans la garde nationale dès 1789, il est élu, le 17 novembre 1791, chirurgien-major du 1er bataillon des Volontaires de Mayenne-et-Loire. Il ne quittera plus le service de santé, fait la campagne de 1792 (sièges de Verdun et de Valenciennes) puis passe à l'armée des Alpes, chargée de réprimer l'insurrection de Lyon (septembre 1793).

Un arrêté du Comité de Salut Public du 3 messidor an II (21 juin 1794) le nomma médecin en supplément de l'armée d'Italie ; attaché pendant 10 ans à cette armée, il servit quelque temps sous les ordres de Desgenettes, alors médecin en chef de la division Masséna, dont il devint l'ami et qui l'introduisit auprès des médecins, des naturalistes, voire des littérateurs de la péninsule. Il séjourna à l'hôpital de Pavie, où il se lia avec des professeurs de cette célèbre université, puis à Plaisance, à Vérone, à Padoue, où il publia une Topographie historique et médicale de Padoue, suivie du tableau des maladies observées dans les hôpitaux militaires de cette place, pendant le trimestre de messidor an V (1797, in-8° de 68 p., avec plan), - puis à Rome où il lut à l'Académie physico-mathématique un Mémoire de basalte volcanique, tiré de Borghetto (Rome, in-8°, 1800), - de nouveau à Vérone, où il fit imprimer une Lettre sur la nature des monts Euganéens et la théorie des laves compactes (in-8°, 1801).

Vers cette époque il fut nommé à la direction du grand hôpital d'Alexandrie et passa en 1804 médecin principal du camp d'Utrecht.

En 1804, au cours d'un voyage entre Genève et Paris, Henri Beyle, futur Stendhal, rencontra Urbain-Philippe Salmon, alors chirurgien en chef de l'armée de Hanovre, et avec lequel il sympathisa immédiatement.

Du 4 au 19 avril 1804, ils se virent presque chaque jour à Paris, discutant de omni re scibili, allant ensemble au théâtre et au Jardin des Plantes ... Salmon eut une influence certaine sur le jeune Stendhal ; celui-ci le qualifie d' "homme profondément sensible et très instruit" et trouve son jugement "d'un grand poids" pour lui.

Il était l'auteur d'un "système sur les femmes" que Stendhal l'engagea à publier et dont il s'est peut-être souvenu lorsqu'il écrira De l'Amour.

Salmon était fort lié avec Breislak, et il n'est pas impossible de penser que c'est par lui que Stendhal en entendit parler la première fois.

Il est en tout cas à peu près certain que Salmon fit lire à Stendhal l'oeuvre de Pinel et lui donna l'idée d'écrire une pièce de théâtre sur les médecins.

Salmon rédigera encore une Topographie médicale du camp d'Utrecht (que Desgenettes publiera dans le Journal de Médecine d'avril 1810), mais, pris de délire de la persécution, il se donna la mort dans la chambre qu'il occupait à Utrecht, le 14 nivôse an XIII (4 janvier 1805).

Il laissait également un recueil d'Observations cliniques et des souvenirs anecdotiques sur les médecins et savants qu'il avait rencontrés en Italie.

Blessés français - Détail du tableau de Meynier sur Napoléon à Lobau

AD49 - Dictionnaire de Maine-et-Loire, versions originale et révisée

AD49 - Registres paroissiaux de Beaufort-en-Vallée

Stendhal du côté de la science par Jean Théodoridès