BELLEVILLE-SUR-VIE (85) - CHARLES SERVANT, PRÊTRE RÉFRACTAIRE (1732 ? - 1793 ?)
Charles Servant serait né en 1732 dans le diocèse de Nantes ; il fut ordonné prêtre le 19 décembre 1761.
Vicaire de Legé dès janvier 1762 jusqu'en décembre 1764, il succède, vers le mois de novembre de la même année, en tant que prieur-curé de Belleville-sur-Vie, à Mathurin Gibotteau, décédé le 4 janvier 1764. Selon les actes signés de sa main, il aurait été desservant, à la fois à Legé et à Belleville, entre novembre et décembre 1764.
Le premier acte signé par Charles Servant à Belleville date du 26 novembre 1764 pour l'inhumation de Marie-Anne Bouancheau.
M. Servant refusa le serment constitutionnel et resta dans sa paroisse.
Sur les registres paroissiaux de Belleville-sur-vie, en l'année 1792, l'abbé Servant laisse un dernier message :
"Le neuf du mois d'août mil sept cent quatre vingt douze, pour me conformer à l'ordre qui m'a été intimé de la part du Département de la Vendée, je, soussigné, prêtre, curé de cette paroisse, je cesse mes fonctions pour me rendre à Fontenay, je les reprendray avec plaisir lorsqu'il plaira à la Divine Providence de m'y rappeller, me regardant toujours comme le seul véritable et légitime pasteur de ce lieu.
Servant, Curé de Belleville."
Charles Servant s'est donc rendu à Fontenay, où il est arrêté et incarcéré, le 9 août 1792. En mars 1793, il est transféré au donjon de Niort, puis ramené dans les prisons de Fontenay. Le 25 mai 1793, les Vendéens entrent à Fontenay et ouvrent les prisons ; l'abbé Servant est libre et retourne en sa chère paroisse de Belleville-sur-Vie.
Nous lisons dans les Chroniques paroissiales :
"Un M. Audé, conseiller de préfecture, raconte quelque part que le dit curé de Belleville (son parent) "fut massacré par les Bleus devant la porte de son église".
De son côté, la tradition locale nous assure qu'il fut découvert caché dans des broussailles, près du cimetière, et qu'il fut conduit par les patriotes à l'extrémité du bourg, sur la route du Poiré, dans une prairie que l'on montre encore près de la maison de la Motte. Là, ces monstres, pires que des bêtes féroces, l'égorgèrent et le coupèrent en morceaux. Quand ils furent partis, quatre hommes accoururent sur le lieu du massacre et recueillirent pieusement les membres épars et sanglants de leur saint curé, puis les transportèrent dans le cimetière.
Nous ignorons la date du terrible supplice de l'abbé Charles Servant, mais il a certainement eu lieu en l'année 1793. Le Dictionnaire des Vendéens, des Archives Départementales de Vendée, précise même que ce serait en septembre.
Sources :
AD85 - Semaine catholique du diocèse de Luçon - 1909 - page 497
AD85 - Registres paroissiaux de Belleville-sur-Vie
AD44 - Registres paroissiaux de Legé
Le Clergé Vendéen face à la Révolution, par Louis Delhommeau - 1992