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La Maraîchine Normande
14 mai 2016

CHAVAGNES-EN-PAILLERS (85) - L'AUTEL DE LA SAINTE VIERGE - MLLE NINA DE SUZANNET

CHAVAGNES-EN-PAILLERS
L'AUTEL DE LA SAINTE VIERGE

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A Chavagnes, Marie est reine et mère. Les chapelles élevées en son honneur et les arceaux qui couvrent une statue de la Vierge se rencontrent en plusieurs villages. Sitôt leur baptême, les enfants de chez nous sont consacrés à Notre-Dame et dans chaque foyer la famille se groupe avant le repas du soir pour la récitation du chapelet. La dévotion à la Sainte Vierge est bien comprise dans la paroisse.

La noble famille des de Guerry, lors de la construction de l'église paroissiale, avait gardé l'honneur et la joie de se réserver la construction et l'ornementation de l'autel de la Vierge. Dans ces dernières années, après la riche ornementation du sanctuaire de notre église, il convenait de donner à la chapelle de la Sainte Vierge une décoration digne de la Reine du ciel.

Un enfant du pays, M. Raphaël Micheneau, travailla les boiseries qui en revêtent les murs. M. André Astoul, de la Roche-sur-Yon, décora la niche du fond d'une parfaite imitation de ciel et y sema des têtes d'anges qui, vus à distances, surtout le matin par un beau soleil, sont du plus bel effet.

Les deux verrières sont sorties des ateliers de M. Lux Fournier, de Tours. Elles représentent, l'une le vénérable Baudouin au sommet, à la base l'Annonciation et dans le corps du vitrail Notre-Dame des Enfants, l'autre, le Bienheureux Montfort, l'apôtre du rosaire, le chantre du Saint-Sacrement, à la base, la communion, et dans le corps du vitrail Notre-Dame du Très Saint Sacrement.

La reconnaissance de Chavagnes envers les familles qui lui ont prodigué leur dévouement, a inspiré l'idée d'y choisir le personnage à représenter dans une scène de chaque vitrail.

 

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Notre-Dame des Enfants réclamait à ses pieds une figure d'enfant. Pouvait-on mieux faire que de placer sous la bénédiction de Marie, la petite fille qui personnifiait toutes les affections de la famille qui répandait avec générosité, depuis bon nombre d'années, les bienfaits des écoles chrétiennes à Chavagnes.

Sous Notre-Dame du Saint Sacrement, puisque c'est par le ministère du prêtre qu'elle donne actuellement son Jésus au monde, ne convenait-il pas de représenter l'angélique abbé Amblard de Guerry, dont la famille, en cette chapelle, a gravé le souvenir de sa dévotion à Marie et qui fut lui-même une âme toute éprise de piété envers la Sainte Vierge. Cette âme, qui dès son éclosion au milieu des lys de la tribu sacerdotale, donna un parfum si céleste, n'était pas faite pour la terre et au soir de l'Immaculée-Conception 1907, après six mois de prêtrise, M. l'abbé Amblard de Guerry allait louer Marie au ciel.

Quand le projet de placer Mlle Nina de Suzannet dans le vitrail de Notre-Dame des Enfants fut conçu, notre reconnaissance alors voulait demander à Marie de faire de cette enfant une âme qui lui fut dévouée, et qu'elle bénirait durant les jours saints que nous lui souhaitions sur la terre pour la consolation et la joie de ceux qui l'entouraient de si bonnes affections. Notre plan ne correspondait pas à celui de Dieu. L'avenir de bonheur de la petite protégée de Marie demandait un départ pour le ciel plus prompt que celui que nous avions rêvé, puisqu'au 28 décembre 1918, Marie, en la fête des Saints Innocents, est venue ravir à la terre, pour la mettre au milieu de ses anges du ciel, Mlle Nina de Suzannet.

 

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Cette jeune enfant était bien connue à Chavagnes, surtout des petites filles de l'école Nazareth. Avant la guerre, alors que le ravitaillement en friandises pouvait se faire tranquillement, bien des gâteries étaient distribuées par ses mains enfantines. Depuis, l'enfant avait grandi, et on la savait recueillie devant le Très Saint Sacrement lorsqu'elle était conduite à l'église ; on lui savait un goût spécial pour l'étude du catéchisme et de l'histoire sainte. L'attrait chez elle aux choses surnaturelles était plus qu'ordinaire ; aussi, dans ces derniers mois, la piété délicate et attentive qui s'appliquait entre tous à former cette âme au bien, dirigeait-elle de plus en plus la pensée, les affections de l'enfant vers Notre-Seigneur au Très Saint Sacrement. La grâce travaillait ce jeune coeur, il fallait la préparer avec soin à sa première communion. La science du catéchisme pour ce grand acte ne parut pas suffisante et on y ajouta la méthode du sacrifice. Elle fut mise à l'école de la petite soeur de Thérèse de l'Enfant Jésus. Pour cette prédestinée, un livre avait été composé dans le but de lui former une âme digne de Jésus Hostie. Par ce livre, l'enfant, chaque jour, sous l'emblême d'une fleur, accueillait ses sacrifices et multipliait ses actes d'affection envers le Très Saint Sacrement. Cette méthode fut enseignée à Mlle Nina de Suzannet et comme nul sur la terre n'est exempt des influences de sa nature, même dans ses six ans la jeune enfant apprenait à se vaincre, tout en travaillant sa préparation à la première communion.

Durant son dernier séjour à la Chardière, Mlle Nina de Suzannet dut garder un repos de plusieurs semaines, mais à son départ rien ne faisait prévoir une issue fatale à si brève échéance. Les nouvelles devenant de plus en plus alarmante sur sa santé, à Chavagnes, on pria beaucoup pour qu'elle fut conservée à l'affection des siens. Jusqu'au 28 décembre, les nombreux amis de sa famille partagèrent les angoisses de ses bien-aimés parents. Les nouvelles reçues, toujours alarmantes, rappelaient qu'il faudrait prier pour le grand sacrifice fut accepté avec une résignation toute chrétienne.

 

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Puisque chaque fois que nous nous agenouillons devant l'autel de la Vierge, à l'église paroissiale, nos yeux se portent sur cette protégée de Notre Dame, qu'on me permette de révéler les sentiments si purs, si candides et si pieux de Mlle Nina de Suzannet.

La chère petite malade avait été préparée amplement aux joies et aux grâces de la première communion. Un prêtre de l'église Sainte-Clotilde venu pour la bénir, voyant sa grande faiblesse, lui proposa d'aller chercher une parcelle de la Sainte Hostie. L'enfant répondit aussitôt avec grande piété : "Oui !" Et ce fut au milieu de l'immense émotion des siens que l'angélique enfant, avec une sérénité toute céleste, reçut le Dieu qui voulait la ravir à la malice du siècle.

Noël approchait, l'affection si grande qui entourait Mlle Nina de Suzannet alla au devant de ce qui pouvait lui plaire. La pieuse petite ne pouvait qu'être charmée par une crèche, placée près de son lit. A sa vue, elle demanda de prier avec elle, elle répéta le Pater et l'Ave d'une voix très affaiblie.

Comme la religieuse qui la soignait, disait : "Maintenant, nous allons prier pour la guérison de Nina," elle refusa à plusieurs reprises en disant : "Non, je ne veux pas guérir !" L'enfant était fortement attirée vers le Ciel. Et dans la dernière nuit du 27 au 28, quand la soeur lui demandait si elle ne serait pas contente de voir le petit Jésus, elle répétait : "Oh ! Oui ! mais vraiment et non en joujou." Plus tard, elle s'efforçait de soulever ses petits bras vers le ciel où elle ne tardait pas à entrer.

Aimez, mes chers Paroissiens, à visiter l'autel de la Vierge en votre église paroissiale. Tout vous y parlera d'édification, et vous portera à la piété en cette chapelle. La statue de la Vierge, plus que tout le reste, vous redira les grandes bontés de votre Mère du ciel. Visitez-la à l'heure de vos rares joies, visitez-la surtout à l'heure de vos soucis et de vos peines. Elle veut être chaque jour votre secours.

AD85 - Bulletin paroissial de Chavagnes-en-Paillers - 1919

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