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La Maraîchine Normande
28 novembre 2015

SAINT-SULPICE-LE-VERDON (85) - LA CHABOTTERIE : ORIGINE DU NOM - LE CHATEAU

SAINT-SULPICE-LE-VERDON (85) - LA CHABOTTERIE

 

La Chabotterie cassini


Origine - Écrit le plus souvent sur les vieux titres Chabotterie, Chaboterie, Chabotrie ou même Chabautrie, parfois mais rarement, Chabaudière, Chabotière et Chabottière - ce qui est plus conforme aux consonnances locales - voire Chabossière, ce lieu, comme le nom l'indique, tire son origine de l'ancienne et illustre famille Chabot.

Dès le XIIème siècle, en effet, les Chabot qui s'intitulent "seigneurs de la Roche-Cervière" ajoutent le titre particulier de "seigneurs de la Chabossière". En 1192, Thibaud III Chabot passe un acte en sa maison de la Chabossière ; en 1244, Thibaud IV assigne pour douaire à sa femme, Aliénor de Brosse, plusieurs terres, dont le moulin de la Chabossière. Deux générations encore et Sébrand III Chabot se dit aussi "seigneur de Saint-Denis-la-Chevasse", or nous verrons dans la suite les seigneurs de la Chabotterie porter la qualité de "seigneurs de l'enclave de Saint-Denis-la-Chevasse" ; son fils Thibaud VI, qui mourut en 1325, est le dernier de la branche aînée des Chabot à s'intituler seigneur de la Chabossière, et cinquante ans après nous commençons la liste non interrompue des seigneurs de la Chabotterie.

Sans doute, il se trouve en Bas-Poitou plusieurs "lieux-dits" de ce nom. A la Loge-Fougereuse, par exemple, il y a un village du nom de la Chabossière, situé non loin de Mervent et Vouvant, fiefs appartenant dès le XIème siècle aux Chabot. Mais il faut également constater que dans les actes des cartulaires de l'Absie et de Retz où il est fait mention de la Chabossière, il est également question de Rocheservière et des paroisses avoisinantes, de Saint-Denis-la-Chevasse entre autres, dont la seigneurie s'avançait jusqu'auprès des douves mêmes du château de la Chabotterie.

Il existe une preuve plus convaincante encore de cette identité de famille. Les Chabot de la Chabotterie, quoique relevant directement de Montaigu à cause de leur terre noble de la Chabotterie, continuent néanmoins, en raison de ce même fief, à être considérés comme les vassaux directs des sires de Rocheservière, des du Pont et des de Volvire, successeurs des Chabot. Ils ne leur feront pas l'aveu et le dénombrement de la seigneurie de la Chabotterie, qui seront réservés à Montaigu, mais ils auront deux ligences de la Chabotterie, l'une à l'Herbergement, pour le service militaire dû au baron de Montaigu, l'autre "en la maison de la Chabotterie sise en la ville de Rocheservière", et relevant directement du puissant châtelain de ce lieu.

CHABOT ARMOIRIES

 

Nous pourrions donner d'autres raisons encore ; qu'il nous suffise d'ajouter que les Chabot de la Chabotterie portent aussi les mêmes armes. Sur un grand plat d'étain qui paraît dater du XVème siècle et qui a été trouvé en 1878 au fond de l'ancien puits de la cour, se voit parfaitement gravé un écu aux 3 chabots posés 2, 1, en pal ; ces armoiries sont également sculptées sur l'une des tours. Mgr de Chasteigner, évêque de Poitiers, dans ses lettres à l'historien A. Duchesne, en 1633, et le chevalier du Petit-Thouars, en 1767, apportent une nouvelle confirmation à cette identité de blason.

Si nous trouvons assez fréquemment l'orthographe Chabote, Chabaute et même parfois Chabaud, la prononciation reste la même, et ce n'est sans doute que par erreur de scribe, ou mieux, par usage vulgaire. Le même fait s'est d'ailleurs reproduits en ce qui concerne certains membres des branches historiques des Chabot.

Si c'était l'opinion motivée de Mgr de Chasteigner et de Duchesne, ce fut depuis celle de MM. Marchegay et Dugast-Matifeux, historiens et paléographes de valeur. Ce fut encore celle de l'érudit auteur de la Chasse à travers les âges, M. le comte de Chabot, du Parc-Soubise, notre vénéré ami décédé en 1911, et récemment nous avons vu MM. Beauchet-Filleau, dans leur remarquable Dictionnaire des familles du Poitou, insérer les Chabot de la Chabotterie à la suite des Chabot de Rocheservière et Rohan-Chabot, de la branche de Rocheservière.

Il reste donc évident que le manoir actuel de la Chabotterie, situé dans le voisinage de Rocheservière et de Saint-Denis, doit son origine sinon à un aîné, du moins à un cadet de la famille Chabot. Cette terre fut détachée des immenses domaines que les Chabot possédaient dans la contrée et donnée en partage à un des juveigneurs de cette maison, qui devint l'auteur d'une importante branche tombée en quenouille à la fin du XVIème siècle. L'époque très reculée de cette fondation et la perte presque totale des archives de la Chabotterie causée par les guerres - des titres du XVIème siècle en font la mention précise - sont les seuls motifs qui ne nous permettent pas de donner une jonction certaine à la branche des Chabot de la Chabotterie.

 

P1200172


LE CHATEAU


Le château primitif, celui qui fut édifié par les premiers Chabot, au XIIème ou au XIIIème siècle, se trouvait situé à l'emplacement actuel de la "Vieille-Cour" alias "Vieille-Chabotterie", qui s'appelait alors simplement "la Chabotterie". Mais saccagé et brûlé pendant la guerre de Cent-Ans, dans la seconde moitié du XIVème siècle, il fut relevé avec la plus stricte économie et habité par ses seigneurs jusqu'au jour où ils édifièrent, vers 1460, au lieu de la "Basse-Chabotterie" alias de la "Cour-Neuve" et "Neuve-Chabotterie", où déjà se trouvait une petite gentilhommière, le château actuel.

Celui-ci, malgré ses nombreuses vicissitudes, est "un des plus curieux manoirs du pays par son ancienneté et sa conservation" (Dugast-Matifeux).

 

LA CHABOTTERIE 4

 

Les bâtiments sont de diverses époques.

Les plus anciennes constructions étaient situées au midi : des portes et des fenêtres toutes petites et presque carrées, que l'on a bouchées peu à peu, devaient remonter tout au moins au XIVème siècle : c'était alors, et encore en 1454, la demeure des cadets de la Chabotterie. Cette partie, considérablement agrandie au XVème siècle, fut ruinée en partie pendant les guerres de Religion et brûlée pendant la Révolution. De ce côté se trouvait une grosse tour baignée par les fossés dans laquelle on avait aménagé la chapelle du château ; mais bien avant 1711, tour et chapelle étaient en ruine. A cette date, du reste, cet antique manoir exigeait d'importantes réparations.

Le grand corps de bâtiment, dont les façades donnent à l'est et à l'ouest, appartient donc au XVème siècle. Cette partie fut, avec celle dont nous venons de parler, démantelée en 1588, et quoiqu'elle n'ait plus depuis lors ses lucarnes à meneaux qui venaient couper sa haute toiture, elle garde encore le caractère de son époque. De cette époque datait également la monumentale cheminée de granit (3 m 70 de largeur) aux épaisses moulures, enlevée, il y a trente-cinq ans, lors des restaurations qui devenaient urgentes, mais qui malheureusement ont, sans nécessité aucune, beaucoup trop modernisé l'intérieur de ce vieux château.

Quand les bâtiments du premier logis, situés au midi devinrent trop étroits ou mieux inhabitables, on fit élever au nord le grand pavillon flanqué de deux tours. Ce pavillon à trois étages et la tour ronde ornée d'une belle échauguette, sont de la seconde moitié du XVIème siècle ; les dates 1575, 1580 et 1582 que l'on trouve gravées sur quelques pierres, indiquent l'entreprise de grands travaux à cette époque. C'est donc à Perrette Chabot, à son second mari, Gabriel Darrot, et à son fils Jehan Aubert, qu'il convient d'attribuer cette partie du château qui dénote, de leur part, un véritable goût artistique.

 

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La tour carrée renferme un large escalier circulaire de soixante-sept marches tout en granit ; elle possède une superbe défense percée de nombreuses meurtrières, dans laquelle on a placé une grosse cloche aux armes des la Fontenelle, fondue à la Chabotterie, le 24 juillet 1784. On lit sur la porte d'entrée la date 1611. Au-dessous de cette date a été encastré un écusson en granit certainement plus ancien. L'écu est écartelé : aux 1 et 4 de trois fleurs de lys brisées d'une cottice ; aux 2 et 3, de trois chabots ; il est timbré d'un casque tourné à sénestre, ce qui semble bien indiquer un signe de bâtardise. On se perd en conjectures. On croit néanmoins généralement que ces armes sont celles de quelque bâtard de Bourbon de la Roche-sur-Yon, marié à une demoiselle Chabot de la Chabotterie, dans les premières années du XVIème siècle. Jean Aubert, qui fit élever cette tour pour réparer les désastres des guerres de religion, aurait vraisemblablement tenu à conserver ce précieux monument et à lui assigner une place d'honneur, lorsque les modifications faites alors eurent nécessité son déplacement. Il avait commencé, tout en face, au sud, à l'autre extrémité du bâtiment, une tour semblable qui a été démolie au commencement du XIXème siècle.

Une nouvelle chapelle dans le style de cette tour et y attenant a été édifiée en 1883, et dix ans plus tard, on était obligé de relever la tour ronde qui venait de s'écrouler.

 

LA CHABOTTERIE CADASTRE

 

La Chabotterie avait l'aspect d'un castel bien fortifié, avec sa double rangée de douves larges et profondes. Les premières douves baignaient en grande partie les fondations mêmes du château et furent comblées dès avant la Révolution. Les secondes en étaient éloignées en partie sur le plan cadastral de 1838, et dans les endroits où elles n'existent plus, des dépressions de terrain indiquent leur emplacement ; du côté nord, le petit ruisseau de l'Izoire devait remplacer les douves qu'il alimentait.

 

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L'entrée principale, à l'ouest, était commandée par un grand pavillon, entouré de fossés, situé dans le "pré de l'Isle" ; il a été abattu il y a moins d'un siècle. Un étroit passage entre deux piliers, datant de 1580, ainsi qu'une inscription permet de constater, et supportant un pont-levis, donnait accès à la seconde cour renfermant les servitudes et les bâtiments de la borderie. La cour intérieure était également close et flanquée de deux pavillons. D'après la description de la visite de 1711, une grande arcade voûtée en pierre de taille, mais dont il ne reste que les trois piliers, servait de support aux deux ponts-levis qui ouvraient passage l'un aux piétons, l'autre aux chevaux et voitures. Ajoutons à cela les tours et créneaux disparus, les échauguettes, les nombreuses meurtrières et même l'épaisseur des murs qui atteint à certains endroits un mètre trente-cinq, et nous pourrons nous figurer facilement que cet important castel rural était fortifié de manière à résister, sinon à un siège en règle, comme en 1588, du moins à un coup de main tenté par quelque hardi aventurier.

 

P1200138

Monographie de Saint-Sulpice-le-Verdon - par A. de Goué - 1913

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