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La Maraîchine Normande
2 août 2014

RENÉ BERTRAND, LE GILLES DE RETZ DE SAINT-FULGENT (85)

LE GILLES DE RETZ DE SAINT-FULGENT
RENÉ BERTRAND (1618 ? - 1688)

 

Saint-Fulgent



Saint-Fulgent a eu, comme Tiffauges, son Barbe-Bleue. Seulement, tandis qu'à Tiffauges il avait nom Gilles de Retz, à Saint-Fulgent il s'appelait Bertrand.


Du premier, tout le monde sait l'histoire ; celle du second, pensons-nous, est encore à faire. Il y aurait, sans doute, de poignantes pages à écrire à ce sujet ; mais, ne voulant pas sortir du cadre que nous nous sommes tracé, nous nous bornerons à donner ici la silhouette de ce farouche baron.


René Bertrant était fils de René, chevalier, seigneur de Saint-Fulgent et de l'Airaudière, et de Suzanne Boussiron de Grand-Ry, dame dudit lieu et de la Brachetière. Sa famille était issue de Phelippon Bertrand, maître de la verrerie de Mouchamps, à la fin du XIVe siècle.


Il perdit son père dès 1641, et fut assez mal élevé ; aussi, toute sa vie, il se ressentit de la négligence qui avait été apportée à son éducation. Ivrogne, débauché, se livrant au mal avec toute la fougue de sa nature impétueuse, il tyrannisait ses vassaux, molestait ses voisins, et devint bientôt la terreur du pays.


En 1644, l'intendant Colbert de Croissy en faisant le portrait suivant dans son rapport sur la noblesse du Poitou :
"Le sieur Bertrand, de Saint-Fulgent, âgé de 25 ans ou environ, professe la religion prétendue réformée en apparence ; mais en effet, il ne connaît ni Dieu, ni religion. Quand il est hors du vin, il paraît aucunement raisonnable ; or, il est presque toujours ivre dans le vin. Il est capable de toutes sortes de violences, de cruautés et de vexations. Il en a tant commis et commet encore tous les jours dans sa terre de Saint-Fulgent et aux environs que, à bon droit, peut-on l'appeler le tyran et le fléau de ce pays-là. Il est toujours accompagné de bohémiens à qui il donne retraite chez lui pour partager son butin. Il a encore avec lui plusieurs sergents faussaires qui font tous les jours mille méchancetés et friponneries aux pauvres paysans, supposant de fausses dettes, de faux exploits, et de fausses sentences, en vertu desquels ils enlèvent de la maison de celui qu'ils veulent dépouiller tout ce qui leur plaît, sans que celui qui souffre puisse ou ose se plaindre. Enfin, c'est un homme contre lequel la province s'écrie si généralement et si unanimement que nous nous sentons obligés, après avoir tiré un mémoire de ses principaux crimes, de dire qu'il est de la bonté et de la justice, que le Roi doit à ses peuples, de les délivrer de ce fléau. La susdite terre de Saint-Fulgent est environ à trois lieues de Mauléon. Il ne jouit présentement que d'environ trois mille livres de rente, sa mère jouissait du surplus des biens de la maison. Il est parent du sieur marquis de Bordage."


Sur un rapport aussi écrasant pour Bertrand, le Roi ordonna de l'envoyer rejoindre l'armée qui, sous les ordres de Coligny, allait combattre les Turcs. Mais il fallait employer la force pour se saisir du baron de Saint-Fulgent, qui retranché dans son château de l'Airaudière, se défendit comme un lion contre les gens de Colbert de Croissy.


Envoyé en Hongrie, il y servit honorablement. Après une courte mais brillante campagne, il revint à Saint-Fulgent, où il vécut momentanément un peu mieux que par le passé.


Au moment de la révocation de l'Edit de Nantes, il abjura même le protestantisme ; mais, au bout de quelques années, il retomba dans ses habitudes vicieuses et encourut la mort civile, par suite d'une condamnation judiciaire prononcée contre lui.


Il mourut dans la paroisse de Mouchamps, le 17 mars 1638, âgé d'environ 70 ans. Sa fin fut, paraît-il, plus édifiante que ne l'avait été sa vie.


Il avait été marié deux fois : 1° à Marie Loyseau, dame du Grand-Coin, à laquelle le poète Pierre de Lespine, du Croisic, dédia deux de ses rouleaux ; 2° à Jeanne-Renée Savary.
Un de ses petits-fils, Gabriel-Louis Gazeau, baron de Saint-Fulgent, assez mauvais sujet lui-même, fut condamné à mort pour avoir assassiné M. de Montsorbier, mais il obtint sa grâce, le 23 octobre 1719.

R.V.
Revue de la Société littéraire, artistique et archéologique de la Vendée
3e Année - 1re livraison
1884

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