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La Maraîchine Normande
10 mars 2014

L'ABBÉ FRANCOIS-MARIE ROBIN RÉFUGIÉ AU CANADA EN 1794

L'ABBÉ FRANCOIS-MARIE ROBIN
1794-1804

Originaire du diocèse de Lyon, M. Robin était né, en 1768, de parents à l'aise et très honorables. Après avoir suivi le cours classique ordinaire, il entra au grand séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, et il y reçut les ordres sacrés le 21 août 1791. Trois ans après il rejoignait à Londres le groupe des Sulpiciens dirigé vers le Canada par M. Emery.


A son arrivée à Montréal, M. Robin dut s'occuper des fonctions du ministère, en qualité de vicaire à la paroisse de Notre-Dame. C'était un homme débile, bien que robuste en apparence. Grand de taille, il portait en sa personne un air de grandeur et de dignité qui en imposait. Bientôt il crut s'apercevoir que sa santé se détériorait dans ce milieu de Montréal où, durant la saison d'été, l'atmosphère très chaude n'est pas toujours suffisamment saine. Il lui semblait que l'air de la campagne conviendrait mieux à ses poumons affaiblis, et partant de là, il courut offrir ses services à Mgr Denaut, qui, comprenant ses raisons, l'envoya à la mission de Saint-François de la Nouvelle-Beauce. C'était une paroisse encore peu développée, où la besogne ne pouvait être épuisante. M. Robin y fit son entrée au mois d'octobre 1798.

 

L'Ile aux coudres


A Saint-François, M. Robin demeura pendant quatre ans, au cours desquels il dut lutter avec la plus grande énergie contre le mal qui le minait lentement mais sûrement. Par malheur il lui fallait faire de longs trajets dans des voitures mal suspendues, par des chemins à peine ouverts, avec une température parfois désagréable. Le curé ne se plaignit pas, mais il demanda une paroisse moins étendue et moins populeuse. Il eut l'Ile aux Coudres. C'était bien l'idéal de la paroisse aux humbles proportions, habitée par une population morale, dévouée au clergé, ignorant le luxe et le superflu. Le nouveau curé y eût certainement goûté les plaisirs avant-coureurs des joies du paradis, s'il eut joui d'une bonne santé. Mais, ici comme à Saint-François et à Montréal, la maladie le harcelait, sans lui donner de lasse. Deux ans après son arrivée à l'Ile aux Coudres, M. Robin s'éteignait doucement, après avoir reçu les derniers secours religieux de l'abbé Marcheteau, curé des Eboulements. Le même présida à ses funérailles.


M. le grand vicaire Mailloux rapporte un trait assez curieux de ce prêtre, dont le caractère était devenu, à la longue, quelque peu aigri par les souffrances corporelles. Quand il avait béni un mariage, il ne manquait jamais de dire au nouveau marié d'un ton un peu rude : "Donne-moi six francs ; prends ta bête et va-t-en". C'était parler assez crûment ; l'impression qu'en devaient remporter avec eux les conjoints ne pouvait lui être bien favorable.
M. Mailloux rapporte encore, d'après une tradition, que M. Robin reçut un jour la visite d'un de ses paroissiens, qui lui dit pour premier bonjour : "M. le curé, je viens parler latin avec vous". Or, cet homme était illettré et encore moins linguiste. "Qu'est-ce que tu connais en latin ?" lui dit le prêtre, plus vexé que surpris. - "Dieu, ça se dit Deus en latin, et le Seigneur se dit Dominus, n'est-ce pas vrai ? - "Oui, c'est vrai, et puis continue ?" dit le curé. - "Je n'en sais pas plus long, répartit l'autre, mais c'est assez pour vous prouver que je puis parler en latin". Là-dessus M. Robin prit son homme par le bras et le congédia sans cérémonie, en lui conseillant de ne plus se montrer devant lui.
M. Robin était sorti de l'Institut de Saint-Sulpice le 28 septembre 1798, au moment même où il allait prendre possession de la cure de St-François.

Extrait
Les ecclésiastiques et les royalistes français réfugiés au Canada à l'époque de la révolution (1791-1802)
par Narcisse-Eutrope Dionne
Québec 1905

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