Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
28 novembre 2013

SAINT-HILAIRE-DE-MORTAGNE (85) - LE PRÉ DU MASSACRE

Pré du massacre St-Hilaire-de-Mortagne



"La ville, entourée de quelques murailles assez mal construites, n'était défendue que par une faible garnison d'environ 500 hommes, composée de débris du 77e régiment d'infanterie, ainsi que d'une compagnie du 72e (ces deux corps habillés de blanc), et du troisième bataillon de l'Orne, réduit de plus des deux tiers par les maladies et les combats. Le commandant de la place était M. de Fouquerolle, ancien colonel du 77e régiment, vieil officier de l'ancienne armée, gentilhomme et plein de droiture et d'humanité. Ses sentiments étaient loin d'être favorables au républicanisme. M. Lenormand commandait le bataillon, et M. Kepler la compagnie du 72e. Tous ces officiers supérieurs étaient d'une bravoure éprouvée et servaient à regret, ainsi que leurs subordonnés, un ordre de choses qui répugnait à leurs principes et à leurs sentiments. ...
Ces officiers servaient à regret un gouvernement qu'ils détestaient et obéissaient avec une grande répugnance à des généraux qu'ils dénoncèrent comme des brigands infames, ennemis de la France, dont les crimes perpétuaient la guerre à leur seul profit. ...
Il sortait souvent de Mortagne des détachements de quelques centaines d'hommes qui allaient à la campagne chercher des vivres et des fourrages ; car isolée dans un pays armé et privée de toute communication avec le reste de la France, la garnison manquait de munitions de bouche et de guerre.
Instruits de cette pénurie, les Vendéens venaient souvent lui donner des alertes ; quelques cavaliers venaient caracoler à la vue de la ville ; des fantassins paraissaient tout à coup avec un drapeau blanc sur les hauteurs de la Sèvre, lâchaient des coups de fusil et se retiraient ensuite. ...
Vers la fin de mars 1794 (23 mars 1794), on fit sortir un détachement de cent cinquante hommes, pris dans les différents corps de la garnison, auxquels on joignit quelques habitants de Mortagne (trente à quarante). Commandé par Kepler, il se dirigea sur le Puy-Saint-Bonnet et avait ordre d'amener des vivres et des fourrages. Il parvint à se procurer deux charretées de farines et les conduisait à Mortagne, lorsqu'il fut attaqué par les Vendéens au nombre d'environ 6.000 hommes.
Officier très brave et expérimenté, commandant à des soldats éprouvés, Kepler range sa petite troupe en bataille, fait face de toutes parts et, parvenu à se dégager, dirige son convoi vers la ville.

CroixBouchèreIGN

CroixBouchèreCadas2


Une demi-heure après, il est encore attaqué par une armée plus aguerrie et plus nombreuse encore que la première, en un lieu nommé la Belle-Croix. Il aurait sauvé tous ses hommes s'il eût voulu abandonner ses charrettes ; mais il voulait les conserver, et il se battit encore avec le même courage. La première troupe qu'il avait combattue était celle de M. de Sapinaud, qui avait passé par Saint-Hilaire, la deuxième était commandée par M. de Marigny, qui venait de Châtillon. Ces deux colonnes devaient se réunir sous les murs de Mortagne à celle de Stofflet et donner un assaut général. A force de bravoure, Kepler parvient encore à se dégager, mais à peine avait-il repris le chemin de Mortagne où il voulait rentrer, qu'une armée plus formidable encore vient l'attaquer pour la troisième fois. C'était Stofflet, qui venait de Cholet pour coopérer au siège et qui amenait avec lui dix mille hommes.
Affaibli par les premiers combats, cerné de toutes parts, le détachement résiste encore ; mais il succombe bientôt sous le nombre. Kepler tombe un des premiers, et, après sa mort, tous ses soldats se font tuer. Il ne s'échappa que trois hommes de ce faible détachement, digne par sa discipline et par son courage d'un meilleur sort. Un de ces trois hommes fut Laurentin, décédé maçon à Cholet. ..."

Extrait : Mémoires d'un père à ses enfants :
Une famille vendéenne pendant la grande guerre (1793 - 1795)
Boutillier de Saint-André
éd. abbé Eugène Bossard
Paris : E. Plon, 1896

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité