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La Maraîchine Normande
17 juillet 2013

CHAVAGNES-EN-PAILLERS (85) ♣ LE VÉNÉRABLE LOUIS-MARIE BAUDOUIN

LE VÉNÉRABLE LOUIS-MARIE BAUDOUIN
(1765-1835)

Le Vénérable Louis-Marie Baudouin 3


Le 12 février dernier, dans la chapelle de la Maison-Mère des Ursulines de Jésus, à Chavagnes-en-Paillers où se déroulaient les magnificences d'un office pontifical célébré par Son Excellence Mgr Garnier, évêque de Luçon, de nombreux prêtres étaient réunis pour commémorer devant son tombeau, le centenaire de la mort d'un grand serviteur de Dieu, le Vénérable Louis-Marie Baudouin.

Il naquit à Montaigu (Vendée), le 2 août 1765, d'une modeste famille de journaliers. Ordonné  prêtre à Saint-Malo en 1789, puis vicaire de son frère à Luçon, il est le premier prêtre vendéen emprisonné pour la foi. Exilé en Espagne en 1792, il en revient cinq ans plus tard, mais doit attendre encore deux ans dans une cachette, aux Sables, l'avènement du Premier Consul et la paix religieuse.

Ses loisirs forcés d'Espagne, il les a consacrés à l'étude et à la prière ; aussi la situation nouvelle ne le prend-elle pas au dépourvu. Si rien, à l'exception de sa modestie et de sa piété, ne le distingue encore, déjà pourtant, il a pris conscience, à un rare degré, des lourdes tâches qui attendent le clergé dans ce monde déchristianisé. Seuls, des prêtres saints, héroïques, zélés, désintéressés, passionnés d'amour pour Jésus et pour son règne, sauront ranimer la foi qui sommeille sous la cendre refroidie de l'indifférence. Or, il ne voit pas de meilleur moyen pour faire des saints capables de réformer une église diocésaine qu'une Société de prêtres religieux.
De plus, pour mettre au foyer une mère chrétienne collaborant à l'action du prêtre, il faut reprendre l'oeuvre de l'enseignement emportée par la tourmente, et la développer en la confiant, non plus comme il arrivait souvent autrefois, à un personnel d'occasion, mais à des religieuses enseignantes.

Ces oeuvres nécessaires, le Père Baudouin va les commencer tout de suite.

A la Jonchère d'abord, chargé d'une dizaine de paroisses, et l'année suivante à Chavagnes, il se donne fort entier, avec un succès merveilleux, à l'apostolat paroissial.

Or, deux jeunes gens l'avaient suivi de la Jonchère à Chavagnes et continuaient leurs études sous sa direction. Quelques autres des environs se joignent à eux. Le bruit de l'évènement se répand. Et bientôt, de toute la Vendée accourent à Chavagnes les aspirants au sacerdoce. Avant même qu'on y ait songé, un Séminaire se trouve fondé - le premier en France après la Révolution, au témoignage de Portalis, ministre des Cultes de Napoléon Ier.

Voici dont le curé de Chavagnes improvisé professeur et supérieur de Séminaire, Mgr de Mandoix, évêque de la Rochelle, trouvant la chose de son goût, des collaborateurs arrivent à Chavagnes. Mais le curé n'a de locaux ni pour les professeurs, ni pour les élèves ; il achète et bâtit. En attendant, tout ce monde trouve vivres et couvert dans le bourg. Mais la tâche est immense ; former les nouveaux professeurs et diriger les études, faire des règlements et les appliquer, assurer la formation morale des élèves, contrôler les vocations, écarter ceux qui se présentent par les dispositions suffisantes, apaiser les querelles, recevoir les plaintes des mécontents, y faire droit ou les calmer, bref, établir la discipline, l'ordre et la paix entre plusieurs centaines de jeunes gens dont quelques-uns sont encore des enfants et dont les autres ont passé la trentaine. Charge d'autant plus lourde que le succès de l'établissement exige bientôt la fondation d'un Grand Séminaire et la création de cours nouveaux pour l'enseignement de la Philosophie, de la Théologie et de l'Ecriture sainte.

Mais les exigences de cette oeuvre imprévue lui fournissent les moyens de réaliser ses dessins. Pour former ses professeurs, la Règle des Enfants de Marie est toute prête. Il institue, avec la permission de son Evêque, un Noviciat au  Séminaire même, et voici la Société de prêtres religieux fondée.

D'autre part dès 1802, Mlle Charlotte Ranfray, en religion Mère Saint-Benoît, répondant à l'appel du Père avait ouvert une école de filles à Chavagnes, dans une maison à demi ruinée, dont la toiture laissait voir les étoiles. Arrivent des postulantes, et peu à peu une nouvelle famille grandit, dont le Père Baudouin doit aussi assurer la direction spirituelle et même temporelle, composer la Règle, et à partir de 1804, organiser les fondations qui se multiplient.

Ainsi, chaque jour, loin de diminuer le fardeau, apporte une tâche nouvelle et un souci imprévu. Mais M. Baudouin, toujours égal à lui-même, doux et bon, calme et réfléchi, suffit à tout, se donne à chaque devoir comme s'il n'avait que celui-là.

En 1809, passe Napoléon, revenant d'Espagne. Le Père Baudouin présente ses élèves à l'auteur du Concordat. Mais les cent mille francs promis pour reconstruire le Séminaire se transformèrent, trois ans plus tard, en un décret ordonnant le transfert du Grand Séminaire à la Rochelle, et du Petit à St-Jean-d'Angély.

A la Rochelle, le Père Baudouin ajoute encore à ses occupations, la charge de vicaire général et une part active dans l'administration de ce grand diocèse.

Durant l'année 1818, commença ce qu'on peut appeler la vie douloureuse du V.P. Baudouin. Une dénonciation calomnieuse émanant de l'un de ses enfants préférés, surprend la bonne foi de l'évêque qui dissout immédiatement la Société des Prêtres. Une crise de mysticisme, qui dans les premières années de la Restauration sévissait un peu partout, atteint Chavagnes. Mgr Paillau en rend le P. Baudouin responsable, lui ôte la supériorité de deux communautés religieuses de la Rochelle et ne lui laisse que celle de Chavagnes - après toutefois lui avoir interdit d'y mettre les pieds - que parce que nul autre prêtre ne s'en veut charger.

Rentré à Luçon en 1821, il voit le nouvel évêque modifier de fond en comble sa Congrégation de religieuses et faire tous ses efforts pour en transporter la Maison-Mère dans la ville épiscopale. De tout cela, le Père Baudouin souffre en silence. D'ailleurs, sa santé très précaire et sa conscience alarmée du choix de certains candidats au sacerdoce le décident à présenter sa démission de Supérieur du Grand Séminaire. Il eût été heureux de se retirer à Chavagnes ; il dut en attendre trois ans l'autorisation.

Ces épreuves ne furent pas inutiles, car elles servirent non pas à former, mais à manifester les vertus de M. Baudouin. Durant les vingt dernières années de sa vie, jamais une plainte ne sortit de sa bouche, jamais un mot de rancune ou même de simple désapprobation, pouvant laisser soupçonner un désaccord entre lui et son évêque, ne tomba de sa plume. On eut dit, tant il entrait dans les vues de ses Supérieurs, et s'employait à les exécuter et à les faire réussir, qu'il avait lui-même conseillé des mesures dont il avait le coeur profondément déchiré et meurtri.

Sans être un érudit, le P. Baudouin n'en était pas moins un prêtre instruit ; d'excellentes études, reprises durant l'exil, et une expérience très avertie lui permirent toujours d'être à la hauteur des diverses situations qu'il occupa. Mais les dons du coeur surtout brillaient chez lui, et cette bonté parfaite qui rappelait presque malgré soi la douce figure de l'évêque de Genève.

Bon, il l'était naturellement, mais par amour pour Notre Seigneur Jésus-Christ, il avait fait de cette vertu son application constante. Aussi donnait-il à tous l'amour vrai qui est charité et don de soi, mais un don fait d'humilité, d'abnégation, de renoncement, de dévouement. Cette bonté, il la donnait sans marchander, sans tricherie, oserais-je dire, aux pauvres, aux oubliés, aux déshérités, à ceux qui ne sont pas intéressants et que personne n'aime, et d'un autre côté, il la donnait aussi sans la moindre jalousie, à ses supérieurs et à ceux qui réussissaient mieux que lui. Et tous, il les aimait avec délicatesse, respect et courtoisie, sans nulle attente égoïste.

Aussi lorsque la mort vint le surprendre, le 12 février 1835, ses oeuvres pouvaient-elles témoigner de la fécondité de sa vie : du Séminaire durant vingt ans durant, il avait été l'âme, de nombreux apôtres étaient sortis ; trente-deux établissements d'Ursulines de Jésus étaient en pleine prospérité, et une nouvelle Société de prêtres religieux s'était formée autour de lui.

Après sa mort, le souvenir pieux de ses enfants, de ses obligés et de tous ceux qui sollicitaient son intercession, veilla sur son tombeau. Aussi, dès 1861, s'ouvrait à Luçon le procès de l'Ordinaire sur la réputation de sainteté du P. Baudouin, et en 1871, le Pape Pie IX le proclamait "Vénérable".

Joseph RONIN
Revue du Bas-Poitou
1935 - 1ère livraison

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