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La Maraîchine Normande
11 septembre 2012

Lettre des généraux de brigade HAXO et DUTRUY

ETAT-MAJOR

Au quartier général, de la Garnache, le 11e frimaire,

année 2e de la République (1)

Les généraux de brigade HAXO et DUTRUY

au Ministre de la guerre

J'avais été chargé, citoyen ministre, par l'arrêté pris en conseil de guerre à Angers, de me concerter avec les généraux Duval et Dutruy pour attaquer et battre Charette partout où je le trouverais et de le poursuivre jusque dans l'île de Noirmoutier.

Pour remplir cette mission, le général Dutruy et moi avions arrêté un plan de campagne qui doit t'être parvenu par Robert, chef de l'état-major ; pour l'exécuter, j'ai fait sortir de Nantes les premières troupes le 1er frimaire, j'en suis parti le lendemain avec le reste. Nous avons marché sur trois points, et après avoir rempli toutes les dispositions du plan, nous nous sommes joints à Machecoul.

De son côté, le général Dutruy est sorti aussi le même jour des Sables, avec les troupes disponibles ; il a également exécuté le plan pour ce qui le concernait.

Après cinq victoires qui ont coûté à l'ennemi au moins quinze cents hommes, les deux quartiers généraux se sont réunis à Machecoul.

Nous sommes en ce moment entre Challans et Beauvoir, tous les postes sont occupés, il ne reste à l'ennemi que huit lieues de terrain dans les marais où nous le tenons cerné.

Nous allions poursuivre le fil de nos opérations lorsque le général en chef Rossignol et Carrier, représentants du peuple à Nantes, nous ont ordonné de les suspendre pour nous tenir à portée de secours à la ville de Nantes dans le cas où l'armée des rebelles d'Outre-Loire voudrait s'emparer de cette place.

Noirmoutier allait se trouver bientôt bloqué et attaqué tant par terre que par mer ; un heureux concert dans les opérations, la confiance des troupes dans leurs chefs, leur subordination et résignation, malgré la rigueur des temps, bivoaquant (sic) sans cesse, la terreur répandue chez l'ennemi, tout semblait nous présager de continuels succès ! Mais si je suis forcé de me replier, peut-être bientôt concourra-t-il à faire échouer le plan que nous avions déjà exécuté en majeure partie.

Les généraux de brigade

HAXO, DUTRUY

(1) 1er décembre 1793. Cette lettre avait d'abord été écrite au nom du général Haxo seul, et probablement par lui-même. Ce n'est qu'après coup et avec une encre différente qu'on en a changé l'intitulé : c'est ce qui explique les incorrections qu'elle contient.

Le but était donc de s'emparer de Noirmoutier, et lorsqu'on voit les horribles massacres qui eurent lieu dans l'île au mois de janvier suivant, on est en droit véritablement de regretter l'ordre qui suspendit la marche de Haxo. Très probablement, certainement même, si l'armée combinée de Haxo et de Dutruy eût continué sa marche, elle serait arrivée devant Noirmoutier et s'en serait emparée à la fin d'octobre, ou du moins l'aurait investi de telle façon, du côté de la terre ferme, que la pensée n'eût pu venir à Charette d'y conduire d'Elbée. Le malheureux généralissime, sa femme, ses officiers auraient échappé au massacre et trouvé peut-être ailleurs un asile plus certain. Peut-être même, un certain nombre de prêtres, de vieillards réfugiés dans l'île eussent-ils pu s'échapper par mer.

Mais cet arrêt dans la marche en avant donna à Charette l'illusion que Noirmoutier était inexpugnable ! On sais ce qu'il advint ...

Revue du Bas-Poitou

1892 (4e livraison)

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