LA MORT DE D'ELBEE ♣ UN TEMOIN MUET ♣ LE FAUTEUIL

... Un témoin muet mais qui ne saurait cependant être négligé, et qui n'est pas le moins éloquent dans son mutisme ; le fauteuil lui-même dans lequel la tradition veut que le généralissime ait rendu réellement le dernier soupir.

Abandonné sur la place après l'exécution, ce fauteuil provenait de l'hôtel Jacobsen et appartenait en propre à Mme Doré, fut recueilli au bout de plusieurs jours par un marin de Banzeau qui refusa longtemps de s'en séparer et ne le remit à M. Jacobsen qu'au moment de mourir. Des mains de M. Jacobsen, il passa à son fils Armand, curé de Mallièvre. Celui-ci le légua par testament à son confrère l'abbé Bréau, curé des Epesses, lequel s'en dessaisit enfin, en 1882, au profit du marquis d'Elbée, dans la famille duquel il est pieusement conservé depuis lors.

l'hôtel Jacobsen

"Le fût est en bois de chêne, écrivait le marquis d'Elbée au docteur Viaud Grand-Marais en 1887, et ne paraît pas avoir été jamais peint ; il est patiné et de couleur foncée ... L'étoffe est en velours rouge frappé à fleurs et en assez mauvais état de conservation. Le dossier est percé à droite de trois balles qui ont traversé le corps du Vendéen. On voit de ce côté, ainsi que sur le coussin, de larges traces de sang, plus visibles encore sur le dessous du coussin qui en a été complètement imprégné.

"La piété des Vendéens qui, lorsque le fauteuil se trouvait chez M. l'abbé Bréau, le venaient visiter et emportaient quelque morceau d'étoffe ou des touffes de crin a quelque peu délabré le dossier. Il ne faut pas s'en plaindre, ces manifestations rendent cette relique plus touchante encore. Elle est vénérée dans ma maison avec le respect dû à un grand souvenir" (Marquis d'Elbée)

Notules Noirmoutrines

Archives départementales de Vendée