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La Maraîchine Normande
14 juin 2012

LES CHOUANS A LYRE (27)

Les chouans à Lyre (27)

 

 

 

Un matin du mois de février 1797, le paisible hameau de Cernay, près de Bois-Anzeray, est réveillé par l'arrivée d'une importante troupe : six hommes d'infanterie et huit cavaliers, l'ensemble commandé par le lieutenant du 22e régiment de cavalerie. Les soldats s'emparent de deux jeunes habitants, cachés dans un bâtiment. Auguste Gonce, 22 ans et Louis Guigne, 33 ans, sont emmenés à la Neuve-Lyre. Ils doivent y répondre d'actes de chouannerie devant le juge de paix.

La Chouannerie est une révolte contre la Révolution, qui embrasa l'ouest de la France. La Bretagne, la Vendée furent particulièrement touchées mais la rébellion gagna aussi quelques parties de la Normandie. Les Chouans étaient essentiellement des paysans. Conscients de leur faiblesse face aux Armées de la République Française, ils évitaient au possible les batailles et préféraient agir en petites bandes pratiquant la guérilla.

Arrivés sur la place de Lyre, les deux habitants de Cernay sont présentés devant le juge de paix. Ce dernier leur explique qu'ils ont été reconnus lors des incidents qui se sont produits à la Neuve-Lyre quatre jours plus tôt. Auguste Gonce et Louis Guigne se défendent d'être des Chouans et expliquent ce qui s'est réellement passé.

Auguste parle le premier. Il raconte qu'il y a cinq jours, alors que le jour n'est pas encore levé, il est réveillé chez lui à Cernay par des cris. Des chouans se répandent autour de sa maison et clament « Vive le roi ! ». Ce sont des chouans. Prêt à s’enfuir, le jeune homme est arrêté dans sa cour par quatre ou cinq individus armés de fusil à baïonnette. Ils le tiennent et le forcent à crier « Vive le roi » puis l’emmènent chez le citoyen Toutin, fermier au hameau des Heaumes à la Vieille-Lyre. Deux autres habitants de Cernay, dont Louis Guigne, sont forcés eux aussi de suivre. Aux Heaumes, ils sont armés de fusils ainsi que deux journaliers de la ferme. La petite bande se rend au château de la Noë près de la Barre-en-Ouche ; il est sept heures du matin. Là-bas une quinzaine d'individus est déjà  rassemblée. Les Chouans se rafraîchissent avant de passer à l'action.

L'action, c'est pour l'après-midi. La bande envahit le bourg de la Barre-en-Ouche. Ils s'emparent des armes de quelques habitants puis coupent les arbres de la liberté. Ces arbres avaient été plantés au début de la Révolution pour fêter la chute de l'Ancien Régime. A défaut de s'attaquer véritablement aux hommes, les Chouans s'en prennent donc à des symboles. La troupe passe ensuite au Bosc-Renoult et à Rubremont. D’autres citoyens sont emmenés, plus ou moins de force. Au soir, ils arrivent à la ferme des Noës près de la Neuve-Lyre. Cette ferme (aujourd'hui propriété de M. et Mme Gerlach) est à cette époque totalement cernée par la forêt. Elle constitue donc une cachette idéale. Les deux compères Auguste et Louis passent la nuit là-bas. Ils dorment précisément dans un grenier ... dont l’échelle a été  retirée pour éviter qu’ils se sauvent.

Le lendemain, les Chouans se mettent en marche. Ils sont environ 50 et pénètrent sur la place de la Neuve-Lyre. Là comme à la Barre, ils désarment quelques citoyens et coupent les arbres de la liberté. Les Lyrois restent inertes face à une telle troupe armée et vocifératrice. Puis direction la Vieille-Lyre où rebelotte, l'arbre de la Liberté tombe sous les coups de hache. Après ces méfaits, les chouans  retournent à la ferme des Noës où ils se désaltèrent. Le soir, ils s'enfoncent dans la forêt de Breteuil. Auguste et Louis ainsi que deux autres compagnons  profitent de la nuit (et probablement de l'ivresse de certains chouans) pour s’enfuir. Grâce aux étoiles, ils parviennent à trouver leur chemin à travers les bois. Les quatre fuyards se réfugient au moulin de Chalet. Le meunier les accueille et leur offre à souper après cette folle journée. La cheminée brûle. Auguste et ses compagnons jettent au feu leur cocarde blanche (la cocarde des royalistes par opposition à la cocarde tricolore). De retour à Cernay, ils ne rentrent pas dans leur maison. Ils préfèrent se cacher dans un bâtiment agricole de peur que les chouans reviennent à nouveau les chercher.

A écouter le récit d'Auguste Gonce et de Louis Guigne, il semble que les deux jeunes gens ont été forcés à participer aux actes de chouannerie. Il n'est pas sûr qu'ils adhéraient vraiment aux idées politiques des Chouans. En tout cas, cette épisode montre que la Révolution ne se déroula pas tranquillement en pays d'Ouche et qu'elle suscita des oppositions.

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