FRANCOIS CROCHET ET LOUIS DE LA ROCHEJAQUELEIN

Le 13 juillet (1921), on transportait dans le nouveau cimetière le corps de François Crochet. Nul n'ignore, à Saint-Jean-de-Monts, l'histoire de ce vieux soldat royaliste.

En 1815, Napoléon, échappé d'un exil de 11 mois à l'île d'Elbe ressaisit le sceptre impérial. Il n'est pas encore aux yeux des Vendéens le héros légendaire immortalisé depuis par la peinture et la poésie, mais un officier ambitieux qui a vaincu l'Europe, qui à son tour a été écrasé par elle, en achetant sa gloire avec bien du sang français.

Les Vendéens regardent Bonaparte comme "l'usurpateur", "l'ennemi". Ils veulent une fois encore sacrifier leur repos, leur fortune et leur vie, en donnant une leçon de fidélité et de vaillance à ceux qui par trahison ou lâcheté ont abandonné Louis XVIII. Ils se soulèvent.

Le généralissime qu'ils choisissent, c'est un capitaine des grenadiers de la maison du roi, Louis de la Rochejaquelein, le frère d'Henri, celui qui, pendant la Révolution, avait cette fière devise "si j'avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi".

Après différents engagements tantôt favorables, tantôt défavorables, le chef vendéen se dirige vers Sainte-Croix-de-Vie chercher des armes et des munitions. Il rencontre les troupes bonapartistes du général Estève qui vont de Riez au Perrier. Il leur barre la route ; il les accule aux Mathes, il est vainqueur. Tout à coup les Vendéens sont saisis de panique et se débandent en criant : "Nous sommes perdus" ! Louis de la Rochejaquelein, resté seul avec quelques paysans, réussit à rallier les fuyards ; et quand les maraîchins reviennent, il leur fait signe en agitant son chapeau à la pointe de son épée. Mais il est près de l'ennemi ; on le reconnaît, on dirige le feu sur lui, une balle lui fait une blessure mortelle. Le généralissime Vendéen tombe à la renverse dans les bras de François Crochet. Cette scène a été reproduite sur le monument funéraire sculpté en 1883 par M. Renaud, de Luçon.

François Crochet est mort en décembre 1880, âgé de 85 ans. Il ne s'agissait pas d'organiser à l'occasion du transfert de son corps, le 13 juillet dernier, une manifestation royaliste, mais, pour un jour, les cendres du vieux chouan auraient pu être un signe de ralliement pour les âmes capables d'avoir de fortes convictions et de les faire passer dans leur vie. On aurait pu apporter un témoignage d'admiration à un patriote, à celui que les récits du pays disent avoir été un soldat brave et loyal. En effet, François Crochet, en 1815, défendait son roi contre celui que les Vendéens appelaient un usurpateur, comme il aurait combattu en 1914 contre les agresseurs de la France.

Sachons voir, au delà des partis qui divisent et qui passent, les grandes idées qui rapprochent les âmes et qui sont immortelles.

Bulletin Paroissial - Saint-Jean-de-Monts - 1921 - p. 3-4-5

"Avec une incroyable liberté d'esprit, le vieux chouan dicta ses dernières volontés, il fit apporter son cercueil et ordonna qu'on y mit avec lui, son fusil, sa poire à poudre et ses balles ; puis il attendit la mort et sa vie s'exhala dans ce dernier cri : Y va-t-au bon Dieu, vive le Roi !"

Bulletin Paroissial - Saint-Jean-de-Monts - 1920

Comments

[Duck]

Une pensée pour son âme. Vendéen plutôt que Chouan.

Se battre pour son roi est une noble action, même si ce roi n'était plus légitime.

[jdurand17]

Mon épouse est dépendante des arrière grands-parents de François Crochet, c'est à dire descendante du couple Pierre Crochet / Andrée Roulleau.

[Shenandoah Davis]

Merci Nicolas. Dommage pour moi, je reviens de Challans aujourd'hui même ; si j'avais su, j'aurais fait un "crochet" par St-Jean.

[Nicolas Delahaye]

Un bas-relief ornant sa tombe dans le cimetière de Saint-Jean-de-Monts a illustré la couverture de la Revue du Le Souvenir Vendéen n°259 :

http://guerredevendee.canalblog.com/archives/2012/08/12/24881398.html