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La Maraîchine Normande
19 avril 2012

DEUX VICTIMES DE LA REVOLUTION A LOGE-FOUGEREUSE

 

Loge Fougereuse

 

Sur la route qui conduit de Saint-Maurice-des-Noues à Loge-Fougereuse, on rencontre, au village de la Gestière, une vieille maison. Cet antique manoir mérite le respect des voyageurs chrétiens, car il rappelle de bien pieux souvenirs.

Cette maison est, de temps immémorial, la propriété de la famille Texier, si aimablement représentée à la Gestière et à la Girardie. Elle était habitée, au moment de la révolution, par deux soeurs, Marie-Jacquette et Marie-Rose Texier, alors âgées d'une quarantaine d'années. Excellentes chrétiennes, elles se plaisaient dans la solitude, et, sans avoir recherché la gloire ou la renommée, il se trouve que, par leur conduite héroïque, elles méritent une place de choix dans notre Martyrologe vendéen.

Quand elles virent les églises incendiées, les tabernacles détruits, les prêtres guillotinés, elles résolurent de se dévouer, même au risque de perdre la vie, pour sauver quelques victimes pourchassées par les révolutionnaires. Un jour, elles rencontrent deux pauvres prêtres, dont la tête était mise à prix. Sans hésiter, elles ouvrent leur porte hospitalière et, pendant quelque temps, elles eurent la consolation d'entendre la sainte messe et de recevoir les sacrements de l'Eglise.

Un autel fut dressé dans le principal appartement de leur habitation et, deux fois par jour, la divine victime fut offerte, en présence d'un grand nombre de personnes qui acceptaient, comme une faveur d'autant plus précieuse qu'elle devenait plus rare, d'assister aux augustes mystères de la religion catholique. La chambre, ainsi sanctifiée par la présence du Dieu de l'Eucharistie, existe encore telle qu'elle était à cette époque.

Malheureusement, la maison de la Gestière était suspecte à certains yeux, et souvent les soldats venaient y opérer des perquisitions. A la moindre alerte, les prêtres se réfugiaient dans une cachette pratiquée sous l'escalier. Une fois, par suite d'un incident, ils faillirent être découverts, mais ils furent sauvés par le sang-froid de Marie-Rose Texier.

C'était par une très sombre nuit : tous les habitants de la maison étaient réunis autour du foyer, attendant l'heure du repos. Tout-à-coup, on annonce l'arrivée des soldats : les deux prêtres n'eurent que le temps de gagner leur réduit, mais, dans sa précipitation, l'un d'eux perd sa chaussure qui reste prise entre le plancher et la trappe fermant la cachette. Marie-Rose s'en aperçoit au premier coup d'oeil, et sans perdre sa présence d'esprit, elle prend un flambeau, passe devant les soldats, monte quelques marches de l'escalier, pose adroitement le pied sur la malencontreuse chaussure et invite les émissaires de la révolution à passer devant elle, pour opérer leur ignoble besogne. Les confesseurs de la foi furent sauvés.

Plusieurs mois s'écoulèrent ainsi dans les inquiétudes les plus poignantes, jusqu'au jour néfaste où, par suite d'une délation plus précise, les deux ministres du Seigneur furent surpris, conduits à Nantes et exécutés par ordre de l'infâme Carrier.

La famille Texier courut alors, on le comprend, les plus grands dangers. La suspicion, c'était l'arrestation immédiate, et l'arrestation, c'était la mort à brève échéance. Nos deux héroïnes se sacrifièrent pour leurs parents. Avec une énergie admirable, elles s'avouèrent coupables et réclamèrent, pour elles seules, une responsabilité qu'on voulait étendre à tous. Leurs désirs furent exaucés : la famille fut épargnée, mais pour elles, on les jeta dans les prisons de Fontenay où elles rencontrèrent un grand nombre d'infortunés, attendant l'heure de la mort, au milieu des angoisses et des privations les plus atroces.

Marie-Jacquette, dont la santé était très délicate, ne put subir longtemps de si épouvantables souffrances et elle mourut, dans les bras de sa soeur, avec une résignation vraiment chrétienne. Quelques jours après, Marie-Rose comparaissait devant la Commission militaire. L'accusateur public lui reprocha d'avoir recélé des brigands et de leur avoir fourni des vivres, crime prévu par la loi révolutionnaire et puni par la mort. Le 26 février 1794, la douce victime gravit les degrés de l'échafaud, en priant pour sa famille qu'elle sauvait du trépas, et sa tête tomba sous le couperet de la guillotine. Elle mourait, comme sa soeur, martyre de sa foi et de son amour filial.


LA VENDÉE HISTORIQUE
 1900

Marie Jacquette Texier

Marie Rose Texier

 

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Commentaires
F
merci beaucoup, chers amis, pour ce sprecisions!<br /> <br /> <br /> <br /> merci, cher loup d'apporter de sprecisions, sur ce que vous supputez: c'est toujours passinnant et eclairant que de decouvrir les cousinages!
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L
Il aurait été bon de savoir si ces Texier étaient parents de ceux du château de la Motte en la Meilleraie-Tillay. Cette famille, d'abord protestante, puis convertie au catholicisme, donnera la branche des fameux "Texier de Courlay", défenseurs incontournables de la religion et du Roi pendant les Guerres de Vendée et qui depuis sont parmi les gardiens de la "Petite Eglise".<br /> <br /> http://chemins-secrets.eklablog.com/la-meilleraie-et-tillay-dans-les-brumes-du-passe-a3379264
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S
Bonsoir François,<br /> <br /> Je n'avais aucune information sur Jacquette et Marie-Rose ; j'ai tout d'abord cherché, de nouveau, dans les registres paroissiaux de Loge-Fougereuse mais sans succès, aucun Texier dans cette paroisse. Alors j'ai feuilleté ceux de Saint-Maurice-des-Noues et je pense avoir trouvé ce qui vous intéresse, à savoir :<br /> <br /> Marie Rose Jacquette Texier - née et baptisée le 7 avril 1750<br /> <br /> Marie Jacquette Texier - née et baptisée le 7 octobre 1751.<br /> <br /> Elles sont filles de Messire René Texier et de dame Marie Jeanne Guillemet. ♣
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F
mais savez vous - du moins - leur date d e naissance et leurs parents?
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S
Bonjour François et merci pour votre passage sur mes pages.<br /> <br /> Je n'ai hélas pas d'autres informations sur Loge-Fougereuse ; j'ai néanmoins parcouru les registres paroissiaux qui ne m'ont, hélas, donné aucune indication pouvant vous aider.
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La Maraîchine Normande
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