ABBEVILLE (80) NANTES (44)- LES BLONDIN D'ÉSIGNY, EXÉCUTÉS A NANTES EN 1794
La famille Blondin, originaire d'Abbeville, a donné à cette ville sous l'ancien régime plusieurs juges, des marchands. Un de ses représentants, Jacques Blondin, bourgeois et marchand à Abbeville fit enregistrer son blason à l'Armorial général de 1696 : d'or à un cerf de sable.
Maître François Blondin ou Blondin de Belesmes, sieur de Brutelette, qualifié écuyer dans plusieurs actes, fut sous Louis XV, conseiller en la sénéchaussée de Ponthieu et subdélégué de l'intendant.
De son mariage avec Marie-Catherine Le Fuzelier, (unis à Abbeville, paroisse de St-Vulfran-de-la-Chaussée, le 29 avril 1719), morte veuve en 1762, il laissa plusieurs enfants, dont : Gabriel-Isidore-Mathieu, Gabriel-Augustin et Charles-Willebrode.
GABRIEL-ISIDORE-MATHIEU BLONDIN D'ÉSIGNY
Gabriel-Isidore-Mathieu est né à Abbeville (80), paroisse Saint-Georges, le 21 septembre 1734.
Capitaine de Cavalerie, Chevalier de Saint-Louis, Gendarme de la Garde du Roi et Commensal de la maison du Roi, il fut anobli en 1789.
Quelques années avant la Révolution, il achète le château de la Varenne, en Mésanger. Dès août 1790, il se querelle avec sa voisine, la châtelaine de la Quetraye, Madame Brindeau (1). Cette dernière, acquise aux idées nouvelles, vit en bonne intelligence avec les habitants et la municipalité de Mésanger.
Blessé de se voir refuser le droit d'installer à l'église un siège distinctif, d'Esigny dénonce au Directoire d'Ancenis, les privilèges que Madame Brindeau a conservés lors de la célébration du culte, notamment des bancs armoriés, une entrée et une chapelle personnelles et la présentation prioritaire par le marguillier du pain bénit. Il dénonce également les faveurs consenties par la commune à Madame Brindeau et se heurte avec le procureur de la commune, Mathurin Drouet, ce qui aura des conséquences dramatiques pour lui.
Le Directoire du district, qui comprend encore à cette époque des hommes d'Ancien Régime comme le trésorier Palierne et le docteur Bry, fustige quelque peu la commune et retire ses privilèges à la châtelaine "patriote", à l'exception, provisoirement, de son banc. La modération du District à l'égard de Madame Brindeau a sans doute exaspéré d'Esigny et renforcé son opposition au régime. Il reçoit dans l'hiver 1792-93 des visites d'Ayrault, régisseur du château de Bourmont, en Freigné; ce personnage pourrait avoir été en relation avec la conspiration de La Rouërie. D'Ésigny confie à un métayer "qu'il veut faire changer quelques petites choses" (ADLA L1504).
Le 12 mars 1793, il se garde d'intervenir lors du pillage des maisons républicaines de Mésanger mais se fait opportunément acclamer comme chef de l'armée des révoltés: "Allons, colonel, marchez à notre tête !" (Idem). Cela ne l'empêche pas de garder le souci de sa sécurité personnelle à l'heure du danger. A l'approche d'Ancenis, quand il entend le bruit du canon et des fusils, il laisse là sa garde d'honneur de 400 hommes et s'en retourne en disant: "Que Dieu vous conserve mes amis !" (Idem).
Après l'échec de la première attaque, il rameute ses troupes à partir de Saint-Herblon. Il n'hésite pas à faire diffuser des avis, menaçants ceux qui ne marcheraient pas à nouveau d'être pillés par les bas-bretons (un indice possible de sa collusion avec des conspirateurs de Bretagne). Mais il promet aussi aux éventuels combattants le pillage de la ville à leur profit, après qu'ils l'auront prise.
Il organise le blocus alimentaire d'Ancenis, mais l'arrivée des Nantais l'oblige à lever le camp qu'il avait établi à Juigné. Menacé par ses fermiers de Mésanger et recherché par le District, il passe la Loire pour rejoindre l'armée de Bonchamps.
Plus tard, après la défaite de l'Armée Catholique et Royale, en décembre 1793, d'Ésigny revient très imprudemment se cacher en son château avec sa femme et son fils. Il est dénoncé, par un fermier, Mathurin Drouet qui, le poursuivant de sa haine, le fait arrêter et envoyer à Nantes.
Il est exécuté, ainsi que son fils Charles-Gabriel (23 ans) , sa femme Marie François de La Vieuville (65 ans), le 1er pluviôse an II (20 janvier 1794) sur l'échafaud du Bouffay. Il avait 59 ans.
CHARLES-WILLEBRODE BLONDIN, SIEUR DE BRUTELETTE ET DE ROUGEFOSSE
est né à Abbeville (80), paroisse Saint-Georges, le 11 novembre 1721 ; marié en 1756 avec Marie-Marguerite-Aimée Sannier, fut d'abord conseiller du Roi, procureur en la maréchaussée et juridiction prévotale d'Abbeville, fut pourvu dans la suite de la charge anoblissante de conseiller secrétaire du Roi en la chancellerie près le Parlement de Nancy, la conserva jusqu'à l'époque de la Révolution et mourut à Abbeville, le 7 septembre 1790.
Il laissait six fils : 1° - Charles-Aimé Blondin de Brutelette, né en 1759, conseiller du Roi et lieutenant particulier en la sénéchaussée de Ponthieu, marié à Abbeville, le 19 mai 1799 avec Henriette Descaules ; décédé le 2 décembre 1816 à Abbeville ; 2° Charles-Marie-Robert Blondin de Saint-Hilaire, né en 1760, conseiller du Roi et procureur en la juridiction d'Abbeville, marié le 2 août 1796 avec Thérèse de Lhommel ; décédé à Abbeville le 15 mars 1851 ; 3° François, décédé jeune ; 4° Gabriel-Isidore Blondin d'Abancourt, né à Abbeville le 7 mai 1764, chevalier de Saint-Louis, décédé sans alliance à Abbeville, le 30 janvier 1844 ; 5° Nicolas-Rosalie-Alphonse, prêtre, décédé le 23 novembre 1804 ; 6° Willebrode-Casimir Blondin de Saint-Cyr, né à Abbeville, le 11 octobre 1773 ; marié à Abbeville, le 24 septembre 1806, avec Marguerite-Élisabeth Desprez de Nullemont, remarié à Versailles le 17 octobre 1835 avec Marie-Marguerite-Élisabeth Griffon de Longuerue, officier d'infanterie, décédé sans postérité, le 5 mai 1845.
GABRIEL-AUGUSTIN BLONDIN, SIEUR DE BAZONVILLE, parrain de Gabriel-Isidore-Mathieu, né à Abbeville, le 6 avril 1725 ; capitaine au régiment de Hainault Infanterie ; marié à Abbeville, paroisse St-Vulfran-de-la-Chaussée, le 16 janvier 1764, avec Marie-Charlotte-Rosalie Wignier, demoiselle du Transloy, dont il eut 3 filles ; décédé à Abbeville, le 18 germinal an VII (7 avril 1799), à l'âge de 74 ans.
Née à Nantes, paroisse Notre-Dame, le 28 novembre 1728, Marie François de Lavieuville, veuve de Jacques-Nicolas de Guédeville, écuyer, chevalier seigneur de Morainvalle, capitaine de cavalerie au régiment de Noailles, décédé le 1er septembre 1765, convola à un second mariage en épousant Gabriel-Isidore-Mathieu Blondin d'Ésigny à Mouy (80), en la chapelle du prieuré de Saint-Jean-les-Viviers, le 29 août 1769 (les fiançailles ont été célébrées la veille en l'église d'Heilles (60).
De son premier mariage avec Jacques-Nicolas de Guedeville, Marie eut des jumelles, nées le 10 août 1757, prénommées Marie-Julie-Maure et Marie-Jeanne-Brigitte. Toutes deux sont décédées, la première, le 29 août 1757, et la seconde, le 31 août de la même année. Puis une fille est née et ondoyée le 5 avril 1759, baptisée le 24 décembre 1765 et prénommée Marie-Anne.
De son second mariage avec Blondin d'Ésigny est né à Heilles (60), Charles-Gabriel, le 2 juillet 1770 ; gendarme de la garde, officier dans l'armée vendéenne.
(1) Marie-Rose Le Bouhellec épouse de Pierre Brindeau ; née à Guingamp en 1709, décédée à Nantes en 1800.
Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle - 1905
L'insurrection de mars 1793 en Loire-Inférieure - Association Nantes-Histoire - 1993
La justice révolutionnaire à Nantes et dans la Loire-Inférieure par Alfred Lallié