PARIS (75) - JEAN-BAPTISTE ALDEBERT, CHEF DE BATAILLON (1760 - ?)
Fils d'Antoine, maître d'hôtel, et de Jeanne Colinet, Jean-Baptiste Aldebert est né à Paris, paroisse Saint-Philippe-du-Roule, le 20 décembre 1760.
Jean-Baptiste entra au service dans le régiment de Neustrie de 1777 à 1791, il fait 12 campagnes, 7 de terre et 5 de mer contre les Anglais.
Chef du bataillon des Quatre-Nations de Paris, à la formation, le 25 septembre 1792, il avait été à l'armée du Rhin et avait fait partie de la garnison de Mayence.
Durant le siège, il avait été blessé à l'affaire d'Ocheim. Il reçut une seconde blessure, durant la guerre vendéenne, à l'affaire de Château-Gontier (coup de feu à la jambe gauche).
Son bataillon ayant été fondu dans la 6e demi-brigade d'infanterie légère, il fut laissé par le général Hoche chef de bataillon à la suite. Il alla réclamer à Paris auprès du Directoire exécutif, mais ne put obtenir la place vacante de chef de bataillon dans la 45e demi-brigade.
En l'an VIII, chef de bataillon à la suite de la 6e légère, il fut chargé de conduire des conscrits à Mayence, et la manière dont il les instruisit lui valut d'être chargé du même rôle à la 8e légère.
Mis à la réforme par mesure générale, il accepta le commandement de la 2e compagnie des hommes de couleur, à l'île d'Oléron, d'où il la conduisit à Bayonne, puis à Mantoue, pour être incorporée dans le bataillon des pionniers noirs. Chargé de l'habillement de ce bataillon, il fut dénoncé par le chef, Joseph-Domingue Hercule, comme ayant commis des exactions à l'égard des soldats, et réformé sans traitement, par décret du 5 ventôse an XIII (24 février 1805). Produisant les meilleurs certificats de plusieurs des généraux sous lesquels il avait servi, il prouva qu'il avait été victime de la haine du chef de bataillon. On lui donna le traitement de réforme (24 février 1805).
Il avait dénoncé Kléber et Danican au club des Jacobins à la suite de l'affaire d'Entrammes.
A ce sujet, voici un extrait d'une lettre écrite par le citoyen Aldebert, chef du bataillon des chasseurs républicains de Paris, blessé à Laval et resté à Angers à la Société des Amis de la liberté et de l'égalité séante aux ci-devant Jacobins-Saint-Honoré, à Paris :
Paris, ce 4 frimaire an II de la République, une et indivisible (24 novembre 1793).
Frères et amis, l'état-major de la garnison de Mayence est encore composé des protégés de l'infâme Custine, qui tiennent on ne peut davantage à leur noblesse. Je crois, frères et amis, que leurs manières d'agir vous sont cachées ; il est important pour le salut de la République de vous les dévoiler.
Le 26 octobre dernier, j'ai moi-même arrêté un homme soi-disant venant de Laval, où l'ennemi était. Je l'interrogeai sur différents points à cet égard. Il me dit qu'effectivement il en revenait, mais qu'il n'avait vu personne.
Il était alors midi. Sur-le-champ, je fis avancer un bataillon de flanqueurs. Un de mes chasseurs aperçut un paysan qui traversait la route. Il cria : "Halte-là !" (L'autre) ne voulant pas s'arrêter, il fit feu sur le particulier qui jeta un cri, et l'ennemi parut aussitôt. Voyant dans cette circonstance que je n'avais pour soutien ni cavalerie ni infanterie, je fis faire par le flanc gauche à mes troupes et gagnai les hauteurs, pour y attendre.
Le général Danican, qui commandait sur ce point, reçut l'ordre, à différentes reprises, du général en chef de se retirer et de ne point dépasser le village ; ce qu'il n'exécuta pas. Il nous quitta et prit son quartier général au château du village, d'où il sortit enivré et hors d'état de nous commander. Ce que voyant les soldats, il se mirent à crier : "A la guillotine !" Il nous quitta de nouveau, pour la deuxième fois".
Lorsque je revins prendre mon poste près le corps d'armée, je retrouvai le paysan que j'avais questionné dans la journée et, sur les réponses qu'il me fit, je l'arrêtai et le fis conduire chez le général Kléber, dont je lui en fis le rapport verbalement. Sur ce rapport, il lui demanda ses papiers. Il ne lui en trouva aucun, pas même une carte attestant qu'il était citoyen ; mais au contraire, des papiers portant l'empreinte de l'armée des tyrans. Malgré cela, il me dit de le laisser aller, ce que je fis.
Quatre heures après, nous nous mîmes en marche pour aller attendre l'ennemi à la hauteur, où lui-même nous attaqua. Nous y fûmes criblés avant de nous mettre en bataille. L'armée était si mal dirigée qu'elle n'eut pas le temps de faire le feu qu'il était convenable de faire sur l'ennemi. La confusion était telle, le commandement si peu énergique, que de jeunes officiers généraux sans aucune expérience, au lieu d'encourager leurs soldats, s'en éloignaient, et qu'un brave officier général a donné sa démission.
Il est urgent, pour le bien des armées, que vous nous envoyiez des officiers généraux sans-culottes qui sachent, par leur expérience militaire, gagner la confiance du soldat, etc.
Pour copie conforme : BLANCHET, président ; TOBIÉSEN, secrétaire du comité de correspondance.
Sur cette copie, renvoyée au ministre de la guerre, le 20 frimaire, on lit, de la main de Bouchotte : Répondu que le général Danican a été suspendu le 7 frimaire (27 novembre 1793).
Aldebert maintint sa dénonciation et la fit renouveler par le conseil d'administration de son bataillon de chasseurs à Nantes, le 16 pluviôse an II (4 février 1794), à peu près dans les mêmes termes.
Jean-Baptiste Aldebert avait épousé à Guingamp (22), le 29 vendémiaire an V (20 octobre 1796), Marie-Anne Souvestre, fille de Jean-Marie et d'Anne Le Dantec, née à Guimgamp en 1772, veuve de Dietrich Van Dongen, Capitaine des vaisseaux de la Répuglique ; dont elle avait eu une fille, Honorine, décédée à Guimgamp, le 28 ventôse an IV (18 mars 1796). Marie-Anne Souvestre est décédée à Guingamp, le 24 avril 1827, à l'âge de 55 ans. De ce mariage est né, à Paris, Jean-Louis-Adolphe, le 30 pluviôse an IX (19 février 1801), pharmacien, marié le 11 février 1828, à Guingamp, avec Clémentine-Sidonie Verdier, fille de Jean-Mathurin, marchand, et d'Adélaïde-Françoise David.
Nous ignorons où et quand est décédé Jean-Baptiste Aldebert ; ce qui est certain c'est que sa mort est survenue après 1801, naissance de Jean-Louis-Adolphe et avant le 11 février 1828, date du mariage de son fils, où il était qualifié de "feu Jean-Baptiste Aldebert".
Études documentaires sur la Révolution - La Vendée Patriote 1793 - 1795 par Ch.-L. Chassin - Tome III - 1894
AD85 - Kléber en Vendée (1793 - 1794) - éd. H. Baguenier Desormeaux - 4 Num 280/39
État-civil de Paris
Vendéens et Républicains dans la Guerre de Vendée - Frédéric Augris - Tome I - 1993