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La Maraîchine Normande
25 juin 2023

ST-CIRGUES-EN-MONTAGNE (07) - CLAUDE DUNY DIT LE ROI DE BAUZON (1766 - 1799) ET SON LIEUTENANT, LAURENT CEYSSON (1772 - 1846)

CLAUDE DUNY dit LE ROI DE BAUZON, le Donnat ...

CLAUDE DUNY


Né à Saint-Cirgues-en-Montagne,  au domaine de Noë, le 29 mai 1766, de braves paysans cévenols, Jean-Antoine et Marie Moulin, Claude Duny dit "le Roi de Bauzon", était un gaillard intrépide et aventureux, au cerveau fertile, à l'esprit prompt et avisé, au caractère opiniâtre et obstiné. 

duny 1766

Les redevances étaient lourdes pour ces fermiers de main-morte, les bouches nombreuses et affamées. On donna Claude aux moines, d'où son surnom de Donnat, domestique attaché aux travaux grossiers du couvent, une tête dure ; il ne sut jamais lire ni écrire. Il devint "hongreur", passant d'une bergerie à l'autre, d'un troupeau de cochons à un autre. Cette profession particulière excite toujours les railleries. Sous son regard trop sombre et trop hardi, le Donnat savait faire rire et il était connu de toutes les veillées, de tous les foirails, braconnier aussi, et visant juste.

Noë

Au cours de l'an III de forts rassemblements de "brigands royaux" furent signalés aux confins du département de l'Ardèche, bien armés, entraînés militairement.

Le Roi de Bauzon avait pris pour capitale le bois du Faultre, situé entre Bannes et la Narce, dans la commune de Mazan, près de la source des ruisseaux du Faultre et de Rieuclard. Ses sujets, robustes paysans vêtus de blouse et chaussés de gros sabots de pin, avaient abattu tous les sapins, au centre de la forêt, sur un rayon de 300 mètres. Dans la clairière ainsi obtenue, ils avaient établi un camp des plus pittoresques.

Les saucissons, les jambons, les saucisses flottaient joyeusement aux branchages des pins ; les fusils y étaient accrochés en panoplies, de tous côtés ; les tonneaux de vin gîtaient entre les troncs rugueux ; des couvertures, des sacs, des vêtements agrémentaient les branches résineuses dont les plus grosses, transformées en solides crochets, laissaient pendre au milieu de la verdure de belles "listes" de lard salé. D'imposantes provisions de pain étaient nichées sur des rayonnages aériens ou entassées dans les recoins du camp. Des lanternes se balançaient, çà et là, au travers du feuillage ... En un mot, c'était un décor d'arbres de Noël que présentait aux regards étonnés le palais du Roi de Bauzon.

M. de Pibaret, qui le visita, en était resté tout ébaubi ! Le Roi de Bauzon avait été autrefois, à son service, et l'honorait de son amitié. Invité avec sa femme, Madeleine Cros, à passer la journée au camp du Fautre, il n'osa refuser "dans la crainte de déplaire à ce nouveau souverain".

On le reçut princièrement, on lui fit faire bonne chère, puis on le reconduisit avec sa femme, sous bonne escorte, jusqu'à son domaine du Clair. M. Pibaret raconta, plus tard, qu'il avait été grandement étonné "de voir que rien ne manquait à sa troupe : matelas, couvertures, ... et nombre de lards qui étaient accrochés et pendaient aux sapins bordant le susdit camp".

Le Roi de Bauzon, en organisant son armée, avait annoncé bien haut son intention : "relever le trône et les autels".

Il n'en fallut pas davantage pour mettre en mouvement toutes les forces républicaines des départements voisins. Tandis que l'Ardèche équipait une petite armée, la Haute-Loire envoyait la garde nationale du Puy contre les "brigands de la forêt de Bauzon". Le citoyen Guyardin fut nommé généralissime des troupes de la Lozère, de l'Ardèche et de la Haute-Loire dirigées sur le camp du Faultre. Monteiller et Boudinhon se chargèrent d'entretenir l'ardeur patriotique des champions du Puy. Tout alla bien au début.

Avant même d'être arrivée dans la forêt, la garde nationale chantait déjà victoire :

LIBERTÉ, ÉGALITÉ OU LA MORT.
GUERRE AUX PRÊTRES, PAIX AUX CHAUMIÈRES.
Du quartier général du Béage, le 24 prairial, l'an II de la République, et le 2e jour de la chasse révolutionnaire.
Frères et amis,
Nous vous devons les détails de notre premier journée, aussi nous empressons-nous de vous les donner.
Déjà nous tenons des déserteurs et un calotin, et nous jugeons d'après le zèle et le bon ordre de nos gardes nationales, que demain nous fairons une prise essentiel.
Nous sommes tous bien déterminés à fouiller dans tous les repaires hideux du fanatisme pour le détruire à jamais dans notre département.
Il nous a trop fais du mal pour épargner ses apôtres.
Ça ira, frères et amis ! La chasse aux loups est bien combinée et nos braves sans-culottes veulent absolument porter leurs oreilles à l'accusateur public qui aura soin de leur tête.
Salut et fraternité :
Signé : BOUDINHON, GUYARDIN, VACHON, BILLOER, CHARLES, LALLIER, MONTELLIER.

Ce bel enthousiasme ne dura pas. Les gardes nationaux, bientôt lassés de leur campagne, demandèrent à rentrer dans leurs foyers. Le Roi de Bauzon resta introuvable ; on arrêta seulement quelques déserteurs et quelques prêtres que l'on rencontra en explorant les hauts plateaux.

Le 4 messidor, les autorités du Puy rendaient compte de l'expédition à la Convention Nationale par la lettre suivante :

4 Messidor.
Aux citoyens composant le Comité de Sûreté Générale de la Convention Nationale.
Nous vous avions annoncé, citoyens représentants, par nos précédentes, que le citoyen Guyardin représentant du peuple en commission dans ce département, de concert avec nous, prenait des mesures pour faire cesser les alarmes des bons citoyens en envoyant la force armée dans la forêt de Bauzon où la voie (sic) publique et les différentes déclarations de quelques bons citoyens avaient désigné être un repaire de prêtres réfractaires, déserteurs et autres malveillants.
Ce fut le 22 prairial au soir que le détachement de ce district partit du Puy pour se rendre audit lieu, et, après avoir fouillé de concert avec la force armée de l'Ardèche, les endroits suspectés, il en est résulté que 126 déserteurs ont été arrêtés, ainsi que cinq prêtres, dont trois ont déjà payé de leur tête scélérate le prix de leurs forfaits.
Nous avons tout lieu de croire que, sous peu, notre pays sera purgé de ces lâches déserteurs et de ces monstres à figure humaine appelés prêtres. Il est bon de vous dire aussi que deux autres prêtres réfractaires ont été arrêtés et ont été guillotinés de suite, ce qui ne contribue pas peu à faire ouvrir les yeux à nos pauvres fanatiques.

D'une autre lettre, adressée au citoyen Borie, il résulte qu'il fut envoyé "une force armée de 2.500 hommes pour faire une fouille dans les forêts où l'on présumait qu'étaient réfugiés quantité de déserteurs, prêtres réfractaires, et autres ennemis de la chose publique."

Ce que les rapports officiels se gardaient bien de dire, c'était que l'armée du Roi de Bauzon grossissait toujours, que de nombreux paysans venaient continuellement s'enrôler sous sa bannière, et qu'il traquait les sans-culottes dans toute la région voisine, dans les cantons de Pradelles, du Monastier et de Coucouron.

Duny, et son aide-de-camp Laurent Ceysson, du Mas de Grange, paroisse de Saint-Cirgues-en-Montagne, rayonnaient dans tout le pays à la tête de bandes souples et aguerries, rançonnant les villages républicains et donnant la chasse aux gendarmes.

Un jour, c'était une troupe de 800 royalistes qui fondait à l'improviste sur un détachement ; une autre fois c'étaient quelques tirailleurs isolés qui, du haut d'un rocher, tiraient à la cible sur un commissaire en mission ...

Un beau soir, deux gendarmes conduisaient un royaliste prisonnier qu'ils avaient attaché à la queue d'un cheval. Comme ils passaient sur la route, le Roi de Bauzon en personne sortit d'une maison, armé d'un fusil à deux coups, les mit en joue et leur donna l'ordre de relâcher le captif. "Les gendarmes, quoique armés de leur carabine, délivrèrent l'individu que Duny fit monter à son camp."

A quelque temps de là, le lieutenant du Roi, Laurent Ceysson, faillit s'emparer de la ville de Montpezat, gros chef-lieu de canton de l'Ardèche. Il réussit à y pénétrer, à la tête d'une bande nombreuse de partisans, vers onze heures du soir, dans le but de faire verser dans la caisse royaliste les fonds en dépôt chez le receveur et le percepteur de l'endroit, "pour nourrir, équiper et chausser sa troupe".

Le corps de garde fut envahi, les sentinelles bousculées. L'une d'elles pourtant eut la présence d'esprit de tirer un coup de feu et renversa "d'un coup de pistolet l'un des royalistes de l'avant-garde". Cet événement sauva Montpezat. Le chef du pouvoir exécutif accourut, au bruit de la détonation. Il fut atteint d'un coup de feu à la cuisse et roula dans la poussière, mais l'éveil était donné ; les habitants sonnèrent le tocsin pour appeler à leurs secours les villages voisins. Bientôt des renforts "arrivèrent de tous les points avec des seaux et des chaudrons", croyant à un incendie.

La population, que la proximité du camp royaliste avait depuis longtemps rendue prudente, avait entassé de grosses pierres dans les maisons. Une grêle de projectiles tomba soudain sur les assaillants qui, pour une fois, durent battre en retraite.

La nouvelle de cette tentative audacieuse n'en produisit pas moins une grosse émotion dans le pays. On résolut d'établir une garnison sérieuse à Montpezat, et l'on envoya dans ce but, de Privas "une compagnie du Bataillon Franc, composée en grande partie de vagabonds, insoumis, repris de justice" et destinée à s'emparer du Roi de Bauzon.

Les autorités de la Haute-Loire organisèrent de leur côté, une grande expédition contre le monarque. Toutes les bourgades de la région furent réquisitionnées, et leur contingent vint s'ajouter au détachement envoyé du chef-lieu contre les royalistes.

Pendant une semaine, une armée de 4.000 hommes erra dans les forêts et les hauts plateaux, sans découvrir la trace du terrible souverain.

Le citoyen Mirmand, qui commandait l'armée ponote en cette mémorable circonstance, se couvrit de gloire à Issarlès. Un farceur avait averti mystérieusement ce bridier devenu général que les ennemis qu'il cherchait étaient établis dans ce village. Mirmand y courut avec sa troupe, ne trouva personne, mais fit piller l'église par ses satellites, s'empara d'un ciboire, et y fit abreuver tous les sans-culottes qui l'escortaient. Cette scène fut interrompue, par l'arrivée des autorités locales qui contraignirent les triomphateurs, déjà ivres, à repasser la frontière de leur département.

Duny était plus puissant que jamais. Toutefois il se rendit compte qu'il était désormais à la merci d'un coup de main, les troupes devenant de plus en plus nombreuses dans la région et connaissant toutes le lieu de sa retraite. Il déménagea.

Sa tactique changea entièrement : il répartit ses troupes sur une vaste échelle, par petits groupes, et s'installa lui-même dans le domaine de M. de Pibaret, au Clair, "dans une masure appelée les Vaysses, placée sur un plan fort incliné, au-dessus du village de la Marie". Ce refuge était entouré d'amoncellements de roches et de pierres que recouvraient de forts taillis de noisetiers.

le Clair

De là, il dominait la Narce et surveillait une partie du pays. Son existence se poursuivit dès lors, aussi mouvementée, aussi aventureuse qu'auparavant.

Un jour, un officier du bataillon franc parvint à s'emparer de lui par ruse, dans un lieu nommé Lissartou. "Après un combat livré corps à corps, s'étant débattu longtemps et personne ne venant prêter main-forte à l'officier, malgré ses cris redoublés, Duny parvint, non sans égratignures ni contusions, à s'échapper de ses mains".

Une autre fois, ce fut Laurent Ceysson qui fut arrêté et emmené à Largentières par un détachement.

Le Roi de Bauzon retourna dans sa forêt et se fixa sur la limite des paroisses de Mayres et de la Narce, dans une ruine abandonnée qu'il recouvrit de branches de sapins, à la source du ruisseau de Ginestet. Un jour d'alerte, il y fut blessé de deux coups de fusil ; ses hommes l'emportèrent dans la forêt.

Mais l'ardent lutteur avait été sérieusement atteint. On n'entendit plus parler de lui de quelque temps, et les républicains en conclurent qu'il devait être agonisant. "Le bruit s'étant répandu que le fameux Roi de Bauzon avait reçu de graves blessures et qu'on pourrait facilement l'arrêter, les soldats casernés à Montpezat se rendirent à la Narce", fouillèrent tous les recoins de la forêt, et rentrèrent bredouilles après avoir vainement battu tous les taillis.

Les tentatives pour arrêter Bauzon se multiplaient avec des embuscades, dont les anecdotes sont nombreuses, Duny finit par être arrêté, trahi par Mariannon (Marie Belin).

Mariannon fut la maîtresse de Duny, il était déjà âgé, mais à la mode. On disait que les croix d'or de Mariannon et les dentelles de ses corsages avaient été acquises en de sanglantes foires. La coquette s'en émouvait-elle ? La peur des compagnons de Bauzon fermait les bouches imprudentes ; rien ne semblait pouvoir les arrêter, au jugement de ces âmes naïves, respectueuses de la force violente.

Les gens du pays l'appelaient Mariannon. Elle dut servir chez divers cabaretiers de La Narce, affiliés aux chouans, soit chez cette Pied-chaud, cette veuve Belin, sans doute une parente, dont le mari Jacques avait été guillotiné pour avoir "menacé les réquisitionnaires" aux grands jours de la première terreur.

Lors de son procès, le Donnat affirmera un combat fratricide : "Avoir fait rétrograder une bande de deux cents brigands qui venait de la Lozère".

Contradictoirement, le 17 messidor an VI, le commissaire du pouvoir exécutif de Pradelles cablait à toutes les autorités, les informant que "le 11 messidor, trente brigands royaux, armés de fusils doubles et de tromblons, essayèrent de monter une expédition dans le département de Lozère ..."

Ils étaient conduits par l'infatigable Dominique Allier, le frère du célèbre prieur, et par Donnat Duny.

Il s'agissait d'enlever les caisses du trésor public. C'était la chanson lancinante de l'an VI. Le "prétendant" de Coblentz resserrait les fonds et la bourse royale. Les chouans tentaient leur dernier effort, furieux de sentir les populations inquiètes et résistantes, les troupes républicaines mieux armées et mieux adaptées. L'affaire échoua. Le Donnat resta sur le carreau, grièvement blessé ; les "Bleus" l'emportèrent sur un brancard. Il s'évada. A peine un mois après cette défaite, le juge Enjolras, toujours bien informé, prévenait les autorités "Duny, hongreur, vient de s'évader des prisons de la Lozère et rôde autour de ma circonscription n'osant y pénétrer ..."

Duny avait déménagé son quartier général à Saint-Étienne-de-Lugdarès où il paradait à la tête de vingt-deux brigands.

Enjolras, traqué, mais froid comme un prêtre infidèle, ne perdait pas son temps. Il savait atteindre l'ennemi par le jeu des passions. Il savait utiliser la Femme. Il séduisit Mariannon. On la vit au hameau de Montlaur. Elle reçut le prix du sang, "un pot" : que contenait le pot ? Des louis d'or ou des francs-Germinal ? La légende ne ment pas. Une pièce du procès de Louis Duny, frère du Donnat est explicite. Elle se situe tout de suite après la mort du "Damné" :

"Dans le mois de messidor an VII, vers les six heures du matin, un individu se présenta dans la maison de François Belin, demandant à Catherine Teyssier, épouse du dit Belin, une somme de deux cents francs, mettant en joue son fusil contre la femme Teyssier et sa fille.
Étant parvenue à se débarrasser de cet assassin, la fille fut porter sa plainte au juge de paix du canton de Coucouron et à son retour elle fut de nouveau attaquée par le même individu qui s'était caché dans les blés, et Marie Belin ne parvint à se soustraire à la mort que par une prompte fuite ..."

Il ne fait guère de doute : Mariannon était la fille de François Belin et Catherine Teyssier. Évidemment Catherine Teyssier avait accablé le "damné" après son arrestation, l'accusant "de lui avoir emporté, avec sa bande, des meubles et des effets ...", mais on y décèle facilement la ruse de femme, la crainte de se voir accusée de recel, et il fallait sauver les cadeaux compromettants du chouan. Amour, sang et gros sous, telle est la trame et l'ordonnance éternelle, depuis les tragédies antiques.

Mariannon guida le juge et ses soldats, jusqu'au repaire du chouan, bête traquée, blottie dans un creux de rocher, pas très loin du hameau du Tailler, dans les parages ou le Vernazon rejoint les eaux du Rieuclar. Duny la regarda à peine, mais déclara d'un ton rauque : "Chienne, tu ne mourras que de ma main ..."

A Privas, le commissaire du pouvoir exécutif Braveix se réjouissait : "Donnat Duny a été arrêté dans une caverne de rochers située dans un précipice affreux, dans le bois de Bauzon".

L'instruction de l'affaire Duny fut brève : deux mois à peine.

Le 19 nivôse an VII (8 janvier 1799), il comparaissait devant ses juges. Son signalement nous fournit un portrait exact ; un homme petit, chauve, au regard de chouette : "46 ans, cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains, yeux gris, front grand, un peu chauve, nez, bouche et menton moyens".

L'audience fut longue, sinistre, à la lueur des bougies, puisque le jugement de mort fut rendu et lu "entre 3 et 4 heures du matin".

Le condamné n'était plus qu'une loque. Mal remis de ses blessures, malade, il fut ramené dans son cachot, pour y mourir dans les jours suivants. On pense qu'il fut victime de la fièvre thyphoïde qui ravageait la prison où les détenus s'entassaient "dans une atmosphère fétide ..."

On rapporte que c'est le plus féroce lieutenant de Duny, Freydoulo, qui vengea son chef en marquant Mariannon au fer rouge à l’entrejambe.

Freydoulo, être sans âme et sans nerfs, une manière de fantôme, qui devait son surnom à son attitude d'oiseau de proie, toujours glacé, portant été, hiver, la même redingote qui accentuait encore la funèbre rigidité de sa silhouette, était un fils Plancher de Mayres. Ce nom a rententi souvent sous les plafonds lambrissés des cours d'assises. En prairial, l'an VII, Dominique Plancher, sans doute, Freydoulo, fut acquitté.

Le cadet de Donnat, Louis Duny, fut arrêté le 23 thermidor l'an VII, par la colonne mobile du général Nivet. Il avait blessé deux hussards "sur le chemin public". Il avait tiré sur deux scieurs de long dans la forêt de Sap, Louis Therme qu'il tua, François Therme qui fut blessé. Condamné à mort, il monta sur la guillotine, dans les terrains vagues de la place de la Glacière à Privas.

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LAURENT CEYSSON

CLAUDE LAURENS CEYSSON était fils de Claude et de Jeanne Haon. Il est né à Saint-Cirgues-en-Montagne, le 9 novembre 1772 et a été baptisé le lendemain.

ceysson baptême 1772

Il avait épousé le 16 avril 1818, à Saint-Cirgues-en-Montagne, Marie-Anne Breysse, fille de Claude et de Magdeleine Moulin, née à Mazan-l'Abbaye, vers 1784. De cette union sont nés :

- Jean-Baptiste-Lucien-Julien, né le 10 janvier 1819 à Saint-Cirgues ; marié le 16 février 1843 à Mazan-l'Abbaye avec Marie-Rosalie Ceyte ; 

- Jeanne-Mathilde, née le 26 février 1820 à Saint-Cirgues ; mariée le 23 janvier 1839 à St-Cirgues, avec Théophrède Rolland ; décédée à Aubenas, le 2 mars 1873.

"Claude Laurens la Grange Ceysson" est décédé à Saint-Cirgues, en son domicile sis au Mont, le 14 août 1846.

CEYSSON

 

Le domaine "du Mont" s'isole et se dissimule dans le chevauchement des collines à une heure de marche du village de Saint-Cirgues, en retrait des ruines romantiques du Fort des Éperviers. Domaine cossu : la grande maison grise et ses dépendances aux tuiles rousses, un chemin bordé d'arbres séculaires, une fontaine pittoresque et son bassin taillé dans le granit où est gravé un nom, jadis redouté : Laurent Ceysson.

Ce rameau des Laurent Ceysson raccordait par un de ces mariages, rassembleur de terres, si fréquents dans la société paysanne, deux vieilles dynasties du mandement des Éperviers : les Laurent et les Ceysson, mentionnés déjà au XIIIe siècle sur les terriers féodaux, qui ont donné dans le temps les familles alliées et notables des Laurent Teston et des Laurent Ceysson.

Ceyssonnet, dont le diminutif prouve éloquemment la chaude popularité, avait fort bien accepté de dépouiller les derniers vestiges seigneuriaux et on montre encore à Saint-Cirgues la grande cloche ébréchée de sa main sacrilège. Il ne tarda pas à revenir aux us traditionnels, et s'est inscrit aux fastes et légendes de la chouannerie comme un personnage à la fois rusé, conciliant, flegmatique et adroit, mais terrible en certaines circonstances. Il prenait le temps de cultiver ses terres, protéger ses voisins, tout en chassant "le bleu".

La nuit de l'attaque de Montpezat, le "gros homme" qu'on appelait Saint-Just fut identifié comme Claude Laurent Ceysson dit La Grange.

Il avait passé la ligne des sentinelles et heurté au marteau de la porte bourgeoise du receveur des impôts le citoyen Levastre. Quand le fonctionnaire mal éveillé, en bonnet de nuit, le bougeoir à la main, ouvrit, il crut rêver en écoutant une voix autoritaire "qui lui demandait de quoi se vêtir et nourrir sa troupe" !

Le citoyen Levastre Constantin était, par ailleurs, adjudant major des braves gardes nationaux.

Cette grossière effronterie, cette impudence tranquille, se retrouvent tout au long des entreprises de Ceyssonnet.

Moins de deux ans après "l'affaire", tranquillement, le 26 ventôse de l'an VI (16 mars 1798), il se rend paisiblement à la foire de Montpezat. Il est bon de chouanner, il est nécessaire de vendre ses boeufs. En plein foirail, il fut reconnu par plusieurs témoins, dénoncé par son voisin Claude Merchat de Rieuclar, dit "Macari" et aussitôt arrêté par la garde et le vigilant juge Chalas. Il fut transféré sous bonne escorte à Largentière. Il niait tout. On se souvenait sans doute de la mort violente de Rome "assassiné en allant témoigner contre Ceysson". De faciles témoins se manifestèrent comme Jean Astier de Vernuzon, qui déclara hardiment avoir logé, la nuit de l'attaque de Montpezat, son ami Laurent Ceysson.

L'accusateur public Reymondon était taxé de "Royalisme".

Les juges hésitaient. On ne traite pas un gros propriétaire comme un vagabond. Il fut acquitté au bénéfice du doute le 18 brumaire an VII (8 novembre 1798).

Là-haut, sur la montagne, les fermes flambaient, la chasse républicaine, orchestrée par le juge Enjolras, pacifiait la campagne et la forêt.

Ceysson apprit l'arrestation du "Roi de Bauzon" un jour de vendémiaire où il cuisait le pain du hameau. Il éteignit le four, retira soigneusement de la longue pelle de bois sa "tourto" bien dorée, siffla son chien, décrocha le tromblon, et s'éloigna d'un pas bonhomme au hasard de ces chemins creux et de ces pistes qu'il connaissait si bien, à cette chasse particulière, qui était une autre croisade des pauvres, pour la religion, pour les coutumes ancestrales.

Mais le destin avait sonné à l'heure du général Bonaparte, et des grandes victoires de l'armée des "bleus".

Ce fut le dernier combat au hasard des pentes galeuses et des ravins saccagés de la Chavade.

Trois chouans affrontèrent une escorte forte d'une demi-brigade. Et le juge Enjolras, commantant avec emphase l'arrestation et le transfert de Duny, le petit roi de Bauzon, en dressait l'épilogue : "un volontaire tomba percé de plus de dix coups de feu".

 

Les Chouans du Velay - par Albert Boudon-Lashermes, docteur en droit - 1911 - réédité en 1989

AD07 - Registres paroissiaux de St-Cirgues-en-Montagne

Veillées des Chaumières en 1793 - Régis Sahuc - Le Puy - 1977

 

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Commentaires
T
superbe histoire<br /> <br /> nous connaissons la region<br /> <br /> cordialement<br /> <br /> <br /> <br /> thizy gilbert
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La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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