MONTAIGU - MORTAGNE (85) ANGERS (49) - LE MARTYR DES DAMES DU TRÉHAND - ALEXIS-JOSEPH DU TRÉHAND
Marie-Louise et Iphigénie-Armande du Tréhand, âgées l'une de 55 ans et l'autre de 53 ans, furent arrêtées au Longeron (49), conduites à Angers et guillotinées le 7 pluviôse an II (26 janvier 1794).
Charlotte-Augustine du Tréhand, veuve Chabot, âgée de 68 ans, arrêtée également au Longeron, fut conduite à Angers et guillotinée le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794).
CHARLOTTE DU TRÉHAND ; SA FAMILLE ; SON MARIAGE
Pendant, au moins deux siècles, le Hallay, situé dans la paroisse de Boufféré, eut, pour seigneurs, les du Tréhand, famille noble et illustre, alliée aux plus beaux noms du Bas-Poitou, mais plus noble encore par les sentiments chrétiens qui l'animaient.
Ils habitaient encore le vieux castel dans la première moitié du XVIIIe siècle.
Des seigneurs de cette dernière époque, CLAUDE-PHILIPPE DU TRÉHAND est celui qui nous intéresse le plus, parce que sa descendance a fourni, durant l'époque révolutionnaire, trois martyres de la foi catholique.
Vers la fin du XVIIe siècle, il avait épousé Anne-Madeleine du Chaffault et de leur mariage étaient issus quatre fils : - Gabriel, baptisé à Boufféré le 11 décembre 1696, mort quelques jours après le 16 décembre ; - Claude-Augustin, baptisé au même lieu le 22 mars 1699 ; - Joseph-Joachim, baptisé au même lieu le 20 mars 1703 ; - et Antoine-Eustache, baptisé aussi dans la même église le 10 avril 1704.
Deux d'entre eux, CLAUDE-AUGUSTIN et JOSEPH-JOACHIM devaient compter, parmi leurs enfants, le premier une fille et le second deux filles qui projetteraient sur le nom des du Tréhand un éclat sans pareil, en l'auréolant de la gloire du martyre.
Le premier des deux frères, inscrit ci-dessus, CLAUDE-AUGUSTIN DU TRÉHAND avait épousé, vers 1720, Marie-Jeanne de Gastinayre, d'une famille non moins illustre, habitant la Preuille, en Saint-Hilaire-de-Loulay ; et de leur union étaient nés trois enfants : - Marie-Jeanne-Céleste, baptisée le 16 juin 1723 ; - Charlotte-Augustine, née le 29 janvier 1726 ; - Esprit-Marie, baptisée le 3 janvier 1728, décédée le 21 mars 1735.
CHARLOTTE-AUGUSTINE, née à Montaigu, paroisse Saint-Jean-Baptiste, le 29 janvier 1726, fut ondoyée à la maison, le surlendemain, 31 janvier, par Messire Louis-Gilles de la Roche-Saint-André, chevalier, seigneur des Ganuchères, par permission spéciale de M. l'abbé d'Andigné, doyen du Chapitre de Luçon et vicaire général de l'évêque. Les cérémonies du baptême lui furent solennellement suppléées, dans l'église de la paroisse, le 3 mars suivant, par M. Douteau, curé. Le parrain était Messire Alexis-Auguste du Chaffault, chevalier, seigneur de la Sénardière, conseiller au parlement de Bretagne, de la paroisse de St-Etienne de Rennes, et la marraine dame Charlotte de Saint-Légier, épouse du susdit Louis-Gilles de la Roche-Saint-André.
Le milieu, où grandit Charlotte-Augustine, devait être un de ces foyers très chrétiens que l'on rencontrait alors dans la plupart des familles nobles de la contrée. L'ensemble de sa vie et sa fidélité jusque dans la mort nous paraissent en être la meilleure preuve.
Quand vint pour elle de choisir un état de vie, un brillant parti se présenta. Messire Louis-Charles Chabot, chevalier, seigneur de Bourdevère, fils de Messire Louis-François Chabot et de Catherine-Renée Jousseaume de la Bretesche, demanda sa main et fut agréé. Le prétendant, de noble lignée, habitant la paroisse de Sainte-Cécile, était un jeune homme d'avenir, ayant déjà le titre d'enseigne de vaisseau, au département de Rochefort. Le mariage fut décidé. Le 6 janvier 1747, M. Douteau, curé de Montaigu, en faisant la publication et, 4 jours après, le 10 janvier, la cérémonie se célébrait en grande pompe dans la chapelle du Couboureau, lieu d'origine de la mère de l'époux. Les conjoints étant parents du troisième au quatrième degré, une dispense d'empêchement de consanguinité avait été demandée aux évêques de Luçon et de la Rochelle, qui avaient accordé aussi une dispense de deux bans.
Ce mariage, contracté sous de si heureux auspices reçut la bénédiction du ciel. Sept enfants en furent les fruits : - Charles-Augustin, baptisé à Montaigu le 7 janvier 1748 ; - Esprit-Louise-Charlotte, baptisée à Boufféré le 20 avril 1750 ; - Marie-Charles, baptisé au même lieu le 16 août 1751 ; - César-Auguste, baptisé à Montaigu le 16 mars 1753 ; - Anne-Hilarion, baptisé à Boufféré le 8 août 1754 ; - Modeste-Pélagie, baptisée au même lieu le 3 novembre 1756 ; - et Anne-François, baptisé aussi au même lieu le 29 mars 1760.
Après son mariage, Louis-Charles Chabot vint habiter le Hallay, avec son épouse. Cinq de leurs enfants y virent le jour, les deux autres naquirent à Montaigu où les parents avaient apparemment une maison et un quasi domicile.
Le bonheur semble avoir été l'hôte de leur foyer, durant d'assez longues années ; mais l'épreuve vint à son tour, et à plusieurs reprises, semer le deuil au cour de la vie de Charlotte-Augustine.
Le 14 septembre 1772, décédait Marie-Jeanne de Gastinaire, sa mère, dont l'inhumation avait lieu le lendemain, dans le cimetière de Saint-Jean de Montaigu.
Moins de trois ans après, c'était le tour de son mari, Louis-Charles Chabot, chevalier, seigneur du Hallay, Thénies, les Bouchaux et autres lieux, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, que la mort frappait le 16 avril 1775. Son inhumation avait lieu le surlendemain au cimetière de Montaigu. "Messieurs du Chapitre de Saint-Maurice assistaient à la sépulture". Louis-Charles Chabot était décédé au Hallay.
Quelques années plus tard, le 3 juin 1784, la pauvre veuve conduisait au même cimetière le corps de son père, Messire Claude-Augustin de Tréhand, chevalier, seigneur du Hallay. Le défunt était âgé de 85 ans. "Messieurs du Chapitre de Saint-Maurice" étaient encore présents à la cérémonie funèbre.
L'assistance à ces sépultures des chanoines de Saint-Maurice montre en quelle estime était tenue cette famille.
Notons encore que trois de ses fils n'existaient plus au moment de la Révolution. C'était donc trois nouvelles épreuves qui étaient venues s'ajouter aux précédentes.
Ces deuils successifs affligèrent profondément le coeur de Charlotte-Augustine. C'est peut-être après la mort de son mari, qu'elle vint se fixer définitivement à Montaigu. Dans son interrogatoire du 2 pluviôse an II, elle se dit, en effet, domiciliée en cette ville.
MARIE ET ARMANDE DU TRÉHAND ; LEUR FAMILLE
Marie et Armande du Tréhan étaient les cousines germaines de Charlotte-Augustine et résidaient, en même temps qu'elle, dans la petite cité bas-poitevine. Elles devaient avoir entre elles de fréquentes relations ; c'est pourquoi nous les unissons dans la même notice. D'ailleurs leurs sentiments étaient les mêmes ; de part et d'autre, c'était la même foi, la même générosité d'âme et finalement ce fut le même courage devant la mort, endurée pour la religion.
MARIE et ARMANDE étaient filles de Messire JOSEPH-JOACHIM DU TRÉHAND, chevalier, seigneur de Boisame, qui s'était uni, vers 1730, à damoiselle Marie-Jeanne Parent, avec laquelle il était allé habiter la petite ville de Mortagne ou Saint-Christophe-du-Bois, peut-être les deux localités successivement (La terre de Boisame lui venait de son épouse).
De leur union naquirent six enfants : - Alexis-Joseph, dont il sera parlé à la fin de cet article - Esprit, signalée dans l'acte d'inhumation de Marie-Jeanne Parent, sa mère, comme ayant assisté à sa sépulture, le 14 décembre 1764 ; - Marie-Augustine, née à St-Christophe, le 24 novembre 1734, religieuse carmélite, décédée aux Couets (44) le 26 juin 1788 ; - Marie-Louise, née à Mortagne, le 23 décembre 1737 ; - Iphigénie-Armande, née à Mortagne, le 22 novembre 1740 ; - Marie-Julie-Françoise, baptisée à Mortagne, le 27 août 1742, décédée le 12 juillet 1770 (Mortagne).
La première, Marie-Louise, avait été baptisée le jour même de sa naissance, le 23 décembre 1737, dans l'église de Mortagne, par M. Mérand, curé de la paroisse. Messire Louis de la Boucherie, écuyer, seigneur de la Coestière et demoiselle Louise de la Boucherie l'avaient tenue sur les fonts du baptême.
Sa soeur, Iphigénie-Armande, née le 22 novembre 1740, avait reçu semblable grâce, le lendemain de sa naissance, dans l'église de Mortagne, des mains de M. Jahan, successeur de M. Mérand à la cure de ce lieu. En marge de l'acte, on lit : "Iphigénie-Armande du Tréhand, de la paroisse de Saint-Christophe-du-Bois". C'est cette note marginale qui nous a fait supposer que Joseph-Joachim du Tréhand et son épouse avaient deux domiciles, l'un à Mortagne, l'autre à Saint-Christophe.
Nous ne savons rien de l'éducation qu'ils donnèrent à leurs enfants ; mais la fermeté avec laquelle Marie et Armande défendirent leur foi au prix de leur vie, nous dit assez ce que devait être leur foyer au point de vue chrétien.
Elles y connurent de grandes épreuves. A trois reprises, la mort vint y semer le deuil. C'est tout d'abord l'épouse, la mère, qui fut enlevée à l'affection des siens, le 14 décembre 1764. Son inhumation eut lieu le lendemain dans l'église de Mortagne, en présence des "demoiselles Marie, Esprit et Armande du Tréhand ses filles". Elle était âgée d'environ 54 ans. Son mari ne paraît pas à la sépulture.
Quatre ans après, le 23 juillet 1768, l'époux, le père, décédait à son tour, à Boufféré, où il fut inhumé le lendemain, dans le cimetière de la paroisse. Après la mort de sa femme, il s'était sans doute retiré près des siens avec ses filles, et c'est vraisemblablement après le décès de leur père, que celles-ci se fixèrent à Montaigu. Dans l'interrogatoire qu'elles durent subir, avant leur condamnation, le 1er pluviôse an II, elles se donnent comme ayant leur domicile en cette petite ville.
Le troisième deuil fut causé par la mort de leur jeune soeur, Marie-Julie-Françoise, qui rendit son âme à Dieu, le 12 juillet 1770, à Mortagne où elle habitait. Son inhumation eut lieu le lendemain dans le cimetière de la paroisse, en présence de "Messire Joseph-Alexis du Tréhand, ancien capitaine au régiment de Soubise, son frère et demoiselle Iphigénie-Armande du Tréhan, sa soeur."
A Montaigu, la vie des deux soeurs peut se conjecturer aisément à partir de cette époque. Elles s'y livraient à la piété et aux oeuvres de la charité chrétienne, édifiant la ville tout entière par leur assiduité aux divers offices de la paroisse.
LA VEUVE CHABOT ET LES DEMOISELLES DU TRÉHAND A MONTAIGU, PENDANT LA RÉVOLUTION
Deux signes marquèrent, dès le début, la Révolution ; son esprit anti-religieux et son caractère politique. Au point de vue politique, des réformes s'imposaient ; la chose est certaine. Aussi, malgré la hardiesse de ses lois faisant table rase du passé, pour asseoir le nouveau régime, on ne parut pas d'abord trop effrayé. Même sous le rapport religieux, l'illusion se faisait au fond des coeurs. En dépit des mesures radicales dont chaque jour voyait la réalisation, prêtres et fidèles se croyaient à l'abri de toute inquiétude, se reposant en paix sur la sagesse des législateurs et du roi.
Cependant quand parut le décret de la Constitution civile du clergé, les esprits judicieux ne cachèrent pas leurs craintes et lorsqu'on en vint à son application, au commencement de 1791, en voulant imposer aux prêtres un serment schismatique, les vrais fidèles n'eurent qu'un cri d'indignation et de réprobation.
De ce nombre étaient Charlotte, Marie et Armande du Tréhand.
Les ecclésiastiques, qui eurent la faiblesse d'accepter ce serment, se virent rejetés par la partie saine de la population. Les autres, au contraire, furent considérés, à juste titre, comme de vrais confesseurs de la foi et entourés plus que jamais d'estime et de vénération. Une auréole de sainteté entourait leur front. Autant on désertait les offices des assermentés, autant on se pressait à la messe des bons prêtres. D'eux seuls on voulait recevoir les sacrements.
Les trois dames du Tréhand s'étaient rangées parmi ces catholiques fermes et intransigeants, restés attachés au culte de leurs pères. Dans les interrogatoires qu'elles subiront et qu'on lira ci-après, elles l'affirment sans restriction et sans crainte. Jamais on ne les vit aux messes des ministres constitutionnels ; et, toutes les fois qu'elles le pouvaient, elles assistaient à celles de leurs vrais et légitimes pasteurs. Cette attitude courageuse, à une époque si troublée et dans une petite ville où la Révolution comptait de nombreux et fervents adeptes, était une véritable confession publique de foi catholique, apostolique et romaine.
Montaigu eut le bonheur de voir les pasteurs de ses trois paroisses et les chanoines de la collégiale de Saint-Maurice demeurer fidèles aux vrais principes de la théologie catholique. Mais ils ne purent longtemps rester à la tête de leurs troupeaux. Dès le mois d'octobre 1791, la petite cité, qui était chef-lieu de district, avait son curé constitutionnel (Claude Bouche) auquel furent livrés l'église Saint-Jean et le presbytère. Pour pouvoir exercer leur ministère, les pasteurs légitimes eurent, dès lors, à s'entourer de grandes précautions et les fidèles qui, malgré tout, venaient assister à leur messe, accomplissaient un acte de courage très méritoire et digne d'admiration.
Au mois de mars 1792, M. Raillon, curé de Saint-Jean de Montaigu était mandé nommément à Fontenay par le Département pour y être interné. On lui reprochait son refus de serment et l'influence qu'il exerçait autour de lui. Les autres prêtres de la ville comprirent alors qu'ils devaient se cacher sans retard. M. Marion, curé de Saint-Jacques, se réfugia dans les Maines et M. Poulain, curé de Saint-Nicolas, du côté de la Bruffière. A partir d'avril 1792 jusqu'au 13 mars 1793, le service du culte catholique fut donc forcément interrompu à Montaigu.
Lorsque, à cette dernière date, éclata l'insurrection vendéenne, la ville fut enlevée aux républicains qui ne la réoccupèrent définitivement qu'à la fin du mois de septembre suivant. (Un de leurs premiers actes, après la reprise de cette place, fut d'incendier les deux églises paroissiales de Saint-Jacques et de Saint-Nicolas).
Durant cet intervalle d'environ six mois où les Vendéens restèrent maîtres de la situation, le culte divin y fut célébré par des prêtres insermentés accourus des divers lieux où ils se tenaient cachés. Les fidèles purent alors assister aux offices religieux dont ils avaient été privés depuis si longtemps. Les deux soeurs Marie et Armande du Tréhand et leur cousine ne furent certainement pas des dernières à profiter de ces avantages spirituels.
Ce bonheur devait être hélas ! de courte durée.
En août 1793, le bruit se répandit que les Mayençais se dirigeaient sur la Vendée, en forces considérables, avec ordre d'y mettre tout à feu et à sang, sans aucun respect des propriétés et des personnes. Déjà même on citait quelques-uns de leurs sinistres exploits. Supposant, non sans raison, que Montaigu serait un de leurs premiers points d'attaque et aussi le lieu d'une importante garnison de leurs troupes, les trois parentes prirent la résolution de s'en éloigner et de chercher une retraite plus sûre, à la campagne, dans une bourgade moins exposée aux coups de l'ennemi. Le projet fut mis à exécution sans délai. Leur départ, à toutes les trois, eut lieu dans le courant du mois d'août. La première étape de Marie et d'Armande se fit dans une localité non désignée, mais qui pourrait bien être Tiffauges ; car le terme de leur fuite précipitée était le Longeron, entre Tiffauges et Mortagne. Quant à Charlotte, elle semble s'être rendue directement au Longeron, avec une cuisinière et une femme de chambre. Elles avaient là des parents ou des amis. L'une d'elles, la veuve Chabot, y avait une maison (une métairie dans la paroisse voisine de la Romagne). C'est vraisemblablement en cette maison de campagne qu'elle et ses cousines se retirèrent, pensant y être davantage à l'abri du danger.
Grande était leur illusion ; car il n'y avait alors de sécurité nulle part ; et même la région qu'elles avaient choisie devait être, quelques semaines après, le théâtre d'une grande bataille entre Mayençais et Vendéens. On sait quel terrible choc eut lieu entre les deux armées le 18 septembre, près de Torfou, dans l'espace qui sépare ce dernier lieu de Tiffauges et du Longeron. Évidemment nos fugitives s'éloignèrent alors momentanément de leur retraite, pour y revenir, après la mise en déroute des Mayençais. On a peine à se faire une idée des émotions par lesquelles elles passèrent, à ce moment. Et cependant ce n'était là que le prélude de leurs maux !
ARRESTATION DE LA DAME CHABOT ET DES DEMOISELLES DU TRÉHAND
Des jours terribles allaient se lever sur la Vendée. Les trois derniers mois de 1793 et les trois premiers de 1794 marquent dans l'histoire la période que l'on a appelée, non sans raison, l'époque de la Terreur ...
A l'époque où les républicains, vainqueurs, s'étaient rendus maîtres de Cholet et de toute la région, nos malheureuses vendéennes furent de nouveau obligées de quitter leur asile. Elles parcoururent alors presque toute la Vendée angevine, passant successivement à Saint-André, à Saint-Pierre-Montlimart, à Montrevault ; puis, n'ayant pas voulu suivre l'armée au delà de la Loire, elles revinrent au Longeron. Leur absence avait duré neuf jours.
Le Longeron présentait aux réfugiées des retraites presque inaccessibles, sur les bords de la Sèvre ; mais cette contrée avait l'inconvénient d'être trop rapprochée de Mortagne et de Cholet, deux centres d'administration révolutionnaire où les partisans du régime étaient nombreux et fanatiques.
Or, ce qui était prévu ne tarda pas à arriver.
L'arrestation de nos fugitives eut lieu le dimanche 19 janvier 1794. Des soldats patriotes, s'étant abouchés avec quelques gardes nationales du Longeron, sous la conduite du citoyen Lefort, mirent ce jour-là, en arrestation, quatre membres de la famille de la Sorinière avec leur domestique nommée Françoise Fonteneau ; trois membres de la famille du Tréhand, Charlotte, veuve Chabot, Marie et Armande avec deux domestiques, Madeleine Guéry et la veuve Grivet, cette dernière avec sa petite fille ; la femme Moreau avec deux garçons en bas âge et un tisserand nommé Barré, avec sa femme ; en tout seize personnes.
La liste de proscription, préparée d'avance, ne comprenait pas les trois du Tréhand ; mais le citoyen Lefort prit sur lui de les arrêter et, tout heureux de cette capture, il les envoyait à Cholet le lendemain avec la lettre suivante :
"Je vous envoie les personnes ci-après dénommées avec leurs effets qui sont arrivés avec eux (sic) ; tous de la paroisse du Longeron, que les habitans dudit lieu ont arrêtés avec un détachement que j'ai fourni hier. Nous avons ordonné aux deux officiers du détachement qui les ont arrêtés, conjointement avec les gardes nationales de la paroisse du Longeron, pour (sic) les conduire à Cholet".
Les prisonniers, partis de Mortagne, le lundi matin 20 janvier, arrivèrent à Cholet, après quelques heures de route et subirent, le même jour, un interrogatoire devant le comité révolutionnaire de la ville. On lira plus loin cet interrogatoire.
Nos Vendéennes avaient-elles été dénoncées par un traître au citoyen Lefort ou bien leur découverte avait-elle été fortuite ? Aucun document ne nous a renseigné sur ce point.
Le lendemain du jour où il s'emparait des dames du Tréhand, le détachement républicain, poursuivant ses recherches, découvrait, à Tiffauges, la demoiselle Marie Thibault de la Pinière et sa servante Marie-Anne Acher du Bois et les deux soeurs, Louise-Marguerite et Bénigne de Bessay de la Vouste ...
LES INTERROGATOIRES DE CHOLET : INTERROGATOIRES, LE 1ER PLUVIÔSE, DE MARIE, ARMANDE ET DE CHARLOTTE DU TRÉHAND
Ces quatre dernières arrestations eurent lieu le 1er pluviôse (20 janvier 1794), par une patrouille républicaine, la même sans doute qui, la veille, avait arrêté la dame de Chabot et les demoiselles du Tréhand. A Cholet, où furent conduites sans délai les prisonnières de ces deux jours, le comité de surveillance procéda aussitôt à leur interrogatoire. Ces pièces conservées aux archives départementales de Maine-et-Loire, vont nous montrer la grandeur d'âme de nos prisonnières et surtout la fermeté de leur foi, en face d'une mort certaine.
Nous citons ces interrogatoires en entier, sans rien changer au style et à l'orthographe ...
Le premier pluviôse an II (20 janvier 1794) comparurent Marie et Armande du Tréhand, et leur cousine Charlotte du Tréhand, veuve de Chabot.
INTERROGATOIRE DE MARIE DU TRÉHAND
"Le premier pluviôse, l'an 2 de la République française.
Jean-Joseph Auteraud, membre du comité de surveillance et révolutionnaire étably à Chollet, en exécution de la loi du 14 frimaire, a fait comparaître devant luy Marie Dutréan, ci-devant noble, demeurant à Montaigu et a la interrogée (sic), ainsy qu'il suit.
D. - Quel est votre nom, âge, qualité et demeure ?
R. - Je m'appelle Marie Dutréan, fille, âgée de cinquante quatre ans, ci-devant noble, et je demeure à Montaigu et je suis née à Mortagne.
D. - Savez-vous la cause de votre arrestation ?
R. - Non ; je l'ignore.
D. - Avez-vous des frères ?
R. - J'en ai un et j'ignore où il est ; mais je suis sûre qu'il n'est pas émigré.
D. - Avez-vous des correspondances avec des émigrés ?
R. - Non ; jamais je n'ai correspondu avec des émigrés.
D. - Depuis quelle temps êtes-vous passée avec les émigrés ?
R. - Je suis partie de Montaigu dans le mois d'août, quand les républicains si portait. Je restai dans ..., environ quinze jours et de là je me rendis au Longeron.
D. - Qu'avez-vous fait au Longeron et quelles personnes y avez-vous vu ?
R. - J'ai toujours resté chez moi et je n'ai jamais resu pérsone.
D. - N'avez-vous jamais tenu des propos contre la République ?
R. - J'en aurais été bien fâchée.
D. - Combien de fois avez-vous crié : Vive le roy ?
R. - Jamais, je ne l'ai crié.
D. - De quel oeil avez-vous vu la mort du tiran ?
R. - D'une manière indifférente.
D. - N'avez-vous jamais fait de cocardes blanches ?
R. - Non jamais."
Cette demoiselle, ainsi que sa soeur, comme on le verra ci-après, ne s'était pas occupée de politique. Elle était restée tout à fait en dehors des agitations populaires ; c'est pourquoi, sur ce point scabreux, elle avait pu faire, sans manquer à la vérité, les réponses qu'on vient de lire. Mais la question n'était pas la seule qui pouvait rendre alors quelqu'un criminel ; la question religieuse avait de semblables conséquences et suffisait à entraîner la peine de mort. Le citoyen Auteraud se garde bien d'omettre cette partie importante de l'interrogatoire.
Il continue en ces termes :
"D. - Avez-vous été à la messe des prêtres qui avait fait le serment ?
R. - Non, je ni ai jamais été.
D. - Allié-vous à celles des prêtres réfractaires ?
R. - Ji ai été pendant le temps que j'ai resté au Longeron."
Dans ces réponses si nettes, si franches, si pleines de foi, l'interrogateur venait enfin de trouver un motif légal de condamnation. Aussi ne prend-il pas la peine de poursuivre plus longtemps son interrogatoire. Il se hâte de conclure par la formule ordinaire.
"Lecture faite de ces réponses au présent interrogatoire, y a persisté et a déclaré contenir vérité, y a persisté (sic) é a signé le présent.
Signé : Marie du tréhand, sitoyenne. J.-J. Auteraud."
En marge de l'interrogatoire se lisent les lignes suivantes du comité de surveillance dont le but perfide est facile à comprendre :
"Fille ci-devant noble et fanatique qui (a) constamment resté dans le pays insurgé et y a fait plusieurs voyages".
Signé : "J.-J. Auterault, Aug. Cambon, L. Hérault, Routiau, J. Clémenceau, p.d.t. Rousseau secr."
Ce premier interrogatoire terminé, Auteraud procède immédiatement au second.
INTERROGATOIRE D'ARMANDE DU TRÉHAND
"Le premiere (sic) pluviôse, l'an 2 de la République française, une et indivisible et le 1er de la mort du Tiran.
Jean-Joseph Autenaud (sic), membre du comité révolutionnaire et de surveillance, étably à Chollet, en exécution de la loi du 14 frimaire, a fait comparaître devant luy Armande Dutréan, fille du chevalier du Tréan, demeurant à Montaigu et a été interrogée ainsy qu'il suit :
D. - Quel est votre nom, âge, qualité et demeure ?
R. - Je m'appelle Armande du Tréan, fille du chevalier du même nom. Je suis noble ; je demeuré à Montaigu et je suis née à la paroisse de Mortagne (St-Christophe) (sic).
D. - Savez-vous pourquoi l'on vous a arrêtée ?
R. - Non, je l'ignore.
D. - Avés-vous des frères ?
R. - Oui, j'en ai un que je crois à Nantes.
D. - De quel oeil avez-vous vu la Révolution ?
R. - Avec beaucoup d'indifférence.
D. - Quelle raison vous a-t-elle engagée (sic) à quitter Montaigu ?
R. - L'approche de l'armée de Mayence m'effraya et je quittai mon frère pour aller au Longeron.
D. - Alliez-vous à la messe des prêtres qui avaient fait le serment ?
R. - Non, je ni ai jamais été.
D. - Alliez-vous à celle du reffractaire ?
R. - Ji ai été depuis le mois de mars.
D. - Avez-vous tenu des propos inciviques ?
R. - Jamais je n'ai tenu aucun propos contre la République.
D. - N'avez-vous jamais parlé du Roy ni des prêtres ?
R. - Non, jamais je n'en ai parlé.
D. - N'avez-vous pas désiré l'ensien régime ?
R. - Non, je ne l'ai pas regretté.
Lecture faite des réponses au présent interrogatoire, y a persisté et a déclaré contenir vérité et a signé le présent.
Armande duterehan Rosay (sic) J.-J. Auteraud."
En marge, ont été écrites, comme pour l'interrogatoire précédent, les lignes méchantes qui suivent, destinées à éclairer le tribunal :
"Fanatique et noble et est rentrée depuis le commencement de l'insurrexion, dans le païs des brigands et peut bien être regardée comme telle.
(Signé) Aug. Cambon, J.-J. Autenaud (sic), Routiau, F. Hérault, Rousseau, J. Clémenceau, p.d.t."
Sous tous rapports, ce second interrogatoire ressemble au premier. Au point de vue politique, Armande du Tréhand ne s'est mêlée de rien ; elle est restée en dehors de toute agitation des partis ; mais au point de vue religieux, elle n'a pas craint de se montrer ferme dans la foi, en n'assistant qu'aux seules messes des prêtres non sermentaires ; et ce qu'elle a fait, elle le reconnaît et le déclare hautement. Dans la circonstance, son aveu est une véritable confession publique et solennelle des convictions catholiques qui remplissaient son âme.
Nous allons constater la même fermeté chrétienne dans Charlotte du Tréhand, veuve de Chabot, interrogée la troisième.
INTERROGATOIRE DE CHARLOTTE DU TRÉHAND, VEUVE DE CHABOT
"Le premier pluviôse, l'an 2 de la République française, une et indivisible et le premier de la mort du Tiran.
Jean-Joseph Auteraud, membre du comité de surveillance et révolutionnaire, en exécution de la loy du 14 frimaire, a fait comparaître devant luy Charlotte Dutréand veuve de Chabot, de Montaigu et la interrogée ainsy qu'il suit :
D. - Quel est votre nom, âge, qualité et demeure ?
R. - Je m'appelle Charlotte Dutréan, veuve de Chabot ; j'ai soixante-huit ans ; j'étais noble ; je suis née et je reste à Montaigu.
D. - Savez-vous pourquoi vous avez été arrêtée ?
R. - Je n'en sais rien.
D. - Avez-vous des enfants et où sont-ils ?
R. - J'ai deux fils dont je n'ai aucune nouvelle, depuis dix-huit mois et je les crois émigrés.
D. - Pourquoi avez-vous quitté Montaigu, pour aller au Longeron ?
R. - Laproche des républicains me fit peur et je me retiré au Longeron, où étaient les brigands, il y a, à peu pré, quatre mois ; ensuite à Saint-Aubin et autres bourgs.
D. - Avez-vous des parents dans l'armée brigantine ?
R. - Je n'ai point de parents. Par conséquent je ne pouvais pas en avoir dans l'armée des brigands.
D. - Quelles étaient les personnes qui venaient (vous) voir ?
R. - Je n'ai resu personne et je n'ai jamais sorti.
D. - Avec qui avez-vous entretenu correspondance ?
R. - J'ai écrit plusieurs fois à mes enfants, à mon aîné, à Aix-la-Chapelle et le chevalier à Espa, et j'ai également plusieurs fois reçu de leurs lettres.
D. - Ne leur avez-vous jamais passer de l'argent (sic) ?
R. - Une fois j'ay eu bonne envie, mais je n'ai jamais trouvée l'occasion.
D. - Avez-vous été à (la) messe des prêtres qui avaient fait le serment ?
R. - Non, je ni ai jamais été.
D. - Avez-vous été à celles des réfractaires ?
R. - Oui, ji ai été tous les dimanches.
Lecture faite de ses réponses au présent interrogatoire, y a persisté et a déclarer contenir vérité et a signé le présent.
Charlotte du Tréhand Chabot, J. Auteraud, Rousseau, secret."
En marge, on lit, comme aux pièces précédentes, la note suivante destinée aux juges de la commission militaire :
"Brigantine, noble et fanatique et a eu une correspondance avec plusieurs émigrés.
J. Auteraud, L. Hérault, J. Clémenceau, p.d.t., Routiau, Aug. Cambon, Rousseau."
Par leurs réponses si nettes et si résolues Marie et Armande du Tréhand et leur cousine Charlotte-Augustine, veuve Chabot, venaient de prononcer leur arrêt de mort.
LES PRISONNIÈRES DEVANT LA COMMISSION MILITAIRE D'ANGERS.
INTERROGATOIRES DE MARIE ET ARMANDE DU TRÉHAND.
A la suite de ces interrogatoires, nos prisonnières furent écrouées dans une des geôles de la ville. Leur passion, commencée dès le moment de leur arrestation, se continua alors au milieu d'épreuves et de privations de toute nature. Accoutumées à une vie aisée et douce, elles sentirent, plus que d'autres, la différence de leur nouvelle situation. Mais une chose dut les consoler : elles souffraient pour la défense et la confession de leur foi !
Leur séjour ne fut pas de longues durée dans les prisons de Cholet où trois avaient été jetées le 20 janvier et deux le 21 ; elles en sortaient le 23 pour être conduites à Angers où les attendait la commission militaire, chargée de les juger.
A Angers, les prisonnières furent conduites à la prison nationale, près la place des Halles. La commission militaire, présidée en cette ville par le citoyen Félix, de sinistre mémoire, faisait preuve d'une grande activité. Chaque jour devait offrir sa fournée de condamnés à mort, pour ne pas laisser sans travail le vengeur national. Aussi nos Vendéennes ne restèrent pas longtemps dans les prisons angevines. Dès le 7 pluviôse, Marie et Armande étaient appelées devant la dite commission pour y subir un nouvel interrogatoire et entendre leur sentence. Deux autres devaient suivre le lendemain. A Angers, comme à Cholet, nous allons les voir confesser courageusement leur foi avec une franchise et une énergie dignes de toute admiration.
Nous citons toujours textuellement. Nous regarderions comme un crime de déflorer, par la moindre analyse, de si beaux et si précieux témoignages.
INTERROGATOIRE DE MARIE DU TRÉHAND
La liberté ou la mort.
Le sept pluviôse, l'an second de la République française, une, indivisible et le premier de la mort du tiran.
Nous, président et membres composant la commission militaire, établie près l'armée de l'Ouest, réunis au lieu ordinaire de nos séances publiques dans la ci-devant église des Jacobins de la commune d'Angers, avons fait venir de la maison d'arrêt les dénommés (sic) ci-après que nous avons interrogés, ainsi qu'il suit :
D. - Leur nom, âge, profession et demeure, serment pris de dire vérité ?
La première, s'appeler Marie dutréan, âgée de cinquante cinq ans, native de Mortagne, demeurant à Montaigu, ci-devant noble.
D. - Si son père avait une charge dans l'ancien régime ?
R. - Que non.
D. - Si elle a des frères ?
R. - Qu'elle en a un et ignore où il est.
D. - Pourquoi elle est emprisonnée ?
R. - Qu'on ne lui en a jamais rien dit.
D. - Pourquoi elle a constamment resté dans le pays envahi par les brigands ?
R. - Qu'elle a resté au Longeron, pour y trouver la tranquillité.
D. - Quelles étaient ses occupations ?
R. - Qu'elle restait tranquille, ne s'est jamais mêlée de rien et était souvent malade au lit.
D. - Quelles sont ses opinions sur le gouvernement républicain ?
R. - Quelle pense que les femmes ne doivent pas se mêler de ses (sic) affaires-là qui n'appartient (sic) qu'aux hommes.
Obs. - Que cependant les femmes ont fait le plus grand mal dans la Vendée ?
R. - Qu'elle ne s'est jamais mêlée de rien et a beaucoup blâmé celles qui ont fait du mal.
Obs. - Qu'elle n'est pas sincère dans ses réponses, car elle devait savoir qu'en allant à la messe des prêtres réfractaires, c'était propager l'insurrection qu'ils prêchaient ouvertement ?
R. - Qu'elle convient avoir été à leur messe et non à celle des prêtres constitutionnels.
Obs. - Qu'elle devait savoir qu'elle commettait un grand crime, puisque ces prêtres faisaient tout le mal ?
R. - Qu'elle croyait que les opinions étaient libres là-dessus et qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions.
D. - Pourquoi elle dédaignait d'aller à la messe des prêtres constitutionnels ?
R. - Qu'elle croyait agir contre sa conscience."
Notons cette déclaration sublime. Il était impossible à l'accusée d'exprimer plus clairement son horreur du schisme, propagé par les ecclésiastiques assermentés, et son attachement à la religion catholique que défendaient les pasteurs fidèles, réfractaires au serment.
L'interrogatoire se poursuit ainsi avec l'autre soeur :
INTERROGATOIRE D'ARMANDE DU TRÉHAND
"La seconde s'appeler Armande Dutréan, âgée de cinquante trois ans, native de Mortagne, ci-devant noble, fille du ci-devant chevalier dutréan, demeurant à Mortagne [Montaigu] et au Longeron.
D. - Pourquoi elle a fui, lorsque l'armée de Mayence à passé à Montaigu ?
R. - Qu'elle a eu peur du feu.
D. - Qu'elle n'est pas sincère, puisqu'elle a avoué qu'elle avait fui à la seule approche de l'armée de Mayence ?
R. - Que le feu était la seule cause de sa fuite.
D. - Si elle ne désire pas le bonheur du peuple ?
R. - Qu'elle l'a toujours désiré.
D. - Qu'elle n'est point sincère dans sa réponse, puisqu'elle a avoué qu'elle regardait la république d'un oeil indifférent.
R. - Qu'elle a regardé qu'elle ne devait point se mêler des affaires publiques et que les femmes ne devait (sic) point s'y immiscer.
Obs. - Qu'il paraît qu'elle n'avait point tant d'indifférence pour les prêtres réfractaires que pour la république, puisqu'elle allait toujours à leurs messes contre-révolutionnaires ?
R. - Que leur prêtre l'avait quittée depuis longtemps, pour aller à Beaupréau.
D. - Si elle était liée avec les femmes des chefs des brigands ?
R. - Qu'elle luy a jamais été liée (sic).
D. - De quel oeil elle voyait les combats qui se livraient entre les patriotes et les brigands ?
R. - Quelle désirait qu'ils se fissent point de mal et qu'ils pussent se réunir, n'aimant point le sang."
Ici se termine l'interrogatoire d'Armande du Tréhand. On voit qu'elle y a maintenu ses affirmations précédentes, relativement à l'assistance à la messe des prêtres non sermentaires et qu'elle n'a rien cédé sur ce point capital. Cet aveu, retenu par les juges, sera mentionné dans l'acte même du jugement et servira de base à sa condamnation à mort.
JUGEMENT, CONDAMNATION A MORT ET EXÉCUTION DE MARIE ET ARMANDE DU TRÉHAND, LE 7 PLUVIÔSE.
Les interrogatoires qui précèdent étaient les préliminaires du jugement ; ils en avaient déterminé les bases. La justice révolutionnaire ne pouvait plus dès lors souffrir aucun délai. Aussi le jugement fut-il rendu séance tenante. On y voit clairement indiquée l'importance attachée par les juges au grief d'avoir assisté à la messe des prêtres réfractaires.
Ce document important est ainsi conçu :
"La liberté ou la mort.
République française une et indivisible.
Jugement de la commission militaire établie près l'armée de l'Ouest, le 10 juillet 1793 (vieux style) par les représentants du peuple, qui condamne à la peine de mort les filles Marie Dutréan, Armande Dutréan, natives de Mortagne, Marie-Jeanne Thibault, dite la Pinière, native d'Angers ; toutes trois ci-devant nobles, atteintes et convaincues de conspiration envers la République française.
Séance publique tenue à Angers, le 7 pluviôse, l'an second de la République française, une et indivisible et le premier de la mort du Tyran.
Sur les questions de savoir si les filles Marie Dutréan, Armande Dutréan, natives de Mortagne ...
1° D'avoir eu des correspondances intimes avec les brigands de la Vendée.
2° D'avoir servi leurs projets contre-révolutionnaires, en restant constamment dans les pays qu'ils avaient envahis et dont la rébellion s'est manifestée si ouvertement contre les principes d'égalité et de liberté,
3° D'avoir secondé les efforts du fanatisme et de la guerre civile qui a éclaté dans la Vendée, en assistant exactement aux messes contre-révolutionnaires que les scélérats de prêtres y disaient,
4° Enfin d'avoir provoqué au rétablissement de la royauté et à la destruction de la République française ;
Considérant que les dénommées ci-dessus ont eu des intelligences avec les brigands de la Vendée ;
Considérant qu'il est prouvé qu'elles ont servi toutes deux les projets contre-révolutionnaires de ces mêmes brigands, en restant constamment dans le pays qu'ils avaient envahi et dont la rébellion s'est manifestée si ouvertement contre la souveraineté nationale ;
Considérant que les nobles sont les ennemis déclarés des principes d'égalité et de liberté ; que la guerre civile, qui a éclaté dans la Vendée, ne provient que de leur coalition avec les prêtres réfractaires dont les crimes font horreur à retracer ;
Considérant qu'il est prouvé que, pour seconder les efforts de ces scélérats, elles assistaient toutes deux aux messes contre-révolutionnaires qu'ils disaient, pour engager les fanatiques à massacrer les défenseurs de la patrie, ce qu'ils font encore ;
Considérant enfin que, par l'ensemble des délits commis par les deux dénommées ci-dessus, il est prouvé impérieusement qu'elles ont toutes deux provoqué au rétablissement de la royauté et conspiré contre la souveraineté du peuple français ;
La commission militaire les déclare atteintes et convaincues du crime de conspiration envers la République française.
Et, en exécution de la loi du 9 avril 1793, art. 1 et 6, portant : "Art. 1 Ceux qui sont ou seront prévenus d'avoir pris part aux révoltes et aux émeutes contre-révolutionnaires qui ont éclaté ou éclateraient à l'époque du recrutement, dans les différents départements de la République et ceux qui auraient pris ou prendraient la cocarde blanche ou tout autre signe de rébellion, sont hors de la loi. En conséquence, ils ne peuvent profiter des dispositions des lois concernant la procédure criminelle et l'institution des jurés."
Art. 6. Les prêtres, les ci-devant nobles, les ci-devant seigneurs, les émigrés, les agents, les domestiques de toutes ces personnes, les étrangers et ceux qui ont eu des emplois ou exercé des fonctions publiques dans l'ancien gouvernement, ou depuis la Révolution, ceux qui auront provoqué ou maintenu quelques-uns des attroupements des révoltes ; les chefs, les instigateurs, ceux qui auront des grades dans ces attroupemens et ceux qui seraient convaincus de meurtre, d'incendie ou de pillage subiront la peine de mort."
La commission militaire condamne Marie Dutréan, Armande Dutréan, ci-devant nobles, à la peine de mort.
Et sera le présent jugement exécuté dans les 24 heures.
Et enfin, en exécution de la même loi du 19 mars 1793, art. 7, portant "La peine de mort, prononcée dans les cas déterminés par la présente loi, emportera la confiscation des biens ; il sera fourni, sur les biens confisqués, à la subsistance des pères, mères, femmes et enfants qui n'auraient pas d'ailleurs des biens suffisants pour leur nourriture et entretien. On prélèvera, en outre, sur le produit des dits biens, le montant des indemnités dues à ceux qui auront souffert de l'effet des révoltés. La commission militaire déclare les biens des dites Marie Dutréan, Armande Dutréan, acquis et confisqués au profit de la République.
Et sera le présent jugement imprimé et affiché.
Ainsi prononcé, d'après les opinions, par Antoine Félix, président, François Millier, François Laporte, Jacques Hudoux, Joseph Roussel, tous membres de la commission militaire établie, près l'armée de l'Ouest, par les représentants du peuple français, en séance publique tenue à Angers le 7 pluviôse, l'an second de la République française, une et indivisible et le premier de la mort du Tyran.
(Signé) Félix, président, Millier, Laporte, Hudoux, Roussel, Loizillon secrét."
Telle est l'oeuvre d'iniquité accomplie par la commission militaire d'Angers, le 26 janvier 1794 ...
Le jugement accordait 24 heures pour l'exécution de la sentence ; mais la justice révolutionnaire était expéditive ; c'est le soir même, à quatre heures, que tombèrent sous le couperet de la guillotine, les têtes de Marie et d'Armande du Tréhand, coupables d'avoir gardé fidèlement la foi catholique, en assistant aux messes dites par les prêtres insermentés. L'immolation eut lieu sur la place du Ralliement, à Angers ...
L'abbé Gruget qui, d'une fenêtre donnant sur la place du Ralliement, a été témoin des nombreuses exécutions accomplies en ce lieu et qui en a relaté, au jour le jour, le souvenir en ses Mémoires si intéressants, dit de nos Vendéennes :
"Le dimanche, 26 janvier (1794), six autres furent encore condamnés à la mort et exécutés le même jour, savoir :
Demoiselle Marie Dutréan, fille, native de la paroisse de Mortagne, près Cholet ;
Armande Dutréan, sa soeur, fille, aussi native de la paroisse de Mortagne, près Cholet ; toutes deux recommandables par leur piété et leurs bonnes oeuvres ; ..."
INTERROGATOIRE DU 8 PLUVIÔSE, PAR LA COMMISSION MILITAIRE D'ANGERS, DE CHARLOTTE DU TRÉHAND, VEUVE DE CHABOT.
Le lendemain du jour où avaient été interrogées, jugées et exécutées Marie et Armande, Charlotte fut appelée devant la commission militaire pour subir le même sort. L'interrogatoire auquel fut soumise Charlotte du Tréhan n'était que pour la forme. Tout était préparé d'avance pour sa condamnation.
Voici ce qui lui fut demandé :
"Le huit pluviôse, l'an second de la République française, une et indivisible, nous, président et membres composant la commission militaire, établie près l'armée de l'Ouest, réunis au lieu ordinaire de nos séances, dans la ci-devant église des Jacobins de la commune d'Angers, avons fait venir de la maison d'arrêt la dénommée que nous avons interrogée ci-après.
D. - Son nom, âge, profession et demeure, serment pris de dire vérité.
R. - S'appeler Charlotte Dutréan, veuve Chabot, ci-devant noble, âgée de soixante-huit ans, native, demeurant à Montaigu.
D. - Pourquoi elle est emprisonnée ?
R. - Qu'elle n'en sait rien ; qu'elle a toujours été chez elle, d'où on l'a amenée ici.
D. - Où sont ses enfants et s'ils sont émigrés ?
R. - Qu'elle n'en sait rien.
D. - Pourquoi elle a fui l'armée républicaine, pour aller au Longeron ?
R. - Qu'étant malade, on l'emmena de force, pour l'empêcher d'être assassinée.
D. - Si (elle) allait assidument aux maisses des prêtres réfractaires ?
R. - Qu'elle y allait, quand elle pouvait.
D. - Si elle a voulu aller à la messe des prêtres assermentés ?
R. - Que non."
C'est tout ce qui fut demandé à la prévenue. Par ces deux dernières affirmations elle avait signé sa propre condamnation. Ce qui, la veille, était arrivé à ses deux cousines, lui marquait clairement le sort qui l'attendait elle-même ; mais plutôt que de forfaire à la vérité, elle n'hésita pas à attirer sur elle la colère des juges ...
JUGEMENT, CONDAMNATION A MORT ET EXÉCUTION, LE 8 PLUVIÔSE, DE CHARLOTTE DU TRÉHAND, VEUVE DE CHABOT.
Le 8 pluviôse an II
Jugement rendu contre Charlotte du Tréhan veuve Chabot par la Commission militaire.
De l'un des registres de la commission militaire établie près l'armée de l'Ouest par les représentants du peuple Français, a été extrait ce qui suit.
Séance publique tenue à Angers le huit pluviôse, l'an deuxième de la République Française une et indivisible et le premier de la mort du Tyran.
Sur les questions de savoir si Charlotte du Tréhan, veuve Chabot, native de Montaigu, est coupable
1° D'avoir eu des intelligences avec les Brigands de la Vendée.
2° D'avoir servi leurs projets liberticides, en restant constamment dans le pays qu'ils avaient envahi et par leur présence avoir excité ou maintenu leur révolte, soit par leurs conseils, écrits, facultés pécuniaires.
3° D'avoir secondé les efforts du fanatisme et de la guerre civile qui a éclaté dans la Vendée, en assistant exactement aux offices contre-révolutionnaires que les scélérats et prêtres y chantaient sous l'étandard sanglant de la Tyrannie.
4° D'avoir provoqué au rétablissement de la Royauté et de la destruction de la République Française.
Considérant qu'il est prouvé qu'elle a eu des intelligences avec les Brigands de la Vendée.
Considérant, qu'il est prouvé qu'elle a servi les projets contre-révolutionnaires de ces moines Brigands en restant constamment au milieu d'eux.
Considérant que les ci-devant nobles sont les ennemis déclarés des principes de Liberté et d'Égalité, que la guerre civile qui a éclaté dans la Vendée ne provient que de leur coalition avec les prêtres réfractaires dont les crimes font horreur à retracer.
Considérant qu'il est prouvé que pour seconder les efforts criminels des scélérats, elle assistait aux offices contre-révolutionnaires, qu'ils chantaient pour engager les fanatiques à massacrer les défenseurs de la Patrie.
Considérant enfin que sur l'ensemble des délits communs, qu'elle a provoqué au rétablissement de la Royauté et à la destruction de la République Française.
La Commission militaire la déclare atteinte & convaincue de haute trahison et conspiration envers la Souveraineté du Peuple Français.
Suivent les articles de lois
La Commission militaire condamne Charlotte du Tréhan à la peine de mort.
Et sera le présent jugement exécuté dans les 24 heures.
... La Commission militaire déclare les biens de la dite du Tréhan, acquis et confisqués au profit de la République.
Et sera le présent jugement imprimé et affiché. Ainsi prononcé d'après les opinions par Antoine Félix, président, François Laporte, Jacques Hudoux, Joseph Rousset, tous membres de la Commission militaire, et Marie Obrumière suppléant, en séance publique tenue à Angers le 8 pluviôse an II de la République Française une et indivisible et le premier de la mort du Tyran.
Le registre est signé Hudoux, Laporte, Félix président et Obrunier fils.
Et le dit jour 8 pluviôse l'an II de la République Française Une et Indivisible et le 1er de la mort du Tyran.
Nous, président et membres composant la Commission militaire établie près l'armée de l'Ouest par les Représentants du peuple Français, somme transportés sur la place du Ralliement de cette commune pour être présents à l'exécution du jugement à mort rendu contre la nommée du Tréhan veuve Chabot, laquelle exécution a eu lieu sur les quatre heures de relevée.
Fait à Angers les dits jours, mois et an que dessus.
Sur le registre est signé Laporte vice-président, Hudoux et Obrumier fils.
Une fois la sentence prononcée, on se préoccupa aussitôt de sa mise à exécution ; elle eut lieu dans la soirée du même jour, à 4 heures, sur la place du Ralliement.
L'abbé Gruget, témoin des exécutions qui avaient lieu sur la place du Ralliement nota dans ses Mémoires le nom de "Dame Charlotte Dutréan, veuve Chabot".
Madeleine Guerry, fille, 33 ans, née à Montaigu, femme de chambre de Mme de Chabot du Tréhan, arrêtée au Longeron, fusillée à Angers, le 10 février 1794.
Notes manuscrites appartenant à M. le comte de Chabot, au parc Soubise, Vendée.
Chanoine Boutin - Cinq Vendéennes martyres de la Foi - Luçon - 1925
AD85 - Semaine catholique du diocèse de Luçon - 1905 - p. 478 et 550
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Ainsi qu'elles l'ont déclaré dans leurs différents interrogatoires, Marie-Louise et Iphigénie-Armande avait effectivement un frère, Alexis-Joseph.
ALEXIS-JOSEPH DU TREHAND, SEIGNEUR DE BOISAM
Chevalier, seigneur de Boisam, ancien capitaine au régiment de Soubise.
Il avait épousé à Nantes, paroisse Sainte-Croix, le 7 janvier 1777, Renée-Marguerite Joulin, fille de Gabriel Joulin, capitaine de navire et de Renée Huguet, native de la paroisse Saint-Nicolas de Nantes ; le couple a reçu la bénédiction nuptiale par Louis-Joachim de la Roche Saint-André, abbé commandataire de l'abbaye royale de Villedieu. Il avait 42 ans et elle, 28. L'acte de mariage dit qu'Alexis-Joseph est né à Saint-Christophe-du-Bois, mais sa naissance ne paraît pas dans les registres du lieu.
De cette union sont nés, à Saint-Crespin :
- Magdeleine-Augustine, née le 11 octobre 1777 et baptisée le lendemain ; décédée à Fleix (86), le 14 nivôse an III (3 janvier 1795), à l'âge de 16 ans ; Son acte de décès nous apprend que Magdeleine-Augustine et sa mère, Renée-Marguerite, étaient domiciliées dans la commune de Fleix depuis quatre mois "conformément au passeport à elle délivré par le commité révolutionnaire de Nantes", au lieu du Charault chez Angélique Geffroy.
- François-Joseph, né le 23 avril 1779 et baptisé le lendemain ; marié à La Chapelle-sur-Erdre, le 6 septembre 1825 avec Émilie-Joséphine-Angélique le Lardic de la Ganry, fille de Julien-Antoine le Lardic de la Ganry, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, colonel d'infanterie, décédé à Nantes le 23 mars 1821 et de Marie-Anne Dupas de la Manselière, rentière, née à La Chapelle-sur-Erdre, le 22 mai 1791. ; décédé à Nantes (1er arr.), le 1er novembre 1843 ;
- Sophie-Gabrielle, née et baptisée le 4 juillet 1782 ; "propriétaire, célibataire" ; décédée à Nantes (7e et 8e section), le 29 floréal an X (19 mai 1802), au domicile de Catherine Letort, ... pensions, situé section 8e, rue Caylus, à l'âge de 19 ans.
L'acte de mariage de François-Joseph indique que son père, Alexis-Joseph du Tréhand, est "décédé à Cholet le onze ou le douze janvier mil sept cent quatre vingt quatorze, suivant le jugement rendu au Tribunal de première instance de Beaupréau, en date du treize janvier mil huit cent treize".
En effet, le registre d'état-civil de Saint-Crespin, en date du 14 mars 1813, retranscrit le texte de ce jugement dans lequel il est dit qu'Alexis-Joseph du Tréhand "est mort à Cholet le douze ou le treize janvier mil sept cent quatre vingt quatorze". Les différents témoins, réfugiés à Cholet à cette époque, ne sont pas très sûrs des dates mais seulement qu'ils ont entendu dire que M. du Tréhand avait été fusillé à Cholet. L'un d'eux, René Fonteneau, dit "qu'il vit le dit sieur du Tréhand au milieu d'une troupe de soldats qui raportoit une veste qui étoit la même qu'il avoit vu sur ledit sieur du Tréhand, laquelle étoit ensanglantée, et que la voix publique et générale dans tous Chollet étoit que monsieur du Tréhand venoit d'être fusillé, et qu'il atteste cela pour véritable ..." (AD49 - St-Crespin - 6E206/7 - vue 49)
Savary - Guerre des Vendéens et des Chouans ... Du 25 janvier 1794 = Le Comité de Surveillance (Chollet)
"Nous ne pouvons, citoyen général, nous dénantir de la connaissance des forfaits de Dutrehan. Cet individu étant reconnu pour un chef de brigands, il est important qu'il soit envoyé à la commission militaire. Son jugement nous sera adressé, nous le ferons afficher dans son canton, ce qui fera beaucoup d'impression. Cependant si tu te décides à le faire fusiller, nous t'invitons à nous faire passer une décharge de cet individu ..."
Lettre de Turreau adressée aux législateurs composant le Comité de Salut Public (Cholet, le 24 janvier 1794)
"... Encore un de pris dans nos filets : Un nommé Du Tréhan, capitaine d'un corps de cavalerie de rebelles sera demain fusillé par mes ordres, conjointement avec M. Mesleux, notaire royal et apostolique de la paroisse de Jallais, dont le fils était trésorier de l'armée catholique, et qui lui-même avait coopéré de tout son pouvoir au succès de ses saintes armes. Ils ont reconnu avoir fait partie des rebelles ..."
Si l'on en croit les courriers cités ci-dessus et notamment la lettre de Turreau, on peut davantage penser qu'Alexis-Joseph du Tréhand a été fusillé le 25 janvier 1794.
Renée-Marguerite Joulin est décédée à Nantes, le 31 janvier 1817.
Émilie-Joséphine-Angélique le Lardic de la Ganry est décédée à Nantes, le 10 janvier 1861.
Marie-Jeanne Parent, épouse de Joseph-Joachim du Tréhand, chevalier, seigneur de Boisame, est décédée à Mortagne-sur-Sèvre, le 14 décembre 1764 et inhumée en l'église de Mortagne, "au haut de l'allée de la Magdelaine" ; ont assisté à la sépulture, Marie, Esprit et Armande du Tréhand, ses filles.
Joseph-Joachim du Tréhand est décédé à Boufféré, le 23 juillet 1768.