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La Maraîchine Normande
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16 mars 2020

SAINT-FRONT (61) - JEAN MÉRILLE, COMMANDANT DE LA DIVISION DE LA CHAPELLE-AU-RIBOUL (1775 - 1804)

Saint-Front z

Jean Mérille, dit Beauregard, ou Bonbougre, ou Mérel, était d'une honorable et riche famille de Saint-Front (Orne). Son père, Robert-Louis, était procureur en l'élection de Domfront et prenait le titre de sieur de la Haye. Sa mère s'appelait Jeanne-Hélène-Marguerite-Magdeleine Le Danois. Jean naquit à Saint-Front, le 9 octobre 1775.

[En divers textes, on le prénomme Jean-Marie, son acte de naissance ci-dessous prouve clairement qu'il s'appelle Jean, tout simplement.]

baptême z

Ses frères et soeurs :

1 - Marie-Gabrielle-Siméone, née le 26 avril 1756 ;
2 - Robert-Louis, né le 20 janvier 1758 ; décédé le 22 août 1765 ;
3 - Robert-Christophe, né le 13 avril 1759, ondoyé et baptisé le 16 ;
4 - Jean-Baptiste-Guillaume, né le 12 décembre 1760 ; inhumé le 26 avril 1764 ;
5 - Jeanne-Marie-Charlotte, née le 17 février 1763 ;
6 - Jacques-François, né le 7 juin 1764 ;
7 - Étienne-Robert-Louis, né le 20 mai 1766 ; décédé, célibataire, officier retraité, à Saint-Front, le 11 décembre 1831
8 - Robert-Louis, né le 10 septembre 1767 ; huissier ; marié avec Anne-Louise Roger, le 11 germinal an II (31 mars 1794), fille de Guillaume Roger et de Jeanne Boisgontier ; Aimée-Jeanne-Anne, née le 9 brumaire an VII ; Anne-Louise, née le 6 thermidor an IX ;
9 - Jeanne-Françoise, née le 15 mars 1770 ;
10 - Jean-Baptiste-Etienne, né le 21 juillet 1772 ; maire de Saint-Front, démissionnaire le 11 thermidor an IV (29 juillet 1796) 
11 - Pierre-François, né le 11 mars 1778 ;
12 - Honoré-Louis, né le 6 juillet 1781 ; marié avec Anne-Marie Dromer, née le 1er juin 1783, le 13 fructidor an XIII (31 août 1805).

Fleur-de-lis on Apple

Robert-Louis Mérille, son père, baptisé à St-Front le 23 octobre 1730, est décédé en cette même paroisse, le 15 nivôse an XIII (5 janvier 1805) à son domicile sis à St-Vincent, à l'âge de 75 ans. Quand à sa mère, Jeanne Le Danois, elle mourut au même lieu le 1er octobre 1812.

Ce Robert-Louis Mérille était fils de Guillaume, sieur du Bourg, procureur, et de Françoise Hedou, mariés à La Haute-Chapelle (61). Guillaume fut inhumé dans l'église de Saint-Front le 1er juin 1735.

Le couple avait eu 16 enfants :

- Etienne, baptisé le 28 octobre 1713 ; inhumé dans l'église le 17 novembre 1713 ;
- Marie-Anne, baptisée le 23 décembre 1714 ;
- Charles-Guillaume, baptisé le 26 février 1716 ; inhumé le 8 mai 1716 ;
- Marie-Françoise, baptisée le 12 mars 1717 ;
- Marie ; inhumée le 23 août 1818 ;
- Françoise, née le 22 mai 1719 ;
- Anne, née le 12 janvier 1723 ; inhumée le 28 février 1723 ;
- Pierre, baptisé le 4 novembre 1721 ; inhumé le 3 août 1723 ;
- Marie-Françoise, baptisée le 31 août 1720 ; inhumée le 24 septembre 1723 ;
- Jean-François, baptisé le 5 mai 1724 ;
- Anne, née le 9 octobre 1726 ; inhumée le 31 octobre 1726 ;
- Guillaume, né le 4 novembre 1727 ; inhumée le 19 novembre 1728 ;
- Jean-Baptiste-François, né le 12 mars 1729 ; marié à Ceancé le 7 juin 1751 avec Marie-Françoise Couppé ;
- Robert-Louis, né le 23 octobre 1730 ;
- Françoise, née le 2 octobre 1734 ; inhumée le 8 janvier 1735 ;
- Etienne-Guillaume, né le 22 octobre 1735.

 

vendéen 88

 

Jean Mérille s'enrôla au commencement de la Révolution et passa aux chouans en 1795. Il joua un certain rôle dans les deux insurrections et fut même commandant de la division de la Chapelle-au-Riboul (Mayenne) après la mort de Rochambeau. En 1796, il fit sa soumission à Domfront, entre les mains du général de la Rue, avec toute sa compagnie, et fut amnistié.

En 1799, il devança, comme Billard, l'ordre du soulèvement et fit même, de concert avec lui, une pointe dans le pays d'Auge. Sa division, placée entre les commandements de de Frotté et de de Bourmont, prenait plus volontiers les ordres de ce dernier. Il dirigea l'attaque de Bais (1) (19 septembre 1799 - 3e complémentaire) et brûla une partie du bourg. Il était à la surprise du Mans (15 octobre 1799), et on lui imputa d'avoir été le seul, parmi les chefs des insurgés, à ne pas faire de prisonniers. Il obtint un des deux canons pris au Mans ; mais il fut forcé de le cacher à la Chapelle-au-Riboul. On lui reprochait aussi d'avoir fait fusiller quinze jeunes gens faisant partie d'une colonne envoyée de Laval contre lui.

A la pacification, il posa les armes après quelques difficultés. Il se réfugia à Foulletourte (Sarthe).

Compromis en 1804 dans l'affaire de Georges, on lui reprocha ses anciens attentats. Il s'en défendit avec énergie : "J'ai fait la guerre en officier et non en brigand, dit-il. Je jouissais de la considération de mes chefs. Si j'avais fait des atrocités pareilles, on m'eût fusillé." On ne produisit même pas de témoins pour le prouver ; on se contenta des rapports envoyés par les préfets. Domanget, son défenseur, soutint inutilement que les faits servant de base à l'accusation auraient été, dans tous les cas, couverts par l'amnistie ; c'était vrai pourtant.

On le condamna et on l'exécuta le 6 messidor an XII (25 juin 1804), en même temps que Georges Cadoudal, Jean Le Lan, Victor Deville, Pierre-Jean Cadudal, Michel Roger, Louis Picot, Louis Ducorps, Guillaume Le Mercier, Louis-Gabriel Burban, Aimé-Augustin Joyaut et Jean-Baptiste Coster de Saint-Victor

Mérille portrait z

 

Mérille avait vingt-huit ans ; il demeurait au Mans dans les derniers temps. Billard en fait "un brave de cheminée", un espion, un traître. C'est trop. Il ne fit, pour racheter sa vie, ni bassesses ni révélations qu'on lui eût bien payées ; il avait montré du courage dans certaines occasions. Il suffit qu'il ait laissé le plus sinistre renom. Sa femme, Aimée-Perrine Chamaillard-Briand, qu'il avait épousée à Ambrières-les-Vallées (53), le 26 vendémiaire an V (17 octobre 1796), était aussi fort redoutée, elle le suivait dans toutes ses expéditions, vêtue en amazone.

signature z

Mérille avait plusieurs frères dont l'un, surnommé Marie-Anne, (Pierre-François) était capitaine dans l'armée de de Frotté (division Dambrières) et blessé à plusieurs affaires. Sur l'état nominatif en date du 29 mars 1817, Pierre-François fut proposé pour recevoir une épée d'honneur.

Fleur-de-lis on Apple

On a dit aussi qu'Étienne-Robert-Louis Mérille, vicaire de La Suze, au diocèse du Mans, était frère de Jean Mérille, j'ignore s'il existe un lien de parenté entre eux, mais ce qui est certain c'est qu'ils ne sont absolument pas frères. Ce vicaire refusa le serment constitutionnel et, caché dans le pays, y montra beaucoup de dévouement et de zèle et finit par tomber dans le schisme de la Petite-Église. Il  fut jeté en prison ; on le remit en liberté, à la condition qu'il ne résiderait plus dans l'arrondissement (25 janvier 1816).

 

mérille prêtre signature z

(1) Le rapport du commandant de la garde nationale de Bais, Boudier-Fontaine (Arch. de la guerre), dit que les chouans étaient mille à douze cents et les gardes nationaux soixante seulement ; chiffres forcés. Il n'y avait pas de troupes de ligne dans le bourg. Une première sommation avait été faite aux habitants de remettre leurs armes, et ils avaient refusé : "Les habitants de Bais ont juré de se défendre. Ils ne veulent ni vous faire du mal ni en avoir. Laissez-les tranquilles, ou vous serez la cause de la mort des personnes qui veulent le bien de leur parti. Je vous le demande encore, laissez-nous en paix. Lair-Lamotte, commissaire." Une fusillade assez vive s'engagea entre les chouans et les habitants retranchés dans quelques maisons. MÉRILLE fit mettre le feu en plusieurs endroits. Une dizaine de maisons furent brûlées. Les défenseurs s'étant retirés dans l'église, MÉRILLE leur envoie une nouvelle sommation : "Rendez vos armes ; que quatre de vos principaux viennent assurer que vous êtes de bonne foi, et de suite j'irai, si vous vous arrêtez, aider à éteindre le feu que j'ai fait allumer, non sans un bien vif chagrin. Venez promptement, ou nous allons vous livrer un dernier assaut, et vous n'échapperez pas. Vous savez que nous sommes humains. Venez, sur ma parole d'honneur, venez. J. MÉRILLE, dit JEAN OU BEAUREGARD, inspecteur." A cette sommation était jointe la copie d'un certificat des habitants de Rouessé, attestant que "les troupes royalistes qui étaient entrées dans ce bourg s'y était conduites avec toute la délicatesse accoutumée aux défenseurs de l'autel et du trône, 3 septembre 1799", termes que l'on peut supposer dictés par ces défenseurs eux-mêmes. Les femmes, éplorées, insistaient pour qu'on ne prolongeât pas la défense. Une capitulation fut convenue. "Le déclarant (Boudier-Fontaine) envoya dire aux brigands qu'ils n'avaient qu'à débloquer le bourg et rassembler leurs troupes, les habitants allaient leur déposer leurs armes. Les brigands suivirent cet avis. A l'instant, profitant du déblocus, le déclarant se sauva à quatre pieds, avec trois autres citoyens, emportant leurs armes et munitions, et se sauvèrent par les derrières jusque dans un bois où ils se cachèrent jusqu'au soir." Cela ressemble assez à un manque de foi. Les autres armes furent rendues. Le rapport ne parle ni de pillage, ni de contributions. Il ajoute que les assaillants eurent huit hommes tués dont un nommé Frédérich (Paragusti, croyons-nous), "que le déclarant tua de sa main, avec deux autres", et dix autres blessés grièvement. Les républicains n'auraient eu qu'un homme tué et une femme blessée à la cuisse. Le rapport du général Vimeux au ministre de la guerre (1er octobre) porte que les chouans n'ont pu pénétrer dans le bourg ; qu'ils ont eu quinze tués et quarante blessés. De la capitulation, pas un mot (Journal des hommes libres, 6e complém. an VII ; - Renouard, Essais hist. sur le Maine, t. II, p. 297)

 

Louis de Frotté et les insurrections normandes, 1793-1832 - Tome 1er - par L. de La Sicotière

AD61 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Saint-Front

AD85 - Archives militaires de la guerre de Vendée / Service historique de la Défense (Vincennes) - SHD XU 29-15, vue 2 - SHD XU 29-16, vue 12.

Répertoire général des causes anciennes et modernes - de Edme-Théodore Bourg - Deuxième série - Tome cinquième - 1835

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