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La Maraîchine Normande
19 juillet 2019

MELS (SUISSE) GRANVILLE (50) - FRANÇOIS-ANTOINE ACKERMANN, FUSILLÉ SUR LA PLACE DE LA LIBERTÉ (1752 - 1793)

 

ackermann église Mels Suisse z

 

François-Antoine Ackermann, né en Suisse, le 8 mars 1752, à Mels près Sargans, soldat factionnaire aux gardes suisses en 1773, sorti en 1777 et, après une interruption de dix-sept mois, rentré sur le même pied en 1778, licencié au mois d'août 1792, caporal instructeur pendant cinq ans et sergent pendant quatre ans, lieutenant en second dans les arquebusiers de la légion germanique (4 septembre 1792), lieutenant en premier (1er mars 1793), capitaine en mai.

 

Ackermann était de garde le 10 août (1792) au château de Saint-Cloud. Mais il prouvait qu'il avait "reconnu la souveraineté du peuple" en remettant ses armes à la municipalité du lieu, et il demandait à servir la France, sa nouvelle patrie, comme sous-lieutenant dans la légion des Germains. Dambach le fit nommer lieutenant en second dans les arquebusiers.

 

Ackermann avait été fait prisonnier à Doué par les Vendéens. Il entra dans leurs rangs comme simple cavalier et se battit désormais contre la République.

 

Il fut finalement pris par les Bleus après le siège de Granville le 29 brumaire an II (19 novembre 1793), "convaincu d'avois pris les armes contre la République, après avoir, bien qu'étranger juré de servir celle-ci".

 

Le procès-verbal de la commission militaire et révolutionnaire de Granville présente ainsi le 29 brumaire, ce fuyard arrêté dans la commune de la Lande-d'Airou :

 

"Antoine Acreman, âgé de 43 ans, né en Suisse, comté de Sargance, ayant servi dans la garde suisse du ci-devant roi, depuis 1773, en qualité de sergent-instructeur, jusqu'à la bataille du 10 août, époque à laquelle il était à Saint-Cloud à la tête d'une garde au château, passa de suite dans la Légion germanique en qualité de sous-lieutenant, ensuite en celle de lieutenant et enfin en celle de capitaine, où il servit jusqu'à l'affaire qu'eurent les brigands avec l'armée républicaine à Doué où il fut fait prisonnier par les brigands, a avoué que depuis cette époque il avait servi dans l'armée des brigands en qualité de cavalier, qu'il a combattu à plusieurs affaires contre la République, qu'une partie de l'argent trouvé sur lui était destiné à donner pourboire aux brigands (interrogatoire du 2 frimaire)."

 

Antoine Ackermann ne fut pas seul, à passer devant la Commission Militaire, le 2 frimaire an II (22 novembre 1793),  son compagnon d'infortune s'appelait Etienne Padher.

 

 

ACKERMANN JUGEMENT

 

LIBERTÉ, ÉGALITÉ
AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE
JUGEMENT
RENDU PAR LA COMMISSION MILITAIRE ÉTABLIE A GRANVILLE,
CONTRE ANTOINE ACREMANN & ÉTIENNE PAGHER, PRÉVENUS D'AVOIR FAIT PARTIE DE L'ARMÉE REBELLE.

Du 2 frimaire, l'an second de la république Françoise, une & indivisible.

La Commission militaire, établie à Granville par l'État-major de l'Armée, de concert avec le Représentant du Peuple, le Carpentier, ayant résumé publiquement les interrogatoires, prêtés devant la Commission, le vingt-neuf Brumaire, & ce jour, par Antoine Acremann, natif de Melz en Suisse, Condé de Sargance, âgé de 43 ans, & d'Étienne Padher, âgé de vingt-sept ans, natif de Bruxelles en Brabant, fabriquant de savon, ainsi dits être.

Considérant que ledit Acremann a avoué qu'il avoit servi dans la Garde Suisse du ci-devant roi, de 1773, en qualité de Sergent-instructeur dans la Légion Germanique ; en qualité de Capitaine jusqu'à l'affaire de Douai, où il soutient avoir été fait prisonnier par les brigands, avec lesquels il a avoué avoir servi en qualité de Cavalier ; qu'il a combattu à plusieurs affaires contre la République ;

Considérant que quoique Acremann soit Suisse de nation, il n'en avoit pas moins prêté serment de fidélité à la République, qu'il s'étoit conséquemment soumis à ses Lois, qu'il ne peut être considéré comme prisonnier fait sur les armées des tyrans couronnés ; considérant qu'il a servi & a été pris les armes à la main, dans une armée de brigands révoltés contre les lois de leur Patrie, qu'il doit être conséquemment puni de la même peine que les rebelles ;

Considérant que Padher a suivi l'armée de la Vendée dans ses différens mouvemens ; qu'il dit y avoir fait le commerce de savon & de l'argent, qu'il a gagné beaucoup avec les aristocrates, pour lesquels il travailloit, & qu'il faisoit partie des rebelles ;

La Commission Militaire a, d'une voix unanime, condamné lesdits Acremann & Padher à être fusillés sur la place de la Liberté ; déclare leurs biens acquis & confisqués au profit de la République ; charge le Général Payre de l'exécution du présent Jugement.

Donné par Nous, Fini ; Prud'homot ; Muriel ; Jean-Antoine Cossy ; Vachot, Président, & Juges, assistés du citoyen le Gallais, secrétaire. La minute signée l'Adjudant-général Vachot, Juge ; Prud'homot, Capitaine ; Cossy, Chef de l'État-major, Juge ; Muriel, Capitaine de Gendarmerie Nationale, Juge ; Fini, Président, & le Gallais, secrétaire.

Pour extrait conforme,
METOYEN, Président,
LE GALLAIS, Secrétaire.

A COUTANCES, chez G. Joubert, Imprimeur de la Commission Militaire établie à Granville, an second de la république Françoise, une & indivisible. (AD85 - AN BB3/8-2)

 

La Légion germanique (1792 - 1793) - par Arthur Chuquet - 1904

Les Suisses dans la guerre de Vendée - Alain-Jacques Czouz-Tornare - Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - 1994 - 101-4 - pp. 37-57.

 

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