LA GAUBRETIÈRE (85) - AUTOUR DU TRÉSOR DE PIERRE-PROSPER GOUFFIER, MARQUIS DE BOISY
Dans notre Haut-Bocage, Pays de Légende et d'Histoire, depuis bientôt deux siècles, on évoque de temps à autre, les fortunes cachées à l'occasion des différentes Guerres qui le dévastèrent, et notamment les Trésors des Guerres de Vendée.
Aujourd'hui nous évoquerons, aussi brièvement que nous le pourrons, celui qui, en mars 1793, franchit les grilles du château de Landebaudière en la Gaubretière, pour n'y plus revenir.
A la sortie du Bourg de la Gaubretière, sur la route descendant vers les Landes-Génusson, sur votre droite, se dresse admirablement restauré, mais diminué de moitié à la fin du XVIIIe siècle, à l'occasion de la construction du Landebaudière nouveau, la maison noble de Landebaudière, construite vraisemblablement au XVe siècle.
Je dis maison noble, car le château était en quelque sorte le chef-lieu d'une châtellenie, et à la Gaubretière, le seigneur-châtelain en était le Curé, relevant directement du Roi. Le modeste presbytère était donc le château.
Puis au XIXe siècle, le moindre logis de quelqu'apparence fut baptisé "château".
Landebaudière en cette fin du XVIIIe siècle appartenait à Pierre-Prosper de BOISY, baptisé le 5 octobre 1750 à la Courtaiserie (Saint-Rémy-en-Mauges), aîné de 10 enfants, qui l'avait de sa mère, demoiselle Marie-Anne-Marthe d'ESCOUBLEAU DE SOURDIS, avec la Vergnais en la Gaubretière et la Borderie-Sourdis, en la Verrie.
Très jeune, Pierre de Boisy part à l'armée où le 17 avril 1774, il est nommé sous-lieutenant au Régiment de Dauphin-Cavalerie, puis lieutenant. Le 16 août 1781, il donne sa démission, pour raisons de santé, et épouse, le 16 avril 1782, [à Nantes, paroisse Saint-Clément], Suzanne-Jeanne PEPIN DE BELLISLE, fille d'un Chef-d'Escadre et descendante de riches négociants nantais, enrichis dans le commerce du "Bois d'Ébène".
Les jeunes époux vinrent s'installer à Landebaudière, et la jeune mariée habituée au luxe des Hôtels Nantais, trouvant ce vieux logis inconfortable, ils commencèrent la construction du nouveau Landebaudière.
Cette construction endetta fortement le jeune châtelain. Il avait fait de forts emprunts près de ses frères et soeurs, ainsi que dans sa belle famille, et lorsqu'éclata l'insurrection, ces emprunts n'étaient pas remboursés, d'où un procès qui dura fort longtemps et se termina par la vente de Landebaudière, en 1824, à Auguste de LA ROCHEJAQUELEIN.
Ceci pour éclairer la suite de cet article.
Landebaudière était à peine achevé lorsque s'y déroulèrent les festivités du mariage de la filleule de Pierre de Boisy, Marguerite DUHOUX D'HAUTERIVE, avec le futur généralissime des Armées Vendéennes, Maurice-Joseph-Louis GIGOST D'ELBÉE, qui devint un familier de la Gaubretière.
Vint l'Insurrection Vendéenne de mars 1793, et le 12 mars, les hommes de la Gaubretière, sous la conduite de Jacques FORESTIER envahissent Landebaudière, demandent à Pierre de BOISY de se mettre à leur tête, l'emmènent au Sourdy où habite SAPINAUD DE LA RAIRIE, et où se tint le premier Conseil de Guerre de l'Armée du Centre. Le lendemain, il partait pour la prise des Herbiers.
Et là, on en vient au Trésor de Landebaudière. Dans la descendance de Pierre de Boisy, on évoque son histoire, et en octobre 1962, une enquête fut menée par Radio-Rennes, à laquelle je participais avec Messieurs de KERVANOAEL, François CHAMARD, de Radio-Rennes, et Robert CHARROUX, Président du Club des Chercheurs de Trésors.
Il est de tradition depuis 1793, qu'après son acceptation de partir avec les jeunes insurgés, à la conquête des Herbiers, et dans la nuit qui précéda cette expédition, Pierre de BOISY, aidé de son homme de confiance SAINT-PAUL, mit dans un coffre ses objets les plus précieux : or, argent, bijoux, argenterie, papiers. Ce coffre fut mis dans une barrique cerclée de fer, chargé sur une carriole attelée d'un cheval et emmenée vers une destination inconnue, par des chemins défoncés, en pleine nuit d'hiver.
Les deux hommes allèrent cacher ce précieux chargement dans une des métairies dépendant de Landebaudière ou de la Borderie, aujourd'hui Boisy. Le maître et son régisseur furent fusillés lors de la reprise de Noirmoutier, en janvier 1794, emportant leur secret dans la tombe, et jamais le Trésor de BOISY ne fut retrouvé, malgré plusieurs prospections de radiesthésistes.
Pour ma part, je ne crois pas que BOISY et son domestique allèrent, si loin cacher ce trésor. Il faudrait pouvoir calculer la distance qu'un cheval attelé peut parcourir, en pleine nuit, par des chemins défoncés. Et à l'époque des Guerres de Vendée, dans la vallée toute proche de la Crume, des grottes servaient de refuge. Elles ont disparu sous les éboulis.
Et puis plusieurs indices peuvent faire douter de l'existence de ce trésor de Boisy.
D'abord son endettement familial dont les remboursements l'empêchaient d'amasser une fortune.
Puis la tradition racontée par un de ses descendants. Au moment des Guerres de Vendée, les objets précieux de la Borderie-Sourdis furent transportés et cachés chez un des parents de M. de BOISY, au château de l'Étenduère en les Herbiers, qui fut incendié en janvier 1794.
Et enfin, toute l'argenterie de BOISY n'a pas disparu, puisque dans les années 1943 à l'occasion d'une exposition consacrée aux Guerres de Vendée à Cholet, organisée par la Société des Sciences-Lettres et Arts, des couverts en argent aux armes de BOISY furent exposés de même que son portrait peint de son vivant, appartenant à un de ses descendants.
Alors !! Trésor ou pas !! Affaire à suivre !!
JEAN LAGNIAU
La Fin de la Rabinaïe - n° 42 - Décembre 1988
1807 - PLAIDOYER sur l'affaire qui opposa Mme de Boisy, épouse du marquis, à sa soeur, Mme de Sourdis, à propos du fameux baril : ICI