NANTES - PAIMBOEUF (44) - UNE TERRIBLE TEMPÊTE EN 1751
NANTES
1751
TERRIBLE TEMPÊTE
La nuit du 14 au 15 mars de l'année 1751, une terrible tempête se fit sentir à Nantes et environ. Elle détruisit, ébranla, renversa des maisons entières sous les ruines desquelles quelques personnes furent ensevelies, d'autres estropiées. La consternation fut universelle ; peu d'habitants furent exempts de la nécessité de faire rétablir leurs cheminées ou recouvrir leurs toits.
Les églises souffrirent aussi beaucoup et notamment celle de St-Sébastien près Nantes dont le clocher et la moitié des murs furent abattus, comme aussi celle du Port-St-Père qui souffrit le même dommage. On ne vit dans la campagne qu'arbres arrachés. A Paimboeuf, de plus de soixante vaisseaux richement chargés qui étoient en rade, il n'en reste que trois, les autres aiant été entraînés, brisés, engloutis dans les flots avec leurs équipages. La bourse du commerce y perdit plusieurs millions.
Enfin l'on entendoit que tristes narrations de toutes parts.
Signé : Dupas, vice-gérent de St-Vincent. (AD44 - Registres paroissiaux de Nantes - Saint-Vincent)
PERTES ET AVARIES A PAIMBOEUF CAUSÉES PAR LE COUP DE VENT DE LA NUIT DU 14 AU 15 MARS 1751
- Le navire l'Yvonne mouillé à la tête de Bellisle dématé de tous mats un peu au dessus du Migron, un navire suédois échoué et dématé de son grand mât ;
- Lheureux échoué à la queue de Bellisle, peu d'avaries ;
- L'Aigle échoué à la côte de Cordemais, Idem son beaupré éclaté ;
- Le Chevallier de Conflans échoué sur les roches, à l'embouchure de l'étier de Bouée ;
- En dedans du dit étier, un Dogre Hollandais échoué, peu d'avaries ;
- Le navire le Cheval Marin, au Migron, démâté, de son beaupré et de son mât de mizainne
- Le navire le Beauvoir échoué sur les vases, vis-à-vis Carné, son gouvernail et tout son derrière emporté et son beaupré rompu ;
- Une goélette coulée à fond à Pierre-Augé ;
- Un Dogre coulé un peu plus bas ;
- Au-dessus de la Ramée, une petite barque coulée ;
- Un smacq hollandais échoué sur le Pré, au-dessus de la Ramée, son gouvernail démonté ;
- Une gabarre échouée à la côte de Cordemais, peu d'avaries ;
- A la Ramée, une barque perdue sur les Roches à terre et ouverte du côté du babord ;
- Une gabarre échouée à terre, démâtée ;
- Une barque aussy à terre, démâtée de son beaupré ;
- Une barque au large coulée à fond ;
- La Concorde de St-Valéry chargée de bled, échouée sur les roches à la Ramée, dix pieds de sa quille emportée et remplie d'eau ;
- Le navire la Liberté de Granville perdu sur les roches à Cordemais avec tout son chargement ;
- Le navire l'Industrie crevé et rempli d'eau, ce navire était chargé et prêt à partir pour la Martinique, conséquament toute sa cargaison est perdue ou considérablement avariée ;
- Le navire l'Heureuse renversé sur l'Industrie, le côté de babord enfoncé par une roche, les deux tiers de la longueur de sa quille en l'air, ce navire est en perdition ;
- Un peu plus bas, le navire la Vierge Marie, arrivant du Cap, échoué avec toute sa charge sur les vases près les Roches, un peu endommagé, cependant ne faisant point d'eau ;
- Au-dessous, un dogre hollandais échoué à terre sur les vases, son beaupré rompu ;
- Au haut Paimboeuf, 4 navires hollandais échoués à terre, peu avariés ;
- Le navire le Prudent de Vannes, toutes ses bouteilles emportées ;
- Deux navires hollandais échoués, l'un des deux a son beaupré rompu ;
- Une gabarre chargée de fûts brisée sur les roches, le bâtiment et son chargement totalement perdus ;
- Une autre gabarre chargée de diverses marchandises pour l'Amérique, Idem.
Navires échoués sur le Banc au Haut Paimboeuf :
- La Paix revenant du Cap avec toute sa charge, sa Poulainne et ses bouteilles emportées, son beaupré et son mât de mizainne rompus ;
- Le Constant en Carenne, son beaupré rompu, sa poulainne et ses bouteilles emportées ;
- Le Saint-Jean-Baptiste, sa guibre emportée, son beaupré et son mât de mizainne rompu ;
- Le Comte de Maurepas, peu d'avaries ;
- Le Saint-Marc, le haut de sa poulainne et ses bossoirs emportés, son beaupré rompu ;
- Un navire provençal, son beaupré rompu, son devant emporté et faisant de l'eau ;
- Le Saint-Vincent de Paulle, sa guibre emporté et son beaupré rompu ;
- L'Arche d'Alliance en radoub, dématé de tous mâts et sa poulainne emportée ;
- Le navire la Jeune Emilie, revenant de la Martinique, échoué sur les Roches vis-à-vis la vieille Prison avec tout son chargement ;
- Le navire Lalcion échoué à la chaussée du délest, sa poulainne emportée, son beaupré et son mât de mizainne rompus.
A la côte le long de Paimboeuf :
- La Nimphe, sa guibre et ses bouteilles emportées, son beaupré rompu et remise à flôt ;
- Le Prince d'Orange sur les Roches, renversé, crevé et en perdition ;
- L'Alexandre échoué sur les Roches, faisant eau, remis à 4 amarres ;
- L'Annette de Marseille, capitaine Lieutaud, échoué, en perdition, abandonné par le capitaine et l'équipage, sa poulainne emportée et son beaupré rompu ;
- La Gloire, échouée, quelques légères avaries, remise à 4 amarres ;
- La Flûte le St-Nicolas, échouée en long au ras des maisons, 60 pieds de sa quille emportés et remplissant d'eau ;
- Le navire la Sirenne, capitaine Souschay, échoué sur la vase, 25 pieds de sa quille et un morceau de l'estambot emportés, remplissant d'eau ;
- La Flute, la Liberté d'Hambourg, prête à partir, perdue sur la pointe de la chaussée du bel abord avec toute sa charge, on pourra sauver les cafés très-avariés, mais tous les sucres seront perdus.
- Le navire l'Amazone venant de l'Eogane, échoué avec toute sa charge, peu d'avaries.
Sur les vases du Bas Paimboeuf :
- L'Union de Saint-Malo, venant de Marseille - La Thétis, dudit lieu - un navire hollandais ont essuyé le coup de vent au bas de la rivière, et ont peu d'avaries.
En rade :
- La Thérèse, le Mont Martel, le Mars : ces navires ont de très légères avaries ;
- Le navire le Mercure, sans avaries ;
- Le navire le Maréchal de Louvendale, démâté de tous mâts ;
- L'Aurore, capitaine Praud, venant de la Martinique, a reçu le coup de vent à 10 lieues au O.S.O. de Bellisle, a donné en rivière le 16 mars, sans avaries.
A Maindain :
- Le navire le Saint-Domingue, venant du Cap, n'a point été endommagé
- Le navire le Maréchal de la Farre, prêt à partir pour le Cap, n'a point été endommagé.
Tous les câbles, grelins, cordages, qui servaient à l'amarrage des navires, coupés, cassés ou perdus, les 3/4 des ancres aussi perdues.
Le Chercheur des provinces de l'Ouest - 3ème année - n° 1 - janvier 1902