FONTENAY-LE-COMTE (85) - PARIS (75) - FRANÇOIS-JEAN PICHARD, PROCUREUR-SYNDIC (1749 - 1794)
François-Jean Pichard, seigneur du Page, était né à Fontenay le 9 octobre 1749 (paroisse Notre-Dame). Il était le fils unique de René-François-Nicolas Pichard, seigneur du Rivage, conseiller du Roi, lieutenant des traites foraines de l'élection de Fontenay, subdélégué de l'intendance du Poitou, et de Marguerite Aubry.
Il succéda à son père dans les charges de subdélégué et de secrétaire du Roi, mais n'exerça point longtemps ces fonctions, et parût même embrasser avec assez d'ardeur les principes de 1789.
En janvier 1790, il fut nommé maire de la ville à une grande majorité et rendit même certains services à Fontenay pour l'approvisionnement en céréales. Le 26 juillet suivant, il échangeait son majorat contre l'écharpe de Procureur-général-syndic du département, où venaient de l'appeler les suffrages de ses concitoyens. Pichard, en raison de la haute situation qu'il s'était acquise, eût pu exercer une influence heureuse sur la marche d'une horrible guerre fratricide qui allait éclater en Vendée et, par cela même, servir utilement la cause de la Révolution ; mais il ne sut en user que pour desservir le peuple dont il n'avait pas cependant dédaigné de capter les suffrages, lors de son élection à la mairie.
Après avoir paru sensible à l'ovation dont il était l'objet, il eut l'outrecuidance de railler les honneurs qu'on venait de lui rendre, lorsqu'il se trouva au sein d'une société de muscadines dont il était devenu l'idole, et parmi lesquelles brillait une femme aimable et spirituelle, Mme Grimouard de Saint-Laurent, qui avait même réussi, paraît-il, en s'emparant de son coeur, à modifier insensiblement le cours de ses idées naguère légèrement teintées de libéralisme.
Bien que d'un caractère fier et hautain, il n'en avait pas moins un talent réel pour la flagornerie et l'intrigue. Ami des nobles, il fut associé à toutes leurs parties de plaisir. Ses fonctions de Procureur-général-syndic vinrent favoriser encore ses tendances réactionnaires, au milieu d'une population dont l'esprit eût été excellent, s'il n'eut été travaillé d'une façon occulte par des individus réfractaires aux idées d'émancipation et de progrès. - Pichard avait noué d'amicales relations sur toute la surface de la Province et se trouvait, par cela même, en contact incessant avec les malveillants. On en vit la preuve dans les efforts qu'il tenta pour faire avorter la vente des biens ecclésiastiques, et il en retarda tout au moins le plus possible les adjudications. Il imagina même des subterfuges pour les empêcher. Désavoué de ce chef, par le Comité d'aliénation de l'Assemblée nationale, il dut enfin s'exécuter en avril , et ce ne fut pas sans un profond sentiment de surprise qu'il apprît que le produit de ces aliénations s'était élevé, en novembre 1792, à près de 28 millions.
Pichard dut donc être assez désagréablement impressionné de recevoir ce factum féminin, qu'il eût certainement préféré voir empreint d'un autre caractère que celui de la politique ; aussi se borna-t-il à le mettre au panier et attendre tranquillement que les évènements auxquels il allait se trouver mêlé.
Le 26 juin 1791, il fut enfin avisé, officiellement, par le Directoire du district des Sables du complot de La Proustière. Goupilleau (de Montaigu) avait également été prévenu des dépôts d'armes amassés sur ce point et des trames contre-révolutionnaires qu'on y ourdissait. Il s'empressa d'en envoyer copie au département de Maine-et-Loire, et fit même insérer dans les Affiches d'Angers, du 26 novembre, un appel pressant à de nouvelles confidences de sa correspondance qui s'enferma désormais dans un silence absolu. Mais le procureur-syndic du district, auquel l'avis avait été communiqué, ne parut prendre également aucune mesure pour faire avorter la conspiration.
On sait ce qu'il advint pour Pichard de ces menées ténébreuses dont il n'avait cessé d'être l'instigateur.
Consigné comme suspect, au chef-lieu de département en juillet 1793, il fut emmené à Paris, et traduit, le 28 avril 1794, devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna à la peine de mort.
Echos du bocage - 1890 - septième année - n° I
AD85 - Registres paroissiaux de Fontenay-le-Comte
État-civil de Paris