L'ÉLECTION DES MAIRES EN POITOU, AU BON VIEUX TEMPS
L'ÉLECTION DES MAIRES EN POITOU
AU BON VIEUX TEMPS
Les échevins de Poitiers, après avoir vidé de nombreux flacons, parcouraient pendant toute la nuit les rues de la ville au grand galop de leurs chevaux, accompagnés de valets portant des flambeaux. Ils allaient ensuite fourrer leur tête dans le trou d'une lanterne autour de laquelle se tenaient les bourgeois, et celui qui la garnissait au plus juste remportait le prix.
A Niort, on s'en remettait au hasard ou plutôt au choix intelligent d'un baudet qui, après s'être bien repu d'avoine, venait faire ... sa moue devant l'un d'entre eux ! (Faudrait-il reconnaître là le grand sénéchal du Poitou, à qui appartenait le droit de choisir un maire sur la liste présentée par les pairs de la commune ?)
A Saint-Maixent, les échevins se rendaient sous un prunier qu'on secouait, au grand émoi des dindons perchés sur les branches, et celui qui attrapait le premier une prune dans sa bouche, avant qu'elle touchât terre, était proclamé maire. On rapporte que ce n'était pas toujours des prunes qui tombaient de l'arbre ? ...
Enfin, à Fontenay, le plus gourmand remportait la palme, car elle était dévolue à celui qui, après avoir bien couru dans la prairie, pour en chasser les oies et les canards, avalait le plus de petits pâtés ...
Nous laissons à penser, amis lecteurs, la prud'hommie de ces bonnes vieilles coutumes. Il est vrai qu'on n'avait pas encore inventé les soupières électorales, les boîtes de scrutin à double fond et les rastels, qui ne leur en cèdent guère.
Echos du bocage vendéen - 1889