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La Maraîchine Normande
19 décembre 2017

DOULON - NANTES (44) - SOEUR ANGÉLIQUE-PRUDENCE BERTHELOT, URSULINE (1745 - 1794)

 

Doulon z

Fille de noble homme Paul Berthelot et de dame Prudence Bazillais (mariés le 11 août 1744), Soeur Berthelot Angélique-Prudence, aînée de cinq enfants, née à Doulon le 29 août 1745, religieuse ursuline à Nantes, professe du 25 août 1767, 48 ans en 1794, employée à l'école charitable, dont la mémoire est justement vénérée dans les maisons de son ordre, était allée, à la sortie de son couvent en novembre 1792, demeurer chez une dame Laruelle, l'une de ses parentes.

Berthelot Angélique-Prudence baptême z

Cette dame s'était retirée, au mois de juillet 1793, dans sa propriété de la Brigolière, située au Loroux-Bottereau, elle l'avait suivie et avait résidé avec elle dans cette maison de campagne jusqu'au 18 octobre 1793.
Toutes les deux avaient alors passé la Loire avec l'armée vendéenne pour se rendre à Oudon.

La soeur Berthelot s'était ensuite cachée dans la paroisse de Ligné, chez un laboureur nommé Lévêque.

Les citoyens de Ligné l'avaient arrêtée au village de Chalonge, le 17 janvier 1794, et conduite à la prison d'Ancenis, où elle avait été interrogée le 20 janvier et avait rendu compte de l'emploi de son temps : "coupable d'avoir gardé son costume" et de s'être "volontairement retirée sur le territoire insurgé".

 

Chalonge Ligné z

 

Dans un autre interrogatoire, subi le 25 janvier, on lui avait demandé si pendant son séjour à la Brigolière elle n'avait pas vu MM. Massonnet, ancien curé de Ligné, Barbot, prêtre de Couffé, son frère, et autres personnes exerçant une autorité parmi les brigands. Elle avait répondu : "Non, je ne sortais pas ; je ne voyais personne ; il se peut que j'ai vu passer les gens dont vous me parlez, comme j'allais à l'église, mais je ne les connaissais que de nom". Elle reconnaît être allée dîner une ou deux fois chez un chef nommé Tiger, qui l'avait invitée pour lui épargner de faire le chemin de la Brigolière au bourg, qui était assez long. Elle nia s'être trouvée à des conseils tenus chez lui, et auxquels assistait M. Denis Guibert, prieur de Sainte-Radegonde. A sa charge existait seulement une dénonciation faite au Comité révolutionnaire d'Ancenis, le 23 brumaire an II (13 novembre 1793), et renouvelée devant le tribunal d'après laquelle elle aurait assisté à des conciliabules avec MM. Guillet, Rousseau, prêtre de Mésanger, Barbot, prêtre d'Ancenis, et autres chefs insurgés. Elle avait, de plus, continué de porter son costume de religieuse.

Amenée à Nantes, et enfermée au Bouffay vraisemblablement, puisque son nom ne figure point sur le registre d'écrou du Bon-Pasteur, elle fut traduite le 11 ventôse an II (1er mars 1794), devant le tribunal révolutionnaire présidé par Phelippes.

Le jugement porte que, d'après ses aveux et les dépositions des témoins, "il est constant que la dite Berthelot est une ennemie prononcée de la République ; qu'elle a tenté de provoqué le rétablissement de la royauté et le retour de l'ancien régime ; qu'elle a toujours conservé son costume religieux proscrit par les lois ; qu'elle a quitté un pays conservé par les troupes républicaines et passé au Loroux-Bottereau, qui était en possession des brigands ; que dans ce repaire de scélérats, elle a fait partie d'un conciliabule qui s'est tenu chez Tiger, chef de révoltes et émeutes contre-révolutionnaires, et où assistaient journellement les nommés Guillet, Rousseau, Massonnet et Barbot, prêtres réfractaires, ainsi que Designy, Lyrot, chefs de brigands, et autres contre-révolutionnaires ;

en conséquence, déclare la dite Berthelot atteinte et convaincue de ces faits ; dit qu'elle est contre-révolutionnaire ; pour réparation de quoi la condamne à la peine de mort".

On a raconté, et cette tradition, pieusement recueillie par ses compagnes, est demeurée vivante dans la communauté, que la soeur Berthelot aurait été condamnée pour avoir, après sa sortie du couvent, continué d'enseigner le catéchisme aux enfants. Interrogée, a-t-on dit, par les juges, elle déclara hardiment qu'elle s'était fait un bonheur de graver dans le coeur des enfants les vérités de la foi chrétienne. - Désavoue, lui aurait dit l'un d'eux, que tu as enseigné le catéchisme aux enfants, et tu sauveras ta vie. - A Dieu ne plaise, aurait-elle répondu, que j'évite la mort par un mensonge. Plutôt mourir mille fois. - Moi, réplique-t-elle, faire cette promesse, être infidèle à mes engagements, jamais."

Condamnée le 11 ventôse an II, 1er mars 1794, elle fut le lendemain, 2 mars, conduite à l'échafaud sur la place du Bouffay, et guillotinée en même temps qu'un mesureur de charbon de Montrelais, nommé Goébaud, qui avait été condamné à la même audience qu'elle, sous la prévention d'avoir pris part à l'insurrection en quittant un pays occupé par les républicains pour aller s'établir dans un pays occupé par les rebelles. Le même jour, 12 ventôse, fut aussi exécuté, sur la place du Bouffay, un des chefs du pays de Retz, le plus marquant après Charette, Ripault de la Cathelinière. Il avait été jugé le jour même, et la sentence portait qu'elle devait être exécutée de suite.

La Mère Berthelot marcha à l'échafaud avec le courage et la dignité de l'innocence, assurée de la récompense de son sacrifice. Elle avait une très belle voix que le public aimait à entendre, chaque année, pendant la semaine sainte, à l'office des ténèbres, et on rapporte qu'elle gravit les degrés de l'échafaud en chantant avec ferveur le cantique :

Je mets ma confiance,
Vierge en votre secours,
Servez-moi de défense
Prenez soin de mes jours.
Et, quand ma dernière heure
Aura fixé mon sort,
Obtenez que je meure
De la plus sainte mort.

Il y a tout lieu de croire que ses restes furent portés au cimetière du Grand-Brigantin, où étaient inhumés à ce moment les suppliciés de la place du Bouffay.

 

Alfred Lallié : Le Diocèse de Nantes pendant la Révolution

La Vendée Historique - 5 décembre 1908

Revue historique de l'Ouest - 16e année - 1ère livraison - 1900

AD44 - Registres paroissiaux de Doulon

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