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La Maraîchine Normande
1 septembre 2017

LES SABLES-D'OLONNE (85) - LE MARIAGE D'UN JUGE DE PAIX, JEAN-GABRIEL-MICHEL-RENÉ SOURROUILLE, PAR UN PRÊTRE RÉFRACTAIRE

Les Sables-d'Olonne

 

On trouve aux Archives Départementales de Vendée (Archives de la Guerre conservées aux Archives Nationales - AN F19/1017-1) un dossier assez conséquent sur le juge de paix Sourouille et sur son mariage célébré par un prêtre réfractaire, évènement qui n'a pas été du goût de l'administration républicaine : 

 

Sourouille mariage z

 

Fontenay-le-Comte et Les Sables-d'Olonne, 28 floréal - 12 messidor an IV (17 mai - 30 juin 1796) : le commissaire exécutif de la Vendée, Coyaux, et le commissaire spécial, Le Tellier, protestent auprès du ministre de la police ; ils ont appris que le juge de paix du canton des Sables-d'Olonne, Sourrouille, s'est fait marier par un prêtre réfractaire à Venansault ; ils demandent sa destitution !

- Une première lettre du Substitut du commissaire près l'administration municipale du canton des Sables au Commissaire du directoire exécutif près l'administration départementale de la Vendée, datée du 28 floréal an IV (17 mai 1796) :

"... Malgré que la notoriété publique accusoit un fonctionnaire d'avoir donné l'exemple le plus coupable, en allant se faire marier, par un prêtre réprouvé par la loi, j'ai différé à vous dénoncer un fonctionnaire jusqu'au moment où j'ai acquis la certitude de ce fait, mais comme je le tiens de la bouche de son frère, plus de doute à cet égard, il s'agit du citoyen Sourrouille, juge de paix de ce canton, qui a eu assez de faiblesse pour se rendre à Venansault, commune du ci-devant district de la Roche-sur-Yon, et là flagornant un homme qui se prétend curé de la paroisse, l'a sollicité de le marier avec Charlotte Miraillet, native et domiciliée aux Sables ; pour donner plus de poids à son caractère, ce prêtre inconstitutionnel déclara n'avoir pas assez de pouvoir pour marier un fonctionnaire public, qu'il convenoit de consulter le curé du Poiré, son voisin, homme instruit, la permission du nommé Brumaud, ex grand vicaire de Luçon, résidant à Beaufou, enfin tout fut exécuté, les parties, publiées, confessées et mariées à Venansault, il y a quinze jours. Je ne dois pas vous dissimuler, Citoyen, que cet exemple fait tellement d'impression dans cette commune ... Signé Coyaux"

- Un courrier du commissaire exécutif de la Vendée, Coyaux, adressé au Ministre de la Justice, daté du 5 prairial an IV (24 mai 1796) invite M. Sourouille à démissionner afin d'éviter d'être poursuivi ; "... Vous n'hésiterez pas à prendre les mesures convenables pour faire sentir au citoyen Sourouille que sa conduite ne caractérise pas un républicain ferme dans les principes de la Révolution ..."

- Un courrier, non signé, en date du 28 prairial an IV (16 juin 1796) :

"Au Juge de Paix du Canton des Sables, département de la Vendée
Je suis informé, citoyen que vous venez de faire célébrer votre mariage par un prêtre réfractaire. C'est ainsi qu'au lieu de poursuivre les prêtres rebelles, vous les protégez, vous les recherchez, & les préférez aux ministres du culte qui se sont conformés à ce que les lois leur ont prescrit.
Il y a des peines contre ceux qui donnent azile à ces hommes que la loi réprouve, il y en contre les officiers de Police Judiciaire qui négligent de les faire arrêter, & de les traduite en jugements et qui les provoquent même à des actes que la loi leur interdit ... Votre conduite est un délit impardonnable ... C'est dans un pays qui fut pendant longtemps le Théâtre de la guerre civile, guerre fomentée & soutenue par le fanatisme des prêtres rebelles, que vous vous permettez une pareille action ! ... Avez-vous bien senti les conséquences funestes que pourroit avoir votre conduite. Que dira le citoyen paisible et sincèrement dévoué aux lois lorsqu'il verra qu'un fonctionnaire public les a méprisés, lorsqu'il sera assuré que les prêtres réfractaires trouvent en lui un protecteur ! Quel triomphe pour ce prêtre de voir un Juge de Paix, l'homme dont ils redoutoit chaque jour le ministère, accourir à lui pour faire célébrer son mariage et partager ses crimes ..."

Le 12 messidor an IV (30 juin 1796), Bouchard écrit au Commissaire du Pouvoir exécutif près de l'administration départementale de la Vendée :

"J'ai bien reçu, Citoyen, votre lettre du 5 prairial, et la copie que vous m'avez transmise de la lettre qui vous avoit été adressée par le substitut du Commissaire du pouvoir exécutif près de l'administration municipale du canton des Sables, il en résulte que le Citoyen Sourouille, juge de paix du canton des Sables a eu la faiblesse de s'adresser dans la commune de Venansault à un curé et de le solliciter de le marier avec Charlotte Miallet, née dans la commune des Sables, où elle a son domicile, que ce prêtre inconstitutionnel (mot barré) sermenté (sic) a déclaré qu'il craignoit de ne point avoir le pouvoir de célébrer le mariage d'un fonctionnaire public, qu'il falloit qu'il consultât le prétendu curé du Poiré, et qu'il obtint la permission de Brumaud, ex grand vicaire de Luçon, résidant à Beaufort (Beaufou), que tout cela a eu lieu, que des Bans ont été publiés, que les parties se sont confessées, et ont été mariées à Venansault ; que cet exemple a fait, dans la commune des Sables une telle impression, qu'on y dit hautement, que puisqu'un fonctionnaire public a rempli toutes ces formalités, il faut bien qu'elles soient essentielles à la validité et à l'authenticité de l'union conjugale.
Je vous invite à donner les ordres nécessaires pour que les prétendus curés de Venansault et du Poiré, le prétendu Grand Vicaire de Luçon, et tous autres prêtres réfractaires, qui infecteroient encore votre département, soient sans délai saisis et traduits dans la maison d'arrêt. Je suppose, au surplus, qu'ils n'aient pas été nouvellement pacifiés par le Général Hoche car alors il faudroit s'abstenir de toute mesure propre à rallumer la fatale Guerre de la Vendée, et à redonner de la force à ce qui reste encore de Chouans à soumettre, dans tous les cas, vous voudrez bien m'informer du résultat de cette affaire.
A l'égard du juge de paix, je lui écris, ma lettre est sévère, et le déterminera peut-être à donner sa démission. J'exige de lui une prompte réponse, d'après laquelle, j'écrirai s'il est nécessaire, directement, soit au Commissaire du Pouvoir Exécutif, soit à l'Accusateur public près du Tribunal Criminel de votre Département."

Une autre lettre de remontrances de Bouchard est adressée, le 16 messidor an IV (4 juillet 1796), au juge de paix du canton des Sables ; elle dit en partie ceci :  "... Son attentat aux loix républicaines est d'un exemple d'autant plus dangereux qu'il donne une espèce de triomphe, à cette race ennemie des prêtres dont l'adroite et persévérante politique était toujours tirer un grand parti de pareilles circonstances ..."

 

Sourouille mariage 3 z

 

Bien d'autres courriers sur ce sujet ont été envoyés d'administration en administration ... mais pas de réponse du Juge de Paix lui-même ...

Néanmoins on le voit épouser de nouveau, avec Anne-Charlotte-Placide de Miraillet, le 24 mai 1796, aux Sables-d'Olonne, devant l'officier public Gaudin. Dans l'acte, on le dit encore Juge de Paix. [Pour rappel et selon les différents courriers de l'administration républicaine cités ci-dessus, il l'avait épousée religieusement à Venansault vers le 2 mai 1796].

Lors de la naissance de sa fille Eugénie, en 1797, il est qualifié de Juge de Paix, mais à partir de la naissance d'Olympe, en 1798, on le dit "Homme de loi".

 



Fils de Pierre-René Sourrouille de la Mortière, avocat puis procureur fiscal, maire des Sables-d'Olonne en 1760, décédé le 8 juin 1785  et de Marie-Anne-Marguerite GaudinJEAN-GABRIEL-MICHEL-RENÉ SOURROUILLE DE LA MORTIÈRE, juge de paix du canton des Sables-d'Olonne, y est né le 8 janvier 1754, décédé,  à l'âge de 66 ans, à Olonne-sur-Mer le 30 juin 1820.

Sourouille décès z


Le juge de paix avait épousé aux Sables d'Olonne le 5 prairial an IV (24 mai 1796), Anne-Charlotte-Placide de Miraillet, 30 ans, née à Mareuil-sur-Lay le 13 novembre 1765, fille de Denis-André-François de Miraillet, écuyer, seigneur de la Combe, receveur des fermes du Roi, et de Anne Legeay.

Dont  :

- Eugénie Sourrouille de la Mortière, née aux Sables-d'Olonne, rue de l'Égalité, le 6 floréal an V (25 avril 1797) ;

- Olympe Sourrouille de la Mortière, née aux Sables-d'Olonne, rue de l'Égalité, le 1er prairial an VI (20 mai 1798). Elle épousa à Olonne-sur-Mer le 22 octobre 1822, Julien-Benoît-Armand Massé, propriétaire, né à l'Île d'Olonne le 8 octobre 1791, veuf de Jeanne Bouhier de la Bergerie, décédée à Olonne-sur-Mer le 28 janvier 1822, et fils de Joseph Massé, notaire, décédé à l'Île d'Olonne le 21 thermidor an VIII, et de Geneviève Villeneau, décédée à l'Île-d'Olonne le 20 fructidor an XI. Il est décédé aux sables-d'Olonne le 24 juin 1830 ;

- Henry Sourrouille de la Mortière, né aux Sables-d'Olonne, grand'rue Nationale, le 20 germinal an VIII (10 avril 1800) ;

- Sophie Sourrouille de la Mortière, née à Olonne-sur-Mer, le 25 prairial an X (14 juin 1802), religieuse ursuline de Jésus sous le nom de Soeur Sainte-Marie-Athanasie, décédée au couvent des Sables-d'Olonne le 13 mai 1825 - Une Ordonnance du Roi autorise l'acceptation de la donation : 1° d'une somme de 10.000 francs, et 2° de meubles et objets mobiliers évalués à 2830 francs 45 centimes, faite à la communauté des religieuses ursulines de Jésus dites de Chavagnes établie aux Sables d'Olonne (Vendée), par la dame Sourrouille de la Mortière, aux conditions exprimées (Saint-Cloud, 30 août 1829) ; 

- Mélanie Sourrouille de la Mortière, née à Olonne-sur-Mer, le 30 brumaire an XII (22 novembre 1803) ; elle épousa aux Sables-d'Olonne le 8 novembre 1825, Alexandre Mercier de Valenton, commissaire principal de la Marine, né aux Sables-d'Olonne le 2 juillet 1785, fils de Raymond Mercier de Valenton et de Marie-Anne-Françoise-Élisabeth Gaudin des Combes ;

- Adèle Sourrouille de la Mortière, née à Olonne-sur-Mer, le 15 janvier 1806.

 

 AD85 - Registres paroissiaux et d'état-civil des Sables-d'Olonne et d'Olonne-sur-Mer.

 

 

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